Chaque année, Cakewalk propose une nouvelle version de son logiciel phare Sonar. Chaque année, même les utilisateurs les plus mordus se demandent « dois-je vraiment payer 100 € pour cette update ? ».
La dernière mouture de Sonar semble ne pas avoir fait exception avec l’impression que, comme d’habitude, Cakewalk en donne beaucoup surtout côté plug-ins. L’offre est toujours alléchante, mais elle peut laisser un peu froid quiconque est déjà bien garni de ce côté. Pourtant, nous allons voir que, comme d’habitude, les améliorations sont nombreuses et que l’upgrade mérite plus que réflexion. Surtout avec la toute dernière mise à jour X2a (gratuite celle-ci) qui fait entrer Sonar dans l’ère du tactile.
Du plug en veux-tu…
Puisqu’on a parlé des plug-ins, commençons par là. On retrouve les grands classiques qui accompagnaient déjà les versions précédentes. Pour ceux qui ne connaissent pas Sonar, je vous invite à vous reporter aux tests des versions précédentes. Une des stars de X2 est la BReverb2 signée Overloud. Ce plug-in ayant fait l’objet d’un test complet sur Audiofanzine, je ne vais pas détailler et vous invite à consulter l’article (enthousiaste) de l’ami Sleepless. Signalons tout de même que cette BReverb2 Sonar Edition n’est pas exactement la version complète du plug-in acheté seul. Il lui manque l’onglet gate et les types de réverbe disponibles dans le cœur de la matrice sont “limités” aux Hall, Plate, Room et Inverse. Exit les « Space » et les « Source ». La banque de présets suit logiquement avec des Hall, Plate, Room, Inverse et 80's-90's.
Quand on sait que Breverb2 coûte 200 €, on ne s’étonnera pas de cette édition limitée. Laquelle est cependant plus que satisfaisante : je la trouve enthousiasmante. Moi qui devais auparavant me forcer à monter la réverbe, je dois me refréner sur le bouton wet ! Une critique tout de même : la documentation fournie est celle de l’édition complète. Un petit effort d’adaptation aurait été apprécié. Plus dommage, la graduation des faders ne correspond pas tout à fait aux valeurs de gain, lesquelles sont indiquées sous chaque fader.
…en voilà !
BReverb2 n’est pas le seul plug-in de l’éditeur Overloud qui a rejoint la collection Sonar. On trouve aussi le simulateur d’ampli TH2 Producer qui remplace les simulateurs auparavant fournis. Ne connaissant pas l’original, je ne pourrai vous donner les limitations de cette version par rapport au produit autonome. On dispose de dix modèles d’amplis, dix modèles de baffles, dix pédales d’effet, trois modèles de micros, de delay et reverb…
Ce qui est clair, c’est qu’on continue à monter en qualité. TH2 ne se limite pas à une simulation d’ampli. C’est toute une chaîne audio de guitariste qui est proposée. On dispose de pré-amplis, effets, enceintes (dont à convolution), d’un splitter, d’un mixeur… Bref, il y a de quoi faire. Tout ça offre pas mal de possibilités (on peut par exemple déplacer les micros devant les cabs) et ça sonne très bien.
Esthétiquement et ergonomiquement, c’est plutôt agréable à utiliser. Surtout avec la présence d’un « Smart Panel » regroupant 8 réglages au choix, ce qui évite d’aller se balader tout au long de la chaîne pour régler un gain d’overdrive ou un équilibre entre deux chaînes d’effets. On retrouve aussi facilement ces réglages au niveau des sources d’automation. Bien vu. À ceci s’ajoutent un navigateur de présets clair et bien fichu et la possibilité, quand on modifie un préset, d’enregistrer le résultat comme variation du préset d’usine.
