Cela fait maintenant plus d’un an et demi qu’est sortie la version X3 de Sonar et, suivant son rythme annuel, la nouvelle itération a pointé le bout de son nez en janvier dernier.
Toujours développé par l’équipe de Cakewalk (filiale du groupe Gibson depuis X3, souvenez-vous), le nouveau bébé apporte bien évidemment son lot de nouveautés, mais aussi, une fois n’est pas coutume, son lot de controverses qui, nous allons le voir très rapidement, n’ont finalement (peut-être) pas lieu d’être. Alors ce nouveau Sonar : ®évolution ?
Avant de rentrer dans les détails des nouveautés, je vous invite fortement à lire le test de la version X3 sortie fin 2013. La base étant identique, connaître déjà X3, c’est connaître grandement « Sonar » cuvée 2015. C’est fait ? Alors c’est parti.
Premier aperçu
Premier changement, exit le patronyme X introduit en 2010 avec X1 ; le logiciel s’appelle dorénavant simplement Sonar. Il s’installe maintenant à l’aide du Command Center, un petit logiciel qui permet de gérer et subdiviser les éléments à installer. Ce Command Center vous informe également de la disponibilité des différentes mises à jour et autres correctifs. Pour les habitués, c’est un genre de Service Center (chez Native Instruments) ou de Arturia Software Center. Sonar est toujours décliné en 3 versions plus ou moins riches en plug-ins et fonctionnalités : les versions Artist, Professional et la très complète Platinum (testée ici). À l’utilisateur de choisir la version qui correspond à ses différents besoins, mais aussi à son budget. À noter que la version Artist permet déjà de s’affranchir des limitations de pistes MIDI et audio tout en bénéficiant d’un joli bundle d’instruments et d’effets ; le tout baignant dans un moteur audio 64 bits maintenant bien rodé et supportant jusqu’au 384 kHz de fréquence d’échantillonnage. Plus qu’il n’en faut, donc.
Mais revenons à nos moutons et voyons pourquoi Sonar (presque) X4 a perdu son X. Le but affiché de la part de Cakewalk n’est plus de sortir une toute nouvelle version chaque année, mais plutôt une base solide qui évoluera au fur et à mesure de son développement selon une nouvelle politique commerciale basée sur le « membership », soit l’adhésion en français. Avec une promesse de nouveautés (plug-ins, fonctionnalités…) à paraître chaque mois. Mais qui dit adhésion, dit forcément souscription. Le mot est lâché. De plus en plus d’éditeurs de logiciels (pas que musicaux) adoptent ce concept, mais le système de Membership de Cakewalk est plus souple qu’il n’y paraît et mérite quelques explications.
Sur place ou à emporter ?
Concrètement, Sonar est maintenant proposé sous deux formes d’achats. La première est tout simplement au comptant. Vous payez le logiciel en une fois et adhérez automatiquement à la souscription. Vous possédez ainsi le logiciel avec accès aux mises à jour, correctifs et nouveautés qui suivront dans les 12 mois. Passé ce délai, deux choix sont possibles : soit vous restez sur ce que vous possédez et continuez à travailler ainsi ; soit vous repassez à la caisse et payez comptant les 12 mois à venir (avec tarif préférentiel) pour ainsi bénéficier des mises à jour et nouveautés à paraître. Rien de bien neuf là-dedans, c’est comme si vous achetiez une nouvelle version chaque année.
La deuxième possibilité d’achat est un peu différente, mais avec une finalité identique. Il s’agit de souscrire à un abonnement, une souscription donc, qui donne ici aussi accès au Membership et donc à toutes les nouveautés qui suivront ; mais attention, cette souscription s’étale sur 12 mois consécutifs. Cela signifie que si vous décidiez d’arrêter de payer au bout de 4 mois, vous n’auriez accès au logiciel que sous forme de démo. Par contre, une fois les 12 mois consécutifs validés, tout reste fonctionnel et vous êtes propriétaire de ce que vous avez payé, contrairement à d’autres éditeurs qui suppriment l’accès au logiciel en fin de souscription (Adobe pour ne citer que lui). C’est ensuite à l’utilisateur de décider de continuer cette souscription pour bénéficier des nouveautés futures ou non.
Finalement, il s’agit grosso modo d’un achat à crédit et la question que l’on est en droit de se poser est « faut-il payer d’avance pour des nouveautés à paraître ? » 5 mois après la sortie officielle de Sonar, nous verrons un peu plus loin que l’on peut déjà émettre quelques avis (plutôt positifs).
Voyons donc ce que nous a proposé Cakewalk comme nouveautés dans les mises à jour mensuelles depuis janvier dernier.
Toujours plus de plug-ins et d’outils !
Côté instruments virtuels, on note la mise à jour d’Addictive Drums vers sa nouvelle version 2. Je vous invite à voir la vidéo réalisée par nos spécialistes ci-dessus, c’est autrement plus explicite qu’un long discours. Très bonne nouvelle, l’équipe de Cakewalk nous gratifie non seulement de cet excellent plug-in de batterie virtuelle, mais aussi d’un code Producer Bundle permettant de piocher 3 nouveaux kits, 3 packs de fichiers MIDI et 3 instruments isolés dans la bibliothèque de XLN Audio. Notons que le prix de ce bundle est d’environ 200 $… Plutôt sympa, et cela permet de créer quelques morceaux dans un premier temps et de voir ce qui peut nous manquer par la suite.
