Afin d'en finir une bonne fois pour toute avec cette histoire de placement du micro pour la prise de voix, il nous reste encore deux sujets à traiter, à commencer par le problème de l'orientation du micro par rapport à votre interprète que nous allons résoudre sur le champ…
Si vous me faites l’honneur de suivre ce guide semaine après semaine, vous devez certainement vous souvenir d’un conseil rapidement inséré à la fin d’un précédent épisode concernant le sujet du jour. Je vous invitai alors à viser la bouche du chanteur et si vous ne désirez pas en savoir plus sur le pourquoi du comment, vous pouvez arrêter votre lecture dès à présent car la conclusion de cet article sera la même : faites en sorte d’orienter la capsule du micro vers la bouche de l’interprète, un point c’est tout.
Pour les curieux qui sont toujours là, voici la raison qui me pousse à affirmer de façon aussi péremptoire cette règle d’orientation lorsqu’il s’agit d’enregistrer une voix. Vous n’êtes pas sans savoir que la directivité d’un micro est souvent représentée à l’aide d’un diagramme polaire. Or, si vous regardez attentivement les diagrammes des micros directionnels (cardioïdes, hypercardioïdes, bidirectionnels, etc.), vous remarquerez très vite que la sensibilité de ces derniers varie de plus en plus vite dès que la source commence à s’éloigner de l’axe de la capsule. De surcroît, ces variations ne sont pas linéaires sur l’ensemble spectre, comme vous pouvez par exemple le constater sur ce diagramme de l’Origin d’Aston Microphones :
Face à une source sonore fixe comme un ampli de guitare ou une percussion, ces variations ne posent aucun problème puisqu’une fois le micro placé selon vos desiderata, la source ne bougeant pas, l’équilibre spectral ne changera pas tout au long de la performance.
Dans le cas d’un donneur de voix en revanche, ce n’est tout simplement pas la même tisane ! En effet, même les plus disciplinés d’entre eux ne restent pas parfaitement immobiles lors des prises. Par conséquent, si vous positionnez de base le micro hors-axe afin d’avoir une certaine « couleur tonale », le risque d’obtenir un enregistrement avec un détimbrage variant tout au long de la prise est majoré. Ce genre de captation est tout bonnement un enfer lors du mixage ! Pour récupérer la sauce, cela demande beaucoup de temps et d’énergie pour automatiser certaines bandes d’un égaliseur et / ou appliquer une EQ dynamique… Autant s’en prémunir dès la prise, ne croyez-vous pas ?
Moralité, mieux vaut orienter la capsule du micro chant vers la bouche de l’interprète. En faisant cela, le chanteur dispose peu ou prou d’une marge de manoeuvre de 30 degrés de part et d’autre de l’axe. À l’intérieur de ce cône virtuel, ses mouvements ne causeront pas de déséquilibre spectral significatif, ce qui sera beaucoup plus confortable pour le travail ultérieur de mixage.
Pour conclure cet épisode, je tiens à souligner deux choses. Tout d’abord, le sujet du jour ne concerne que très peu les microphones omnidirectionnels, mais ces derniers nécessitent un environnement acoustique irréprochable et sont donc rarement utilisés pour la prise de voix « Lead », surtout en situation de home studio. Ensuite, vous noterez que la zone exempte de problème est conique. Par conséquent, plus le micro sera loin du chanteur et plus cette zone de « confort » sera grande, mais encore une fois, l’acoustique du lieu peut alors devenir problématique.
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour un article justement consacré à la question du placement du couple chanteur / micro au sein de votre local d’enregistrement de façon à minimiser les problèmes liés à l’acoustique du lieu.