Le cousin orange du séquenceur vert et gris nous revient dans une seconde version qui, si elle ne tient pas toutes les promesses tenues, n’en demeure pas moins très, très intéressante.
Lors de sa sortie en 2014, le moins que l’on puisse dire est que Bitwig Studio était attendu comme le loup blanc. Les plus impatients étaient les utilisateurs d’Ableton Live, à qui les annonces de Bitwig avaient laissé espérer qu’ils pourraient enfin bénéficier de certaines fonctionnalités qu’ils n’attendaient plus sur leur logiciel de prédilection. Si certaines promesses telles que le travail collaboratif ne furent pas tenues, force est de constater que la majorité le fut : l’affichage simultané et multiécran des vues « session » (la matrice de clip) et « arrangement » (la timeline habituelle des DAWs), l’édition simultanée des clips MIDI et audio de plusieurs pistes différentes, l’édition note par note des paramètres d’expression dans le piano roll, la gestion multiprojet, la richesse du système de modulation, et « last but not least » la compatibilité Linux, qui fit d’ailleurs de ce logiciel la première STAN intégrant une matrice de clips à rejoindre la logithèque de ce système d’exploitation.
Trois ans plus tard, voici qu’arrive donc la première véritable grosse évolution de ce soft, vendue aux alentours de 375 € environ. Voyons ensemble ce qu’elle nous propose et comment elle se situe par rapport à son principal concurrent, Ableton Live.
Vous connaissez le principe : les youtubophages auront droit à leur vidéo…
…et les bibliophiles au texte qui suit, l’une n’excluant pas l’autre.
L’interface a pris du poil
Dès l’allumage, c’est un nouveau venu qui nous accueille : l’écran « dashboard », ou « tableau de bord » comme on dit en francophonie. Cet écran regroupe toutes les fonctionnalités liées à la gestion des fichiers de projets et des packs d’extension téléchargeables, au paramétrage du logiciel et enfin à l’accès à la documentation (la plus complète n’étant pour l’instant disponible qu’en anglais) ainsi qu’aux tutoriels vidéo maison de l’éditeur. Il sera d’ailleurs possible de choisir de ne pas afficher cet écran au démarrage du logiciel. Mais en ce qui me concerne, j’avoue avoir du mal à m’en passer. Il est en effet très bien conçu, particulièrement clair, et l’on accède de manière très simple aux différents éléments.
On apprécie notamment de bénéficier d’un moteur de recherche pour ses propres projets ou templates car oui, comme pour les précédentes mises à jour du soft, la version 2 de Bitwig Studio permet de sauvegarder des templates multiples, ce qu’Ableton Live ne fait toujours pas. D’ailleurs, on notera également que cela fait pas mal de temps maintenant que Bitwig Studio propose un système très poussé d’affectations de raccourcis clavier et de commandes MIDI à quasiment l’intégralité des fonctions du soft, incluant même l’affichage du fameux tableau de bord sur la dernière version, avec entre autres la possibilité d’affecter plusieurs raccourcis à une même fonction, ou encore de sauvegarder des templates d’affectations de commande. On évoquera aussi la possibilité de configurer à volonté la résolution de l’écran de travail du soft, qui si elle ne représente pas non plus une nouveauté dans l’univers Bitwig, se trouve toujours absente de son concurrent direct. Enfin, on notera que les contrôleurs MIDI hardware sont dorénavant activables ou désactivables à volonté via un petit bouton de démarrage dans la page de configuration, afin de pouvoir les débrancher et les rebrancher tout en s’assurant de leur reconnaissance correcte par le logiciel sans nécessité de redémarrage. Très bon point.
Passé l’écran de démarrage, nous nous retrouvons dans l’environnement familier du logiciel. Toutefois, nous constatons qu’un certain nombre de choses ont évolué. Première différence de taille : le logo « Bitwig » en forme de combiné téléphonique ne sert plus à activer ou désactiver le moteur audio, mais à afficher ou désafficher le tableau de bord. Pourquoi pas. Mais pour les vétérans du soft, ça fait bizarre. D’autant que la fonction de désactivation du moteur audio est maintenant particulièrement bien cachée : il faut effectuer un click droit sur l’affichage de charge CPU et choisir « deactivate for this project » dans le menu qui s’affiche. Passée la première surprise, on se rend compte que cette solution n’est au final pas tellement plus handicapante qu’une autre et qu’elle permet même plutôt de se prémunir plus efficacement contre une extinction intempestive et involontaire du moteur audio. En revanche, une fois celui-ci désactivé, c’est un gros bouton qui apparaît pour lancer l’éventuelle réactivation. Bien vu.
