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Test de l'orchestre virtuel Spitfire Audio Albion Colossus - Spitfire Audio sort l’artillerie lourde !

8/10

La marque britannique Spitfire Audio a récemment sorti un nouvel opus de la série Albion. « Albion Colossus » est présentée comme une banque de sons destinée aux productions musicales massives et hybrides. Faites chauffer les faders !

Test de l'orchestre virtuel Spitfire Audio Albion Colossus : Spitfire Audio sort l’artillerie lourde !

Présen­ta­tion

Spit­fire Audio est une marque que l’on ne présente plus. L’édi­teur est devenu un leader sur le marché des banques de sons, lecteur prin­ci­pa­le­ment orches­trales. Si ce dernier possède une large biblio­thèque de banques dédiées à des groupes d’ins­tru­ments spéci­fiques, la série Albion s’est toujours démarquée par la diver­sité et richesse de son contenu. Les diffé­rentes banques sorties dans cette collec­tion regroupent à chaque fois un ensemble d’ins­tru­ments orches­traux en plus d’ins­tru­ments élec­tro­niques. Ainsi, bien que la série Albion soit consi­dé­rée comme géné­ra­liste, chaque numéro de la collec­tion possède une couleur bien singu­lière. L’Al­bion Colos­sus est présen­tée par Spit­fire Audio comme une biblio­thèque faite pour le « gros son » ou pour des styles de compo­si­tion mixant à la fois des instru­ments orches­traux, des sons rock et des textures synthé­tiques. Si la marque possède une belle collec­tion d’ins­tru­ments élec­tro­niques, il est vrai qu’une banque expli­ci­te­ment dédiée au travail des compo­si­tions « coup de poing » pouvait manquer.

Ce nouveau numéro de la collec­tion Albion marque aussi un pas qui fera débat pour de nombreux utili­sa­teurs. Depuis quelques années, Spit­fire Audio utilise de manière de plus en plus exclu­sive son propre lecteur. Le Colos­sus est donc le premier de la série Albion à se passer du tradi­tion­nel Kontakt de Native Instru­ments.

L’ins­tal­la­tion réclame envi­ron 110 Go sur le SSD (les disques durs méca­niques sont à éviter). La version dispo­nible au moment de ce test est la 1.0.7, compa­tible PC et MAC, M1/M2 y compris. L’in­ter­face du lecteur maison de Spit­fire Audio garde son ergo­no­mie habi­tuelle qui béné­fi­cie, entre autres, d’une bonne visi­bi­lité et d’une prise en main quasi immé­diate pour les nouveaux venus. Cepen­dant, on remarque immé­dia­te­ment une nouveauté, et pas des moindres : la présence de deux contrô­leurs supplé­men­taires ! En effet, en règle géné­rale, on retrouve deux faders dédiés au contrôle de l’ex­pres­sion (CC11) ainsi que de la modu­la­tion (CC1). Il est vrai que sur les banques orches­trales, on a aussi tendance à utili­ser une auto­ma­tion supplé­men­taire (CC21 chez l’édi­teur britan­nique) pour gérer le vibrato lorsque cela est possible. Ici, si ces deux incon­tour­nables contrô­leurs sont bien présents, on voit égale­ment appa­raître un premier nouveau venu nommé « SCALE » qui va permettre de passer du son d’un orchestre de chambre à un format sympho­nique. Le second s’ap­pelle « DEPTH » et permet de travailler sur la posi­tion des micro­phones qui captent le son. Les équipes de Spit­fire Audio ont donc enre­gis­tré deux orchestres distincts. L’or­chestre de chambre compte 42 musi­ciens quand l’or­chestre sympho­nique en compte 111. Les deux orchestres ont été enre­gis­trés aux Clock­works Studios (Glas­gow Royal Concert Hall) dans deux lieux diffé­rents : New Audi­to­rium et le Royal Concert Hall.

lecteur 2L’édi­teur a égale­ment rajouté divers réglages permet­tant de contrô­ler le son. On retrouve ainsi des poten­tio­mètres notés HYPE, TIMING, RELEASE, FILTER, COMPRESS et REVERB. C’est proba­ble­ment le premier réglage qui sera le plus sympa à utili­ser au quoti­dien. Ce dernier permet d’ajou­ter un ensemble de trai­te­ments prépa­rés en amont par Spit­fire Audio sur le son d’ori­gine. Nous le verrons dans les exemples audios, mais il s’agit essen­tiel­le­ment de satu­rer et gonfler le son.

