En matière de compresseur hardware, les « nouveautés » tournent bien trop souvent autour du même thème : la déclinaison d’une machine mythique ayant déjà fait ses preuves. Heureusement, à de rares occasions, une belle surprise frappe à votre porte. C’est d’autant plus vrai en ce qui concerne le sujet d’aujourd’hui, car pour le coup, l’innovation était à deux pas de chez moi…
Il était une fois…
Pour paraphraser Coluche, « c’est l’histoire d’un mec », un AFien comme vous et moi, que j’ai rencontré il y a quelques années lors d’un apéro AF dans notre belle ville de Montpellier. À l’instar de votre humble serviteur, Paul est un passionné de son à la limite du Geek. Nous avons donc très vite sympathisé autour de quelques chopines en discutant de « matos » jusqu’à pas d’heure. Nous nous sommes revus par la suite à maintes reprises, notamment dans son superbe studio qui en ferait baver plus d’un, croyez-moi. Le tourbillon de la vie faisant son œuvre, je suis parti une paire d’années triturer du son à Bruxelles, mais nous n’avons jamais perdu contact.
À mon retour dans le sud de la France, c’est tout naturellement que nous nous sommes retrouvés à l’occasion d’un concert d’amis que nous avions en commun. C’est à ce moment-là que Paul me parla pour la première fois de son projet un peu fou sur lequel il travaillait depuis quelque temps en association avec un ingé-son/électronicien : la conception d’un compresseur analogique haut de gamme contrôlable par plug-in. Imaginez un peu, les qualités sonores du monde hardware alliées à la souplesse du monde virtuel ! Un an plus tard, il me fit la démonstration d’un prototype pleinement fonctionnel qui m’époustoufla. Entre-temps, j’avais intégré l’équipe de pigistes de notre « site de rencontre ». Ce qui nous amène au test d’aujourd’hui, une façon évidente de boucler la boucle.
Bien, vous pouvez ranger vos mouchoirs et couper les violons, car j’attaque pour de bon. Et attachez vos ceintures, ça risque de secouer !
Atypique Attitude
Comme vous l’aurez compris, AudioTouch est un nouveau constructeur basé dans la région Montpelliéraine qui présente son premier produit, j’ai nommé le C-Buss. Entièrement conçu et réalisé en France, ce dernier est un compresseur stéréo analogique de type VCA contrôlé de manière numérique et pilotable via MIDI grâce à un plug-in, donc directement depuis votre DAW. Ce rack 19 pouces 1U est livré dans une solide mallette en plastique rigide faite sur mesure qui contient également le câble d’alimentation ainsi qu’une clé USB renfermant l’installeur du plug-in (formats VST/RTAS/AAX/AU pour Mac et PC en 32 et 64-bit) et la documentation au format PDF en français.
Dès le déballage, le C-Buss impose sa singularité. En effet, la face avant ne comporte qu’un seul et unique potentiomètre qui servira à effectuer l’ensemble des réglages. Chacun des paramètres dispose d’un bouton central de sélection avec LED de couleur rouge ainsi qu’une couronne de LEDs blanches indiquant le réglage actuel. Ce n’est qu’une fois la LED centrale éclairée que le potentiomètre contrôle le paramètre. Si ce système de fonctionnement peut paraître déroutant au début, il s’avère très vite diablement efficace ! D’autant que l’ensemble des LEDs permet de voir très rapidement où l’on en est, et ce, même loin de la bête ou dans des conditions de faible luminosité.
Hormis cela, nous retrouvons les grands classiques de la compression (seuil, temps d’attaque et de relâchement, ratio et Makeup Gain), mais avec quelques subtilités… Tout d’abord au niveau du temps d’attaque. Le C-Buss propose des temps fixes de 30 , 10 , 3 , 1 , 0.3 , 0.1 , 0,03 et même 0.01 milliseconde ! Autant dire qu’il y a de quoi faire et dans le monde hardware, 0.01 ms c’est rapide, très rapide, largement de quoi faire des dégâts si l’on n’y prend pas garde, mais bien réglé cela devient une arme redoutable. En ce qui concerne le temps de relâchement, les temps disponibles sont 1.2, 0.9 , 0.6 , 0.4 , 0.3 , 0.2 , 0.1 et 0.05 seconde, sans compter un mode automatique. Là encore, il y a largement de quoi faire groover et respirer votre compression. Le ratio, quant à lui, dispose des rapports 1.5, 2, 4, 6, 8 et 10 pour 1, ainsi qu’un mode limiteur.
