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Test du EastWest/Quantum Leap Spaces - Besoin d’espace ?

L’éditeur EastWest oublie momentanément l’échantillon et franchit le cap du plug d’effet dédié avec Spaces, réverbe voulue haut de gamme, que l’on passe ici en revue.

Dès la créa­tion de Play, son moteur audio dédié à la lecture des échan­tillons maison, l’édi­teur East­West, en compa­gnie de Nick Phoe­nix (quand il y a Quan­tum Leap, il y a Nick Phoe­nix), a inclus une réver­bé­ra­tion à convo­lu­tion, en augmen­tant au fur et à mesure des mises à jour ou des nouveaux instru­ments le nombre de réponses impul­sion­nelles incluses.

La qualité de ladite réverbe ne fait aucun doute, en tout cas celle de ses impul­sions ; il suffit pour s’en rendre compte de la désac­ti­ver sur certains presets d’ins­tru­ments repre­nant plus ou moins des échan­tillons réali­sés il y a plusieurs années (l’édi­teur n’est jamais très clair sur le sujet, réuti­li­sa­tion tels quels, ou nouveau down­sam­pling, etc.).

La logique appe­lait une version indé­pen­dante de cette réverbe, puisque les réponses impul­sion­nelles (IR) présen­tées étaient exclu­sives aux instru­ments maison, et encap­su­lées dans un format proprié­taire rendant impos­sible leur utili­sa­tion dans des plug-ins de convo­lu­tion externes (sauf à bidouiller de façon un peu sauvage de l’au­dio, avec des pertes de qualité mani­festes).

C’est chose faite avec Spaces, réverbe présen­tée comme haut de gamme, à la fois dans son prin­cipe de fonc­tion­ne­ment, et dans celui de la créa­tion et de la desti­na­tion de ses IR. Expli­ca­tions et commen­taires.

Intro­du­cing Spaces

Machine de test

MacPro Xeon Quad 3,2 GHz

10.6.7

Logic 9.1.4

Spaces 1.1.05

Dispo­nible sous la clas­sique forme boîte (de sérieuses écono­mies de papier et carton pour­raient être effec­tuées sur tous les produits EW en adap­tant la taille des boîtes à celle des DVD…) mais aussi, et c’est une nouveauté chez l’édi­teur, en télé­char­ge­ment sur son site, Spaces inclut une version auto­nome, et les décli­nai­sons en plug-ins AU, VST et RTAS, pour Mac et PC, en versions 32 et 64 bits.

Le contenu affiche un petit Go au télé­char­ge­ment, et les IR une fois instal­lées (libre choix laissé à l’uti­li­sa­teur) à peine 750 Mo. Le format est proprié­taire, doté d’une exten­sion .ierd, les IR étant regrou­pées dans des contai­ners proté­gés.

EastWest/Quantum Leap Spaces

On note la présence d’IR (dont celles de la L300) signées Acous­ti­cas, éditeur ayant hélas cessé ses acti­vi­tés, dont la qualité était cepen­dant quasi unani­me­ment recon­nue, ainsi que d’autres dotées du préfixe HDIR, qui devrait rappe­ler quelques souve­nirs aux utili­sa­teurs de la Wizoo­Verb, dont on ne regret­tera jamais assez l’aban­don. Il s’agit bien des mêmes IR, signées Ralph Kess­ler, youpi ! Elles ne sont pas toutes présentes, moins youpi.

L’in­ter­face est sobre, mais présente immé­dia­te­ment un premier très gros défaut : sa taille ! Sur un laptop, il ne doit pas rester beau­coup de place pour aper­ce­voir la fenêtre d’ar­ran­ge­ment derrière l’im­mense façade façon alu brossé cham­pagne. Les réglages et para­mètres offrent écran de rensei­gne­ments, deux grands Led-mètres stéréo, niveau d’en­trée, de sortie Dry et Wet, de pré-délai, boutons d’af­fi­chage, d’ac­ti­va­tion des filtres et de bascu­le­ment en mode Mono. On finit par un switch qui n’en est pas un, à savoir que l’on ne peut modi­fier le statut d’une IR de stéréo à True Stereo (on y revien­dra). Quelques para­mètres sont acces­sibles via la version stan­da­lone. Et la sélec­tion des presets se fait via un navi­ga­teur qui, s’il est très bien conçu en termes de clas­se­ment, de lisi­bi­lité et d’ar­bo­res­cence, gagne­rait ample­ment à être complété par un système d’in­cré­men­ta­tion (boutons ±, flèches, etc.).