Du remix dans l’R
L’autre « gros » plug-in mis en avant par Cakewalk est R-Mix. Celui-ci est présenté comme un plug-in de remastering et de remixage. Il semble laisser sceptique pas mal de gens qui s’interrogent sur son intérêt quand on ne fait ni mastering, ni remix. Nous allons voir qu’il offre d’autres possibilités. Le principe est assez simple (et l’utilisation est enfantine) : dans une fenêtre est affiché le son de la source sous forme de nuages colorés, plus ou moins denses et clairs en fonction de leur intensité. On dispose d’un rectangle ou d’une ellipse qu’on peut librement placer et dimensionner pour sélectionner une partie du son. Deux faders permettent de régler le volume du son sélectionné et de celui non sélectionné. Des panoramiques permettent aussi de changer la spatialisation. On peut ainsi par exemple, supprimer une voix d’un mix ou au contraire l’isoler. Une voix ou toute autre partie du son. Bon, ça, c’est la théorie parce que dans la pratique, dans un mix, la plupart des sons ont une bande large et beaucoup de recouvrement avec le reste. Si on supprime une voix, difficile de supprimer la réverbération associée sans enlever beaucoup de choses au mix. N’empêche que l’outil s’avère plutôt efficace et permet pas mal de choses. On dispose par ailleurs d’une petite section d’effets qui m’a semblé superflue, mais trouvera peut-être sa justification en sound design, ainsi qu’un débruiteur que je n’ai pas eu l’occasion d’essayer.
Histoire de m’amuser, j’ai voulu tenter un remix osé de deux de mes découvertes récentes : Un morceau de Die Antwoord (électro-punk flirtant avec le mauvais goût mainstream) et Rodrigo y Gabriella, duo de guitaristes épiçant leur flamenco de l’esprit rock hérité de leur passé de métalleux. Le résultat demanderait encore énormément de travail de cohérence sonore (et quelques notes qui frottent), raison pour laquelle je n’ai mis qu’un petit bout. Mais bon… je voulais essayer.
Le R-Mix m’a permis de supprimer le synthé tout en conservant la voix sur la partie juste après l’intro et d’éclaircir un peu la suite pour faire un peu de place aux guitares. Il m’a permis aussi d’épurer les guitares, le son du morceau étant très dense, chargé en réverbe et même assez brouillon (cet album, qui est une merveille musicalement, n’est pas un sommet de la réalisation sonore).
J’ai aussi utilisé le R-Mix pour corriger un morceau de Babazoula dont je trouve les voix trop sur-mixées. Comme ce groupe turque n’est pas si connu, je vous ai mis l’extrait brut du CD, une version utilisant un compresseur avec side-chain pour compresser fortement quand les voix sont présentes et la version utilisant R-Mix. En l’occurrence, j’ai utilisé deux R-Mix sur la piste puisqu’il y a deux voix positionnées différemment dans l’espace. Cette version est tout simplement traitée en mettant les R-Mix en bypass quand les voix sont absentes pour conserver tout le son du mix original. On remarque que les réponses de délai sur les voix ne sont pas atténuées. Je ne l’ai pas tenté et je pense que ça aurait été impossible à faire sans massacrer le reste du mix. Je trouve le résultat obtenu avec R-Mix beaucoup plus naturel qu’avec le compresseur qui fait perdre beaucoup d’air.
- Babazoula original CD 00:22
- Babazoula compress Side Chain 00:22
- Babazoula traite R Mix 00:22
R-Mix permet aussi autre chose. Pour ce test, j’ai réalisé un mixage complet d’un projet de 24 pistes dont la moitié du morceau est très chargée avec une guitare acoustique, deux guitares électriques, du piano, un orgue B3, des cordes et du synthé produisant nappes et arpèges, tout ça la plupart du temps en stéréo. Mon mix, réalisé assez rapidement et pas achevé (le but était de tester les fonctions de Sonar) est trop dense et manque de séparation. J’ai décidé de tester l’allègement du bus regroupant claviers et cordes en y introduisant un R-Mix. Ça fonctionne pas mal (même si j’y suis allé tout doux). Vous entendrez l’exemple sonore plus loin, avec des éléments de comparaison.
