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Test du SoundToys MicroShift - La profondeur de chant

9/10

Près d’un an après la sortie du plug-in freeware Little MicroShift, SoundToys commercialise enfin son grand frère. Au programme, espace et profondeur avec en prime un premier pas de la part de l’éditeur vers les allergiques aux dongles USB…

Dongle Jungle

Dans le petit monde du plug-in audio, Sound­Toys est un vieux de la vieille. Cet éditeur basé en pleine campagne nord-améri­caine, dans le Vermont pour être précis, s’est tout d’abord spécia­lisé dans les plug-ins TDM pour Pro Tools. Si leurs produits étaient d’ex­cel­lentes quali­tés (cf. le magni­fique delay Echo­Boy), les tarifs élevés et le format exclu­sif les réser­vaient à une « élite ». Mais dans les domaines touchant de près ou de loin à l’in­for­ma­tique, les choses évoluent vite. Heureu­se­ment pour nous, Sound­Toys a toujours su s’adap­ter à ces chan­ge­ments. Pour preuve, la sortie de versions natives pour Pro Tools LE en 2006, la compa­ti­bi­lité AudioU­nits en 2007, puis VST en 2008, le tout à des prix plus démo­cra­tiques.

Cepen­dant, il restait encore aux plug-ins de la marque un sacré fil à la patte nommé iLok. Le fameux système de protec­tion à base de dongle USB est à ce jour toujours obli­ga­toire pour tous les produits Sound­Toys… Tous ? Non ! Car Micro­Shift est le premier de leur « jouets sonores » à pouvoir être installé et auto­risé sans la moindre inter­ven­tion d’un quel­conque dongle physique ! En effet, l’au­to­ri­sa­tion peut être asso­ciée direc­te­ment à un ordi­na­teur. La manœuvre néces­site tout de même d’avoir un compte utili­sa­teur iLok pour gérer la licence via le logi­ciel iLok Mana­ger, mais tout cela est gratuit et s’ef­fec­tue en un clin d’œil. Il est bien entendu toujours possible de passer par une clé iLok, mais l’uti­li­sa­teur a le choix. Belle preuve d’évo­lu­tion, n’est-ce pas ? 

Enten­dons-nous bien, nous ne sommes pas contre les systèmes d’au­to­ri­sa­tion à la sauce iLok qui ont leurs avan­tages, par exemple la possi­bi­lité de passer un plug-in d’un ordi­na­teur à un autre en un tour­ne­main alors qu’avec le système asso­ciant le plug à la bécane il faudra d’abord disso­cier ces derniers pour ensuite refaire la procé­dure d’au­to­ri­sa­tion sur la nouvelle machine, mais les dongles physiques peuvent aussi être un frein suivant l’usage que vous avez de votre station de travail. Offrir le choix à sa clien­tèle nous semble être une très bonne chose. D’ailleurs, plusieurs éditeurs s’y sont mis derniè­re­ment, ce qui est une excel­lente nouvelle. Pour en reve­nir à Sound­Toys, si l’ex­pé­rience avec Micro­Shift s’avère être un franc succès, il est fort à parier que l’en­semble de leur cata­logue propo­sera ce choix sous peu.

Refer­mons main­te­nant cette paren­thèse pour entrer dans le vif du sujet…

Toy Story

SoundToys MicroShift

Dispo­nible aux formats VST, AU, RTAS et AAX 32 et 64-bit pour Mac OS X et Windows, Micro­Shift est un plug-in permet­tant d’ap­pliquer faci­le­ment à vos prises une astuce bien connue des ingé­nieurs du son profes­sion­nels afin de gagner en espace et en profon­deur. Le prin­cipe de cette recette « miracle » se résume ainsi : d’in­fimes varia­tions du pitch et/ou de delay envoyées à droite et à gauche du champ stéréo. Dans les années 80, vous pouviez trou­ver des machines hard­ware capables, entre autres choses, d’exé­cu­ter ce petit subter­fuge dans la majo­rité des studios pros. Les plus prisées étant l’Even­tide H3000 et l’AMS DMX 15–80, il n’est donc pas éton­nant que Sound­Toys se soit basé sur ces derniers pour concoc­ter ce plug-in. D’ailleurs, la chose tombe d’au­tant plus sous le sens lorsque l’on sait que l’équipe derrière Sound­Toys a réel­le­ment travaillé chez Even­tide à l’éla­bo­ra­tion du H3000.

