Une suite logicielle complète pour Home Studiste à moins de 50 € : l'affaire semble trop belle pour être vraie... Pourtant, avec Music Studio Deluxe 2005, Magix semble bien décidé à battre tous les records de rapport fonctionnalité/prix, quitte à en remontrer aux références du marché.
Quand on débute en MAO, beaucoup de questions se posent quant à l’équipement. Choisir matériels et logiciels n’est pas une mince affaire, en fonction de son budget et de ses objectifs. Nombre de débutants se posent la question, qu’ils estiment cruciale, du choix de leur séquenceur. Cette dernière est certes importante, mais beaucoup moins pour finir que bien d’autres éléments du home-studio. En définitive, sur le résultat d’un morceau, le choix du séquenceur aura probablement moins d’impact que la qualité du matériel utilisé, et infiniment moins que le talent du ou des musiciens, de la prise de son, du mixage, etc.
Question choix, il faudra le plus souvent opter pour Cubase ou Sonar sur PC, Logic ou Digital Performer sur Mac, ou bien s’en remettre à l’offre freeware (logiciels gratuits) en la matière.. C’est oublier qu’il existe entre ces deux solutions, l’une coûteuse et l’autre gratuite, de « petits » logiciels peu chers tel Cubase LE, Cakewalk Home-studio, etc. Versions dérivées et simplifiées de leurs grand frères, ces logiciels peuvent s’avérer des choix tout à fait adéquats, apportant plus de possibilité que bien des freewares (dont beaucoup sont excellents) sans avoir la lourdeur ou le coût des ténors du marché. Or, c’est l’un d’entre eux que nous allons tester aujourd’hui : Magix Music Studio Deluxe 2005.
De la suite dans les idées
Music Studio Deluxe 2005 est en fait une suite logicielle comportant une partie MIDI et une partie audio, plus quelques utilitaires. Magix, son éditeur, n’est pas – loin s’en faut – le premier venu sur le marché des logiciels audionumériques puisqu’il édite également Samplitude, reconnu comme un excellent logiciel Direct-to-Disk à usage professionnel.Magix Music Studio Deluxe est sensé offrir tous les outils de base pour être le cœur d’un home-studio : Séquenceur audio et MIDI, édition audio, gravure de CD… Nous allons voir ce qu’il en est.
Il y a un début à tout
Tout d’abord le manuel. C’est souvent un point où le bât blesse dans les logiciels « pas chers » (voire parfois dans les coûteux !). Ici, on dispose d’un petit manuel papier (une centaine de page) et d’une grosse version PDF de 708 pages ! Je vous avoue ne pas avoir lu l’intégralité du PDF. Par contre, un excellent point est à signaler pour la version papier comme le PDF : non seulement ils sont plutôt bien faits, mais de plus ils sont rédigés dans un français clair et correct. Bref, on est loin ici de traductions automatiques ou réalisées par des traducteurs n’ayant jamais vu un logiciel audio de leur vie (n’avez-vous jamais lu « prendre le poignée à droite du vague et tirer pour la onde allonger »).
Pas de ça ici : on ne décèle que quelques signes de traduction, mais rien qui rende les manuels incompréhensibles ou puisse susciter un doute quant au sens. De plus, le manuel comporte une excellente introduction sur les bases de l’audionumérique, une quinzaine de pages parfaitement claires et détaillées permettant au plus « numériquement vierge » des utilisateurs de comprendre les principes de la chose. Excellent !
Par contre, ces explications se retrouvent très (trop) largement dans les explications d’installation et de paramétrage, faisant ainsi un peu doublon. Qui a dit que l’art de l’enseignement était celui de la répétition ? On déplorera aussi quelques points du manuel où les opérations décrites ne correspondent pas tout à fait aux dénominations dans le logiciel. Rien de catastrophique, mais on loupe la perfection. De même par un certain manque d’images. Les dénominations parfois pas suffisamment précises pour le débutant se seraient volontiers accommodées de plus de photos d’écrans.
Enfin, c’est parfois à se demander si le début du manuel n’a pas été écrit au siècle dernier : il évoque des cartes son 8 bits et la question du full duplex, question qui ne se pose plus depuis bien longtemps.
