La semaine dernière, nous avons vu qu'il est complètement illusoire d'espérer pouvoir trouver le micro parfait pour l'enregistrement de tel ou tel chanteur dans l'absolu car la qualité du résultat dépend de beaucoup plus de paramètres qu'il n'y paraît de prime abord. Mais alors, comment choisir le bon micro ? C'est ce que nous allons voir aujourd'hui…
Concept
Comme je vous le disais dans le précédent article, les différents critères à prendre en compte lors du choix d’un micro pour enregistrer du chant sont les suivants :
- La voix du chanteur ;
- Le style de chant qu’il va pratiquer sur la chanson en cours de production ;
- Le lieu de captation ;
- L’orientation que vous souhaitez donner à cette voix au sein du morceau.
Cette petite liste pourrait se résumer par cette phrase : ici, je veux faire ça avec cette voix sur ce morceau. Mais nous pourrions aussi traduire cela par : je souhaite faire ceci sur ce morceau avec cette voix dans ce lieu ; ou bien encore : pour cette chanson, je désire enregistrer cette voix ici pour qu’elle sonne comme cela ; etc.
Ces différentes formulations sont toutes valables et permettent d’illustrer le fait qu’aucun de ces critères n’est plus important que les autres. Ils sont tous extrêmement significatifs et surtout, ils sont interdépendants. Par conséquent, toutes la difficulté de votre mission en tant que preneur de son sera de trouver le micro parmi ceux dont vous disposez qui résoudra au mieux cette complexe équation.
Pour vous aider à solutionner ce « problème », une bonne façon d’aborder les choses consiste à gérer ces quatre paramètres en partant de ceux sur lesquels vous avez le moins de marge de manoeuvre. À première vue, vous pourriez croire qu’à l’exception de votre envie en termes de production du chant, rien d’autre n’est malléable. Après tout, le morceau est ce qu’il est, le chanteur comme sa façon de chanter sur ce titre itou et les murs de votre home studio ne sont pas mobiles à l’envi. Mais en y regardant de plus près, ces affirmations ne sont pas tout à fait vraies, surtout dans un contexte de home studio sauce « one man band »…
Déjà, rien qu’au niveau du lieu d’enregistrement, vous pouvez très bien chez vous travailler dans un coin plutôt qu’un autre, déplacer du mobilier, enregistrer dans une autre pièce ou investir dans des panneaux acoustiques mobiles de façon à pouvoir « plier » autant que faire se peut le son de la pièce à vos désidératas. De plus, nous avons déjà vu qu’il pouvait être judicieux et somme toute assez simple de délocaliser votre home studio lors des prises de voix si besoin. Pour ce qui est de la voix du chanteur et de sa façon de chanter, plus ce dernier sera « bon » et plus vous aurez de marge. En outre, si vous êtes vous-même le donneur de voix et/ou l’auteur/compositeur/arrangeur, vous avez alors toute la liberté d’adapter votre chant ou votre composition en fonction du reste. Bref, tout est potentiellement malléable, à vous de hiérarchiser les choses et de gérer l’équilibre entre vos aspirations et vos « contraintes » réelles. Ce n’est qu’ainsi que vous pourrez choisir dans votre parc micro celui qui vous donnera entière satisfaction en fonction de tout cela.
J’ai bien conscience que cette façon d’aborder les choses peut paraître « pessimiste » dans le sens où elle semble prôner une certaine forme de résignation face aux contraintes du réel. Pourtant, je vous assure que tel n’est pas mon propos, bien au contraire ! Envisager les choses ainsi, c’est avant tout pratiquer une forme de « réalisme éclairé » permettant de ne plus être esclave de la situation pour enfin en devenir l’acteur principal. La réflexion précède l’action, encore et toujours. Choisissez donc en amont ce qui vous semble le plus important et agissez en conséquence, quel qu’en soit le « prix ». Comme le disait William Ernest Henley dans son célèbre poème Invictus : « Je suis le maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme. »
Sur cette envolée lyrique, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode qui devrait vous aider à choisir votre micro chant en fonction des « impératifs » que vous désirez faire vôtres.