Sans faire de miracles, R-Mix se montre un outil très utile. Ses applications sont nombreuses. Cakewalk évoque notamment la possibilité d’isoler une piste d’un morceau pour la transcrire et la travailler. Et inversement de supprimer un instrument d’un mix pour jouer par dessus. Dans ce genre de démarche où la qualité sonore est secondaire, il fera merveille. Je suis plus circonspect sur l’usage consistant à supprimer une voix lead pour faire du karaoké. Avec les réverbérations et délais, ça ne peut se faire complètement sans dégâts sur le reste du mix. De même, isoler une voix pour la récupérer en vue d’un remix me semble dépendre beaucoup du mixage auquel on a affaire, mais la plupart du temps, il ne faut pas rêver récupérer une piste comme sortie d’enregistrement, sans le son de plein d’autres instruments qui s’y mélangent. N’empêche que R-Mix constitue une sorte de couteau suisse auquel on trouvera de nombreux usages. Sachant qu’il peut être intégralement automatisé (y compris taille et position de la sélection sonore), il peut servir aussi de filtre et d’effet spécial. Un outil simple offrant des possibilités d’expérimentation vastes.
On le voit, Cakewalk a encore frappé fort côté bundle pour la version Producer. Mais c’est loin d’être le seul attrait de cette version. Avant de passer aux énormes améliorations ergonomiques, assurons la transition avec des choses qui touchent encore au son.
Evolution du ProChannel et Emulation de consoles
Rappelons que le ProChannel est une tranche de console complète présente sur toutes les pistes audio. Il disposait déjà de compresseurs, d’un égaliseur, d’une simulation de saturation à tubes. Deux nouveautés viennent s’ajouter. La première est le FX Chain qui est une sorte de rack d’inserts d’effets qui vient en plus de celui de la piste. Il permet d’enregistrer des configurations de suites de plugs avec leur routage. On peut ainsi facilement copier tout un set de plugs d’une piste à l’autre, le mémoriser pour le rappeler plus tard, y compris dans d’autres projets, ou encore demander à l’avoir par défaut sur une nouvelle piste ou un modèle de piste. Un FX Chain comporte sa collection de boutons de réglage (choisis par l’utilisateur) et on peut même personnaliser l’interface.
Notons que l’égaliseur 4 bandes est aussi amélioré avec des fonctions supplémentaires et une interface clarifiée et rendue plus ergonomique.
Mais la plus grosse nouveauté est un émulateur de consoles analogiques. 3 types sont proposés : N-Type sensé émuler une console Neve, S-Type pour SSL et A-Type émulant la fameuse console Trident A Range qui n’a été fabriquée à 13 exemplaires dans le monde.
Le but de cet émulateur est d’apporter un peu de la chaleur et de la vie du monde analogique dans le monde numérique. Je vais me contenter de citer la documentation : « Le module Console Emulator est basé sur les principes suivants :
● Émulation du transformateur d’entrée, qui introduit une hystérésis et une saturation, dépendante de la fréquence.
● Le canal est modelé par la réponse en fréquence.
● Dérive de polarisation des étages actifs.
● Simulation de la tolérance des composants, grâce à une légère modification des valeurs des filtres sur les différents canaux.
● Saturation du bus de mixage.
● Diaphonie sur les bus stéréo.
Comme avec une console analogique, le caractère sonore global découle de plusieurs étages de traitement distincts. Selon le type de console et les paramètres, vous pourrez bénéficier des avantages suivants :
● Image sonore plus étendue.
● Sensation de cohésion spatiale plus affirmée.
● Profondeur et définition accrues.
● Légèrement plus de chaleur et d’agressivité.
● Équilibrage des niveaux plus aisé d’une piste à l’autre. »
Je n’ai pas pu comparer avec une console SLL ou Neve. Encore moins avec une A-Range (pour ceux que ça intéresse, les studio Cherokee vendent leurs 4 Trident en tranches).
Cependant, sans tout à fait croire avoir le son de ces consoles de légende, la différence est audible. Pas sur une seule piste (heureusement, sinon on serait plus dans le charcutage que subtilité), mais au niveau d’un mix complet.
Dans les exemples suivants, les réglages sont :
- trim (gain d’entrée) à +2 dB
- Drive à + 2db (la doc précise que l’émulation est valable entre –6 et +2 dB au-delà desquels on sort de l’émulation pour entrer dans la zone effet spécial)
- Tolérance enclenchée (celle-ci est censée donner une réponse légèrement différente sur chaque piste comme le font les composants d’une console analogique)
J’ai réalisé le mix avec le type A. Ensuite, j’ai simplement changé le type sur toutes les pistes avant de faire chaque export. Pour le témoin sans émulation, j’ai ajouté quelques dB au fader de bus master pour compenser la perte de gain et conserver un niveau de sortie équivalent.