Concernant l’installation, par contre, il n’y a aucun descriptif précis d’installation Windows. Ce n’est pas gênant pour qui a déjà pratiqué l’exercice, mais les vrais débutants en informatique auront intérêt à avoir lu « Windows pour les nuls » avant. Ceci dit, l’installation automatique fonctionne bien et la plupart des gens ne connaîtrons pas de soucis à cette étape. Mais quitte à avoir fait la démarche d’expliquer (fort bien) quelques notions de base aux débutants, c’est dommage d’avoir manqué ça.
Passé l’installation, l’enregistrement en ligne se fait sans problème même s’il surprend : on ne demande pas de numéro de série. Juste l’e-mail, les noms, adresse… et une foule de question dont on se demande quel rapport elles peuvent avoir avec la choucroute ! (Possèdez vous un DVD ? Etc.). Le marketing Internet est vraiment en route. Heureusement, nulle obligation de répondre à ces dernières questions.
Un petit tour dans la zone de support / téléchargement pour les dernières mises à jour… Effectivement, il y a un patch de 10 Mo à télécharger, lequel corrige un certain nombre de bugs et apporte quelques fonctionnalités supplémentaires. Rien d’anormal pour un logiciel fraîchement sorti, mais on se demande comment font ceux qui n’ont pas Internet ! Quoi qu’il en soit, l’installation du patch est très rapide et extrêmement simple.
Sur ce chapitre (manuel, installation, enregistrement), la note est donc très bonne. Surtout compte tenu du prix du produit.
Magix Music Studio, pour qui ?
La question sous-jacente à ce genre de test est quand même de savoir si ce qui semble s’annoncer comme une petite merveille à bas prix peut concurrencer ou non les gros logiciels du marché.
La réponse saute vite aux yeux : sur plein d’aspects que nous évoquerons au fur et à mesure, ce logiciel reste clairement en dessous des ténors du marché et s’adresse clairement au débutant en MAO, au musicien amateur ou au musicien professionnel qui souhaite s’en tenir au minimum au niveau home-studio pour se consacrer de préférence à la pratique instrumentale (si si, ça existe !).
Nous verrons cependant que les choses ne sont pas forcément aussi tranchées que cela. Ce point étant réglé, voyons un peu ce que ce logiciel est capable de faire pour son « cœur de cible ».
Drivers et configs
Détail crucial dans un logiciel audionumérique : les drivers. D’eux dépendent en effet la possibilité d’exploiter telle ou telle carte son, mais c’est aussi la qualité de ces derniers qui déterminera l’efficacité de votre configuration. Ici, on a une curiosité et un premier point très positif. Les logiciels savent fonctionner sur drivers ASIO. Ce qui les rend compatibles avec la quasi totalité des cartes audio du marché dédiées au home-studio ou à l’usage professionnel. On ne parle pas ici des cartes « haut de gamme » grand public qui ne fonctionnent pas forcément en ASIO.
Mais qu’en est-il pour les cartes son « grand public », justement ? Eh bien, ça fonctionne aussi (ouf), mais moins bien. En fait, les logiciels fonctionnent selon des drivers spécifiques EMAGIC qui sont ensuite adaptés (« wrappés ») pour être compatibles avec le standard MME de Windows, par exemple
.
Un 'wrapper’ est pour résumer un logiciel qui agit comme un traducteur entre deux logiciels pour leur permettre de causer entre eux. Forcément, c’est moins bien qu’une gestion directe des drivers : ça fait de la consommation de ressources inutile et un point de passage supplémentaire pour les données informatiques. Il est vraiment dommage qu’un produit ciblant a priori une clientèle d’amateurs n’intégre pas une gestion directe de drivers compatibles avec les cartes audio grand public. Ce qui ne veut absolument pas dire qu’il faille une carte ASIO pour s’en servir, loin s’en faut.
Pour effectuer ce test, je me suis dit que le mieux était de me mettre dans la situation d’une grande partie des acheteurs potentiels d’un tel produit. Je l’ai donc installé en premier lieu, non pas sur mon PC de studio, mais sur mon PC de bureau que je réserve à un usage généraliste : bureautique, internet, un peu de graphisme… Ensuite seulement, je suis passé sur mon ordinateur de studio.
