Présenté par la marque française Two Notes en 2022, le logiciel de simulation pour guitare et basse nommé « Genome » revient dans une version plus aboutie que nous vous proposons de découvrir dans ce test.
Un simulateur bon marché
Si le plugin Genome n’est pas une réelle nouveauté du fait de sa présentation datant du NAMM de 2022, les équipes de Two Notes ont depuis peaufiné leur logiciel pour offrir une solution de simulation à destination des guitaristes et bassistes qui, comme nous allons le découvrir tout au long de ce test, ne manque pas d’intérêt alors même que la concurrence sur ce marché est bien établie.
Genome se présente sous la forme d’un plugin compatible PC et Mac (VST, AU et AAX) destiné à être utilisé directement au sein de sa STAN. Malheureusement, aucune version autonome ne semble pour le moment disponible et c’est bien dommage, car le plugin propose une solution clé en main capable de reproduire la chaîne complète du son dont ont besoin les guitaristes et bassistes.
Au lancement de la version 1.0.3, on découvre une interface noire/orange très lisible et agréable à utiliser. Le principe de fonctionnement est assez standard avec la présence de 10 emplacements qui peuvent accueillir divers effets et amplificateurs. Par ailleurs, il est envisageable d’augmenter les possibilités en activant une ligne supplémentaire, que ce soit en début de chaîne ou à l’endroit qui nous intéresse. Ainsi, on pourra coupler le son de deux amplificateurs ou encore de deux enceintes. En comparaison avec certaines solutions concurrentes, le catalogue n’est pas le plus impressionnant en termes de quantité. Néanmoins, on peut raisonnablement supposer que la collection va augmenter avec le temps et les probables mises à jour. En outre, tout le monde n’a pas nécessairement besoin de disposer d’une centaine d’effets et d’autant de simulations d’amplis. Cela peut même parfois se révéler être complètement contre-productif.
La collection de pédales de saturation inclut des incontournables telles que la Tube Screamer, la Klon, la Big Muff, la RAT, la Blues Breaker de Marshall ou encore la SD-1 de Boss. On peut associer ces pédales à 13 amplificateurs qui utilisent la technologie nommée « TSM », que nous avons déjà analysé lors du test de la pédale Two Notes OPUS. Les amplificateurs disponibles couvrent les principales tendances en termes de types de sons avec :
- Foundry: un son clair particulièrement adapté à recevoir diverses pédales.
- Albion : un amplificateur aux sonorités « anglaises » des années 80.
- ElDorado : un caractère pensé pour les sons hard rock et métal.
- Foxy: un amplificateur qui semble s’inspirer d’un VOX et qui offre une palette de sonorités pouvant aller du son clair chaleureux aux saturations rock.
- FlatBack : d’un simple coup d’œil, on peut deviner qu’il s’agit d’un amplificateur inspiré du Mesa/Boogie Rectifier.
- FlatBackFive : là encore, le look ne trompe pas et fait référence au Mesa/Boogie Mark Five.
- NiftyFifty : un amplificateur moderne destiné en priorité aux sons très saturés.
- Gemini : un amplificateur aux sonorités plus vintage.
- Tanger : il offre des sonorités rock inspirées du caractère des amplificateurs Orange.
- Foundry Bass: un amplificateur basse équilibré.
- Peggy : un second amplificateur basse au caractère inspiré des années 60.
- Aviator: le troisième et dernier amplificateur à destination des bassistes dont la couleur générale est plutôt moderne.
- TSM Poweramp : il s’agit d’un amplificateur de puissance personnalisable.
Sur chaque amplificateur, il est possible de modifier le type de lampes de puissance en intervenant sur la section « power amp ». C’est une excellente option pour ceux qui aiment expérimenter ou qui veulent essayer des combinaisons qui ne sont pas réalisables dans la réalité. D’autre part, la marque française enfonce le clou avec la disponibilité d’un module nommé « CODEX ». Ce dernier offre la possibilité d’utiliser des captures réalisées aux formats NAM, AIDA-X et Proteus.
