Nous avions déjà testé le premier plugin de simulation d’amplis guitare développé par la marque française Blob Audio. Cette dernière remet le couvert avec « Blobnarök », un plugin destiné aux guitaristes et aux bassistes.
Les Vikings débarquent !
Le plugin Fat Blob n’était pas passé inaperçu lors de notre test et nous étions curieux d’essayer la nouvelle proposition de la jeune marque française. Ainsi, Blobnarök est un plugin compatible PC et MAC, fonctionnant aussi bien dans une STAN (VST3/AU/AAX) qu’en standalone. Il simule deux amplificateurs guitare et un amplificateur basse, le tout, dans un univers visuel inspiré de la mythologie nordique. Tout comme le Fat Blob, l’interface est colorée et les graphismes sont chargés. On pourra, une fois de plus, trouver certaines similitudes entre cette interface et celles utilisées par l’incontournable éditeur finlandais Neural DSP. Cependant, si le style scandinave de Blobnarök trouvera son public, j’ai été gêné pendant le test par la mauvaise lisibilité de certaines écritures. Par exemple, les références inscrites sur les micros sont tout bonnement illisibles. De manière générale, il aurait probablement été préférable de trouver un meilleur compromis entre le visuel original et le confort de lecture.
D’un point de vue purement informatique, ce plugin, dans sa version 1.0.4, a été testé sur une machine correcte : Ryzen 5700X, 64 Go de RAM, SSDs. Une instance de Blobnarök dans Cubase Pro 12 génère 1,3 ms de latence. J’ai utilisé une vingtaine d’instances pour effectuer les enregistrements de ce test avec une carte son Audient iD22 dont le buffer était réglé sur 128 samples à 48 kHz. Le constat est que l’optimisation du plugin est bonne. Je n’ai rencontré aucun ralentissement ou craquement et l’utilisation du processeur est toujours restée minimale.
Trois amplis, huit ambiances
Blob Audio ne fait aucune mention quant au matériel dont s’inspirent les trois amplificateurs disponibles dans le plugin. Ces derniers semblent être davantage des créations « orientées ». Ainsi nous disposons de :
- Odin : Un amplificateur trois canaux (Clean/OD/Disto) présenté comme polyvalent.
- Loki : Un amplificateur destiné aux bassistes, mais qui possède un mode « guitar player » sur lequel nous reviendrons pendant l’écoute des extraits sonores.
- Thor : Un amplificateur trois canaux (Low/Mid/Hi gain), moins polyvalent que le premier et en priorité destiné aux grosses saturations.
Nous avons également accès à une collection d’effets traditionnellement branchés en amont des amplificateurs tels que :
- Tyrpressor : Un compresseur facile à utiliser du fait de son unique potentiomètre.
- Helldriver : Une pédale d’overdrive.
- Hydrofuzz : Une pédale qui peut servir de fuzz, d’octaver ou les deux à la fois.
- Wahlkyrie : Une WahWah qu’il est possible d’utiliser en mode manuel (souris/pédale MIDI) ou sur deux modes automatiques que nous entendrons plus loin dans ce test (Sync et Attack).
On bénéficie également de quelques effets en « post-fx » :
- FreyVerb : Une pédale de réverbe.
- Freyja : Un delay stéréo proposant différentes sonorités (Modern/Tape/Vintage).
- Bragiator : Un arpégiateur.
- Leselli : Une pédale Leslie.
- Multiverse : Une pédale « multi pitch » capable de générer des accords à 3 ou 4 sons.
À noter qu’il est possible de changer le chaînage de la réverbe et du delay. On pourra s’en servir de manière traditionnelle (delay puis réverbe), mais on pourra également faire le contraire, ce qui permet de créer quelques textures moins conventionnelles. Il est aussi possible de les utiliser en parallèle.
Le plugin possède une section nommée « Divine Rack » composée de deux égaliseurs (l’un à bandes et l’autre paramétrique), d’un compresseur, d’un effet permettant de travailler sur les transitoires et enfin d’un limiteur.
La partie dédiée à la gestion de l’enceinte présente une amélioration bienvenue par rapport au précédent plugin : la possibilité de déplacer les deux micros dans l’espace grâce aux deux paramètres POSITION et DISTANCE. Si nous n’avons à notre disposition qu’une seule enceinte par amplificateur, dont les caractéristiques ne semblent pas être communiquées, nous avons tout de même accès à une généreuse collection de microphones : 6 pour la guitare, 2 pour la basse. De plus, il sera possible d’utiliser ses propres Réponses Impulsionnelles (IR), tout comme il sera possible de désactiver l’enceinte.
