Presque six ans ont passé depuis la sortie du Tube Saturator signé Wave Arts. Voici aujourd’hui son successeur, simplement nommé Tube Saturator 2. Que propose-t-il ?
Lors de sa sortie en 2009, le Tube Saturator de Wave Arts avait fait forte impression sur toutes les personnes ayant testé la démo ou acheté le plug-in. L’un des seuls reproches était la consommation CPU qui pouvait se révéler importante sur certaines configurations. Cette consommation était principalement due à la technique utilisée, inspirée de SPICE et adaptée pour le temps réel. L’outil, parmi tant d’autres, proposait deux comportements toujours recherchés par les utilisateurs : d’abord un processus de « réchauffement » censé combattre la « froideur » du processus audionumérique (supposée ou réelle ? le débat reste ouvert, tant les blind tests sérieux n’arrivent pas à départager les tenants de l’analogique de ceux du numérique).
Puis une saturation réaliste, parfois très complexe à obtenir, notamment dans la dynamique d’un signal saturé, de l’overdrive le plus délicat à l’écrêtage le plus poussé. Le plug-in développé par Wave Arts n’était bien sûr pas le premier à proposer un double usage, ni même un seul des deux, les simulations d’ampli tout comme celles d’effets ou pédales légendaires sont légion, et l’on trouve pléthore de logiciels, pour tous les goûts, payants ou gratuits… La technique la plus communément utilisée, via un « simple » codage algorithmique, s’est aussi vue compléter, par la convolution, qu’elle soit statique ou dynamique. Rappelons que cette dernière n’est pas récente, puisqu’elle a été mise en place au début des années 2000 dans le monde matériel, par Sintefex et son FX8000 Replicator (37 processeurs Sharc, un disque dur de 3 Go, signal en 24 bits/96 kHz, et tarif en rapport), et décliné dans le LiquidMix de Focusrite. Du côté logiciel, on ne manquera pas d’évoquer Acustica Audio, ses Vectorial Volterra Kernels et Core Acqua Engine, et son produit phare, Nebula 3.
Voici donc ce nouveau processeur, censément moins gourmand grâce aux changements adoptés dans la technique utilisée, le Tube Saturator 2. Plongée dans les tubes…
Introducing Wave Arts Tube Saturator 2
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Comme de nombreux produits logiciels, le Tube Saturator 2 est directement disponible chez son éditeur, Wave Arts, au tarif de 99 dollars (97,38 euros au moment de ce test). Les formats AU, VST et AAX sont proposés, pour Windows (XP, Vista, 7 et 8) et Mac (à partir d’OS 10.6), avec compatibilité 32 et 64 bits. Exceptionnellement, Wave Arts ne propose qu’une autorisation via le système Pace, sur clé iLok 2 ou sur l’ordinateur. Pendant longtemps l’éditeur n’a utilisé que son propre système via clé et numéro de machine, qui permettait d’installer le logiciel sur plusieurs machines, et selon ses propres termes, tente « une expérience », mais souhaite à long terme revenir à un système double, Pace et non Pace, en abandonnant le sien propre et en développant un nouveau.
Aucun problème d’installation ni d’activation, cette dernière étant assez simple : il faut s’enregistrer sur le site, sélectionner la licence Pace/iLok, et l’on recevra en retour un code d’activation à entrer lors de la première ouverture du logiciel, ou dans le iLok License Manager.
Show effroi
Premier constat, le changement d’interface graphique, renvoyant l’esthétique du Tube Saturator 2 (TS2 à partir de maintenant) à une époque vintage, tout en étant assez proche de celle de l’Universal Audio LA-610, par exemple, quand le VU-mètre est clairement inspiré des vieux Weston ou de ceux que l’on trouve chez Sifam, A-Designs Audio, Coleman Audio ou Ashdown Engineering. L’approche est celle d’un préampli à lampes avec EQ Baxandall trois bandes.
Sous la classique barre d’outils de l’éditeur (Bypass, Undo, Copy, A/B, menu et bouton Preset et Tools), on trouve trois sections séparées, première nouveauté de la deuxième version. La deuxième est la présence d’un Bypass pour les deux sections, Saturation (Drive et sélection du type de lampes, entre 12AX7 et 12AU7, autre ajout par rapport à TS1), et Equalisation, cette dernière gagnant aussi un switch Pré et Post (saturation). Enfin, l’éditeur a implémenté un oversampling (x2, afin de parer à un éventuel aliasing), et un bouton permettant de mélanger signal traité et signal brut.
Mais qu’est donc devenu le bouton FAT ? Disparu. À l’origine, ce bouton permettait d’augmenter le gain au niveau du premier étage modélisé (voir les modes d’emploi de l’un et de l’autre pour plus d’explications quant aux synoptiques, clairement expliqués). L’éditeur a préféré laisser le plug en mode FAT par défaut, pour proposer deux modélisations de lampes différentes. Les deux types se rencontrent dans quasi tous les amplis à lampes et offrent des distorsions caractéristiques : la 12AX7 montre un plus grand ajout d’harmoniques impairs, tandis que la 12AU7 propose à la fois harmoniques pairs et impairs.
Voici des captures d’écran montrant le comportement des deux lampes (EQ en bypass) à partir d’une sinusoïde à 300 Hz, avec Drive à 50, puis 100.
Vue du côté forme d’onde maintenant, avec réglages du Drive à 75 puis 100. On appréciera la belle asymétrie des formes d’ondes, expliquant le résultat sonore, loin des simples clipping carrés bien réguliers, que l’on attend plutôt de l’émulation d’amplis à transistors, au comportement en termes de gain et de saturation plus linéaire.
TS for Two
Mais le son, justement ? Voici quelques exemples, montrant les différentes facettes du logiciel.
D’abord, une batterie un rien sèche, puis traitée avec le TS2 (les exemples seront autant que possible et quand nécessaire au même niveau perçu, afin de ne pas induire l’effet « louder is better »).
Autre utilisation, pour renforcer une grosse caisse et modifier un peu les médiums et aigus, par exemple.
Sur une basse maintenant, afin de renforcer sa rondeur. D’abord sans traitement, puis avec l’option 12AX7, puis 12AU7.
Puis sur une phrase de guitare, enregistrée sans traitement, puis dotée d’une saturation montrant la réponse dynamique du logiciel.
Une autre, d’abord sèche, puis dotée d’un crunch un peu sale. Ne reste plus qu’à lui rajouter une réverbe à ressorts…
Ou encore sur un Rhodes, pour en modifier le caractère.
Et, soyons fous, pourquoi pas sur une section de cordes pop, pour les rendre un peu plus « beefy », plus compactes.
Bilan
Ce ne sont là que quelques pâtes exemples, on pourra se faire une idée personnelle en téléchargeant la démo sur le site de l’éditeur, pleinement utilisable pendant 14 jours.
Pour faire simple et sans détour : le principal reproche fait à TS1, la consommation CPU élevée, ayant complètement disparu, TS2 rejoint donc mon arsenal dédié à la saturation (hors simulation d’ampli comme Amplitube ou Guitar Rig) aux côtés des Saturn de Fabfilter, VintageWarmer 2 de PSP AudioWare, Trash d’iZotope ou les plugs Ohm Force.
Et à 98 euros (les tarifs Edu offrent un rabais de 50 %, rabais aussi valable pour les possesseurs de TS1), l’investissement est vraiment sans risque, faisant du TS2 un récipiendaire de l’Award Valeur Sûre.
Téléchargez les fichiers sonores (format AIFF)