Sans surprise, on retrouve dans Genome le savoir-faire de Two Notes dans le domaine des simulations d’enceintes avec sa technologie « DynIR » et son impressionnant catalogue d’enceintes. De surcroît, les enceintes qui auraient pu être achetées antérieurement dans la boutique en ligne sont toutes présentes dans l’interface de Genome. Les options sont similaires à celles qui sont disponibles sur d’autres applications de la marque, avec la capacité d’utiliser deux microphones qui peuvent être déplacés librement devant ou derrière l’enceinte choisie. L’utilisation du module « IR Loader » permettra également d’utiliser ses propres Réponses Impulsionnelles (IR). Ce dernier est capable de charger deux IRs simultanément pour effectuer le mélange qui nous convient le mieux.
Genome offre également quelques effets, certes peu, mais essentiels tels que le délai, la réverbération, le compresseur, le chorus, le phaser ou encore le trémolo. Cependant, si les références sont peu nombreuses, les réglages sont efficaces et sans doute adaptés à la majorité des usages. Une fois de plus, j’ai trouvé cette approche assez pertinente, car elle permet un travail rapide et très intuitif. Un accordeur facile à lire et qui réagit de manière précise à une guitare 7 cordes accordée un ton plus grave est également disponible. Le noise gate intégré est tout aussi efficace et j’ai aimé le mode « learn » qui effectue une analyse automatique du bruit pour ajuster le réglage. Nous avons également la possibilité d’utiliser quelques effets pour retravailler notre son de manière plus approfondie, tels que les égaliseurs, enhancer et exciter. Enfin, les utilisateurs du plugin Wall of Sound auront la possibilité d’importer leurs réglages « post effects » dans le module prévu à cet effet.
Avant de nous plonger dans l’écoute des extraits sonores, notons que Genome est un logiciel disponible à la vente au prix de 79,99 euros et dispose d’une période d’essai de 14 jours. Ce prix est particulièrement compétitif si on le compare à ce qui est pratiqué par la concurrence. La cerise sur le gâteau est que Genome est gratuit pour les clients existants de Two Notes et cette initiative mérite d’être saluée.
Le son
La possibilité de modifier les lampes de puissance des différents amplificateurs ou encore de faire varier l’enceinte et les microphones permet d’explorer une infinité de sonorités. C’est la raison pour laquelle, pour ces quelques extraits, j’ai utilisé des combinaisons assez courantes pour percevoir au mieux la manière dont Genome se débrouille avant d’être trituré dans tous les sens.
- 1 – Foundry GAIN 6 + Vibro V30 Dyn57-Cnd8700:45
- 2 – Foundry + Vibro V30 Dyn57-Cnd87 + Stud Comp et Rev00:34
- 3 – Green Meanie + Foundry GAIN 6 + Vibro V30 Dyn57-Cnd8700:24
- 4 – Albion + Vibro V30 Dyn57-Cnd87 + Stud Comp et Rev00:44
- 5 – D-250 + Albion + Vibro V30 Dyn57-Cnd87 + Stud Comp et Rev00:33
- 6 – Eldorado tout à midi + NOS V30 Dyn57-Rbn12100:22
- 7 – Green Meanie + Eldorado GAIN 5 + NOS V30 Dyn57-Rbn121 + Delay00:33
- 8 – Comp + Foxy GAIN 10 + Voice30Blue CndRifle-Rbn12100:39
- 9 – Comp + Klonotaur + Foxy GAIN 5 + Voice30Blue CndRifle-Rbn121 + Rev00:40
- 10 – FlatBack GAIN 8 + 2×12 Calif Std2 Cnd201-Rbn12100:20
- 11 – FlatBackV GAIN 4 + 2×12 Calif Std2 Cnd201-Rbn12100:43
- 12 – D-250 + FlatBackV GAIN 4 + 2×12 Calif Std2 Cnd201-Rbn121 + Phaser + Dly + Rev00:33
- 13 – Nifty 50 GAIN 10 + NOS V30 Dyn57+Cnd8700:29
- 14 – Nifty 50 GAIN 10 + NOS V30 + ANGL VintC00:29
- 15 – Tanger GAIN 7 + Tanger 212 Dyn57-Rbn403800:21
- 16 – Big Fuzz + Foundry + Tanger 212 Dyn57-Cnd8700:19
- 17 – Vermin + Foundry + Tanger 212 Dyn57-Cnd8700:18
- 18 – CODEX – Pretaluma IIC Plus Amp + Recto Over Dyn57-CndMk1200:28
- 19 – Bass Pick It00:21
- 20 – Bass Growling00:21
- 21 – Bass Mid Punch00:21
Les sensations de jeu sont très bonnes et je retrouve parfaitement le caractère de ma guitare. En chargeant simplement un amplificateur, une enceinte équipée de V30 avec un binôme de micros assez commun, et sans toucher à grand-chose, on obtient tout de suite un son correctement équilibré avec des médiums agréables et des fréquences aiguës qui ne sont pas « chimiques ». Plus précisément, j’ai eu le sentiment de retrouver le côté immédiat du son auquel nous a habitués une certaine marque finlandaise.