Blobnarök donne accès à certains outils pratiques au quotidien. Ainsi, l’accordeur s’est montré particulièrement sensible et précis avec une guitare 7 cordes accordée en La. Le métronome est réussi dans la mesure où il propose différents sons, la possibilité de changer la métrique ou encore le découpage rythmique (de la double-croche à la ronde). On note aussi la présence d’un looper. Ce dernier sera surtout utile dans le cadre d’une utilisation du plugin en standalone. Il est plutôt bien pensé avec, entre autres, la possibilité d’avoir un décompte avant le début de l’enregistrement, ce qui peut être pratique lors d’une utilisation à la souris.
À côté du raccourci permettant d’accéder au looper, on retrouve une option « Detune » permettant de désaccorder son instrument en temps réel jusqu’à une octave ainsi qu’un noise-gate qui s’est montré efficace lors des enregistrements effectués pour ce test.
On dispose également d’une intégration MIDI bien pensée. En effet, chaque paramètre visible dans l’interface peut être assigné à une commande MIDI en effectuant un clic droit dessus et en utilisant la fonction « MIDI Learn ». Il est ensuite possible de sauvegarder des configurations et de les exporter/importer.
Avant de passer à l’écoute des extraits sonores, notons que Blobnarök est disponible au prix de 159 euros (hors promotion). De plus, l’utilisateur bénéficie d’une période d’essai de 7 jours. Ce dernier point est une bonne chose car cela n’était pas le cas lors de la mise sur le marché du premier plugin de la marque.
Le son
Pour commencer, je vous propose d’écouter les amplificateurs dans leur configuration par défaut, sans aucun effet, tels qu’ils apparaissent à l’ouverture du plugin :
- 1 – Odin – clean – tout à midi – 0 effet00:16
- 2 – Odin – OD – tout à midi – 0 effet00:19
- 3 – Odin – Disto – tout à midi – 0 effet00:26
- 4 – Thor – Low gain – tout à midi – 0 effet00:19
- 5 – Thor – Mid gain – tout à midi – 0 effet00:25
- 6 – Thor – Hi gain – tout à midi – 0 effet00:34
- 7 – Loki – guitar player – tout à midi – 0 effet00:23
- 8 – Loki – bass player – tout à midi – 0 effet00:20
La première impression est plutôt positive dans le sens où le son est crédible. Néanmoins, j’ai trouvé que le tout sonne de manière trop « droite » sous les doigts. Par ailleurs, on note assez rapidement que le plugin est polyvalent et la combinaison des deux amplis guitare permet de couvrir une palette de styles assez large. On retrouve ici, une fois encore, cette philosophie inspirée de la marque Neural DSP : un contenu restreint, mais fonctionnel. Les réglages des amplis sont plutôt simples, mais il est dommage que l’ampli le plus agressif, Thor, ne possède pas un vrai potentiomètre de gain. À la place, on se contente d’un sélecteur permettant d’accéder à trois étages de gain. On pourra bien entendu attaquer l’ampli avec l’overdrive disponible et affiner davantage la quantité de saturation souhaitée, mais un réglage précis du gain aurait été bien plus pratique. Par ailleurs, cet ampli possède également un switch « WARM/BRIGHT » permettant d’ajouter de la brillance. J’ai malgré tout trouvé le mode « warm » bien plus équilibré et naturel malgré une guitare qui tend naturellement vers une sonorité plutôt sombre. Odin, quant à lui, est bien un amplificateur polyvalent avec un son « UK » tout à fait crédible.
Si l’amplificateur pour basse, Loki, est le bienvenu, je n’ai en revanche été que peu convaincu par le mode « guitar player », tout du moins tel qu’il est présenté par la marque, à savoir, une alternative à l’utilisation d’une vraie basse. Ce mode trouvera bien plus d’intérêt dans le cadre d’expérimentations sonores plus que pour s’improviser bassiste.