Configurations utilisées pour le test :
Ordinateur de bureau
Athlon 1300 XP
Mémoire vive 512 Ko
Disque dur 40 Go
Carte son : vieille SoundBlaster PCI
OS : Windows98SE
Pas du tout optimisé pour l’audio, je l’utilise cependant parfois pour ça. Cette machine fonctionne pas mal du tout au niveau performances, mais n’est pas un modèle de stabilité compte tenu de la multitude de logiciels variés qu’elle comporte, du fait qu’elle serve à tester moult freewares (dont la désinstallation n’est pas toujours forcément propre) et qu’elle ait besoin d’une bonne remise à neuf du système. Bref, la configuration type qu’on trouvera chez beaucoup d’utilisateurs lambda pas trop calés en informatique.
Ordinateur de studio
Portable P4 2.66 GHz
mémoire vive 1 Go
Disque dur 120 Go 7400 Tr/min + un disque externe (USB / firewire) 160 Go
Carte son RME Multiface
OS : Windows XP Pro optimisé pour l’audio. Il ne fait que ça et, hors des logiciels audio, il ne comporte que quelques utilitaires qui fonctionnent sur des exécutables autonomes, sans DLL ou inscriptions dans la base de registres. Bref, un ordinateur de studio, quoi.
La suite de Monsieur est avancée
Comme nous l’avons dit, le « logiciel » Magix Audio Studio Deluxe est en fait une suite logicielle. C’est à dire un ensemble de softs couvrant tout un domaine d’activité.
Cette suite se compose de :
- Magix MIDI Studio, un séquenceur MIDI
- Magix Audio Studio, un séquenceur audio (ou encore direct-to-disk)
- Magix Print Studio, un petit logiciel pour réaliser jaquettes et étiquettes de CD, DVD, K7 VHS
- Magix Media Manager, un logiciel multifonction faisant à la fois office de lecteur audio et vidéo, mais également de logiciel de gravure.
Bref, de quoi assurer la production complète d’un album ! Et tout ça pour 50 euros !
Magix MIDI Studio
Le test à proprement parler commence donc par le MIDI Studio, lequel est dérivé d’une vieille version de Logic, datant l’époque où Apple n’avait pas encore racheté Emagic. Le logiciel propose une interface classique, mais au look très obsolète. Bref, c’est moche, même si certains snobs pourront évoquer le charme « vintage » qui s’en dégage.MIDI Studio est passablement prometteur : séquenceur MIDI très complet, il permet en outre d’utiliser des instruments VST. Un certain nombre sont d’ailleurs livrés avec. Passé la laideur de l’interface, on entre dans l’outil de travail. Rien que du très classique. Des pistes sur lesquelles on arrange ses séquences, une console pour le mixage…
Ce logiciel laisse une curieuse impression : il est à la fois plein d’excellentes idées, dispose de fonctions puissantes, mais donne en même temps une impression de « pas fini », de fouillis, avec une multitude de petits détails prodigieusement agaçants quand on pratique des logiciels plus pro.
Faisons donc un petit tour du meilleur et du pire.
Viva VST !
Le premier aspect intéressant dans MIDI Studio, c’est la possibilité d’utiliser des instruments virtuels VSTi mais aussi des effets DX et VST (un certain nombre sont livrés, du très médiocre au pas mal du tout). Cette ouverture à la technologie VST ne manque pas d’intérêt : elle permet à l’utilisateur d’exploiter la masse énorme d’instruments et d’effets freeware disponibles sur le Net. Et dans le lot, il y en a d’excellents.
Concernant ceux livrés d’origine, quelques uns retiennent l’attention :
Côté instruments, on évoquera d’abord FM1x, un « synthétiseur FM » (la fameuse synthèse du légendaire DX7) qui sonne pas mal du tout. Ses paramètres restent simples et on obtient vite des résultats intéressants.
Attention : pas question ici de jouer sur les algorithmes comme dans un DX ou une de ses émulations. Par contre, on obtient rapidement des sons FM (notamment percussifs) très bons sans devoir devenir une bête en programmation. Un très bon produit.
Reprenant l’interface et les fonctionnalités de l’ES-1 d’Emagic, VAX9 est pour sa part un synthétiseur à modélisation analogique au look pour le moins moderne : il génère surtout des pads qui tiennent vraiment la route.
