Casio a décidé de frapper fort avec la dernière génération de la série Privia et envoie un signal très clair sur son désir d'occuper désormais un segment haut de gamme du marché peu fréquenté par la marque. C'est sur le Casio PX-S7000 qu'il a été possible de vérifier si le pari est réussi.
Le design
Dans un monde où le design des pianos bouge peu, Casio a décidé de changer la donne en mettant l’accent sur l’apparence des nouveaux modèles Privia. Bien sûr, d’autres fabricants ont pu décider à un moment ou à un autre de sortir des sentiers battus comme le Modus T01 de Yamaha ou le Kiyola KF-10 de Roland, mais Casio signe tout de même une réalisation originale qui mérite des éloges.
En regardant le meuble dans son ensemble, force est de constater qu’il s’intègre facilement dans un intérieur, mêlant l’ancien (pieds teinte bois, lyre du plus bel effet) et le moderne (lignes épurées et fines). Le Casio Privia est visuellement attrayant sous tous les angles ; il n’est donc pas nécessaire de le placer contre un mur et j’imagine sans peine que cela peut être important pour certains utilisateurs ayant des intérieurs léchés. Le clavier est compact avec des dimensions de 1340 × 242 × 102 mm (L × P × H). Ce qui m’a interpellé dès le premier coup d’œil, c’est sa faible profondeur qui le rendra facilement intégrable dans une petite pièce. Le clavier que j’ai reçu est la version noire sur support bois, mais le PX-S7000 est également disponible dans une finition blanche et, moyennant un supplément, dans le design « Harmonious Mustard » (HM). Cette version moutarde est vraiment la plus frappante visuellement, par conséquent les avis peuvent être très mitigés concernant ce parti pris audacieux et son côté « jouet ». Personnellement, j’ai adoré cette prise de risque, et je trouve cela très réussi. Le support est en bois avec quatre pieds écartés à la manière de certains meubles scandinaves. Non seulement il est du plus bel effet mais il est très robuste lorsqu’il est fixé dans les règles de l’art du RTFM (read the fucking manual). C’est un argument de poids, surtout qu’il est compris dans l’achat. Un pied de cette qualité pourrait facilement coûter plusieurs centaines d’euros s’il n’était pas inclus. Le piano peut soit se visser dans le support ou simplement s’emboîter pour répéter vite et partir encore plus vite. Deux barres métalliques constituent la lyre qui comprend trois pédales. La solidité est toujours de rigueur ici. Casio n’a pas rogné sur les coûts de fabrication, c’est très rassurant. Le pupitre transparent se place facilement dans les deux trous prévus à cet effet.
Les enceintes à l’arrière sont recouvertes de tissu et rendent le tout harmonieux. Le tableau de bord est en plastique d’assez bonne qualité en finition laquée, ce qui s’avère un bémol concernant la cohérence du produit. En très peu de temps, vous vous retrouvez avec des traces de doigts très visibles partout, ce qui nuit à l’effet recherché. La ceinture est quant à elle en plastique mat.
Lorsqu’il est allumé, le clavier dévoile élégamment 12 boutons tactiles de couleur blanche et une molette tactile d’un joli bleu profond (le volume, les deux potentiomètres, le bouton de commande et le pitch bend restent classiques).
Fonctionnalités
La molette tactile qui se trouve à droite de l’écran LCD permet de faire défiler les banques de sons par rotation mais fonctionne également verticalement pour accéder aux réglages. Les deux boutons Exit et Enter permettent d’aller à sa guise dans chaque dossier pour choisir ce que l’on veut, c’est très simple d’utilisation. À gauche de l’écran, il y a un bouton Play/Stop pour jouer les morceaux de démonstration et un bouton Rec pour s’enregistrer. Le bouton de fonction vous amène aux sous-menus du PX-S7000 et vous pouvez effectuer des réglages supplémentaires comme le MIDI ou le DSP. Il est bien marqué et facile à parcourir. Il est possible également de régler ici les niveaux des résonances des cordes et les bruits de fond (action des touches ou étouffoirs). L’option « Piano Position » est intéressante et utile lorsqu’on utilise le clavier chez soi. Le comportement sonore des haut-parleurs peut être ajusté en fonction de la position du piano dans la pièce. Les boutons F1-F4 servent en quelque sorte d’accès rapide à certaines fonctions ou paramètres sonores, qui peuvent être enregistrés par la suite dans des emplacements utilisateur. La nouveauté du PX-S7000 est un bouton de contrôle qui peut être utilisé comme contrôle de modulation. La compatibilité Bluetooth est également bien présente — mais pourquoi n’est-elle pas intégrée directement dans l’unité ? Il faut brancher un adapteur WU-BT10.