Rien qu’avec tout cela, il y a de quoi bien s’amuser. Mais AudioTouch ne s’en tient pas là et nous offre également un réglage du mélange entre le signal traité et le signal source ainsi qu’un paramètre baptisé Dyness qui est « simplement » un sidechain interne permettant d’exclure les fréquences basses du circuit de détection avec pas moins de 3 pentes différentes pour le filtre. Le tout est efficace et digne des compresseurs hardware les plus complets du marché. Et le plus beau c’est que ça continue avec une fonction unique dans son genre, le bouton Isosonic qui bascule les courbes du Dyness de façon à « forcer » le circuit de détection à être plus sensible aux fréquences situées dans le haut médium. Ce mode s’avère particulièrement utile sur les signaux de type voix ou guitare en donnant un contrôle du haut médium tout en préservant le bas médium et les graves.
La cerise sur le gâteau, c’est le switch Vintage qui change la topologie interne du compresseur pour basculer en mode feedback et rajouter des transformateurs pour un son plus « coloré ». Au passage, vous remarquerez sur le synoptique que le bypass (accessible via le bouton idoine) est un véritable bypass physique qui relie directement les entrées aux sorties, et ce, même hors tension. Joli !
Pour compléter le tableau, un dernier switch enclenche le circuit de sidechain externe. En ce qui concerne les indicateurs visuels, le C-Buss n’est pas en reste avec des vumètres à LEDs pour les niveaux d’entrées et de sorties (5 LEDs chacun par canal) et la réduction de gain (10 LEDs, −2 dB par LED). Enfin, le C-Buss dispose d’une mémoire interne permettant de stocker et de rappeler en un clin d’œil jusqu’à 21 présets utilisateur.
Autant de fonctionnalités aussi bien pensées dans un simple rack une unité, ça force le respect !
Passons maintenant à la face arrière. Nous y retrouvons les entrées et sorties stéréo ainsi que les entrées symétriques du sidechain externe (stéréo s’il vous plaît !), le tout sur des embases XLR. C’est également là que se situe l’entrée et la sortie MIDI sur Din 5 broches qui permettront la communication avec le plug-in. Avant de parler de ce dernier, sachez que le petit sélecteur rouge à côté de la connectique MIDI sert à assigner un numéro MIDI à la bestiole… Car il est possible de chaîner en MIDI jusqu’à 16 unités de C-Buss et de piloter chacune d’entre elles par une instance du plug-in.
Développé en partenariat avec Orosys, une autre société française plus connue sous la marque Two Notes Engineering avec son fameux Torpedo, le plug-in servant à piloter le C-Buss apporte une souplesse d’utilisation sans équivalent dans le monde analogique. Reprenant peu ou prou le design de la face avant, il donne accès à l’ensemble des paramètres. Les réglages sont sauvegardables à l’infini sous forme de présets qu’il est possible d’exporter afin de les partager avec d’autres utilisateurs. À ce propos, la bête est livrée avec une grosse vingtaine de présets d’usine. Et bien évidemment, vos réglages seront sauvés avec les sessions de votre DAW. En matière d’intégration d’un appareil analogique dans le monde numérique c’est tout simplement le rêve absolu ! Fini les petites feuilles volantes où l’on note les réglages afin de pouvoir retrouver ses petits lors de l’ouverture ultérieure d’un projet, ici nous avons droit au recall instantané !