L’édi­teur semble réagir rapi­de­ment, puisque la toute première version ne dispo­sait pas de mode de détec­tion de fonc­tion­ne­ment en bus (il fallait remettre le bouton Dry à zéro à chaque char­ge­ment…) ce qui pouvait lais­ser sous-entendre une concep­tion comme effet d’in­sert, ni de filtres, qui sont main­te­nant présents. Rudi­men­taires, passe-haut, passe-bas sans réglages de pente, mais présents. Espé­rons donc rapi­de­ment une navi­ga­tion plus rapide.

Let’s move

EastWest/Quantum Leap Spaces

Spaces reven­dique une qualité 24 bits, et un mode de fonc­tion­ne­ment en True Stereo (selon les IR). Ce type de compor­te­ment fait appel à deux IR stéréo, un par canal (droit et gauche). Ce qui permet de placer la source n’im­porte où dans la pièce simu­lée (ici “convo­luée”) et de faire réagir la réverbe de façon réaliste, par exemple une source placée à droite fera réagir la réverbe prin­ci­pa­le­ment à droite et aussi à gauche (comme dans la réalité). Avec une réverbe simple­ment stéréo (deux IR mono), la source sera placée unique­ment au centre de la pièce ou pannée sur l’un des côtés, la réverbe réagis­sant en consé­quence, respec­ti­ve­ment en faisant réson­ner la réverbe à droite et gauche, ou seule­ment sur l’un des côtés.

L’exemple suivant illustre mieux qu’un long discours : au départ, une guitare envoyée dans un bus sur lequel est insé­rée Spaces char­gée d’une IR stéréo, au centre puis pannée à gauche, suivie du même prin­cipe avec cette fois une IR True Stereo :

 

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On imagine alors très faci­le­ment les possi­bi­li­tés offertes par le posi­tion­ne­ment virtuel des instru­ments ainsi offert, sachant que l’édi­teur a prévu quelques surprises pour profi­ter de cette finesse de trai­te­ment.

L’avan­tage prin­ci­pal est bien entendu la véra­cité de réac­tion. Ainsi, la source (ici notre guitare) se déplace dans la pièce, c’est elle seule qui se déplace, la pièce conti­nuant à réson­ner en réac­tion, alors qu’avec une réverbe seule­ment stéréo, on peut avoir l’im­pres­sion que la pièce se “déplace” avec l’ins­tru­ment, puisqu’un seul canal sera stimulé, voir l’exemple ci-après (stéréo d’abord, True Stereo ensuite) :

 

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EastWest/Quantum Leap Spaces

Ce qui est tout aussi inté­res­sant avec la tech­no­lo­gie et la topo­lo­gie rete­nues, c’est la possi­bi­lité d’of­frir des IR béné­fi­ciant de “pré-réglages” de posi­tion­ne­ment. C’est-à-dire que lors de la réali­sa­tion de ces empreintes, peuvent être mises en œuvre diffé­rentes posi­tions de micros dans une pièce, ainsi que de diffu­seurs (la plupart du temps, la prise d’IR est faite via diffu­sion par HP d’un bruit blanc, d’un sweep ou d’une tran­si­toire de type coup de feu ou ballon crevé). N’ou­blions pas que le “sous-titre” du plug est Source Speci­fic Vintage Analog Convo­lu­tion Reverb (ouch…).