Je vous propose maintenant d’écouter des extraits dans lesquels j’ai utilisé les divers effets disponibles :
- 9 – Odin – Clean – Comp + Helldrive + Freyrverb00:53
- 10 – Thor – Hi gain – Heldrive – Freyrverb + Freyja delay parallel00:39
- 11 – Odin – Clean – Heldrive – Freyrverb – Leselli00:35
- 12 – Odin – OD – Tape Delay00:22
- 13 – Odin – Clean – Comp + Wah attack00:11
- 14 – Odin – Clean – Comp + Wah sync00:21
- 15 – Odin – Clean – Comp + Hydrofuzz 8ve+00:21
- 16 – Odin – Clean – Comp + Hydrofuzz 8ve-00:21
- 17 – Odin – OD – Freyrverb – Bragiator00:39
- 18 – Odin – Clean – Multiverse Maj9 + modulation + Freyrverb00:28
- 19 – Loki Gain 7 – guitar player – Freyrverb00:34
- 20 – Loki Gain 7 – bass player – Freyrverb00:21
- 21 – Loki Gain 8 – bass player00:22
Les équipes de Blob Audio semblent avoir voulu apporter une touche d’originalité à leur plugin en proposant un catalogue d’effets que l’on pourrait qualifier de « créatifs ». Ainsi, on a accès à des effets assez communs et plutôt indispensables : compresseur, overdrive, WahWah, réverbe, delay et une surprenante pédale Leslie. J’ai trouvé ces derniers efficaces. L’overdrive sur le canal clair de l’ampli Odin fait des merveilles (exemple 9), tout comme la réverbe qui est totalement adaptée pour créer des sons gigantesques/ambiants. Le « Freyja delay » est également facile à utiliser et offre une belle polyvalence grâce à ses trois modes (le mode Tape est particulièrement bien réussi). La pédale Leslie est agréable à jouer et simple à configurer avec ses deux modes SLOW et FAST (exemple 11).
À côté de ces incontournables, on dispose d’un arpégiateur « Bragiator ». Ce dernier est capable de générer des séquences mineures et majeures, dans un sens, dans l’autre, ou encore de manière aléatoire. Malgré tout, c’est un effet que j’ai trouvé difficile à utiliser en jeu réel. Il trouvera sans aucun doute davantage sa place dans les arrangements d’un morceau. En revanche, l’effet « Multiverse » est une proposition intéressante. On peut empiler jusqu’à 4 étages de notes altérées tout en variant leur volume. Là encore, c’est un effet créatif dans lequel on pourrait, dans une certaine mesure, voir un côté ludique pour la découverte des triades et autres tétrades.
Il y a deux modes d’écoute que nous n’avons pas évoqués jusqu’ici : le doubleur et le mode casque. Le premier permet de simuler une stéréo large grâce à une technique de décalage entre les deux signaux (quelques millisecondes). L’effet fonctionne bien, mais il aurait été encore mieux de pouvoir régler par soi-même le délai. Le mode casque (exemple 24), sans être indispensable, pourra sembler plus agréable dans certaines situations. À noter qu’il est possible de combiner le doubleur avec le mode casque. Enfin, la fonction « Detune » est la bienvenue et j’ai trouvé le résultat tout à fait satisfaisant pour une utilisation commune telle que baisser l’accordage d’un ou de deux tons (exemple 25).
- 22 – Thor – Hi gain – Heldrive (Gain 0 Level 7)00:17
- 23 – Thor – Hi gain – Heldrive (Gain 0 Level 7)- Doubleur00:17
- 24 – Thor – Hi gain – Heldrive (Gain 0 Level 7) – Casque00:17
- 25 – Thor – Hi gain – Heldrive (Gain 0 Level 7) – Detune –200:17
Pour conclure
Blobnarök n’est pas un plugin révolutionnaire, il n’est pas non plus renversant au niveau de la qualité de ses simulations. Peut-être parce que la concurrence est impitoyable sur ce créneau. Néanmoins, ce plugin sonne bien et facilement. C’est sans aucun doute l’un des objectifs que la marque Blob Audio semble s’être fixé. La prise en main est simple et on arrive à obtenir des sons convaincants sans devoir y passer trop de temps. On apprécie également la bonne polyvalence générale avec, entre autres, la présence d’un amplificateur dédié à la basse. Malgré tout, on aurait aimé entendre des amplificateurs aux caractères plus marqués et pouvoir bénéficier d’une interface plus lisible.