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Test du Sensomusic Usine Hollyhock II - La sortie de l’Usine à Sens

9/10
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De nombreuses solutions logicielles sont dédiées à la performance live. Étrangement, Usine Hollyhock II de Sensomusic n’est pas mentionnée aussi souvent que les autres. Et pourtant...

Des instru­ments clas­siques aux instru­ments synthé­tiques et élec­tro­niques, les possi­bi­li­tés offertes aux musi­ciens live ont décu­plé, et si l’offre est en prio­rité orien­tée vers les joueurs de claviers, les autres prati­ciens ne sont pas oubliés : des batte­ries élec­tro­niques aux contrô­leurs à vent de type EVI ou EWI, des capteurs MIDI pour guitare/basse à la JamStik+, ou à la nouvelle luthe­rie faisant de moins en moins appel à des concep­tions exis­tantes en termes d’ins­tru­ments, comme le Karlax (qui vient de faire son entrée au Conser­va­toire de Paris, youpi !), les Audio Cubes, le LinnS­tru­ment, l’Arti­phon, l’Oval, voire des inter­faces comme Leap Motion, les solu­tions sont nombreuses et permettent de répondre à la fois aux envies de commande via MIDI ou OSC, et aux types de gestes que l’on souhaite effec­tuer.

Mais cela ne se limite pas à l’émet­teur, au contraire le récep­teur aussi évolue. Par récep­teur, on entend bien sûr l’ou­til qui va produire le son, en inter­ac­tion directe, pour une impro­vi­sa­tion plus ou moins débri­dée, ou via une prépa­ra­tion pré-live afin de lancer/modi­fier de l’au­dio exis­tant, de trans­for­mer des messages MIDI/OSC ou de capter/trans­for­mer l’au­dio créé en paral­lèle par soi-même ou un autre instru­men­tiste. Live d’Able­ton est évidem­ment l’une des premières réfé­rences à venir en tête, même s’il a depuis évolué et prétend (pas toujours avec raison, voir sa gestion plutôt pénible de la latence et des bus) remplir des fonc­tions de mixage et de post-produc­tion. Live est un excellent logi­ciel pour le… live, et c’est déjà énorme. Parfois, il ne vaut mieux pas essayer de porter plus haut que son coût…

Tout aussi évidem­ment doit être mentionné Bitwig Studio, déve­loppé par un équipe de déve­lop­peurs travaillant précé­dem­ment chez Able­ton. Son work­flow origi­nal et ses possi­bi­li­tés au regard des instru­ments virtuels en font un compé­ti­teur de poids face à Live.

On ne saurait non plus passer sous silence Mains­tage d’Apple qui, pour 29,99 euros (!) offre tous les instru­ments, effets et banques de sons et boucles de Logic Pro (si, si !) au sein d’un envi­ron­ne­ment idéal pour le joueur de claviers, qui pourra en assi­gner autant que désiré à un nombre d’ins­tru­ments et de pistes unique­ment limité par la puis­sance de l’or­di­na­teur hôte (et du contenu en RAM), tout en ayant la possi­bi­lité d’ap­pliquer des trai­te­ments sur de l’au­dio entrant via les entrées de la carte son. On peut ainsi imagi­ner un Concert (regrou­pant les Patches et Sets, diffé­rentes hiérar­chies de présets) et pour chaque morceau live, para­mé­trer les instru­ments pour le joueur de clavier, les réverbes et délais pour la chan­teuse, et pourquoi pas des simu­la­tions d’am­plis, des pédales d’ef­fets pour les guita­ristes/bassiste, voire des sons ou séquences pour les pads du batteur, le tout pilo­table en temps réel via les potards et faders d’un ou plusieurs contrô­leurs MIDI…

Machine de test

MacPro Xeon 3,2 GHz, 26 Go de Ram
MacBook Pro i7 2,3 GHz, 16 Go de Ram
Mac OS 10.10.2, puis 10.10.3
Senso­mu­sic Usine Holly­hock 2.0.063, puis 2.0.064