Une fois sélectionnés les ports MIDI utilisés et le numéro de l’unité à piloter, il suffit d’activer la synchronisation depuis le plug-in et les réglages sont transférés vers le C-Buss, un voyant bleu à droite de l’engin indiquant alors que la synchro est active. En parlant de ça, sachez qu’il est possible de choisir à l’ouverture du plug-in d’envoyer les réglages de ce dernier vers l’unité hardware, ou au contraire de récupérer sur le plug les paramètres actuels de la bestiole. D’autre part, une fois la synchronisation active, la communication est bidirectionnelle, c’est-à-dire que toute modification sur le plug-in sera immédiatement reportée sur le C-Buss et qu’inversement, un changement sur l’unité sera reflété au sein du plug-in. Rendez-vous compte, il est donc possible d’utiliser l’automation de votre DAW pour piloter votre compresseur hardware… Enfantin et on ne peut plus efficace à l’usage ! Si en plus vous disposez d’une surface de contrôle MIDI avec suffisamment de potentiomètres et de switches, le contrôle devient véritablement un régal.
Quelques petits bémols cependant… Il aurait été agréable d’avoir directement au sein du plug-in un retour visuel pour les niveaux d’entrées et de sorties ainsi que pour la réduction de gain. D’autre part, une fonction de comparaison A/B aurait encore ajouté à la souplesse d’utilisation. Enfin, une fonction MIDI Learn pour une assignation aisée des paramètres à un contrôleur MIDI aurait été la bienvenue. Ceci étant, la stabilité de l’ensemble plug-in/hardware est exemplaire et certains des points soulevés pourront faire l’objet d’une simple mise à jour logicielle.
Sur le plan sonore, le C-Buss se situe clairement dans le haut du panier. On pense directement à des compresseurs de légende comme l’API 2500, le SSL G4000 ou le Neve 33609. Cette machine n’a pas à rougir face à ses aînés et se paye même le luxe d’apporter sa propre empreinte sonore comme vous pourrez le constater dans les exemples sonores suivants…
Chauffeur de Bus
Comme son nom l’indique, le C-Buss est avant tout destiné à trôner en insertion de bus. C’est donc tout naturellement que nous débuterons cette séance d’écoute par un bus batterie.
- 01 Drums dry 00:42
- 02 Drums modern 00:42
- 03 Drums vintage 00:42
- 04 Drums vintage hard 00:42
- 05 Drums trash 00:42
- 06 Drums trash NY 00:42
- 07 Drums automation 00:42
Sur l’exemple « Drums-modern », la réduction de gain oscille entre 0 et −8 dB. Un temps d’attaque de 3 ms et un ratio modéré de 4:1 permettent de préserver l’aspect dynamique des crêtes tout en contrôlant le reste. Le premier niveau de Dyness épargne la grosse caisse, et la caisse claire gagne en pêche, ce qui provoque une belle sensation de profondeur. Le charley s’intègre mieux aux autres éléments et sur la fin, les toms gagnent un supplément d’âme avec une résonance accrue. Le C-Buss apporte ainsi une jolie cohésion à l’ensemble tout en restant transparent.
Si nous basculons en mode Vintage sans rien toucher aux réglages précédents (« Drums-vintage »), le compresseur travaille encore plus en douceur avec 0 à −6 dB de réduction de gain. L’ajout des transformateurs audio rend les aigus plus agréables avec des harmoniques vivantes.
Le sample « Drums-vintage-hard » illustre un temps d’attaque plus court (0.1 ms) ainsi qu’un ratio plus élevé (8:1) pour une réduction de gain de 0 à −10 dB. Un temps de relâchement adapté permet de caler l’ambiance au groove. La couleur des transformateurs se fait ici encore plus présente.
« Drums-trash » ne donne pas dans la dentelle comme son nom l’indique. L’attaque ultra-rapide de 0.01 ms et le ratio de 10:1 ne laissent aucune chance aux crêtes. Ces réglages ne sont pas réellement utilisables en l’état (quoiqu’en guise d’effet ponctuel, pourquoi pas ?), mais lorsque nous dosons le traitement avec parcimonie grâce au paramètre de mélange entre le signal source et le signal compressé (« Drums-trash-NY ») cela prend un tout autre intérêt.
Enfin, l’exemple « Drums-automation » montre ce que l’on peut obtenir en utilisant simplement l’automation sur le paramètre de mixage signal source/signal traité.
Testons maintenant la bestiole sur le bus master d’un morceau.