Les autres instruments sont plus anecdotiques. Certains sont médiocres, mais l’impression générale est mitigée. Ce n’est pas mauvais, mais on trouve aussi bien meilleur. En revanche, tous ont l’immense avantage d’être extrêmement faciles à aborder. De quoi permettre au débutant de se lancer très vite et de disposer quasi immédiatement d’une large palette de sons corrects pour travailler. Ce dernier pourra ensuite peaufiner la chose et créer ses propres sons, découvrir des bases de synthèse dans des environnements simples (aucun n’a énormément de réglages). De quoi se faire plaisir et créer rapidement ses propres sons avant d’aller plus loin. Et rappelons que ceux qui ne satisfont pas de ces instruments fournis pourront en trouver d’excellents gratuits ou peu chers sur le net.
Côté effets, en revanche, on ne peut pas dire que ce soit la fête ! On dispose certes de tous les effets de base (reverb, delay, chorus, flange…) et de quelques effets « spéciaux », mais rien n’est vraiment transcendant et les interfaces sont vraiment basiques. S’il y largement de quoi démarrer, on aura donc tout intérêt à compléter son set de plug-ins par d’autres effets plus conviviaux et plus intéressants.
Au final, que ce soit au sujet des effets ou des instruments virtuels, Magix s’est appliqué à fournir un bon kit de départ, mais si l’éditeur allemand semble avoir privilégié la quantité à la qualité. Il faudra donc largement le compléter, ce qui reconnaissons-le, est toujours le cas quand on achète un séquenceur. A noter enfin que les instruments sont dans un format propriétaire : vous ne pourrez donc pas, a priori, les utiliser avec une autre application.
Wave player
Non, il ne s’agit pas de jouer au surfeur ! En fait, il s’agit d’un sampleur de phrases intégré directement au logiciel (ce n’est pas un plug-in) et très simple d’utilisation.
On affecte un fichier audio à une note d’un clavier virtuel (contrôlable par un clavier MIDI externe ou par une piste spéciale) et ce fichier sera joué à chaque déclenchement de la note. Son volume, mais également un certain nombre de paramètres sont sensibles à la vélocité. On dispose ainsi pour chaque note (donc fichier) d’un filtre résonnant, d’une enveloppe Attack Decay avec réglage de sensibilité à la vélocité et d’un VCA, également sensible à la vélocité. Un outil génial et créatif : que du bonheur !
Un regret toutefois : seuls les fichiers .wav sont acceptés dans le Wave Player, ce qui le ferme a priori aux innombrables boucles que l’on trouve sur Internet en téléchargement libre et qui sont dans la plupart des cas en mp3. Il faudra donc les convertir en wav pour les utiliser. Dommage. N’empêche que ce sampleur est une petite merveille.
Et le reste ?
Le reste n’a rien d’anecdotique, telles les possibilités de synchronisation (SMPTE, MMC…) qui permettent de synchroniser le logiciel avec des machines audio ou vidéo, et de travailler du son pour l’image, grâce notamment à un lecteur vidéo synchronisé capable de lire les fichier mov, avi et mpg !
De même, on dispose de mémorisations d’affichages. C’est à dire que vous pouvez rappeler en un clic une disposition complète de fenêtres. Le soft fourmille de telles fonctions qu’on trouve plus généralement sur des « gros » logiciels et dont on ne s’attendrait vraiment pas à disposer dans un logiciel à 50 euros ! Alors, parfait ? Pas tout à fait.
MIDI Studio : les points noirs
Ne rêvons pas en effet. Le logiciel a beau être rempli de fonctions formidables et étonnantes, il accumule aussi une foule de petits points noirs qui sont souvent agaçants. Il est par exemple très facile de placer un marqueur, beaucoup moins de l’effacer. La touche Echap ouvre la boîte à outil à la position du curseur de la souris : excellente idée. Mais comment fait-on pour la fonction normale dévolue à la touche Echap, si l’on est entré dans une zone de texte et que l’on veut en sortir sans modification ? Mystère !Mais le pire tient dans la latence générée par le logiciel. Magix annonce 200 ms dans la documentation ! Et ça, c’est une catastrophe. Ça signifie qu’entre l’appui sur une touche du clavier et le début du son de la note jouée, il s’écoule 1/5e de seconde. Comment jouer d’un instrument au clavier dans de telles conditions ? Impossible ! Cela peut aussi beaucoup compliquer les enregistrements et c’est assurément le gros gros point noir du logiciel.