Et puisque nous parlons de l’affichage de la charge CPU, cette fonctionnalité a bien évolué elle aussi. En effet, si à première vue l’affichage est le même que sur les versions précédentes du soft, un clic (gauche, cette fois) nous transporte dans une autre dimension : c’est maintenant un graphique précis de l’activité du processeur qui s’affiche, avec diverses infos bien utiles comme le nombre de samples des buffers ou encore la fréquence d’échantillonnage du projet. Mais l’information la plus importante à mes yeux est celle intitulée « deadline » et qui indique le temps maximal nécessaire au système pour assurer une reproduction sonore libre de tout artefact. Cette information permet un réglage précis de la capacité des buffers, et dans la majeure partie des cas, cela fonctionne ! Là aussi, bien vu !
Mais l’interface recèle encore d’autres surprises. Tout d’abord, l’affichage de celle-ci est maintenant paramétrable, et on peut choisir les boutons que l’on souhaite avoir directement sous la main. En effet, les différents éléments des menus « File », « Play », « Add » et « Edit » bénéficient d’une icône « punaise » sur laquelle il suffit de cliquer pour que l’élément concerné s’affiche de manière permanente (tout du moins jusqu’au prochain dé-punaisage) en haut de l’écran de travail. Là encore, bah, bien vu !
La fenêtre d’arrangement bénéficie désormais de la possibilité de redimensionner à volonté la hauteur de chaque piste individuellement, ce qui rend la visualisation et l’édition desdites pistes beaucoup plus agréable. Encore une fois… bien vu ! Oui, je sais, je me répète, mais là c’est quand même le cas de le dire, non ? Et puisque nous parlons de la fenêtre d’arrangement et de l’édition en général, soulignons au passage que l’éditeur audio gère maintenant les fades et les crossfades à l’intérieur et entre les clips, hallelujah !
Enfin, de nombreux plug-ins internes de Bitwig se voient maintenant agrémentés d’un affichage dynamique du signal qui les traverse, comme le filtre ci-dessous :
Audio feel
Ce qui nous amène tout naturellement à évoquer les évolutions que l’équipe de Bitwig a fait subir à ses plug-ins de manière générale. Si le polysynth, le synthé principal de la DAW, a subi un relifting au niveau de ses fonctionnalités sans que cela soit vraiment révolutionnaire, c’est ailleurs qu’il faut chercher les véritables nouveautés de Bitwig Studio 2.
Tout d’abord le soft nous gratifie d’un certain nombre de nouveaux plug-ins audio. Ainsi, nous avons le « Spectrum Analyzer », un outil classique sur d’autres STAN et simple d’apparence mais qui s’avère finalement plus riche que prévu puisqu’il offre notamment la possibilité d’afficher les courbes de fréquences pour le canal gauche, droit, mais également pour les canaux mid et side, ce qui est déjà plus rare ! Sans compter que l’on peut sélectionner l’origine du signal analysé sur une seule et même instance du plug, ce qui permet d’éviter d’avoir à naviguer entre différentes pistes pour comparer leur spectre. Très bien vu et très pratique. On regrettera juste qu’il ne soit pas en mesure de superposer les courbes issues de plusieurs sources à la fois, mais ne pinaillons pas trop !
Au rayon des nouveautés, Bitwig nous propose également un utilitaire de double panoramique afin de placer précisément l’ensemble du signal stéréo dans l’espace. Rappelons à cette occasion que les potards « simples » de panoramique que l’on trouve habituellement sur les consoles hardware ou virtuelles ne servent qu’à gérer l’équilibre de volume entre le canal droit et le canal gauche, mais qu’en aucun cas ils ne transfèrent le signal d’un canal vers l’autre, ce que permet de faire un double potard de panoramique comme celui présenté ici.
On trouve ensuite un phaser plutôt complet, avec notamment un filtre proposant une pente allant jusqu’à 32 pôles (sic), ainsi qu’un pitch shifter qui, s’il s’avère intéressant sur le papier dans la mesure où il ne se contente pas de modifier le pitch d’un signal mais se propose également de mixer signal « dry » et signal « wet » afin de créer des harmonies, s’avère au final plutôt décevant dans le rendu sonore. On réservera son usage à de la coloration et de l’expérimentation uniquement.