- 08 Master dry 00:33
- 09 Master modern 00:33
- 10 Master vintage 00:33
- 11 Master vintage hard 00:33
- 12 Master vintage hard 2 00:33
Avec un temps d’attaque très court (0.01 ms), un ratio faible (1.5:1) et un seuil relativement élevé (« Master-modern »), le C-Buss agit de façon modérée (-2 à −6 dB) sans réellement dénaturer la dynamique. Le gain sur les crêtes permet de rehausser l’ambiance, ce qui accentue l’effet « 3D » en transparence.
Sur l’exemple « Master-vintage », le compresseur travaille beaucoup plus avec −4 à −10 dB de réduction de gain. Le mode Vintage apporte une jolie coloration avec des aigus moins agressifs et un bas plus dense. L’effet « glue » fonctionne ici à merveille.
Si nous tapons un peu plus fort (« Master-vintage-hard ») afin d’obtenir une réduction entre −4 et −14 dB, les transformateurs s’en donnent à cœur joie. La ligne de synthé basse devient rugueuse à souhait et malgré tout, la dynamique est encore là même si l’on perd un peu en profondeur.
Le dernier extrait (« Master-vintage-hard-2 ») est clairement outrancier. Avec −10 à −20 dB, ça pompe sévère, mais quelle belle coloration !
Poursuivons notre écoute avec le C-Buss placé en tête d’un bus de voix.
- 13 VoixBuss dry 00:54
- 14 VoixBuss vintage 00:54
- 15 VoixBuss iso 00:54
Avec juste une touche de compression (0 à −1 dB sur les chœurs, −4 dB sur le chant Lead), le sample « VoixBuss-vintage » illustre une nouvelle fois l’apport en cohésion sonore. Les graves semblent plus « pleins » et le chant Lead passe au premier plan.
Si nous enclenchons le mode Isosonic Dyness, le C-Buss travaille plus (0 à −6 dB) et pourtant nous gagnons en douceur, car le haut médium de la voix Lead devient moins agressif.
Tant qu’à y être, regardons ce que l’engin peut donner sur une voix seule…
- 16 VoixSolo dry 00:20
- 17 VoixSolo vintage 00:20
- 18 VoixSolo vintage iso 00:20
Il est très facile de gagner en contrôle de la dynamique (-2 à −10 dB) tout en apportant un peu de coloration comme nous pouvons le constater sur le sample « VoixSolo-vintage ». Mais nous pouvons aller encore plus loin grâce à l’Isosonic Dyness (« VoixSolo-vintage-iso »). La réduction de gain est plus drastique (-8 à −18 dB) et pourtant nous gagnons en douceur.
Passons maintenant à une prise de guitare acoustique.
- 19 Gtr dry 00:44
- 20 Gtr 1 00:44
- 21 Gtr 2 00:44
- 22 Gtr trash 00:44
- 23 Gtr trash less 00:44
Dans le premier exemple traité, nous gagnons en corps sans trop attaquer les crêtes. Ceci est dû à un temps d’attaque très lent (30 ms), un ratio relativement élevé (8:1), un relâchement rapide (0.2 s), et surtout au mode Isosonic Dyness qui préserve le bas du spectre et tient en laisse le haut médium. Pour preuve, l’extrait suivant (« Gtr-2 ») est plus agressif et bien moins équilibré alors que la seule différence de réglage est l’absence d’Isosonic Dyness.
En tapant plus fort avec en prime le mode Vintage, nous obtenons une très belle couleur, mais qui est difficilement utilisable telle quelle (« Gtr-trash »). Heureusement, nous pouvons avoir le meilleur des deux mondes, entre équilibre et coloration, via la fonction de mélange signal source/signal traité (« Gtr-trash-less »).
Le C-Buss est également à l’aise en présence d’une basse électrique.
- 24 Bass dry 00:12
- 25 Bass attack 00:12
- 26 Bass autorelease 00:12
« Bass-attack » présente un sérieux gain en agressivité. Le Dyness permet aux fréquences graves de rester indemnes. Une basse ainsi traitée ressortira forcément au sein d’un mix.
« Bass-autorelease » est quant à lui beaucoup plus contrôlé. Le relâchement automatique fonctionne à merveille et le résultat s’insérera mieux en guise de colonne vertébrale d’un mix.