Autre regret : pratiquement rien n’est réglable dans la fenêtre d’arrangement. Toutes les opérations de mixage, d’affection d’effets etc. doivent donc se faire sur la console. Agaçante, la chose n’aurait rien de rédhibitoire si la console n’était pas aussi limitée sur certains aspects.
Il n’y a par exemple pas d’insert d’effet sur les pistes d’instruments virtuels, juste 4 auxiliaires qui peuvent chacun recevoir 3 effets : on se retrouve vite limité. De même, pas de bus (ou sous-groupe) séparé à part les auxiliaires. Chaque piste ne peut donc être routée que vers la sortie principale et il est impossible d’en faire passer certaines vers un rack d’effets et de sortir celui-ci vers la sortie principale.
On dispose de pistes audio, mais pas de possibilité enregistrer directement de l’audio dans le logiciel. Grrr ! Enfin, la console se comporte bizarrement.
Pour preuve, l’enclenchement du bouton « solo » sur une piste d’instrument virtuel ne fait pas taire les pistes MIDI. Pour entendre votre instrument virtuel seul, il faudra muter à la main toutes les pistes MIDI. De même, pas moyen d’écouter en solo un des bus d’effets.
Conclusion pour MIDI Studio
Epoustouflant pour les possibilités qu’il offre, ce logiciel agace aussi par ses quelques graves défauts. On en vient à se demander si l’éditeur n’a pas volontairement bridé certaines fonctionnalités (comme la latence) pour éviter la concurrence avec ses gros logiciels plus chers. Et c’est vraiment dommage : on dispose d’énormément de fonctions, mais utilisables de façon relativement bancales. Vaut-il alors ses 50 euros ? Il n’y aurait que MIDI Studio, on pourrait se poser la question. Or, ce dernier n’est pas le seul du pack Magix Music Studio. Il y entre autres …
Magix Audio Studio
Attention, mesdames zééé messieurs ! Tadadam ! Changement de décor. Au lancement, on en viendrait à douter que ce logiciel vienne du même éditeur que MIDI Studio.Rien qu’au niveau du design de l’interface, on entre dans un tout autre monde : sans être un premier prix de beauté, on sent qu’avec Audio Studio, on est déjà dans le plus sérieux. Le look est relativement contemporain et quoi qu’assez simple, très agréable à l’usage. Les couleurs évitent le criard, les images sont précises, les information claires… Bref, c’est un vrai plaisir de travailler dessus pendant des heures.
Au niveau du contenu, on a du mal à y croire en regard du prix ! Tout en restant simple d’utilisation, le produit s’avère très complet. Les concepts sont clairs, les fonctions tombent sous la main… et sous la souris, car on a enfin des menus contextuels avec le clic droit dans lesquels on trouve les fonctions et réglages relatifs à l’endroit où l’on se trouve.
Quand aux fonctions, il y a largement de quoi réaliser de belles maquettes, de belles démos, voire peut-être un album pro. Eh oui ! La bête possède en effet l’essentiel des fonctions de base qu’on est en droit d’attendre de tout séquenceur audio aujourd’hui. C’est à dire bien plus de possibilités que n’en avaient les studios pros il n’y a même pas 20 ans, ce qui est somme toute assez logique puisque Magix Audio Studio est en fait un Samplitude Light.
La présentation et le concept sont classiques. On travaille en gros dans trois espaces.
- La fenêtre d’arrangement dans laquelle on crée et gère les pistes audio et leur contenu, on édite les prises
- l’éditeur d’objet qu’on verra tout à l’heure
- la console avec laquelle on mixe
Comme il ne s’agit pas ici de faire un cours sur l’utilisation du logiciel, mais d’en montrer les scories et les perles, je n’entrerai pas dans le détail du mode de travail. Mais il y a quelques points qui méritent qu’on s’y arrête.
Résumons d’abord à l’adresse de ceux qui n’ont jamais travaillé avec un logiciel de séquenceur audio la façon dont ça se passe. Pour enregistrer, vous créez une piste (vous pouvez théoriquement en avoir jusqu’à 64.. si votre ordinateur suit). Après avoir préparé cette piste pour l’enregistrement (quelques éventuels réglages) vous enregistrez votre source audio dessus (micro, instrument, source logicielle…) et vous obtenez ensuite sur la piste un « clip » audio correspondant à votre enregistrement. Un clip étant un rectangle, d’une longueur correspondant à l’enregistrement, que vous allez ensuite pourvoir (si nécessaire) copier, coller, déplacer sur d’autres pistes et d’avant en arrière dans le morceau, que vous allez pouvoir découper, modifier, agglomérer avec d’autres clips (par exemple d’autres prises) pour créer de nouveaux clips.