Bizar­re­ment, on mentionne moins souvent Usine de Senso­mu­sic. Pour­tant, qui aura assisté à un concert d’Oli­vier Sens, l’un des créa­teurs (et péda­gogue, et contre­bas­siste, et pianiste, un des grands du jazz contem­po­rain français) d’Usine avec Yan Le Déan et Martin Fleurent, l’aura vu créer et inter­ve­nir sur la musique via le logi­ciel — et depuis peu avec le contrô­leur Leap Motion — et aura compris le poten­tiel de ce produit main­te­nant nommé Usine Holly­hock II. L’his­toire de ce dernier ne date effec­ti­ve­ment pas d’hier puisque la première version, simple­ment nommée Usine, est appa­rue en mars 2006, la V2 quatre mois plus tard, la V3 un an après, puis la V4, la V5 en février 2010, et enfin en décembre 2012 la version Usine Holly­hock (rose trémiè­re…). Et voici la version II, parue en mars de cette année.

Intro­du­cing Senso­mu­sic Usine Holly­hock

Sensomusic Usine Hollyhock II

Le logi­ciel est en télé­char­ge­ment chez Senso­mu­sic, ne néces­site pas d’ins­tal­la­tion parti­cu­lière (un simple glis­se­ment dans Appli­ca­tions sur Mac) et est auto­risé via une clé d’ac­ti­va­tion, un nom d’uti­li­sa­teur et un mot de passe pour le forum. Le logi­ciel est mono-utili­sa­teur mais multi­poste, jusqu’à cinq ordis, merci m’sieur l’édi­teur. Petit reproche quand même, il faut parfois four­nir à nouveau les codes pour que le logi­ciel soit activé.

Ques­tion compa­ti­bi­lité, à partir d’OS 10.7 pour Mac (10.6 n’est plus offi­ciel­le­ment suivi), en version 32 bits (pour le moment, le 64 bits devrait arri­ver sous peu) et à partir de Windows Vista (Seven et 8, et sans support offi­ciel pour XP), en 32 et 64 bits. Plusieurs versions sont dispo­nibles à l’achat, la Pro (119 euros) et l’Ad­dict (449 euros). La diffé­rence entre les deux consiste en des updates gratuits à vie, le support direct avec l’équipe de Senso­mu­sic, l’ac­cès à toutes les futures versions beta et preview ainsi qu’à un forum privé.

À noter qu’un tarif préfé­ren­tiel est offert pour les deux versions pour une durée indé­ter­mi­née, mettant la Pro à 69 euros et l’Ad­dict à 249 euros. 

À l’Usine !

Après instal­la­tion, l’ou­ver­ture est quasi immé­diate et l’on accè­dera aux diffé­rents réglages audio, MIDI et autres via le symbole de la roue dentée, sachant que le nombre de para­mètres est assez impres­sion­nant, permet­tant de plei­ne­ment confi­gu­rer le logi­ciel, de la desti­na­tion des présets aux couleurs, de la taille des diffé­rents buffers aux assi­gna­tions DMX/Art-Net (oui, on peut pilo­ter de la lumière), de la vidéo au réseau, de l’OSC aux plug-ins, etc.

Sensomusic Usine Hollyhock II

L’ar­chi­tec­ture du logi­ciel est assez claire : une orga­ni­sa­tion modu­laire, avec à la base un espace de travail (works­pace) au sein duquel on va orga­ni­ser divers racks et patches, modules de produc­tion sonore et trai­te­ments, audio et MIDI, à piocher dans la vaste biblio­thèque four­nie aussi bien que dans les dossiers de plugs instal­lés sur l’or­di­na­teur hôte (jusqu’à quatre dossiers à choi­sir dans l’on­glet Setup). L’édi­teur four­nit un grand nombre de modules déjà construits, mais l’on dispose aussi d’un éditeur de patches, permet­tant de créer soi-même instru­ments, effets, outils de commandes, dans une approche sinon iden­tique, tout du moins simi­laire à celle de logi­ciels comme Max/MSP, Reak­tor et dans une certaine mesure Tass­man (pour certains modules, et liste non exhaus­tive, bien sûr).