Avec son look désuet, l’in­ter­face du Micro­Shift est simple et effi­cace. Nous trou­vons, en partant de la gauche :

  • un potard « Mix » pour doser le mélange entre le signal source et le signal traité 
  • un autre poten­tio­mètre baptisé « Focus » allant de 20 Hz à 10 kHz qui permet de ne pas trai­ter le signal en dessous de la fréquence sélec­tion­née 
  • trois boutons pour bascu­ler entre les diffé­rents modèles simu­lés (presets #231 et #519 du H3000, ainsi qu’un réglage de l’AMS DMX 15–80) 
  • un rota­tif « Detune » gérant la quan­tité de varia­tion du pitch (de 50 à 200 %) 
  • un dernier potard « Delay » servant à doser les varia­tions du… delay ! (de 50 à 200 %)
SoundToys MicroShift

S’ajoutent à cela, en haut de l’in­ter­face, des éléments communs à toute la gamme de l’édi­teur : un gestion­naire de presets plutôt agréable  ainsi qu’un bouton « Compare » qui s’illu­mi­nera lors de la modi­fi­ca­tion d’un preset et vous permet­tra d’al­ter­ner l’écoute entre le preset origi­nal et le nouveau réglage. Premier regret, l’ab­sence d’un switch de bypass… Il vous faudra impé­ra­ti­ve­ment passer par celui de votre séquen­ceur. C’est bête, mais ça manque. Hormis ce détail, ce plug-in se révèle hyper intui­tif à l’usage. Il suffit de le glis­ser sur une piste, de farfouiller dans la quin­zaine de presets ou de titiller vite fait les para­mètres et ça sonne direc­te­ment ! C’est spacieux, c’est profond, bref l’en­gin tient ses promesses avec en prime une légère colo­ra­tion fort agréable. Car oui, Sound­Toys a égale­ment modé­lisé la satu­ra­tion analo­gique propre à l’Even­tide et à l’AMS et cela s’en­tend. Ce qui est encore plus beau, c’est que ce plug-in ne consomme quasi­ment rien en ressources CPU, à peine 0,80 % sur notre Intel Core i7 cadencé à 2 GHz, une brou­tille quoi !

SoundToys MicroShift

Avant de passer à l’écoute des exemples sonores, une petite remarque. Certes, ce genre de trai­te­ment se règle essen­tiel­le­ment à « l’ins­tinct audi­tif » et le petit nombre de para­mètres dispo­nibles n’obligent pas à une lecture appro­fon­die d’un manuel d’uti­li­sa­tion sans fin. Cepen­dant, il est tout de même utile de se pencher un instant sur la notice, ne serait-ce que pour appré­hen­der le gestion­naire de presets ou pour apprendre comment faire appa­raître l’af­fi­chage chif­fré des potards si vous êtes obsé­dés par la préci­sion. Or, le PDF du manuel, qui est copié sur votre disque dur lors de l’ins­tal­la­tion, est une véri­table plaie à retrou­ver ! Impos­sible d’y accé­der direc­te­ment depuis le plug-in, introu­vable sur le site web de l’édi­teur, et le chemin vers le dossier le conte­nant est donné… dans le manuel. Joli para­doxe, non ? Sachez donc que sous Windows, vous le trou­ve­rez dans le dossier Program Files­Sound­Toys ; sous Mac OS X, il se situe dans Appli­ca­tions:Sound­Toys.

Micro Maousse Costaud

Vous ne le savez peut-être pas, mais vous êtes déjà fami­lier avec le son type du Micro­Shift. Nombre d’ar­tistes et/ou produc­teurs en ont usé et abusé depuis les 80's. Citons pêle-mêle Brian Eno (et donc U2), Sting, Prince, ou bien encore David Bowie. La plupart du temps utilisé pour donner plus d’am­pleur aux voix leads ou aux chœurs, ce type d’ef­fet est parfois exploité sur d’autres sources avec plus ou moins de bonheur, des guitares aux claviers, en passant par la basse. Mais commençons par le commen­ce­ment avec une voix lead.

01 Voix Dry
00:0000:38
  • 01 Voix Dry 00:38
  • 02 Voix Light 00:38
  • 03 Voix Hard 00:38
SoundToys MicroShift

L’exemple « 02-Voix-Light » est un cas d’école. Il s’agit de l’al­go­rithme AMS (III) avec de très légères varia­tions de pitch (Detune à 50 %), un Delay à 200 %, mais un dosage modéré entre signal source et signal traité (Mix à 25,5 %). Le résul­tat sonne plus large et apporte une certaine profon­deur sans trop déna­tu­rer la source. Nous pouvons bien entendu aller beau­coup plus loin comme illus­tré avec le sample « 03-Voix-Hard ». Dans ce cas, nous avons utilisé l’un des algo­rithmes Even­tide H3000 (I) avec un peu plus de Detune (65,9 %), toujours un Delay à 200 %, mais un Mix 100 % traité. Nous gagnons encore en largeur, mais c’est sans doute un peu « too much » pour une voix lead, sans parler de la compa­ti­bi­lité mono qui risque d’en prendre un coup.

Voyons voir ce que les diffé­rents algo­rithmes de Micro­Shift peuvent donner sur des chœurs.

