Deux ans après le NS5R, Korg équipe son petit bolide GM avec une carte fille XG Yamaha sur son connecteur interne. Voyons si la greffe a toutes les chances de prendre.
Applaudi lors de notre banc d’essai et de notre comparatif sur les modules GM pour ses qualités sonores, techniques et son édition puissante, le NS5R a fait les beaux jours des utilisateurs d’ordinateur et de Midi. Succès très mérité, le petit surdoué disposait d’une part d’une compatibilité XG pour les numéros de programmes et d’un connecteur interne pour carte fille. Rien d’étonnant donc à ce qu’il nous revienne aujourd’hui toute équipé d’une carte fille XG Yamaha.
Dans la poche
La couleur noire a fait place au gris perle pour habiller le demi-rack 1U, dont la face arrière reprend un trio Midi, deux sorties jack 6,35, deux entrées Cynch, une borne To Host, une fiche pour alimentation interne et un potentiomètre de volume pour la carte fille (Korg a même laissé la sérigraphie « option board level » du NS5R).
Sur la face avant, on retrouve le potentiomètre de volume, une prise casque mini-jack, le LCD 144 × 40 pixels (vert ou orange suivant le mode GM), neufs boutons largement dimensionnés et la magnifique molette crantée. Bref, rien de changé si ce n’est l’ajout du logo XG et la numérotation des canaux Midi de 1 à … 48 ! Car la carte fille embarquée apporte 16 canaux Midi supplémentaires aux 32 gérés originellement par le NSR5. La ressemblance est telle que Korg fournit le manuel du NS5R (pourquoi changer ce qui est excellent ?) accompagné d’un petit mode d’emploi complémentaire.
La puissance du NS5R se retrouve dans le NX5R : un véritable synthétiseur basé sur la lecture d’échantillons avec 64 voies de polyphonie tirant ses 528 multisamples et 286 percussions d’une Rom de 12 Mo. Un programme se compose d’un ou deux oscillateurs (ou d’un kit de batterie) injecté(s) dans un filtre passe-bas assez peu résonant et deux multieffets à 47 algorithmes. On dispose aussi de trois LFO et trois enveloppes, un portamento, des fenêtres de tessiture et de vélocité. Huit programmes peuvent être regroupés en combinaisons, avec réglages de tessiture, vélocité, départs effets et filtre Midi. Du pur Korg ! En tout, on trouve 1050 programmes, 384 combinaisons et 37 kits de batteries en Rom, et respectivement 128, 128 et 2 en Ram. L’édition depuis la façade avant est très conviviale. Elle l’est davantage grâce à l’éditeur Mac et PC gracieusement fourni.
A pieds joints
La carte fille dispose d’un moteur dérivé du MU50 Yamaha, compatible XG et TG300B, équipé d’une Rom d’ondes de 6 Mo. Ses 32 voies de polyphonie sont dynamiquement assignées sur 16 canaux Midi (33 à 48). Korg a même prévu de les basculer sur les 16 premiers canaux, idéal pour ceux qui disposent d’un séquenceur limité à 16 canaux Midi. Les 676 programmes et 21 kits de batterie sont assez moyens. Les sonorités acoustiques sont très inférieures à celle du générateur principal Korg, tout cela date un peu. Par contre, les programmes utilisant la résonance du filtre le complètent bien.
L’accès aux paramètres de synthèse est impossible depuis le NX5R, la carte se contentant de « squatter » 16 des 48 canaux Midi et l’unique paire de sorties stéréo. De plus, chaque générateur est indépendant, que ce soit sur le plan des paramètres de synthèse ou d’effets. Par ailleurs, il est impossible de sauvegarder le moindre programme XG, la carte se contentant de fonctionner à grands coups de changements de programme et de Sysex, sur chacun de ses canaux. Pire, aucun éditeur XG n’est fourni, à croire que Korg et Yamaha ne parlent pas la même langue ou qu’il y a des querelles internes ! Ceux qui disposent d’un éditeur XG se régaleront des possibilités offertes et bien cachées : formes d’onde au choix (1 ou 2 oscillateurs), filtre résonant, gamme microtonale, portamento, 3 enveloppes, LFO complet, départs effets, tessiture et vélocité sont quelques un des 80 paramètres de synthèse disponibles. Un mode Drums permet des réglages précis sur chaque note (son, filtre, enveloppe, départs effets). A noter également la présence d’une petite matrice de modulation permettant d’affecter de nombreux contrôleurs Midi sur le pitch, le filtre, le volume et le LFO.
Un mot sur la section effets comprenant une réverbération (11 algorithmes), un chorus ( 11 algorithmes) et un multieffets (42 algorithmes) de fort bonne qualité. Chaque algorithme dispose de 10 à 16 paramètres dont un, fixé, peut être modulé en temps réel par un contrôleur Midi à définir globalement. La qualité est au rendez-vous mais l’originalité n’est plus de mise, même sur les effets de variation, au temps des réducteurs de bit et autres vocodeur.
Au final, le NX5R est un module totalisant tout de même 96 voies et reprenant tous les avantages de son ancêtre, sans en corriger les défauts, en y adjoignant une compatibilité XG intégrale et de véritables filtres résonants. Quel dommage que les deux générateurs sonores ne puissent interagir. Il convient à notre sens de considérer la carte fille comme un bonus… gratuit. Pourquoi donc s’en passer ?
Glossaire
XG : format GM étendu créé par Yamaha et spécifique (jusque-là) à ses produits, autorisant la gestion d’une liste supplémentaire de paramètres en temps réel, notamment les paramètres de synthèse et d’effets.
Résonance : amplification des fréquences voisines de la fréquence de coupure du filtre pour donner au son un certain grain, du caractère.
Sysex : contraction de « système exclusif ». Messages Midi spécifiques à un modèle, émis et interprétés correctement par lui seul, destinés à contrôler ses paramètres internes.