Le son
Le PX-S7000 utilise le moteur sonore Multi-Dimensional Morphing AiR de Casio. Il est équipé d’une polyphonie de 256 notes, ce qui signifie qu’il est peu probable que vous manquiez de polyphonie. Ce nouveau Casio est équipé d’un système de quatre haut-parleurs (6,29″ x 3,14) ayant chacun la même puissance soit 8 watts chacun, ce qui est très appréciable (pas de tweeters). Si on compare ce système à celui du FP-90X, la puissance est moindre (32 watts contre 60), mais la qualité des haut-parleurs est très bonne même à volume élevé. Cela est plus que suffisant dans un environnement domestique. Les fréquences sont également réglables sur le tableau de bord.
Sous les doigts
Très bon feeling de jeu sur ce nouveau piano Casio. Nous sommes ici sur une mécanique maison, le clavier Smart Hybrid Hammer Action, et on sent une différence assez nette avec les mécaniques Fatar de Studiologic équipant plusieurs fabricants actuels. J’ai au départ cru que l’enfoncement était plus court, mais c’est le retour de touche qui est plus rapide et cela facilite grandement l’articulation dans les modes de jeu digitaux et véloces. Concernant ce domaine, on ne sera donc pas bridé par ce clavier.
Les touches blanches sont fabriquées à partir d’une structure hybride épicéa/résine, ce qui rapproche d’un vrai piano acoustique niveau pondération (variation du poids en fonction de la hauteur) et endurance sur le long terme. On peut également remarquer un réel travail sur la surface des touches, moins plastiques et plus proches d’un vrai piano (même la couleur est plus ivoire et patinée). Cela rend le tout très sympa à jouer. Concernant le poids, nous n’avons pas affaire ici à un toucher très lourd mais cela reste très agréable pour un pianiste. La profondeur du clavier a suscité quelques questions concernant la longueur de pivot des touches, et celle-ci se veut en effet plus courte par souci d’adaptation. Toutefois, l’amortissement est bon et l’exécution assez silencieuse. Casio propose des « coups de main » via le réglage Hammer Response (10 réglages permettant d’ajuster la synchronisation du son en fonction de la frappe exercée sur la touche et du registre de jeu) et les trois niveaux du réglage Key Off Response (donnant une sensation légèrement plus legato ou staccato en fonction de ce qui est joué). J’avoue que cela ne m’a pas frappé…
Jouer dans l’échappement s’avère possible mais demande un compromis, à savoir pas trop au fond de la touche mais plutôt à mi-chemin. Le clavier offre une belle réactivité expressive et permet de beaux contrastes tant au niveau des nuances que des timbres. Les trois pédales comprises dans l’achat sont de bonne facture et efficaces. L’una corda joue bien son rôle d’atténuation et de modification du timbre et ce qu’on appelle communément « la troisième pédale » à savoir la pédale d’harmonie (ou pédale tonale) fonctionne très bien.
Banques de sons
Trois boutons tactiles sont disponibles pour les Pianos, Pianos électriques et Autres. Cela permet un accès rapide aux 400 sons du Casio PX-S7000.
La touche « Piano » présente sur le tableau de bord propose trois sous-catégories. Bien entendu, l’accent a été placé sur la qualité des sons de piano :
- La première, PriviaGR, comprend trois pianos principaux à savoir un typé Steinway allemand de Hamburg, son cousin américain et un piano à queue de concert typé Bechstein D282, désignés par Casio sous le nom de Hamburg Grand, New York Grand et Berlin Grand.