Les clips sur ces pistes peuvent aussi contenir des boucles provenant des 5 synthés du logiciel. Lesquel sont :
- BeatBox : une boite à rythme comportant des kits et des pattern. On peut évidemment programmer ses propres patterns et importer des soundfonts pour les kits.
- Copper, un step séquenceur acide avec automation
- Drum’n bass qui, comme sont nom l’indique, produit des séquences de batterie et basse dans le style D&B
- LiVid, une boîte à rythme qui propose des rythmes préprogrammés dans différents styles (pop, rock, funk et latin) multiplié par 4 types avec 5 variations (intro, verse, bridge, chorus, outro, fill in) et des réglages (shuffle, humanize, style de charley, de ride et de caisse claire (stick, side, rim shot))
- Robota, une sympathique boite à rythme « vintage » comprenant un step séquenceur et des générateurs de son.
Aucun des ces cinq synthétiseur n’est « bouleversifiant » mais aucun n’est mauvais non plus. Pour les situer, on trouve aussi bien, voire parfois meilleur dans l’offre freeware et parfois pire dans les instruments virtuels payants ! Ça reste de bons produits qui offrent en plus l’avantage de permettre de réaliser de belles choses rapidement et simplement : un point qui est loin d’être négligeable pour un débutant en MAO, qui a déjà l’informatique musicale à ingurgiter, plus le séquenceur à apprendre et maîtriser. N’oublions pas que des synthétiseurs logiciels peuvent exiger le même apprentissage que des machines hardware.
On bénéficie donc ici de cinq instrument virtuels hyper rapides à mettre en œuvre et qui sonnent. C’est déjà beaucoup. Le petit bémol étant qu’ils sont tous plutôt dédiés aux musiques électroniques à l’exception de LiViD.
Et ce n’est pas tout ! Dans les très bonnes choses issue de ce logiciel, notons dans l’approche de travail une démarche tout à fait intéressante et qui fait le bonheur des utilisateurs de Samplitude depuis des lustres : la gestion des clips en tant qu’objet audio, lesquels peuvent recevoir un certain nombre de traitements avant mixage.
Séquenceur Orienté Objet
En effet, en double cliquant sur un clip audio, on ouvre une fenêtre « Editeur objet ». Et là, on commence à se pincer pour se demander si on rêve ! On peut régler le volume et le panoramique du clip, ce qui peut souvent être plus pratique que de le faire dans la console, notamment si on a des clips très différents sur une même piste.D’autres manipulations de base sont possibles : on peut aussi inverser les canaux gauche et droit d’un clip stéréo ou réduire au silence l’un, l’autre ou les deux.
On dispose également d’informations précises sur la position du clip, son début, sa fin, sa durée, le moment de départ de l’onde sonore si celle-ci ne commence pas au début du clip.
Or tout est modifiable, de sorte qu’on peur positionner parfaitement ses clips audio. Une fonctionnalité vraiment pratique donc, mais qui touche vraiment au génie dans le mesure où cet éditeur propose une grande variété de traitements plus évolués.
Pour commencer, on disposer d’un nettoyeur de son qui permet de supprimer un bruit parasite dans le signal audio. Pour peu que vous ayez un bout du bruit seul pour lui permettre de le reconnaître, ce nettoyeur fait extrêmement bien son travail.
Je l’ai notamment testé sur une mauvaise prise de guitare où figuraient une harmonique difficile à chasser à l’équaliseur et un bruit de fond lié au matériel médiocre utilisé lors de l’enregistrement. Il a fait merveille.
Bien sûr, une résonance harmonique de guitare ne se supprime pas comme ça et le spectre en pâtit quelque peu, mais en jouant sur les réglages, on peut obtenir un moyen terme tout à fait satisfaisant à partir d’une prise vraiment médiocre. Cet outil peut aussi être utilisé dans une approche d’effet : faites lui « renifler » un bout de son, puis utilisez le nettoyeur pour le soustraire à un autre son. On peu obtenir des résultats tout à fait intéressants.