Pour finir, voyons ce que nous pouvons obtenir sur une prise piano stéréo.
- 27 Piano dry 01:23
- 28 Piano bass 01:23
- 29 Piano bass vintage 01:23
- 30 Piano bass vintage iso 01:23
Le premier exemple (« Piano-bass ») avec 0 à –8 dB de réduction de gain nous donne bien la main sur la dynamique. Le Dyness permet de donner plus de puissance aux graves. Remarquez au passage cette sensation d’élargissement stéréo !
Sur « Piano-bass-vintage », le C-Buss travaille moins, ce qui préserve plus l’intention du jeu. Le mode Vintage délivre une nouvelle fois une belle coloration. Et comme précédemment, le Dyness donne de la dimension dans le grave.
Le dernier sample (« Piano-bass-vintage-iso ») utilise la fonction Isosonic Dyness. La réduction de gain se fait plus vivace et le son semble s’élargir du fait du travail dans le haut médium qui laisse la place aux aigus et aux graves.
Conclusion
Avec un tarif de 2990 € TTC, le C-Buss s’adresse avant tout aux professionnels de l’audio. Et il a de sacrés arguments pour séduire les gros studios comme les project-studios plus modestes ! Polyvalent au possible, il est autant à l’aise pour contrôler la dynamique en toute transparence que pour apporter du punch et de la vie aux pistes les plus fades, et ce, grâce à des fonctions innovantes et superbement mises en œuvres. Si l’on ajoute au tableau la facilité d’intégration au monde numérique via le plug-in et le gain de temps de travail qui en résulte, ça devient carrément un « no-brainer » tant cette machine est unique en son genre. Bref, le C-Buss mérite amplement un Award de l’innovation.
À ce stade de la lecture, vous vous dites peut-être que j’en fais un poil trop parce que je connais l’un des concepteurs… J’ai d’ailleurs moi-même longtemps questionné mon objectivité à cause de cela. Au final, j’en suis arrivé à la conclusion que si la bestiole avait été médiocre, ça n’aurait pas été rendre service que d’en dire du bien tant les réputations se font vite dans notre petit milieu. Par conséquent, je crois sincèrement que j’aurais refusé d’écrire cet article si le C-Buss n’avait pas été à la hauteur. Mais tel n’est pas le cas. C’est donc avec plaisir que j’ai passé un mois à torturer ce beau joujou afin de pondre ces quelques lignes. J’ose espérer que tout le monde en aurait fait autant à ma place.
Comme d’habitude, je vous invite à télécharger les exemples sonores (format FLAC) afin de mieux vous faire une idée du potentiel de cette machine. D’autre part, sachez qu’AudioTouch organise une tournée des studios pros afin de présenter le C-Buss au public (cf. cette news). Si vous avez la chance d’habiter à proximité de l’une des étapes de cette tournée, n’hésitez pas une seule seconde à faire le déplacement, vous m’en direz des nouvelles !
Interview
Paul Viguier, l’un des deux hommes à la tête d’AudioTouch, a eu la gentillesse de bien vouloir se prêter au petit jeu des questions/réponses pour les membres d’AudioFanzine. En voici la transcription :
Nantho : Salut Paul ! Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Paul : J’ai commencé en tant qu’auteur/compositeur et je cherchais un studio avec du matériel « à attitude » pour enregistrer mes compos sur Montpellier. N’en ayant pas trouvé, j’ai décidé de monter le mien. Je ne suis pas un « Pro » de l’Audio, je travaille dans les « gros systèmes » informatiques la journée…
N : Si j’ai bien compris, tu travailles avec un associé, Patrice. Comment vous êtes-vous rencontrés et surtout comment en êtes-vous venus à monter AudioTouch ensemble ?
P : Mon associé s’appelle Patrice Valorge. C’est un ancien ingénieur du son professionnel qui a fait la première session de la SAE française. Nous sommes tous deux fans de Bruce Springsteen et nous nous sommes rencontrés sur un forum dédié à cet artiste. Il est passé chez moi chercher des CD « pirates » et a vu qu’une belle table Amek trônait dans un beau Home-Studio chez moi…
N : Parle-nous de la genèse du C-Buss.