- La seconde, nommée « Image piano », propose des sons basés sur des modèles de l’histoire de la pop.
- La rubrique « Stage » nous offre les habituels pianos droits, pianos ragtime ou honky-tonk…
Les trois sons de base de piano à queue sont excellents et proposent systématiquement deux autres réglages d’eq supplémentaires (Mellow et bright). Le piano à queue new-yorkais sonne plus clair, plus boisé et plus ancien que son homologue allemand qui est plus ronflant et mise plus sur la résonance des cordes notamment dans les graves ; le Bechstein se place dans une sonorité intermédiaire. Les sons de piano proposent une palette sonore large permettant d’y trouver son compte. De plus, la fonction « Acoustic Simulator » permet de modifier un grand nombre de paramètres pour affiner davantage les échantillons à votre guise : la résonance des cordes, le système aliquote (qui est l’une des grandes caractéristiques des pianos à queue Blüthner), le bruit des étouffoirs, etc. Une fois que vous avez ajusté les réglages que vous voulez, vous pouvez les enregistrer pour les utiliser rapidement plus tard.
La touche E. piano est riche en contenu avec pas moins de 50 sons de de pianos électriques d’assez bonne qualité.
Enfin, la touche « Others » fournit divers autres sons allant du clavecin à l’orgue en passant par les sons de synthé, de basse et de cordes.
En ce qui concerne les effets, le PX-S7000 est plutôt équipé avec parcimonie. En plus de quelques effets fixes sur les préréglages, des effets de chorus, de brillance et de réverbération sont utilisés pour modifier le son. Le PX-S6000, par exemple, possède également plus de 100 préréglages d’effets DSP.
Connectiques
L’avant du PX-S7000 est équipé de deux prises casque de deux tailles différentes (jack et mini jack). À l’arrière, des connexions jack sont prévues pour la sortie line en stéréo et pour l’entrée du microphone avec bouton de volume (pratique). Vous pouvez effectuer une performance piano-chant avec un effet sur la voix. Une connexion pour la pédale d’expression est située à côté de l’entrée des trois pédales. À gauche se trouve la connexion pour l’adaptateur Bluetooth WU-BT10 qui est fourni. Une application mobile existe, le « Casio Music Space », afin de gérer les sons, les paramètres et les enregistrements. Les données MIDI et les updates du firmware sont transmises via une connexion USB.
Conclusion
Le Casio PX-S7000 va offrir aux consommateurs une alternative dans la catégorie comprenant les Yamaha P-515, Roland FP-90X, et Kawai ES-920. Nous avons affaire ici à un piano visuellement attractif, léger mais solide avec d’excellents échantillons de piano à queue, et une projection sonore de qualité via ses haut-parleurs. Son utilisation est également très intuitive, ce qui ne gâche rien. Dans la gamme Privia, c’est le piano le plus qualitatif et cela fait plaisir de voir Casio monter en gamme et rivaliser avec certaines marques déjà bien installées dans ce segment.
Précisions techniques
Clavier : Clavier hybride intelligent à action de marteaux. Nombre de touches : 88
Réponse tactile : 5 niveaux de sensibilité
Polyphonie maximale : 256
Source sonore : Morphing multidimensionnel AiR
Nombre de tonalités : 400
Haut-parleur : 16 cm x 8 cm (ovale) x 4 Systèmes de haut-parleurs : 4 canaux/4 haut-parleurs (Spatial Sound System)
Dimensions : 1 340 × 242 × 102 mm (sans accessoires), 1 340 × 449 × 741 mm (avec support fixe, sans pupitre)
Poids : 14,8 kg (sans accessoires, piles), 28,1 kg (avec support fixe à trois pédales, sans pupitre, piles)
Comprend : un adaptateur MIDI et audio sans fil (WU-BT10), un support, une unité fixe à 3 pédales, un protège-clavier, un pupitre, un secteur Adaptateur (AD-E24250LW)