Si j’en reviens à l’exemple de ma prise guitare, le micro utilisé rendait le son assez criard. En prenant une queue de sustain de note aiguë et en soustrayant partiellement ce son à la prise, j’ai réussi à obtenir un son beaucoup plus doux, perdant certes du réalisme, mais tout à fait intégrable dans un mix. Une merveille.
Un rack d’effet 'SoundFX’ est également de la partie : disponible également dans la console, il peut être intéressant d’utiliser ce rack au niveau d’un clip, ne serait-ce que si l’on a plusieurs clips différents d’instruments différents sur une même piste. Ce rack d’effets prédéfinit comprend :
- un égaliseur graphique 10 bandes
- un compresseur
- un simulateur d’ampli guitare
- une reverb + delay
Rien de tout ça ne boxe dans la même catégorie des ténors du marché, mais ça tient nettement la route.
Autre effet présent : un vocodeur, avec une présélection de wav pour moduler (le « carrier »). On peut évidemment choisir un extrait sonore personnalisé, une piste du projet ou un mélange des deux. Il comporte de nombreux réglages permettant vraiment des choses intéressantes.
On continue la visite avec deux emplacements pour effets, dans lesquels on peut mettre soit un des effets classiques livrés avec Magix Music Studio (Chorus, delay, Flanger, Filter) soit un plug-in d’effet externe, au format DX ou VST.
Plus incroyable encore sur un logiciel de ce prix, un algorithme de time stretching / pitch shifting est aussi fourni. Et il s’avère d’excellente facture au demeurant. J’ai par exemple transposé une basse de deux octaves vers le haut sans entendre d’artefacts !
Avec l’égaliseur FFT, j’ai gardé le meilleur pour la fin. Je ne vais pas expliquer ici qu’est, dans le détail, un EQ FFT. Pour résumer, cachez simplement que ça offre des possibilité d’égalisation très importantes en limitant les déformations de timbres propre aux égaliseurs « classiques », qu’il soit numérique ou analogique.
Ici, l’égaliseur affiche la courbe de fréquence du clip (oui oui, comme un analyseur de spectre). On peut ensuite tracer directement à la souris sa propre courbe d’égalisation et l’égaliseur nous affiche le résultat spectral. On a donc trois courbes : le spectre d’origine (bleu) la courbe de l’utilisateur (rouge) et la résultante (jaune).
L’outil permet de réaliser des égalisations très douces et discrètes, mais également des choses beaucoup plus radicales. J’ai par exemple fait le test de réaliser une égalisation en peigne sur une prise de guitare folk et j’ai obtenu des sons très très spéciaux. On est carrément dans le sound design. Nuit blanches scotché à l’écran et aux enceintes en vue !
Et ce n’est pas tout car l’équaliseur FFT permet ici d’enregistrer l’égalisation d’un extrait audio pour la reproduire sur un autre extrait audio ! Comme on retrouve aussi cet égaliseur au niveau du master de la console, ça permet théoriquement de copier l’égalisation d’un morceau super bien produit pour le coller sur votre mix !
Ne rêvons pas tout de même. Ce n’est pas avec ça que l’on peut faire sonner son mix simplement comme la meilleure prod du moment. Trop d’éléments entrent en jeu, notamment au niveau prise de son et du mixage. Mais ça offre quand même pas mal de choses. Notamment au niveau pédagogique parce que ça permet généralement d’entendre immédiatement ce qui ne va pas dans un mixage. Si par exemple la basse est sous-mixée ou mal équalisée, appliquer au mix général l’égalisation générale d’un morceau qui a de bonnes basses donnera un résultat… pour le moins mauvais : toutes les fréquences basses des autres pistes seront remontées, donnant un mix sourd. Par contre, l’analyse du résultat va permettre de savoir où il faut revoir sa copie.
Cette copie d’égalisation est enfin un formidable outil à effets spéciaux. On peut juste lui reprocher deux petites choses : de n’avoir aucune échelle (aucune indication des fréquences ou de la dynamique) et de ne pas autoriser le tracé de la courbe autrement qu’à main levée, sans niveaux de zoom, sans poignées…
Quand on sait qu’il y a quelques années, Steinberg avait sorti un plug-in similaire vendu dans les 300 euros, il y a de quoi apprécier une telle fonction, certes un peu moins évoluée, dans un logiciel à 50 euros !