04 Choeur Dry
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  • 04 Choeur Dry 00:37
  • 05 Choeur 1 00:37
  • 06 Choeur 2 00:37
  • 07 Choeur 3 00:37

Les samples 05 à 07 corres­pondent à un Mix à 100 % avec un Detune à 69,3 % et un Delay de 200 %. La seule diffé­rence réside dans le choix de l’al­go­rithme, à savoir dans l’ordre les presets #231 et #519 du H3000 (I et II), puis l’AMS DMX 15–80 (III). Première consta­ta­tion, le gain en profon­deur et en cohé­sion est tout simple­ment magni­fique quel que soit l’al­go­rithme. Avec un tel réglage, les chœurs pren­dront natu­rel­le­ment une place en fond de mixage pour enro­ber d’une très belle façon le reste de l’ins­tru­men­ta­tion. En ce qui concerne la diffé­rence entre les algo­rithmes, elle est somme toute extrê­me­ment subtile. Entre les deux issus de l’Even­tide, il nous semble que la réponse en fréquence est légè­re­ment diffé­rente, mais il n’y a pas de quoi fouet­ter un chat. L’AMS DMX 15–80, quant à lui, présente tout de même une person­na­lité plus distinc­tive. Il semble plus « coloré » et sonne plus « British » que « US » à nos oreilles. Enfin, cela reste très subjec­tif. 

Sortons de l’uti­li­sa­tion clas­sique sur les voix pour écou­ter ce que peut donner le joujou de Sound­Toys sur une guitare acous­tique.

08 Gtr Acc Dry
00:0000:43
  • 08 Gtr Acc Dry 00:43
  • 09 Gtr Acc Focus­Less 00:43
  • 10 Gtr Acc Focus 00:43
  • 11 Gtr Acc Wider 00:43
  • 12 Gtr Acc Wider Mono 00:43
SoundToys MicroShift

Sur l’exemple estam­pillé « Focus­Less », nous utili­sons l’al­go­rithme III à 100 % avec un Detune à 74,6 % et 89,8 % de Delay. Le Focus est à sa valeur de base, à savoir 20 Hz, donc l’en­semble du spectre de la guitare est traité. L’es­pace et la profon­deur sont au rendez-vous, mais un effet « brouillon » vient ternir l’image. En réglant le Focus à 200 Hz dans l’exemple suivant, nous réglons le problème en sortant les fréquences graves du trai­te­ment. Ainsi, le bas de la guitare reste précis alors que le reste du spectre entre en mouve­ment.

Le sample 11 illustre un élar­gis­se­ment extrême de cette guitare, à tel point qu’il semble presque s’agir de deux prises diffé­rentes. L’ef­fet obtenu est bien joli, mais gare à la compa­ti­bi­lité mono comme le démontre l’ex­trait n° 12…

Passons main­te­nant à une utili­sa­tion moins courante de ce type d’ef­fet avec une prise de basse. 

13 Bass Dry
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  • 13 Bass Dry 00:11
  • 14 Bass Focus­Less 00:11
  • 15 Bass Focus 00:11

Les réglages appliqués sur l’exemple 14 sont les suivants : algo­rithme III avec Mix à 41,5 %, Focus à 20 Hz, Detune à 116,5 % et Delay à 50 %. La ligne de basse prend une certaine dimen­sion avec un parfum assez daté 80's. L’in­con­vé­nient majeur est bien entendu une grande perte en préci­sion. Heureu­se­ment, en réglant le para­mètre Focus à 120 Hz (sample 15), nous épar­gnons le corps de la basse, ce qui lui permet de garder une certaine assise tout en conser­vant l’es­prit 80's.

Pour finir, essayons de voir ce que Micro­Shift peut appor­ter à une nappe synthé­tique.

16 Synth
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  • 16 Synth 00:19
  • 17 Synth Wide 00:19

Le rendu sonore parle de lui-même. Notre synthé gagne non seule­ment en espace, mais égale­ment en vie grâce aux micro-varia­tions de pitch et delay indui­sant une jolie sensa­tion de mouve­ment.

Conclu­sion

Sound­Toys signe avec Micro­Shift un plug-in à la hauteur des autres produits de la marque, avec en prime une ouver­ture vers les utili­sa­teurs anti-dongles. Certains pour­ront argu­men­ter que le tarif de 129 $ est un poil élevé pour un plug-in qui ne sait faire qu’une seule chose. Ce n’est pas faux, mais ce qu’il fait, il le fait diable­ment bien. D’au­tant qu’un tel effet a beau­coup plus de cordes à son arc qu’il n’y paraît à première vue. Outre l’ap­pli­ca­tion sur les voix, guitares ou claviers, il pourra sans doute être bien utile pour donner du mouve­ment à un char­ley un peu mou par exemple, ou bien encore rendre plus vivante une réver­bé­ra­tion à convo­lu­tion au demeu­rant statique. Bref, votre imagi­na­tion est la seule limi­te… sans oublier la compa­ti­bi­lité mono. Comme d’ha­bi­tude, nous vous invi­tons gran­de­ment à écou­ter les exemples sonores dans de bonnes condi­tions, ainsi qu’à télé­char­ger la version d’éva­lua­tion dispo­nible sur le site de l’édi­teur afin de vous forger votre propre opinion.

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

 

Notre avis : 9/10

  • Qualité sonore
  • Effet 3D apportant largeur et profondeur
  • Large panel d’utilisations
  • Paramètre Focus pour épargner le bas du spectre
  • Réglage Mix entre signal source/signal traité
  • Facilité d’utilisation
  • Faible consommation CPU
  • Possibilité de se passer d’une clé iLok
  • Pas de switch de bypass
  • Attention à la compatibilité mono
  • Bataille pour trouver le manuel
  • Prix un poil élevé

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