Albion Colos­sus est donc une banque géné­ra­liste qui se divise en diffé­rentes sections de la manière suivante :

  • Les cordes graves : format chambre 0,0,0,4,3 et format sympho­nique 0,0,0,12,10
  • Les cordes aiguës : format chambre 8,6,4,0,0 et format sympho­nique 16,14,12,0,0
  • Les cuivres : 1 tuba et 2 Eupho­nium pour l’or­chestre de chambre et 6 trom­bones, 2 trom­bones basses, 6 trom­bones contre­basses, 2 tubas et 3 cimbas­sos
  • Les cors français : 3 pour le format chambre et 8 pour l’or­chestre sympho­nique
  • Les vents : 1 haut­bois, 1 clari­nette basse, 1 clari­nette contre­basse, 1 contra­bas­son pour l’or­chestre de chambre et 3 haut­bois, 2 clari­nettes basses, 2 clari­nettes contre­basses, 1 contre­bas­son, 1 sax ténor et 1 sax contre­basse pour le format sympho­nique
  • Les flûtes : au format chambre on retrouve 1 flûte, 1 flûte alto, 1 flûte basse et 6 flûtes, 3 flûtes altos et 1 flûte basse pour l’or­chestre sympho­nique
  • Picco­los : 2 ou 3 picco­los selon le format
  • Percus­sions : une collec­tion de percus­sions orches­trales dont un Glocken­spiel et un vibra­phone
  • Batte­rie acous­tique : une batte­rie acous­tique brute ou trai­tée
  • Des guitares élec­triques : 3 ou 6 guitares satu­rées enre­gis­trées dans les deux salles du studio
  • Des batte­ries élec­tro­niques
  • Une section dédiée aux synthé­ti­seurs (basses, drones, pads, lead, claviers)

Il est à noter que toute la partie élec­tro­nique a été élabo­rée en colla­bo­ra­tion avec l’ar­tiste Snake of Russia.

En ce qui concerne la liste des arti­cu­la­tions, celle-ci n’est pas excep­tion­nel­le­ment longue mais permet de couvrir les usages les plusarticulations courants lorsque l’on compose dans un style hybride. On dispose bien entendu des indis­pen­sables arti­cu­la­tions legato et longs mais aussi d’une collec­tion de « Hair­pins », cres­cendo, tremolo, sul tasto et sul pont pour les arti­cu­la­tions longues. Spit­fire Audio a égale­ment eu la déli­ca­tesse d’in­té­grer son célèbre flau­tando pour les passages plus doux. Bien entendu, les prin­ci­pales arti­cu­la­tions courtes sont bien là : spic­ca­tis­simo, spic­cato, stac­cato, marcato, pizzi­cato, bartok pizzi­cato, col legno ou encore jete.

L’édi­teur a par ailleurs décidé de divi­ser la liste de ces arti­cu­la­tions en deux caté­go­ries pour les arti­cu­la­tions longues et deux autres pour les courtes. Proba­ble­ment pour opti­mi­ser les temps de char­ge­ment et libé­rer un peu de mémoire vive. En revanche, il est toujours possible de person­na­li­ser ses patchs en y inté­grant les arti­cu­la­tions de son choix.

Le prix de vente de l’Al­bion Colos­sus est de 449 euros, ce qui repré­sente un inves­tis­se­ment. Je vous propose doré­na­vant d’en écou­ter quelques extraits.

Monte un peu le gain !

Commençons, comme la tradi­tion le veut, par écou­ter les diffé­rents pupitres de cordes que propose l’Al­bion Colos­sus :