L’édi­teur ne cache pas avoir utilisé du maté­riel haut de gamme, ni une réverbe hard­ware pour effec­tuer ses enre­gis­tre­ments (une Sony DRE-S77). La liste est impres­sion­nante, mais il faut aussi en déduire que la recherche d’une colo­ra­tion parti­cu­lière est le but. Sinon, on utilise les moni­teurs, les micros et préam­plis les plus neutres possible. Bon, il y a quand même du Meit­ner en fin de chaî­ne… Et le but est clai­re­ment de repro­duire la diffu­sion d’un instru­ment donné dans un espace donné, y compris au sein d’un pupitre ou d’un orchestre (ce qui en soi n’est pas une nouveauté, contrai­re­ment à ce qui voudrait être sous-entendu, pour rappel les presets Orches­tral Posi­tio­ning Track Inserts de l’Al­ti­verb). On trou­vera une partie des expli­ca­tions voulues sur le site de l’édi­teur, puisque, hélas, aucun manuel n’est fourni, ni docu­ment détaillant le contenu et le fonc­tion­ne­ment de la réverbe, ce qui est un peu dommage vu son prin­cipe à base de presets.

Clas­si­fied Files…

EastWest/Quantum Leap Spaces

Reve­nons au clas­se­ment proposé par l’édi­teur. Six dossiers permettent d’ac­cé­der à des églises (sept diffé­rentes, du temple à la cathé­drale, notam­ment la Hamburg Cathe­dral, en prove­nance de la Wizoo­Verb), à des salles de concert (neuf, dont le So. Cal. Orches­tra Hall, sur lequel on revien­dra), des espaces exté­rieurs ou déca­lés (11, de la piscine à la forêt), des réverbes Plates et numé­riques (cinq dont les Plates des studios EW, ex-Cello) ainsi que des pièces et studios (sept dont deux des studios EW et deux grands studios pour enre­gis­tre­ment d’or­chestre). On dispose quasi­ment à chaque fois de programmes stéréo (M-S, mono to stereo, un fichier mono pour chaque canal) et True Stereo (S-S, stereo to stereo, un fichier stéréo pour chaque canal). De plus, le nom du programme inclut la mention ST ou TS, ainsi que FR ou RR pour Front et Rear, puisque les enre­gis­tre­ments ont été effec­tués selon plusieurs points d’écoute. L’écran donne de toute façon tous les rensei­gne­ments quant au maté­riel utilisé, au place­ment des micros, jusqu’au nom de l’in­gé­nieur.

Le dernier dossier, Instru­ment Speci­fic Tour, regroupe les IR selon leur desti­na­tion, de Ambient Elec­tric Guitar à Wood­winds, en passant par Epic Final Film Verb, Piano Large Venue ou encore Vocal Ambient. Et petite surprise, les IR du Hall utili­sées pour l’en­re­gis­tre­ment de l’EWQLSO, ce qui permet­tra de complé­ter les arran­ge­ments avec d’autres banques sympho­niques, en les plaçant dans le même espace sonore.

EastWest/Quantum Leap Spaces

Préci­sons tout de suite que le plug, s’il ne permet pas le partage de ses IR, n’au­to­rise pas pour autant l’im­port d’IR externes, qu’elles soient maison ou créées par des éditeurs. Pour­tant, cela doit être possible, puisque IR d’Acous­ti­cas et HDIR sont inclu­ses… On peut le regret­ter, l’un des avan­tages de la convo­lu­tion étant notam­ment la possi­bi­lité d’en­re­gis­trer des “raccords” sonores, très utiles quand on travaille en post-produc­tion. On ne pourra donc que navi­guer parmi les presets four­nis, en espé­rant que l’édi­teur complé­tera la biblio­thèque au fur et à mesure (et plutôt façon Alti­verb, c’est-à-dire gratui­te­ment…).

Navi­guons donc. Dès les premiers essais, on ne peut que recon­naître que la réverbe (les IR) sonne mons­trueu­se­ment bien.