La collection d’effets est tout aussi convaincante. Les quelques pédales de saturation réagissent très bien, notamment la simulation de la DOD Overdrive Preamp 250 que j’ai trouvée superbe lorsqu’elle est utilisée en association avec l’amplificateur Albion (exemple 5). Le module « Studio Reverb » m’a aussi agréablement surpris par sa musicalité, la réverbe est simplement magnifique en utilisant des réglages simples. Enfin, le module « Studio Twin Tracker » s’est révélé être très efficace pour doubler artificiellement un riff de guitare, comme dans l’exemple suivant :
De l’automation, mais pas de MIDI
La gestion des automations est très bien pensée : en effectuant un clic droit sur un réglage, il est possible de l’assigner à l’un des 10 paramètres d’automation auxquels on aura accès dans sa STAN. Cette méthode astucieuse permet d’éviter de faire défiler des dizaines, voire parfois des centaines, de réglages dans la liste des automations. Une fois de plus, cela permet de gagner du temps et contribue à rendre l’expérience utilisateur plus agréable. En revanche, Genome ne propose aucune intégration MIDI, ce qui est vraiment dommage.
Avant de conclure ce test, faisons un point sur les performances du plugin. J’ai chargé 22 instances du plugin en temps réel en fixant le réglage d’oversampling à « High » et en paramétrant le buffer de la carte son à 256 samples. C’est seulement après avoir chargé les deux dernières instances que j’ai commencé à remarquer quelques ralentissements. Il convient de tenir compte de la quantité variable de traitements chargés sur chaque instance. On peut donc estimer que dans le cadre d’une utilisation bien plus réaliste, qui ne comprend que quelques instances du plugin, celui-ci ne devrait pas avoir d’effet négatif sur les performances. Enfin, Genome génère une latence d’environ 0,3 ms, ce qui reste tout à fait négligeable.
En conclusion
Avec son logiciel Genome, la marque française parvient à proposer un plugin abordable, parfois même gratuit, qui offre des performances sonores tout à fait réussies. On apprécie le choix pertinent des amplificateurs, la qualité des différents effets et la gestion des enceintes toujours aussi poussée. Pour ne rien gâcher, Genome est un plugin facile à utiliser, qui sait sonner de manière très convaincante avec des réglages basiques. Le plugin marque également des points grâce à l’intégration du module « CODEX » et par conséquent sa compatibilité avec des captures externes (NAM, AIDA-X et Proteus). Il n’y a finalement que peu de choses que l’on pourrait reprocher à l’actuelle mouture de Genome. Ainsi, bien que le catalogue d’amplis et d’effets soit pertinent et suffisant dans la plupart des situations, il reste pour le moment plutôt modeste. L’indisponibilité d’une version autonome est également regrettable, tout comme l’absence d’intégration MIDI afin de piloter le plugin avec un contrôleur externe.