Mais le plug-in le plus intéressant de la série est à mon sens le « Treemonster », un ring modulator très inspirant. En effet, les quelques réglages qu’il offre permettent d’obtenir rapidement des résultats très gratifiants. On peut ainsi gérer le pitch tout comme la plage de fréquence du signal traité, la vitesse, l’intensité de l’effet de « ring » ainsi que l’équilibre entre signal « sec » et signal traité. Ce dernier peut d’ailleurs, comme pour nombre de plug-ins internes de Bitwig Studio, être soumis à un ou plusieurs effets chaînés encapsulés dans le plug-in lui-même. Ce principe d’encapsulage de plug-ins les uns dans les autres est l’une des principales caractéristiques de Bitwig Studio depuis ses débuts, comme nous l’avons décrit lors du précédent test.
She’s a MIDI-ac on the floor
Bitwig Studio 2 propose également une nouvelle batterie d’effets MIDI plutôt intéressante.On trouve ainsi notamment trois utilitaires, « note length », « note latch » et « note echo ».
Le premier permet de définir la durée d’une note, quel que soit le moment où on la relâche. Sur un synthé monodique, cet effet permet une sorte de quantization dans le jeu lui-même, dans la mesure où la note suivante ne se déclenche qu’après la durée prévue pour la note précédente, quel que soit le moment où l’on a enfoncé la touche. Sur les instruments polyphoniques, on obtient une sorte d’émulation de pédale de sustain. Le second effet gère le comportement d’un générateur de son par rapport aux commandes de notes qui lui sont envoyées. On peut ainsi choisir que chaque note soit maintenue indéfiniment jusqu’au déclenchement de la prochaine, ou que seules sont jouées les notes au-dessus d’un certain seuil(mais pas en dessous d’un certain plafond, dommage!). Le troisième, « note echo », permet quant à lui de définir des répétitions de note en agissant sur leur nombre, leur niveau de vélocité et de facteur aléatoire, leur écart de hauteur par rapport à la note d’origine… Bref, un petit outil qui s’avère particulièrement riche de possibilités à l’utilisation.
On trouvera également « velocity », un outil assez rudimentaire mais suffisant de gestion de la vélocité. Je terminerai cette partie comme la précédente avec ceux qui me semblent être les plus intéressants parmi les nouveaux effets MIDI, à savoir le « note harmonizer » et le « multi-note ». Le premier permet d’adapter en temps réel la tonalité d’une séquence midi aux accords joués sur une autre piste. Il fonctionne plutôt bien, mais il est parfois nécessaire de décaler d’un micro poil les notes à moduler par rapport aux accords pour que la piste MIDI cible prenne correctement en compte les changements d’accords.
Enfin, le « multi-note » permet de définir jusqu’à 7 notes en fonction de l’écart de hauteur et de vélocité par rapport à celle jouée initialement. En choisissant un écart de hauteur autre que zéro pour toutes les notes, on supprime de fait la note fondamentale. On peut par exemple ne programmer que des accords sans note fondamentale, réservant celle-ci à une ligne de basse par exemple. C’est bien pensé, et même s’il n’existe pas de presets d’accords préétablis, rien n’empêchera l’utilisateur de sauvegarder les siens.
Du mouvement naît … la modulation
Mais il est temps maintenant d’aborder ce qui fait réellement tout le sel de cette nouvelle mouture de Bitwig Studio, en commençant par… les modulateurs, et la complète réorganisation de l’United Modulation System qui les régit (cf test précédent).
Avant de poursuivre, rappelons rapidement ce qu’est un modulateur. Il s’agit d’un élément permettant, comme son nom l’indique, de moduler un ou plusieurs paramètres auxquels il est affecté. Il peut s’agir d’un potard, d’un poussoir, d’un LFO, etc. Si l’on avait déjà la possibilité d’en utiliser autant que l’on voulait, les modulateurs n’étaient que de quatre natures différentes, et ils ne pouvaient moduler que les plug-ins ou d’autres modulateurs encapsulés en eux-mêmes, ce qui impliquait de définir une certaine hiérarchie dans l’encapsulage. Avec la nouvelle version de Bitwig, cette notion d’encapsulage est abandonnée en ce qui concerne les modulateurs : tous ceux affectés à un plug-in sont hiérarchiquement à égalité et peuvent donc se moduler mutuellement à volonté.