Je vous laisse juger sur ce bout de mix in progress (bonnes écoutes recommandées). Notez que vous trouverez aussi le mix avec le R-Mix sur le bus Keys & Strings.
- Mix sans emulator 00:36
- Mix A type 00:36
- Mix N type 00:36
- Mix S type 00:36
- Mix avec R Mix sur keys et strings 00:36
Je me méfie toujours un peu des émulations, mais à l’écoute des résultats, si je n’ai encore aucune idée du type d’émulation avec lequel je travaillerai, je pense adopter définitivement le concept, sans doute avec des réglages plus light. Dans la mesure où le résultat ne commence à être audible qu’à partir d’un nombre conséquent de pistes, on peut tout de même se demander si les réglages disponibles sont vraiment utiles.
Améliorations de l’interface et de l’ergonomie
Cakewalk avait fait un gros travail de refonte de l’interface de Sonar avec la version X1. Cette version va encore plus loin, avec de très nombreuses améliorations rendant vraiment le travail plus facile et surtout plus agréable.
L’autozoom ajuste automatiquement la hauteur de la piste sélectionnée dans l’inspecteur (fenêtre principale) de la dernière taille qu’on a définie. Désormais, on peut travailler avec toutes les pistes réduites au maximum, celle sur laquelle on clique s’agrandissant automatiquement. Simple et génial. On peut aussi zoomer dans le projet à l’aide de la souris en cliquant sur la barre temporelle. Cette fonction a été grandement améliorée et on peut zoomer ainsi du plus petit au plus grand niveau avec fluidité et rapidement, tout en déplaçant ou pas le projet horizontalement.
Pas mal d’améliorations aussi du côté des sélections. Avec notamment une sélection de type lasso avec un clic droit qui permet de sélectionner entièrement les clips qui sont, même partiellement, inclus dans la zone de sélection. Un des avantages est qu’on peut commencer une sélection sur un clip lui-même, ce qui est particulièrement pratique dans les projets chargés dont les pistes sont très pleines.
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Les clips ont une nouvelle présentation avec une en-tête avec le nom du clip. Désormais, une sélection dans le corps du clip effectue une sélection partielle tandis qu’un clic sur la tête du clip permet de déplacer celui-ci. Ceci fonctionne aussi sur les clips MIDI, permettant de déplacer un clip qui serait affiché sous forme de notes (piano roll) dans l’inspecteur. Les nouveautés de sélection agissent aussi sur l’automation. On peut en effet sélectionner des parties de courbes d’automation pour les copier et les coller ensuite ailleurs, sur la même piste ou sur une autre ou encore sur un bus. La sélection d’une des courbes d’automation permet aussi de modifier cette portion à la souris avec ajout automatique de nœuds aux extrémités de la sélection. Je regrette juste qu’on ne dispose pas d’une fonction permettant d’inverser une courbe d’automation, ce qui serait pratique pour gérer des automations de mute entre deux pistes par exemple.
Le travail sur les courbes d’automation est grandement facilité par le fait qu’elles ne sont plus affichées par-dessus les pistes, mais dans des couches situées sous la piste, comme différentes prises quand on choisit de les afficher séparées. C’en est terminé de bouger un clip en voulant modifier une enveloppe ou encore les galères de sélection d’une enveloppe quand une piste en comporte de nombreuses. Si l’on masque les couches, on peut choisir d’afficher ou pas les courbes par-dessus la piste.
Notons aussi que l’écriture d’automation peut désormais être enclenchée à la volée pendant la lecture ou l’enregistrement (cool) et qu’on dispose maintenant de 3 modes de modification de l’automation. Toujours l’ancien qui remplace l’automation existante uniquement quand on touche le contrôleur, mais aussi un mode qui remplace de toute façon la précédente automation et le dernier mode qui fonctionne de façon similaire, mais ne commence la réécriture qu’à partir du moment où l’on bouge le contrôleur.