1 – Low Strings – Longs – DYN + SCALE – DEPTH 100
00:0000:26
  • 1 – Low Strings – Longs – DYN + SCALE – DEPTH 10000:26
  • 2 – Low Strings – Longs – DYN + SCALE – DEPTH 000:26
  • 3 – Low Strings – Longs – SCALE 0 – DEPTH 000:26
  • 4 – Low Strings – Longs – SCALE 100 – DEPTH 000:26
  • 5 – Low Strings – Legato00:19
  • 6 – Low Strings – Spic­cato – HYPE varia­tions00:22
  • 7 – Low + high strings avec Spic­cato – Legato – Hair­pin00:22
  • 8 – Low + High Strings – Tremolo – Spic­cato + Varia­tions DYN et SCALE – HYPE 5000:24

contrôleursLa première impres­sion est plutôt bonne. Les cordes graves ont de la person­na­lité et du grain. Par défaut les contrô­leurs de modu­la­tion (DYN) et SCALE sont liés l’un à l’autre. On passe ainsi en temps réel d’un format chambre à un format orches­tral tout en travaillant sur le para­mètre de modu­la­tion. Il est cepen­dant possible de délier ces deux contrô­leurs, tout comme il est possible de lier le contrô­leur SCALE à celui de l’ex­pres­sion ou de la modu­la­tion. En revanche, il ne semble pas possible de fixer des valeurs mini­males et maxi­males à ces deux nouveaux contrô­leurs lorsqu’on les utilise en binômes. C’est un peu dommage car cela permet­trait un peu plus de flexi­bi­lité. Enfin, il est dommage de ne pas avoir la main sur le vibrato, ce dernier est fixe.

Par ailleurs, les spic­ca­tos des cordes graves sont vrai­ment excel­lents et en pous­sant le poten­tio­mètre HYPE on se retrouve avec un son, qui à défaut de satis­faire les puristes, fera des miracles sur des compo­si­tions qui néces­sitent du punch. Si l’ef­fet produit par le réglage HYPE est tout à fait repro­duc­tible avec des plugins tiers, il est tout de même confor­table de l’avoir à dispo­si­tion immé­diate dans la banque. On gagne du temps au moment de la compo­si­tion et tech­nique­ment on ne travaille que sur une seule auto­ma­ti­sa­tion. Ce n’est pas révo­lu­tion­naire mais c’est très bien assorti avec les sono­ri­tés visées par cet Albion Colos­sus.

Voici main­te­nant quelques extraits des sections de vents et de cuivres :

9 – Brass – Varia­tions HYPE – DYN – SCALE – DEPTH
00:0000:38
  • 9 – Brass – Varia­tions HYPE – DYN – SCALE – DEPTH00:38
  • 10 – Brass – Legato avec Varia­tions EXP – DYN – SCALE – DEPTH00:35
  • 11 – Brass – Stac­ca­tis­simo HYPE 0 puis HYPE 10000:25
  • 12 – Brass – Harpin Long – DYN 100 – SCALE 100 – DEPTH 10000:36
  • 13 – French Horns – Long00:34
  • 14 – French Horns – Legato HYPE 0 puis HYPE 10000:38
  • 15 – Wood­winds – Legato01:07
  • 16 – Wood­winds – Spic­ca­tis­simo00:16
  • 17 – Flutes – Legato00:19
  • 18 – Flutes – Harpin Long00:39
  • 19 – Piccolo – Legato – HYPE progres­sif00:16
  • 20 – Piccolo – Spic­ca­tis­simo – HYPE progres­sif00:18

Les cuivres sont géné­reux et tout à fait appro­priés pour des compo­si­tions épiques. On pour­rait y voir un côté légè­re­ment synthé­tique à certains moments, mais encore une fois, il faut repla­cer l’Al­bion Colos­sus dans un contexte qui n’est pas celui de la compo­si­tion orches­trale tradi­tion­nelle. La plage dyna­mique est fina­le­ment assez large et il sera possible de travailler sur des ambiances plus déli­cates (exemple 13). Les vents se sont révé­lés faciles à jouer avec encore une fois une couleur inté­res­sante pour des produc­tions géné­reuses. Le réglage HYPE sur les picco­los promet de belles expé­ri­men­ta­tions.

La partie dédiée aux percus­sions est bien four­nie mais ce sont les patchs un peu plus expé­ri­men­taux et élec­tro­niques qui permettent à cet Albion Colos­sus de se démarquer et de venir complé­ter de manière perti­nente sa collec­tion de banques de sons :

21 – Alte­red Drum­kits – HYPE progres­sif
00:0000:17
  • 21 – Alte­red Drum­kits – HYPE progres­sif00:17
  • 22 – Alte­red Drum­kits – Future Hybrid Kit – DYN SCALE DEPTH HYPE Progres­sifs00:17

En jouant sur les diffé­rents contrô­leurs, il est possible d’ob­te­nir énor­mé­ment de textures sonores diffé­rentes sans chan­ger de kit. C’est très inspi­rant !