Surtout, le nombre de modulateurs différents est passé à 25. On y trouve non seulement des poussoirs, des LFOs, des sidechain pour moduler un paramètre à partir d’une source audio ou MIDI, des pads X/Y dont chaque côté et chaque coin peut être affecté à un paramètre différent, des enveloppes bien sûr et j’en passe, mais aussi des macros et… un modulateur permettant de capter un signal CV entrant ! Oui, vous avez bien lu, CV ! Mais nous y reviendrons plus tard.
Sachez qu’avec tous les modulateurs que Bitwig propose, on peut carrément se fabriquer son propre synthétiseur modulaire virtuel, ce qui est absolument énorme ! Et je n’ose imaginer le résultat si Bitwig décidait d’établir un partenariat avec un fabricant de hardware afin de proposer une solution hybride à la Live+Push… Cela pourrait déboucher sur de grandes choses. Pour l’instant il existe bien un script pour l’utilisation de Push avec Bitwig, mais il est soumis à trop de limitations pour être vraiment pertinent.
Mais revenons un peu au fonctionnement du logiciel. Peut-être avez-vous été surpris en lisant « macro » parmi les modulateurs. En fait, les macros telles que les vétérans de Bitwig (ainsi que les habitués d’Ableton Live…) les connaissaient, c’est-à-dire sous forme de huit potards affectés à chaque plug-in interne ou tiers géré par la STAN, sont effectivement classées maintenant dans la catégorie « modulators ». Ceci n’est pas si surprenant que cela quand on y réfléchit bien, lesdits potards n’ayant finalement jamais été autre chose que des modulators déguisés.
Mais c’est sans compter deux choses. Premièrement, on peut désormais en affecter autant que l’on veut aux paramètres d’un plug-in. Et deuxièmement, à la place des huit uniques potards d’antan, on trouve maintenant huit « remote controls » qui peuvent être mutipliés par autant de banques que l’on souhaite, ce qui devrait résoudre pas mal de casse-têtes d’affectations (mais qui n’est pas sans poser de problème non plus comme nous allons le voir). Voyons cela de plus près.
Take control, beauty
Les remote controls, comme leur nom l’indique, sont des commandes qui permettent de piloter les paramètres auxquels elles sont affectées via la souris ou un contrôleur MIDI, de manière dynamique. C’est-à-dire que l’on peut passer du pilotage des remote controls d’un plug-in au pilotage de ceux d’un autre plug-in sans avoir à effectuer aucune réaffectation manuelle de commandes hardware.
Les plug-ins internes de Bitwig ainsi que certains mastodontes du marché des VST tiers tels que les outils de Native Instruments ont leurs « remote controls » déjà affectés par défaut. Mais on peut bien entendu modifier tout cela via leur fenêtre de paramétrage. Grâce à cette fenêtre, on affecte des contrôleurs aux paramètres que l’on souhaite. Lesdits contrôleurs changent de forme en fonction du type de paramètre qu’ils auront à piloter : rotatif, bouton ou menu. Comme je le mentionnais plus haut, on peut créer autant de banques de remote controls que l’on souhaite. Et les affectations peuvent être différentes selon que l’on souhaite qu’elles concernent toutes les instances d’un même plug-in ou bien uniquement un preset particulier du plug-in. Là aussi, très très bien vu !
Et bien entendu, les remote controls peuvent être pilotés par les modulateurs dont nous avons parlé ci-dessus !
Is there anybody outside ?
Jusqu’à présent je vous ai décrit les interactions qui ont lieu à l’intérieur de Bitwig, mais l’on peut également communiquer avec l’extérieur, c’est-à-dire avec le matériel. Et si Bitwig permettait déjà par le passé les interactions avec du matériel MIDI grâce au plug-in « hardware instrument », les possibilités ont été étendues aux instruments dotés de connectiques CV, grâce aux nouveaux plug-ins « HW (pour hardware) CV Instrument » et « HW CV Out », ainsi que le modulateur « CV In » dont je vous ai parlé plus haut. Cela signifie entre autres que l’on peut affecter des modulateurs à des commandes MIDI ou CV qui seront transmises à nos synthés hardware.
On peut donc se créer grâce aux modulateurs et aux « remote controls » de véritables télécommandes personnalisées pour nos synthés, au même titre que pour nos plug-ins virtuels. Et donc…
Elle n’est pas belle la vie ?