Commençons par une batte­rie en multi­mic (merci BFD…). On ne va même pas jouer sur diffé­rents réglages d’en­voi selon les instru­ments, mais envoyer le mix complet dans Spaces sur un Bus. On passera rapi­de­ment sur les Gated Drums, qui n’ont pas vrai­ment d’in­té­rêt puisqu’on ne peut chan­ger leur durée (une Gate pas synchro au tempo ne sert à rien…). En revanche, les Rock Drums Guitar (et autres réverbes piochées à droite, à gauche) font tout de suite décol­ler le son. On enten­dra d’abord la boucle dry, puis passant par divers réglages, y compris avec déca­lage via Pre-Delay (et puis, bon, une Gate pour finir, quand même…) :

 

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Plusieurs programmes sont aussi consa­crés au piano, allons-y de ce pas, d’abord des petits espaces, puis des plus grands (Large Venue), avec pour commen­cer un piano droit :

 

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Puis le Stein­way vu par Synthogy :

 

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Passons vite fait par le côté nyma­nesque de certains presets.

 

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Attar­dons-nous sur les réverbes spéci­fiques aux orchestres de diffé­rentes tailles. Ici un quatuor réduit en stéréo, passé dans des réverbes diverses :

 

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Puis ce même quatuor, en version sépa­rée par instru­ment, béné­fi­ciant des réverbes Instru­ment Speci­fic de So. Cal. Orches­tra Hall (violons et deuxièmes violons, altos et violon­celles), suivi de l’IR du Hall d’ori­gine du EWQLSO.

Tout de suite, le son prend une autre ampleur…

 

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On conti­nue avec une ligne vocale réali­sée à partir des Voices Of Passion de l’édi­teur (la version complète se trouve ICI). On l’écoute seule puis placée dans trois pièces regrou­pées sous l’ap­pel­la­tion Vocal Natu­ral.

 

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Et l’on finit (même si l’on pour­rait conti­nuer long­temps…) par une guitare acous­tique dans deux ambiances diffé­rentes :

 

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Bilan

À l’écoute, il est évident que l’on dispose d’IR de très grande qualité, ce que tout un chacun peut véri­fier, puisque l’édi­teur propose une version de démo ICI.

Il faut néan­moins accep­ter le prin­cipe imposé par EW : des presets de réverbe de très bonne qualité, conçus pour une utili­sa­tion par instru­ment, mais sans grandes possi­bi­li­tés de réglages. Cela implique d’uti­li­ser des fichiers audio ayant béné­fi­cié d’une prise de son sans reproche, et en cas d’uti­li­sa­tion d’échan­tillons, de recherche de neutra­lité plutôt que de produc­tion flat­teuse.

On peut espé­rer que l’édi­teur offrira régu­liè­re­ment de nouvelles IR, et qu’elles seront gratuites. Sans avoir la puis­sance et la souplesse d’Al­ti­verb, de Space Desi­gner ou de SIR2 pour n’en nommer que quelques-unes, sans comp­ter l’im­pos­si­bi­lité d’im­por­ter d’autres IR, Spaces offre toute­fois parmi les meilleures IR actuel­le­ment sur le marché, avec une orien­ta­tion clai­re­ment musi­cale, là où Alti­verb par exemple, sera plus poly­va­lente, notam­ment dans le domaine de la post-prod’.

Mais à un prix annoncé aux alen­tours de 250 euros, on peut être tenté, malgré le manque de réglages. D’au­tant que l’édi­teur propose régu­liè­re­ment des opéra­tions “Un  acheté, un gratuit”. Commen­cez en tout cas par la version de démo…

  • Le son, excellent
  • Fonctionnement True Stereo
  • Approche par instrument
  • Navigateur clair
  • Classification pratique et claire
  • Écran pratique
  • Version téléchargeable
  • Consommation CPU très faible
  • Pas d’import d’IR externes
  • Réglages réduits à la portion congrue
  • Filtres passe-haut/bas seulement
  • Aucune possibilité de modification de durée
  • Routing non modifiable (à l’exception de Mono)
  • Quid de nouvelles IR (prévues, gratuites, payantes ?)
  • Interface trop grande
  • Manque d’un système de défilement simple de presets
  • Pas de manuel

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