La jeune marque française Blob Audio, créée par le guitariste et Youtubeur Reda, dévoile son premier plugin dédié à la simulation d’amplificateurs guitare. Voyons si le « Fat Blob » possède des arguments face à une sévère concurrence.
Le nom de Reda n’est probablement pas inconnu pour une partie d’entre vous. En effet, il possède une chaîne Youtube qui compte plus de cent-mille abonnés et aborde, bien entendu, la guitare de manière ludique et détendue. Le plugin proposé par Blob Audio est une simulation d’amplificateurs pour guitare ; il est développé par une toute petite équipe, entièrement tricolore.
Au démarrage de Fat Blob, on est directement attiré par le design de ce dernier. L’identité visuelle est très singulière et assumée. C’est coloré et très… glossy. Les graphismes s’inscrivent dans le genre « photoréaliste », ce qui n’est pas désagréable, bien au contraire, surtout lorsque l’on passe des heures à travailler sur un projet. L’interface pourra faire penser à ce que propose la marque Neural DSP, tout du moins sur l’aspect épuré, photoréaliste et facile à prendre en main.
Ainsi, le Fat Blob se compose de trois modèles d’amplificateurs :
- Blue : Un ampli au son clair
- Green : Un ampli allant d’un léger crunch jusqu’à un son hi-gain
- Purple : Un son moderne avec un taux de saturation conséquent
Ces amplificateurs n’ont pas été pensés comme des simulations de modèles spécifiques. L’équipe de Blob Audio m’a expliqué que la démarche était davantage de créer des amplificateurs originaux qui ne sont pas des copies ou des inspirations de marques ou d’artistes connu(e)s. C’est tout à fait défendable et cela permet, d’une certaine manière, de se différencier un peu de la concurrence citée précédemment.
On retrouve bien évidemment une simulation d’enceintes. Celle-ci offre la possibilité d’utiliser deux microphones parmi trois modèles (BLB 121, BLB S7, BLB S4). Il est par ailleurs possible de déplacer ces micros pour affiner le son. Néanmoins, ce déplacement se limite à doser le centrage du microphone par rapport au haut-parleur. On ne peut pas éloigner les micros des gamelles ni gérer le volume ou la panoramique. En revanche, il sera possible de charger ses propres Impulse Responses ou tout simplement de bypasser la partie dédiée à la simulation d’enceintes. Notez que l’on peut charger une IR différente pour chacune des trois têtes d’amplification, ce qui est un excellent point.
L’équipe de Blob Audio ne s’est cependant pas limitée à la seule partie dédiée à l’amplification. On retrouve ainsi une collection de pédales dont le choix m’a semblé très pertinent en termes de polyvalence. Encore une fois, elles sont présentées comme des créations originales et ne prétendent pas être des copies de modèles spécifiques, même si on peut facilement se douter qu’il a bien fallu s’inspirer de quelques effets incontournables. Ainsi, deux séries sont proposées, une première en pre-FX composée de :
- Block My Noise : Un noise gate
- BigTune : Un octaver proposant un réglage de mix qui pourra être utilisé pour simuler un accordage plus grave
- Juice Pressor : Un compresseur
- Wolver Drive : Une overdrive… verte
- Baby Boost : Un clean boost
De la même manière on retrouve 5 autres effets en post-FX :
- Creaverse : Un effet permettant d’inverser le son
- Chor&Us : Un chorus
- BlouVerb : Une pédale simulant une réverb de type plate ou une shimmer
- Wavoso : Un tremolo
- Klone Delay : Un delay
La partie concernant les effets est complétée par une section nommée « Blob mix rack » davantage destinée à affiner le son final. On y retrouve un égaliseur 9 bandes, un compresseur et un limiteur.
Ce plugin propose également un métronome qui pourra se synchroniser sur le tempo défini dans votre DAW favori ainsi qu’un accordeur que j’ai trouvé très précis et efficace, même sur des accordages très graves.
Enfin, les équipes françaises ont eu la bonne idée d’inclure deux modes de spatialisation du son. Le premier permet de simuler un son d’ampli stéréo. C’est un effet qui est souvent utilisé aussi bien en studio que sur scène et qui consiste à créer une légère latence entre le canal droit et le canal gauche, environ 10 à 15 ms. Le second mode est quant à lui destiné à rendre le jeu au casque plus agréable, et c’est le cas.
Le plugin propose une collection de presets parmi lesquels on retrouve quelques noms connus de la scène guitare française. On pourra par exemple jouer avec des sons crées par Swan Vaude, Saturax, Florent Garcia ou encore Rockloé. A ceci viennent s’ajouter deux packs téléchargeables séparément et inspirés des sonorités d’AC/DC et de Metallica.
Sur le plan purement technique, le plugin Fat Blob est disponible au formats VST3/AAX/AU ainsi qu’en standalone. L’installation est légère, l’application s’est montrée fluide et je n’ai rencontré aucun bug (version 1.0.1).