Concernant les couches, celles concernant les différentes prises sur une piste reçoivent désormais enfin chacune un mute et un solo, ainsi qu’un bouton d’armement permettant d’enregistrer une prise sur une couche spécifique . En fait, les couches deviennent presque des mini-pistes imbriquées dans une piste. Elles disposent même d’un nom et d’un sélecteur d’éléments à afficher.
Le magnétisme a aussi grandement été amélioré et à mon avis, ce n’est pas du luxe. Voilà un truc qui marchait bien, mais était souvent agaçant. Désormais, on peut avoir deux réglages de magnétisme actifs et on passe de l’un à l’autre avec un raccourci clavier. Mieux, le réglage change de lui-même selon le contexte (piste audio ou piano roll) et le niveau de zoom. Le réglage d’intensité du magnétisme est aussi au nombre des améliorations.
Le piano roll a aussi été amélioré, ce qui n’est pas non plus un mal. Déjà, il est plus esthétique. Notamment parce les notes ont désormais des coins arrondis, ce qui permet de mieux distinguer les limites de chacune dans le cas de notes qui se touchent. Une ligne horizontale et une verticale suivant le curseur permettent aussi de bien mieux se repérer dans la grille. Enfin, on peut peindre directement des notes en cliquant et glissant sur la longueur voulue. Tant qu’on n’a pas relâché la souris, on peut changer la hauteur et la durée de la note. La sélection par lasso marche aussi pour les notes dans le piano roll, ce qui fait qu’on peut presque tout faire avec le smart tool, les clics droit et gauche et les touches shift et control. Un gain de temps monstrueux une fois tout ça mémorisé.
Vous pouvez voir tout ceci dans cette vidéo (en anglais).
Elle n’évoque pas tout. Ainsi, dans le genre petit truc pratique, la commande de menu contextuel « supprimer des pistes » annonce combien de pistes sont concernées. Mais les nouveaux modes de sélection limitent les risques de sélectionner involontairement plusieurs pistes. Ajoutons aussi la possibilité d’exporter directement ses projets vers SoundCloud, une playlist améliorée et Publisher permettant de générer des player à intégrer sur ses sites.
La vie en rose ?
Pas tout à fait. Ça fait quelques années que Cakewalk a succombé à la mode des éditeurs de logiciels, à savoir sortir des nouvelles versions insuffisamment stabilisées. C’était le cas avec X1 qui a connu de nombreux bugs avant mise à jour, bugs que je n’avais pas ou peu constatés au cours de mon test, mais qui sont apparus à moi-même et à beaucoup d’utilisateurs par la suite. Ici, j’ai rencontré quelques plantages avant l’arrivée de l’upgrade X2a. Celle-ci s’est avérée beaucoup plus stable et je n’ai eu aucun plantage, mais je n’ai pas pu tester ses nouvelles fonctions tactiles.
J’ai quand même constaté quelques bugs. Par exemple des groupes rapides qui refusaient de fonctionner pour remarcher quelques minutes plus tard. Agaçant quand vous avez un paramètre à changer sur 24 pistes. J’ai aussi connu quelques problèmes d’affichage foireux des formes d’ondes lors de déplacements de clips. Assez pénible quand on veut caler une transitoire. En dehors de ça, je n’ai pas constaté de problème. Sauf sous XP qui équipe mon ordinateur de studio (pourquoi changer un truc qui marche aux petits oignons?). Car XP n’est plus supporté par Sonar (comme par Microsoft), ce que j’ai très vite constaté. Sonar se lance et fonctionne, mais on voit vite des problèmes d’affichage notamment. Vista reste « possible, mais pas recommandé » (qui recommanderait Vista de toute façon !). Seven ou Windows 8 obligatoires, donc. C’est ça l’évolution. Le test s’est donc déroulé sur mon portable à tout faire (récemment réinstallé) où j’ai été limite au niveau performances en basse latence avec un projet de 24 pistes, les émulateurs de console et quelques instances de Breverb et de R-Mix. Il faut dire que c’est un « vieux » Centrino 2. J’ai connu des drop outs et des craquements audio qui m’ont obligé à pousser la latence de la carte son (Echo Indigo) pour être tranquille (en 24 bits 88.2 kHz). Chaque nouvelle version de logiciel est plus gourmande que la précédente et Sonar ne déroge pas à la règle, même si je trouve qu’il se comporte bien compte tenu des améliorations. Car côté fluidité, je n’ai rien à redire. J’ai le sentiment que c’est même nettement mieux que X1.
