Cette semaine, je vous propose un épisode un peu particulier dans ce chapitre consacré à l’enregistrement de la batterie…
Une fois n’est pas coutume, nous allons attaquer par une séance d’écoute avec deux prises n’utilisant que le micro Room Mono :
- RoomM A 00:28
- RoomM B 00:29
Nonobstant les erreurs rythmiques, aucune édition n’ayant été effectuée pour corriger le tir afin de garantir un rendu « brut », vous constaterez certainement qu’il y a une grande différence sonore entre le sample estampillé « A » et celui baptisé « B ». Pourtant, au-delà du pattern identique, je vous assure qu’ils ont été enregistrés l’un après l’autre le même jour au même endroit et dans les mêmes conditions techniques, à savoir kit de batterie, micro, préampli et convertisseurs identiques. D’où vient alors la différence ? Eh bien il se trouve que lors de cette session, j’avais la chance d’avoir « sous la main » non pas un, mais deux batteurs ! En effet, comme les plus curieux d’entre vous ont pu le lire dans les remerciements de ce chapitre, l’ingénieur du son qui s’est occupé des prises est également un batteur averti. Du coup, nous avons profité de cette occasion peu banale pour illustrer une notion qui est malheureusement trop souvent occultée par la froideur technique de la plupart des écrits que l’on peut trouver çà et là sur la toile à propos du sujet qui nous occupe depuis le début de cette série… L’impact du musicien sur le rendu sonore d’un enregistrement !
Oui, le matériel que vous utilisez pour enregistrer, la manière dont vous l’utilisez ainsi que le lieu dans lequel vous travaillez comptent. Bien entendu, les choix et réglages d’instruments, l’arrangement de la composition ou bien encore le temps que vous avez à consacrer aux prises comptent tout autant. Mais à un moment donné, il faut rendre à César ce qui lui appartient de droit : le geste musical propre à chaque musicien pèse tout aussi lourd dans la balance !
Valable pour tout instrument, cette importance de l’interprète est beaucoup trop souvent mise à l’index à mon humble avis, alors même qu’elle devrait être le principal axiome de tout enregistrement au sens strict du terme. Et si j’ai choisi de vous parler de cela au cœur du chapitre consacré à la batterie, ce n’est absolument pas un hasard. Certes, la présence de mes deux camarades batteurs a permis d’illustrer la chose au travers d’exemples sonores, mais j’aurais tout de même évoqué le sujet à ce moment précis tant la batterie est la victime par excellence de l’oubli du facteur musicien. Je ne parle pas là de l’usage de boîte à rythmes en lieu et place d’un véritable batteur, car je considère les BARs comme des instruments à part entière. Je vise plutôt ici l’utilisation à outrance des instruments virtuels entièrement dédiés à la batterie acoustique. Entendons-nous bien, les possibilités offertes en la matière sont fantastiques et nous aurions tort de nous en priver. Mais le feeling du jeu d’un véritable musicien aura toujours à mon goût une saveur inimitable. N’est-il pas dommage de s’en passer ?
Pour conclure, je tiens à dire que le mariage des deux, à savoir un batteur jouant réellement d’une batterie virtuelle via une batterie MIDI, n’est absolument pas incongru et peut permettre aux personnes ne disposant pas de conditions techniques suffisantes d’obtenir des résultats plus que probants tout en conservant un tant soit peu le « feeling » propre au musicien. À bon entendeur…
P.-S. – Je sais très bien que cet article risque de soulever une jolie polémique. Mais c’est justement là tout l’intérêt de ce découpage en épisode : discuter d’un sujet précis. Alors, discutons mes amis !