Eh bien justement, c’est là qu’il est temps de parler des choses un peu moins plaisantes. Tout d’abord, contrairement aux macros, les remote controls ne peuvent piloter qu’un seul paramètre à la fois. Pas grave, me direz-vous, il suffit d’affecter un modulateur « macro » à plusieurs paramètres, puis de faire piloter ce même modulateur par un « remote control ». Bah oui… sauf que pour une raison inconnue, il est impossible d’affecter un remote control à un modulateur de type « macro ». C’est ballot, hein ? J’espère fortement que cela sera corrigé dans une prochaine mise à jour.
Autre chose concernant les remote controls : sur une piste instrumentale, on peut grâce au script dédié de notre surface de contrôle hardware passer aisément du pilotage des « remote controls » du générateur de son principal de la piste à celui des remote controls des effets associés ; pas de problème. Il en va tout autrement sur les pistes audio, d’où les générateurs de sons sont par nature absents : impossible de piloter les « « remote controls » des effets éventuellement présents sur la piste en question, sans passer par le subterfuge suivant. Il faut convertir la piste audio concernée en piste hybride, y placer un générateur de son (synthé ou autre), le désactiver… et là, miracle on accède au pilotage des remote controls des effets via une surface de contrôle hardware. J’espère que ce bug fera lui aussi l’objet d’une correction rapidement !
Tant qu’on y est, précisons qu’on aurait aussi apprécié un bouton d’accès direct à l’activation/désactivation des modulateurs. Il est toutefois possible de tricher en affectant un modulateur de type poussoir au paramètre « depth » du modulateur que l’on souhaite pouvoir activer/désactiver.
Je tiens également à signaler que la qualité de l’algorithme de time-stretch n’est pas encore optimale, et que même en « HD » on est encore loin de la qualité obtenue grâce à l’algo d’Ableton Live. Et puisque l’on évoque les capacités de traitement audio du grand concurrent : à quand la présence dans Bitwig d’un équivalent à l’audio2midi ? On regrettera également de ne toujours pas pouvoir charger des pistes à la volée via le browser (d’ailleurs encore assez brouillon, malgré la possibilité de tout tagger), ou encore l’indigence des options de split et layering dans le cadre des « layer instruments », la version Bitwig des « instrument racks » d’Ableton Live.
Toujours au chapitre des regrets, on notera le peu d’informations délivrées par le mode d’emploi sur les nouveaux plug-ins, ou encore sur certains principes généraux de MAO ou de mixage. On est très loin de l’exhaustivité du manuel d’Ableton Live qui par certains aspects pourrait quasiment faire office de support de cours en école d’audiovisuel ! Quant à la promesse initiale d’un mode collaboratif, elle semble définitivement enterrée.
Mais ce qui pourrait s’avérer le plus ennuyeux, c’est que certains plugs VST3 ne sont toujours pas totalement supportés : Zeta 2 a ainsi fortement tendance à bugger chez moi.
Conclusion
Bitwig Studio avait marqué les esprits lors de sa sortie en se positionnant clairement en concurrent de Live – rien de très étonnant si l’on se souvient que l’équipe est essentiellement constituée d’anciens d’Ableton – et proposait déjà à l’époque un certain nombre de caractéristiques plus qu’intéressantes, entre autres celle d’être la première et à l’heure actuelle toujours la seule STAN de ce genre qui soit cross-plateformes Windows, MacOS, Linux.
Avec cette seconde version, l’équipe de Bitwig enfonce encore le clou et propose un logiciel dont on peut dire qu’il arrive doucement mais sûrement à maturité malgré quelques bugs et un traitement de l’audio encore perfectible. On notera surtout que sa personnalité qui s’affirme de plus en plus. En effet, en choisissant d’axer le développement sur la modulation et le contrôle MIDI et CV, l’équipe de Bitwig semble vouloir accentuer l’aspect synthétiseur/sampleur/séquenceur modulaire de leur soft, ce qui le distingue de plus en plus de son principal concurrent, Ableton Live, qui conserve quant à lui peut-être davantage d’ADN « DJing » et performance live.
Peut-on alors se risquer à espérer voir naître un jour un véritable partenariat de Bitwig avec un fabricant de hardware pour nous proposer un véritable outil modulaire hybride ? L’avenir nous le dira.