Aujourd’hui, je vous propose de nous attaquer à un sacrément gros morceau qui nous occupera pendant plusieurs semaines : l’enregistrement de la batterie.
Disclaimer
Afin de réaliser les exemples sonores de ce chapitre un peu spécial, j’ai dû prendre quelques libertés avec les contraintes que nous nous étions fixées au début de cette série.
Tout d’abord, les enregistrements n’ont pu être réalisés chez moi avec mon propre matériel, et ce, pour plusieurs raisons. D’une part, le manque d’espace et l’acoustique particulièrement inadaptée de mon salon pour ce genre d’exercice n’auraient pas permis d’obtenir des résultats probants. D’autre part, les conditions matérielles, par exemple les quatre entrées disponibles sur mon interface audio, auraient été beaucoup trop contraignantes et auraient largement limité notre champ d’action. Ainsi, j’ai dû me résoudre à solliciter l’aide d’un ami qui a bien voulu me prêter son studio pendant quelques heures.
Ensuite, sachez que toutes les prises ont été réalisées par un autre ingénieur du son, votre serviteur s’étant contenté d’occuper la place douillette de directeur artistique pour cette session. Pourquoi donc ? Eh bien tout simplement parce que la personne en question est le meilleur preneur de son de batterie que je connaisse ! Lorsque j’en ai la possibilité, je préfère toujours faire appel à lui pour ce type d’enregistrement tant j’aime travailler avec ses prises plutôt que celles d’un autre, voire les miennes, c’est vous dire.
Enfin, le sujet abordé est tellement vaste qu’il m’est bien évidemment impossible d’évoquer tous les cas de figure. En effet, il existe presque autant de manières d’enregistrer une batterie qu’il y a de styles musicaux différents. Difficile donc de vous présenter cela de façon exhaustive. J’ose tout de même espérer que ces articles vous permettront d’appréhender la chose plus sereinement et qu’ils vous aideront à concevoir une méthode de base qui vous conviendra.
Prérequis
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je tiens à vous rappeler certains détails de taille, quitte à enfoncer quelques portes ouvertes.
Pour obtenir le son de batterie idéal pour votre composition, la règle d’or N°1 est plus que jamais de mise. Afin d’avoir un son « roots », pourquoi diable prendriez-vous une batterie moderne ? Ou pour un son sauce « Metal », pourquoi taper sur une batterie « Jazzy » ? Bref, vous avez saisi l’idée : choisir soigneusement l’instrument en fonction de l’esthétique recherchée est primordial.
Autres points à ne pas négliger, le choix de vos peaux, l’accordage de votre batterie, et même le choix de vos baguettes. Tous ces éléments ont une influence considérable sur le rendu sonore, ne laissez donc rien au hasard et penchez-vous sérieusement sur la question avant tout enregistrement afin de plier le son à vos exigences dès le début.
Enfin, je vous invite à prendre le temps de choisir avec minutie non seulement le lieu d’enregistrement, mais également le placement de votre batterie dans ce lieu. En effet, si l’influence sonore du lieu joue un rôle conséquent dans toute captation instrumentale, elle est ici plus que jamais fondamentale. Prenez donc le temps nécessaire afin de trouver l’endroit précis où votre batterie sonnera le mieux au regard du rendu recherché. Pour ce faire, inutile de monter et démonter l’instrument à tire-larigot. Commencez par vous balader dans l’espace avec votre caisse claire en la frappant et écoutez attentivement. Une fois trouvé un endroit convenable pour cette dernière, installez alors la grosse caisse à ses côtés et jouez une rythmique basique. Si l’emplacement convient à ces deux éléments, vous pouvez alors monter tout le kit pour un test final car il y a de fortes chances pour que tout fonctionne parfaitement ici. Attention cependant, si tel n’est pas le cas, n’hésitez surtout pas à repartir à la chasse de la position idéale avec seulement votre caisse claire.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Dans le prochain épisode, nous entrerons enfin dans le vif du sujet avec le premier enregistrement.
Remerciements
L’intégralité de ce chapitre consacré à l’enregistrement de la batterie n’aurait pu voir le jour sans l’aide précieuse de plusieurs personnes que je tiens à remercier chaleureusement.
Il y a tout d’abord mon grand ami Romain Castéra qui s’est occupé des prises de son. J’ai eu la chance de rencontrer Rom en 2004 à l’occasion de l’enregistrement d’un 3 titres pour le groupe de jazz Yün. À cette époque, il n’était encore « que batteur ». J’ai ainsi eu le plaisir de lui faire découvrir les joies du métier d’ingénieur du son, et la chose nous a tellement amusés que nous avons directement enchaîné en co-produisant ensemble le premier album de Brazùk en 2005. Depuis, monsieur Castéra a parcouru un sacré chemin… Des bancs de l’IAD aux studios La Buissonne, il est devenu un ingé-son émérite et je n’ai pas honte de dire que l’élève a largement dépassé le maître ! Comme si cela ne suffisait pas, l’énergumène réalise également des clips et des courts-métrages en duo avec sa sœur sous le nom de Noamir, sans pour autant délaisser ses premières amours musicales avec des formations comme Cargo Culte, Les Frères Ginzburg et ROM dans lesquelles il bascule de la guitare au clavier, en passant par le chant et la batterie, car oui, Monsieur est bien entendu multi-instrumentiste. Autant de talent réuni en un seul homme aurait de quoi rendre jaloux, mais l’animal étant diablement amical, impossible de lui résister ! Mon Romano, je n’ai qu’une seule hâte, c’est de produire ton prochain EP, rendez-vous donc cet autonome pour de nouvelles aventures !
Le deuxième larron de l’histoire n’est autre que le batteur de mon propre groupe, monsieur Loïc Massini, qui a bien voulu agiter ses baguettes pour les besoins de ce chapitre. Outre ses interventions percutantes au sein de mon projet en devenir, cet ancien batteur des Chozpareï met sa batte au service de Tana & the Pocket Philharmonic à l’occasion des superbes performances ciné-concert Flip The Frog que vous pourrez bientôt apprécier un peu partout en France. Loïc, si tu lis ces quelques lignes, mes pré-prods avancent, promis !
Enfin, le dernier protagoniste sans qui rien n’aurait pu avoir lieu n’est autre que Paul Viguier, un AFien comme vous et moi dont je vous ai déjà parlé à l’occasion d’un banc d’essai. Paul a eu la gentillesse de nous prêter la cabine principale ainsi que le matériel de son nouveau studio qui est actuellement en cours de construction. Étant donné l’état actuel de la structure, j’ose à peine imaginer le panard que j’aurai à travailler là-bas lorsque tout sera fini !
À vous trois, mille mercis pour votre patience et votre gentillesse. J’espère que l’avenir nous permettra de remettre ça le plus rapidement possible.