Le plugin est également entièrement compatible avec le protocole MIDI. Il sera ainsi possible de passer d’un preset à un autre, de changer d’ampli, d’activer ou non les effets à l’aide du contrôleur MIDI de son choix. Si cela peut se montrer utile lors d’une prise studio (création d’automatisations dans un mix), c’est surtout dans un contexte de répétitions et de concerts que cela aura le plus d’intérêt. Ainsi, il est tout à fait envisageable d’utiliser le plugin Fat Blob sur scène si l’informatique dans ce contexte ne vous effraie pas. En revanche, ce plugin n’est pas disponible, au moment de ce test tout du moins, sur tablette ou smartphone.
Fat ou pas Fat ?
Fat Blob est visuellement séduisant mais voyons ce qui finalement compte le plus pour nous, à savoir le son. Blob Audio présente son plugin comme un outil polyvalent, personnalisable et permettant à chacun de créer des sons qui lui sont propres. C’est en effet le cas et les extraits audios qui vous sont proposés ici, ne sont que quelques exemples parmi une infinité de réglages possibles.
- 1 – Son clair + Comp + Rev00:49
- 2 – Son clair + Drive + Rev00:31
- 3 – Son clair + Octaver + Comp + Boost + Rev00:23
- 4 – Son clair Strat + Comp + Boost + Reverse + Chorus + Delay + Rev00:40
- 5 – Son clair STEREO + Reverse + Chorus + Shimmer + Comp + Boost00:44
- 6 – Son crunch + Boost + Delay + Rev00:36
- 7 – Son crunch + Tremolo + Drive + Rev00:33
- 8 – Son crunch + Chorus + Drive + Shimmer00:50
- 9 – Son lead + Boost00:33
- 10 – Son lead Strat + BigTune (Mi vers Si)+ Drive + Rev00:20
- 11 – Son lead STEREO + Boost00:44
Disons-le de suite, ça sonne ! Surtout, ça sonne sans toucher à grand-chose et c’est souvent à ça que l’on reconnait un bon plugin. Le canal clair nommé « blue » est très polyvalent, notamment grâce au potentiomètre « COLOR » qui change la réponse en fréquences et le caractère de l’ampli. Cela m’a fait penser à la fonction « ISF » des amplificateurs de la marque Black Star. On peut facilement faire cruncher cet ampli en montant un peu le gain et/ou en utilisant l’overdrive et le boost disponibles dans la collection de pédales.
Le canal « green » est tout aussi polyvalent, pas tout à fait vintage, pas tout à fait moderne. L’ampli est d’ailleurs équipé d’un petit switch « Boost/Smooth » qui permet d’affiner la réponse générale de la tête. Cet ampli sera totalement adapté pour jouer un blues ou un rock un peu énervé. On pourra même en faire un ampli de soliste en le poussant un peu dans ses retranchements à l’aide de l’overdrive disponible en pre-FX avec des réglages du type : gain à 0, niveau de sortie entre 7 et 10.
Enfin, le dernier ampli, le « purple », dégage une saturation généreuse, très généreuse même. C’est en règle générale sur ce type de sons que les différents simulateurs numériques montrent le plus de faiblesses. J’ai néanmoins été agréablement surpris par le côté organique qu’offre cet amplificateur. Sur des rythmiques modernes, avec des guitares taillées pour jouer des quintes, le résultat est très convaincant. En baissant le gain on arrive à avoir quelque chose de moins caricatural et cet amplificateur peut faire d’excellentes choses dans un contexte de jeu solo.
Les sensations de jeu sont par ailleurs excellentes, les notes accrochent bien sous les doigts. La dynamique est très bonne et les amplis réagissent de manière réaliste à l’attaque du médiator tout comme au potentiomètre de volume de la guitare.
Les effets se sont tous montrés également très bons. Il est en réalité difficile de vraiment leur reprocher quelque chose. Ils sont faciles à utiliser car les réglages sont communs et connus de tous, ce qui permet de ne pas se perdre dans des options trop compliquées que l’on peut parfois retrouver dans des simulations numériques. L’effet « BigTune » fera des heureux, notamment grâce à son potentiomètre de « MIX » qui permet de couper entière le son original et de n’entendre que le son traité dans l’effet. De cette manière, on pourra simuler un accordage différent sans toucher aux mécaniques de sa guitare. Le rendu est convaincant, je n’ai pas constaté de latence dérangeante ou une forme de numérisation excessive du son, même en descendant d’une octave complète.
De manière plus générale, le Fat Blob a un côté plug’n’play très agréable. Les amplis sonnent bien avec tous les réglages à midi. Les pédales sont efficaces, faciles à utiliser et certaines permettent de créer des effets originaux, comme la « Creaverse ».
En conclusion
Avec le plugin Fat Blob, la jeune marque française Blob Audio fait une entrée plutôt fracassante sur un marché dominé par des poids lourds aux moyens techniques probablement bien plus conséquents. Le plugin français se distingue par une approche axée non pas sur la reproduction d’un amplificateur connu ou d’une signature sonore d’un(e) artiste reconnu(e). Fat Blob propose en réalité un outil polyvalent et personnalisable grâce auquel chacun pourra créer des sons proches de ce qu’il a en tête. C’est un plugin qui est capable de répondre à la plupart des besoins des guitaristes, en studio, dans son salon et pourquoi pas sur scène. On pourra aussi saluer l’effort fait sur l’extrême facilité d’utilisation et sur l’originalité de l’univers graphique.