On commence en géné­ral par un espace vide, même si de nombreux templates et exemples sont four­nis pour comprendre ou partir d’une base prééta­blie. Les panneaux (terme retenu par l’édi­teur, dési­gnant un ensemble de commandes, de raccour­cis, de menus) de base seront toujours le menu prin­ci­pal à gauche consti­tué d’icônes renvoyant à diverses fonc­tions du logi­ciel, un Master en haut avec les acti­va­tions de lecture, la gestion du volume prin­ci­pal, un Synchro (interne et externe, avec affi­chage SMPTE), un menu secon­daire ainsi qu’un affi­chage contex­tuel (complété par un panneau d’aide) présen­tant les commandes en fonc­tion de l’objet sélec­tionné. Ce works­pace inclut par défaut un Rack vide (l’ana­lo­gie avec le monde réel, maté­riel reste perti­nent).

Sensomusic Usine Hollyhock II

Un rack peut être audio (en prove­nance de l’ex­té­rieur, des sampleurs et modules four­nis d’usine, ha, ha, des instru­ments virtuels possé­dés, etc.), lumière ou vidéo. Un simple glis­ser-dépo­ser d’un objet vidéo (aux formats compa­tibles, pas tous testés, mais impos­sible d’ou­vrir du .m4v, du .flv ou un vieux .mpg, par exemple) dans le works­pace ou dans un rack vidéo intè­grera le film dans Usine, qui se déclen­chera en synchro avec les commandes de trans­port. Un reproche, si la vidéo contient de l’au­dio, on ne pourra le contrô­ler dans Usine, les objets audio n’ayant aucune action dans le rack vidéo. Dommage.

Côté audio, un rack vide offre un Input, un espace pour les Patches (à char­ger ou créer via double-clic) et un Output. Les diffé­rents formats d’en­trée/sortie vont du mono au surround (jusqu’au 22.2, jusqu’à 64 canaux…). On peut insé­rer un des nombreux outils audio, comme des quasi-instru­ments dont cinq sampleurs diffé­rents entre lesquels choi­sir lorsqu’on ouvre un ficher audio (d’un clas­sique échan­tillon­neur sans resyn­thèse à un autre dispo­sant d’un moteur granu­laire, en passant par un répon­dant aux notes MIDI, etc.), des Groove Machines, combi­nant lecture de samples et grille de program­ma­tion, ou des effets (à choi­sir entre délais, distos, proces­seurs de dyna­mique, EQ et filtres, outils de trans­po­si­tion, de freeze, de pan, des réverbes, modu­la­teurs en anneau, outils de scratch, ou divers séquen­ceurs d’ef­fets). On peut aussi y inté­grer des instru­ments et instru­ments/effets à choi­sir dans la Library très copieuse (ne pas oublier de télé­char­ger les Add-Ons régu­liè­re­ment mis à dispo­si­tion, rooh, il y a même un module Oblique Stra­te­gies…), entre Loopers, Grain, Pan à gogo, etc.

Sensomusic Usine Hollyhock II

Même si Usine n’est défi­ni­ti­ve­ment pas une STAN, on dispose quand même de nombreux outils MIDI, dont un Piano Roll, un proces­seur d’évé­ne­ments aléa­toires, des pseu­dos-séquen­ceurs (mais incroya­ble­ment inspi­rants), des Patches conçus pour être pilo­tés via le contrô­leur Leap Motion, etc. Évidem­ment, l’uti­li­sa­tion avec des instru­ments virtuels AU ou VST ne pose aucun problème, et pendant que l’on agit façon There­min sur un son, une boucle, on peut impro­vi­ser sur des sono­ri­tés plus tradi­tion­nelles de l’autre main, tout en trai­tant d’autres événe­ments audio entrants. Les possi­bi­li­tés de routing sont d’une simpli­cité extrême, la plus simple étant simple­ment de prendre un rack et de le placer en tant qu’In­put dans un autre…