P : J’avais commandé deux cartes PCB pour me souder une copie d’un compresseur stéréo que j’aurais placé en sortie de ma Soundcraft 3200 qui n’en a pas. Patrice est tombé sur ces PCB par hasard au studio et m’a proposé d’en faire un truc original, un peu « custom ». Il est repassé 10 jours après avec un compresseur intégrant le même recall que celui qu’on trouve aujourd’hui sur le X-Rack de chez SSL ! Je lui ai dit « Asseyons-nous un moment, j’ai toute une liste d’idées et de sons en tête que j’aimerais trouver dans une seule machine… ». 4 ans plus tard, on lançait le C-Buss.
N : Pourrais-tu nous en dire plus au sujet de cette curiosité qu’est le mode Isosonic Dyness ?
P : L’Isosonic Dyness est une idée de Patrice : pourquoi ne pas avoir des fréquences qui seraient plus « soumises » à la compression ? On a donc cherché quelles pourraient être ces fréquences et comment les implémenter dans une machine 1 unité de haut. Avec ce rajout sur le mode Dyness, il est plus facile de contrôler les instruments dont les fréquences médiums sont primordiales. Je pense aux guitares (sèches ou électriques), les voix, etc.
Les bêta-tests de l’été dernier, en Live surtout, ont été surprenants : j’ai prêté une machine à un super sondier « Live » de la région. Je pensais retrouver le C-Buss sur le master de sa table ou un bus batterie. Mais au bout d’une dizaine de dates, je retourne le voir lors d’un concert qu’il sonorisait et il avait placé le C-Bus en Vintage mode avec le Dyness et Isosonic sur un bus de voix, faisant ressortir les « harmoniques de gorge » des chanteurs/chanteuses.
N : Tu as présenté le C-Buss pour la première fois au public lors de la dernière session des Audio Days. Comment s’est passée cette rencontre et quels ont été les retours ?
P : C’est assez curieux de se présenter dans un salon sans n’avoir jamais effectué de communication : personne, même les importateurs ou les passionnés, ne nous connaissaient. Nous avions installé notre stand avec 3 machines et 2 PC portables (sous Cubase et ProTools) avec un plug chacun, et un casque disponible sur chaque station de test. La veille du salon, plusieurs constructeurs présents s’amusaient avec les C-Buss, nous rassurant un peu pour les jours suivants.
Le public a été très surpris de se retrouver nez à nez avec une machine inconnue, avec une interface nouvelle en façade et un plug-in qui contrôle et se fait contrôler par le rack… Mais nous n’avons quasiment eu que des bons retours. Les seules remarques venaient du fait qu’il « fallait » une seconde version qui intègrerait convertisseurs et MIDI dans un seul et même câble USB. Nous y songeons pour l’avenir…
N : 2014 commence sur les chapeaux de roues pour AudioTouch avec une tournée des studios professionnels (cf. cette news) pour faire découvrir le C-Buss au public. Comment vont se dérouler ces sessions ?
P : Le studio qui accueille la session aura préalablement relié le C-Buss sur son patch, et la connexion MIDI sera faite avec la station informatique du lieu. De là, on s’amusera à faire passer différents groupes de pistes à travers le compresseur, sur des titres proposés par le studio et/ou par les ingés sons qui seront passés essayer l’engin. Les présets « usine » seront chargés, déformés, enregistrés. Les testeurs se serviront du plug-in ainsi que de la face avant. Ils pourront poser leurs questions et nous soumettre leurs idées pour les prochains modèles. Des échanges de passionnés à passionnés en gros. On a hâte d’y être !
N : Pour finir, pourrais-tu nous donner quelques indices en ce qui concerne les projets futurs d’AudioTouch ?
P : Sans trop en révéler, nous allons, courant 2014, proposer un deuxième modèle, mono cette fois-ci, avec une technologie de compression différente (pas à VCA j’entends), avec des particularités déjà présentes sur le C-Buss (Vintage mode, contrôlable via plug-in et chaînable avec le C-Buss), mais avec quelques particularités propres à ce modèle aussi…
Un grand merci à Paul pour cet entretien. Souhaitons à ces artisans du son une longue vie remplie d’aussi belles initiatives que le C-Buss !