Pour en terminer avec les détails qui tuent, évoquons à présent la fonction Elastic Audio Easy. Vous avez entendu parler d’Autotune ? C’est un plug-in qui permet de réajuster des prises fausses. Ca ne ré-accorde certes pas une piste de guitare désaccordée, mais ça permet de corriger dans certaines conditions une voix mal ajustée, par exemple.
Elastic Audio Easy est un peu dans le même esprit. Sauf qu’il ne sait pas, lui, travailler automatiquement. Par contre, il séparer les notes d’un enregistrement audio mono et vous permet ensuite de les manipuler pour en réajuster la hauteur, soit par déplacement de blocs matérialisant les notes, soit par retouche d’une courbe. La manipulation demande un peu de temps mais se révèle efficace. Rien ne remplace jamais une bonne prise, bien sûr mais la chose trouvera indéniablement son utilité. Une prise est excellente au niveau expression, musicalité, swing, comporte parfois UNE fausse note, un pain. Il serait vraiment dommage de mettre à la poubelle un beau swing de basse ou un petit solo de gratte rien pour ça. Or, dans ce contexte, Elastic Audio Easy peut sauver la mise.
Elle peut aussi permettre de faire un travail de fond sur des boucles issues de bibliothèques commerciales ou récupérées sur le web. Imaginez un beau petit vocal a capella féminin que vous aimeriez tant placer en back vocal dans votre chanson. Seulement, une des notes chantée le met hors de la tonalité de votre morceau. Voilà un moyen de corriger la chose et de pouvoir exploiter ce sample.
Et le reste ?
Magix Audio Studio offre encore de nombreuses possibilités qu’il serait trop long d’explorer. Elles sont essentiellement classiques, telles qu’on peut les attendre d’un séquenceur audio d’aujourd’hui sans aller jusqu’aux usines à gaz que sont les Cubar et autre Sonic.
Notons qu’on dispose d’automations, avec courbes éditables à la souris, d’une console bien fichue et efficace et de pas mal de fonctions qui simplifient le travail et offrent de larges ouvertures à votre créativité sans vous noyer dans trop de technique.
Bref, largement de quoi enregistrer et produire un morceau complet. Bien sûr il y a des faiblesses. Le positionnement des objets est parfois peu précis. De même, les boucles des synthés ont tendance à subir léger décalage si elles sont trop longues mais la chose peut se corriger en mettant de préférence plusieurs boucles courtes identiques à la place d’une longue.
Conclusion
A côté de Magix Audio Studio, tout le reste de la suite fait pâle figure, y compris hélas de MIDI studio qui, en définitive, est relativement décevant. Au rang des goodies sympathiques, on évoquera la présence d’outils permettant de tout faire jusqu’au CD et sa jaquette. Tout ça pour 50 euros !Or, Magix Audio Studio à lui seul justifie largement cet investissement passablement modeste en regard des prestations proposées.
C’est un excellent choix pour le débutant en MAO ou le musicien qui souhaite disposer d’un bon logiciel pour réaliser des enregistrements maison sans trop se plonger dans les arcanes de la MAO. J’irais même jusqu’à dire qu’un « pro » (ou amateur confirmé) qui n’a pas Samplitude ou un des ses équivalent serait bien avisé de disposer de l’Audio Studio sur son disque dur pour quelques utilisations complémentaires avec ses « gros » logiciels. Preuve d’ailleurs de la qualité du produit : après le test, j’avais pensé donner le logiciel à une amie qui souhaitait faire des musiques pour mettre sur ses vidéo. Et tout compte fait, j’ai changé d’avis : je me le garde !
Les plus, les moins
Les plus
[+] Un super rapport qualité/prix
[+] Audio studio peut permettre un travail pro
[+] Offre logicielle complète
[+] Instruments virtuels compris dans le lot
[+] Des fonctions qu’on attendrait pas d’un logiciel à ce prix
[+] Drivers ASIO
[+] Synchronisation professionnelle
[+] Fonctionnement sur ordinateur moyen
[+] Bonne stabilité (pas de plantages, peu de bugs)
Les moins
[-] Latence énorme
[-] Ergonomie moyenne
[-] Instruments virtuels très orientés musiques électroniques
[-] nombre d’effets par piste limité
[-] un regret pour les drivers non ASIO