Cerise sur le gâteau, l’édi­teur a inté­gré une Grille, un séquen­ceur permet­tant de placer LES Racks dans une grille, de déter­mi­ner leurs condi­tions de lecture, bouclage avec tout un ensemble de réglages pour les fades, la synchro­ni­sa­tion et surtout permettre de créer des auto­ma­tions très complètes, prenant en compte les para­mètres des Patches des Racks. Bref, pas vrai­ment une STAN, mais quand même : on peut imagi­ner des séquences extrê­me­ment complexes tout en pouvant inter­ve­nir en direct sur les diffé­rents para­mètres des Patches inclus au fur et à mesure de leur déclen­che­ment…

Il est bien entendu impos­sible de mention­ner tout ce qui consti­tue Usine Holly­hock II. Le manuel pourra déjà répondre à certaines ques­tions. De même, une démo audio n’au­rait eu aucun sens, voici donc une des nombreuses pres­ta­tions d’Oli­vier Sens, avec Usine. Et il faut aller le voir en concert.

Bilan 

Usine Holly­hock II fait partie de ces logi­ciels impres­sion­nants, dans tous les sens du terme. D’abord parce qu’il demande un certain temps d’ap­pren­tis­sage, vu sa richesse. Bien sûr on peut dans un premier temps se « conten­ter » de travailler « en surface », c’est-à-dire avec toutes les faci­li­tés offertes par sa concep­tion modu­laire, via les Racks et Patches à assem­bler dans le Works­pace, et à pilo­ter en direct ou via la Grille, et les auto­ma­tions et autres subti­li­tés offertes par cette dernière. 

Mais c’est en rentrant dans les profon­deurs du logi­ciel que l’on créera exac­te­ment ce que l’on souhaite, en y inté­grant gestion de la lumière et de la vidéo. Et c’est là aussi qu’Usine est impres­sion­nant, tant les possi­bi­li­tés sont nombreuses, et tant il semble diffi­cile de le prendre en défaut. Quelques reproches, bien sûr : les anima­tions avec la souris (surli­gnage de la fonc­tion survo­lée) sont trop rapides, ce qui fait que l’on n’est pas toujours sûr d’être là où l’on veut cliquer, l’im­pos­si­bi­lité de muter le son inclus dans une vidéo et le fonc­tion­ne­ment en 32 bits sous Mac OS X (même si l’édi­teur annonce la sortie du 64 bits pour cette année).

Pour les quelques fois où je monte encore sur scène, j’uti­lise un Rhodes et un clavier de commande MIDI, le tout relié à un Mac et un iPad, en trai­tant tout ça via diffé­rents effets, Mains­tage étant l’ou­til retenu entre autres pour ses possi­bi­li­tés d’as­si­gna­tions MIDI. Évidem­ment, le lance­ment de boucles et autres séquences est un peu compliqué… Pour ce que cela vaut : au début du test de Usine Holly­hock II, j’es­sayais tout ce qui me passait par la tête en termes de confi­gu­ra­tions, avec pour but d’es­sayer de répondre à diverses inter­ro­ga­tions quant au live, notam­ment dans une approche autre que celle de clas­sique joueur de claviers (via mon contrô­leur Leap Motion). Après une première semaine de test, j’ai acheté la licence.

  • Sensomusic Usine Hollyhock II
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Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre
Valeur sûre
Award
  • Ergonomie
  • Possibilités sonores et créatives
  • Excellents outils de sound design
  • Nombreux sampleurs
  • Mise en place de workspaces et racks très rapides
  • MIDI, Key et OSC Learn
  • Prise en compte de Leap Motion
  • Parfait pour l’utilisation live
  • Différents niveaux de programmation/création...
  • ...Donc pour (quasi) tous les publics
  • Peut être entièrement configuré selon ses désirs
  • Création de patches via modules préexistants
  • Bus et Bindings
  • Gestion des interfaces audio, parfois plus complète que celle du fabricant
  • Gestion du multicanal (jusqu’à 64 canaux)
  • Gestion de la latence
  • Enregistrement DtD
  • Pas encore 64 bits sous Mac OS X
  • Activation à effectuer à nouveau, de temps en temps
  • Animations avec la souris trop rapides
  • Pas de gestion de l’audio inclus dans les vidéos importées

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