Je sais que le manque total d’évolutions du côté de la vue partitions fera râler certains. Personnellement, ça ne me dérange pas trop, mais sachant que Sonar est particulièrement adapté au son à l’image, je comprends que certains compositeurs s’impatientent grandement. Depuis, X1, des gens de chez Cakewalk m’ont dit que « quelque chose se préparait de ce côté », mais ma sœur Anne ne voit toujours rien venir. Cubase a beaucoup évolué à ce niveau là et il faut que Cakewalk se bouge.
L’Audiosnap ne figure pas non plus dans la liste des évolutions et c’est bien dommage. Rappelons que cet outil très efficace, permet une gestion du tempo du projet et des clips jusqu’au calage des transitoires de plusieurs clips. Il gagnerait à être clarifié pour un usage plus aisé et à voir son interface un peu modernisée.
Sinon, j’ai bossé des heures avec seulement X2 Producer sans aucun plug-in supplémentaire, ayant réinstallé mon portable récemment et je n’ai pratiquement manqué de rien. Sauf que dans le traitement du morceau de Babazoula, j’aurais aimé pouvoir moduler le bypass du R-Mix avec un sidechain ayant pour source la piste dry. Je n’ai pas trouvé comment le faire. Il paraît que Reaper permet ce genre de choses et je pense que Cakewalk qui me semble faire des choix d’évolution plutôt bien vus a intérêt à regarder un peu ce que fait ce genre d’outsiders.
J’ajoute la question des écrans. Heureusement, mon portable dispose d’une résolution de 1920 × 1200. De quoi travailler sur des petits projets, mais pour du sérieux, je lui ai adjoint un 20" HD. Il est vrai que j’ai l’habitude de travailler en multiécrans, mais je ne recommanderai pas de travailler sur un écran unique ou à affichage trop congru. Sonar, à l’instar de la plupart des séquenceurs d’aujourd’hui, demande de l’espace. L’idéal me semble deux 20" HD ou au minimum un écran 1920 × 1200, un second écran, même modeste, permettant d’afficher les plug-ins, offre un confort sans commune mesure.
Conclusion
Avec X2, Cakewalk fidèle à son habitude livre une nouvelle version de Sonar qui apporte à la fois son lot de plug-ins de grande qualité (dépassant largement le coût du logiciel) et de nouvelles fonctions intéressantes. Pour moi, le gain de confort et de productivité, sans parler du plaisir d’utilisation, sont évidents et justifient l’upgrade pour la plupart des possesseurs d’une précédente version. Les qualités du logiciel lui-même et du bundle fourni ont de quoi faire de l’oeil aux possesseurs de séquenceurs concurrents, même bien achalandés en plug-ins. Tout ceci se paye de quelques exigences qui peuvent refroidir les peu fortunés : une machine suffisamment puissante, un système d’exploitation récent, des affichages conséquents pour travailler confortablement… si vous n’en êtes pas équipé, ça risque d’alourdir la facture. Mais on sait que c’est la loi de l’informatique, notamment musicale.
C’est encore plus vrai si vous voulez bénéficier des nouvelles fonctions tactiles qui mettent l’eau à la bouche, mais sont loin d’être vitales. Les surfaces de contrôle ont encore de beaux jours devant elles, mais le tactile est indéniablement l’avenir de l’informatique et Cakewalk est déjà dans le mouvement. Si l’on compare Sonar à ses concurrents (exercice toujours très délicat), on remarquera que ces derniers n’intègrent que récemment des fonctions déjà vieilles dans Sonar tandis que celui-ci semble ignorer certaines de leurs fonctions intéressantes (control room ou enregistrement par le net de Cubase, routages complexes de Reaper). Chaque séquenceur garde donc ses caractéristiques permettant de séduire différentes personnes selon ses usages. Sonar semble particulièrement cibler les producteurs dans le sens anglo-saxon du mot : ceux qui travaillent sur la matière sonore.