Voici main­te­nant un extrait faisant sonner les guitares :

23 – Guitars – Long – DYN SCALE HYPE Progres­sifs
00:0000:40

Seules des guitares satu­rées sont dispo­nibles, ce qui fait sens avec l’es­prit de cette banque. Le son est quelque peu cari­ca­tu­ral et on ne va pas utili­ser l’Al­bion Colos­sus pour rejouer un solo de Santana. En revanche, cette texture un peu gros­sière et chimique sera idéale sur des compo­si­tions hydrides dans lesquelles on recherche souvent des guitares agres­sives capables de se mélan­ger faci­le­ment avec des ambiances orches­trales et élec­tro­niques. Par ailleurs, Spit­fire Audio a enre­gis­tré des effets de dive bombs et des ghost notes, ce qui devrait en inspi­rer plus d’un.

Voici quelques exemples pour la partie dédiée aux synthé­ti­seurs :

24 – Synths – Bald Teeth
00:0000:19
  • 24 – Synths – Bald Teeth00:19
  • 25 – Synths – Black Panels00:19
  • 26 – Synths – Summon00:32
  • 27 – Synths – Wraith00:20

Cette section se veut complète vis-à-vis des types de sono­ri­tés dispo­nibles et permet de répondre aux usages courants. En revanche, si les diffé­rents contrô­leurs permettent de mode­ler les dizaines de sons, il est dommage de ne pas avoir proposé une inter­face un peu plus pous­sée permet­tant d’agir plus en profon­deur sur les réglages. Néan­moins, cette approche plus épurée sera idéale pour travailler vite tout en ayant quelque chose qui sonne sans trop d’ef­forts.

Un dernier extrait vous permet d’en­tendre l’am­pli­tude de la réverbe inté­grée :

28 – Varia­tions Réverbe
00:0000:23

Enfin, il est dommage que l’édi­teur n’ait pas inté­gré une section dédiée aux voix, ce qui aurait fait sens dans un contexte de musiques « épiques ».

Pas de charge rapide chez Spit­fire Audio ?

Pour termi­ner ce test, quelques mots sur l’as­pect pure­ment tech­nique m’ont semblé indis­pen­sables. Le plugin maison de Spit­fire Audio s’est montré tout à fait stable, aussi bien sur la machine prin­ci­pale de ce test que sur un MacBook Air M1. L’unique problème rencon­tré, sur les deux machines, a concerné les temps de char­ge­ment. Ces derniers sont longs, ou du moins, plus longs que sur d’autres banques de la marque et qui utilisent ce même lecteur.

Enfin, la consom­ma­tion en RAM reste géné­reuse, mais tout à fait dans la moyenne des produits équi­va­lents chez Spit­fire Audio ou chez la concur­rence.

En conclu­sion

Avec l’Al­bion Colos­sus, Spit­fire Audio propose une banque qui, si elle ne révo­lu­tionne par le genre, offre une alter­na­tive inté­res­sante à la féroce concur­rence sur ce créneau. La prise en main est facile et les nouveaux contrô­leurs permettent de travailler effi­ca­ce­ment les textures des instru­ments. Ces derniers sont nombreux et d’une qualité globa­le­ment très bonne. En revanche, ce nouvel opus n’a pas été pensé pour l’écri­ture de parties orches­trales ultra réalistes. C’est quelque chose qu’il faudra garder à l’es­prit au moment d’in­ves­tir les 449 euros deman­dés par Spit­fire Audio

  • articulations
  • instruments
  • lecteur 2
  • lecteur

 

Notre avis : 8/10

  • De nombreux instruments avec une bonne qualité générale
  • Les deux nouveaux contrôleurs SCALE et DEPTH qui permettent de réaliser de belles choses
  • Un réglage HYPE qui, à défaut d’être original, est pratique et facile à utiliser
  • Une banque généraliste mais avec un caractère bien spécifique qu’il sera pertinent d’avoir dans sa collection
  • Nous n’avons pas la main sur le vibrato
  • Des temps de chargement parfois trop longs
  • On aurait apprécié des réglages supplémentaires pour la partie dédiée aux synthétiseurs
  • Quelques voix épiques auraient été les bienvenues !
Pays de fabrication : Royaume-Uni

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