Côté plug-ins de traitement, on note la présence d’un module ProChannel (donc incompatible avec d’autres STAN) consacré à la réverbération. Il s’agit du Rematrix Solo, dédié à la reverb à convolution (qui manquait dans Sonar depuis la disparition de VERB). C’est donc une version « légère » du Rematrix d’Overloud testé ici par sleepless. Les fonctions sont donc plutôt minimales, on peut naviguer parmi une bonne bibliothèque de pré-sélections, mais aussi choisir son impulse dans différentes catégories (Hall, Room, Plate, Early, Special, mais aussi parmi ses propres impulses) pour ensuite en modifier quelques paramètres : la longueur de la reverb, son ampleur, la largeur stéréo et même appliquer une égalisation sommaire pour diminuer une brillance par exemple. Reste évidemment l’indispensable doseur « Dry/Wet » qui permet d’ajuster la quantité de sons brut et traité. Que dire de plus sur ce module à part qu’il va droit à l’essentiel ? Ah oui, qu’il sonne drôlement bien ! Couplé au plug-in Breverb « lite » déjà fourni dans le bundle, Sonar fait décidément dans la reverb de qualité.
Un autre plug-in s’est glissé dans les coulisses de Sonar. Il s’agit du VocalSync, un plug-in de « réalignement » du son. Tout comme Melodyne, il bénéficie de la technologie ARA et est donc intégré directement à la structure de Sonar. Si l’interface de VocalSync est simple et agréable, nous avons vu que le plug-in ne fonctionnait pas parfaitement dans toutes les situations. Revoice Pro n’a donc pas vraiment de souci à se faire, et c’est bien normal, il coûte à lui seul le prix de Sonar Platinum… Néanmoins c’est une très bonne initiative d’intégrer un plug comme celui-ci dans une STAN, la concurrence devrait en prendre de la graine !
Un des derniers arrivant dans le bundle de Sonar est AAS Strum Session GS-2, une guitare virtuelle appréciée dont le prix avoisine les 150 $. Si les sons sont plutôt orientés « piezo », les non-guitaristes seront heureux de voir débarquer cet instrument virtuel dans le bundle. On a pas toujours un copain guitariste sous la main !
Le Drum Replacer a fait aussi son apparition, et il permet de remplacer un son de grosse caisse ou de caisse claire (ou autre) en rien de temps. L’interface est très lisible et pratique, et on aime le fait de pouvoir changer le son d’une batterie tout en gardant le groove du musicien. En plus, il sera possible d’extraire ce groove vers une piste MIDI afin de l’utiliser sur au hasard… Addictive Drums 2 ?
Contrôles et optimisation de l’espace
La barre de contrôles est aussi désormais modulable, et il est possible de la « docker » en haut ou en bas de l’écran (et de la détacher complètement). Il est assez aisé de faire sa sauce et de n’afficher que les informations ou boutons dont nous avons besoin.
La table de mixage est aussi améliorée avec des inserts et envois dynamiques afin d’optimiser l’espace. En effet, la taille du petit bout de fenêtre alloué à ces envois et inserts diminue ou s’agrandit suivant le nombre de plug-ins utilisés. C’est pratique, même si la table de mixage ne reste pas aussi modulaire que celle de Cubase par exemple. On aurait aimé avoir des faders redimensionnables dans le sens de la hauteur, par exemple.
Une autre fonction apparue dans les dernières mises à jour est le Mix Recall, qui est un super outil afin de comparer différents mix en un clic. Ceci est très pratique pour choisir entre différents réglages faits sur plusieurs pistes à la fois. On pourra aussi s’en servir lorsqu’il est nécessaire de fournir plusieurs versions d’un mixage à un client (avec une voix plus ou moins forte, par exemple).
Côté MIDI, on trouve aussi quelques nouveautés, dont le pinceau MIDI qui permet de peindre littéralement un groove dans le piano roll. Cakewalk en a d’ailleurs profité pour redessiner l’éditeur MIDI, et ce dernier devient tout à fait agréable. Côté changement cosmétique, on retrouve aussi un AudioSnap nouvelle version, bien plus pratique à utiliser que l’ancienne, et ce n’est pas du luxe !
Conclusion
Si la formule d’abonnement et le peu de nouveautés en janvier dernier ont fait couler beaucoup de (mauvaise) encre virtuelle dans nos forums, il faut avouer que Cakewalk a largement tenu ses promesses en nous gratifiant de mises à jour mensuelles plutôt bien fournies ! Le bundle, qui était déjà une grande force du logiciel, est plus complet que jamais avec l’arrivée d’Addictive Drums 2 et Rematrix Solo. Côté outils, nous avons aussi apprécié l’arrivée du Drum Replacer, de VocalSync, et d’un AudioSnap nouveau. La console est aussi désormais un peu plus modulable (même si elle reste encore perfectible), et la Control Bar devient un modèle du genre. Nous avons aussi aimé le Mix Recall qui peut se révéler bien pratique dans pas mal de situations. Le MIDI n’a pas été oublié avec une nouvelle interface et un nouvel outil sympathique (Pattern Tool). On regrettera juste le fait que Sonar ne soit toujours pas compatible avec Mac OS X, que la partie Browser soit dénuée de système de tags, et qu’il manque un analyseur de spectre et d’outils orientés mastering. Il faut aussi noter que l’interface graphique du logiciel est assez gourmande en espace et qu’un deuxième écran est quasiment nécessaire.
Mais vous l’aurez compris, nous recommandons chaudement ce logiciel aux home-studistes Windowsiens disposant de peu d’instruments virtuels ou autres plug-ins de traitement. Sonar, de par son offre commerciale (environ 450€ sur Steam pour la version Platinum), est clairement l’une des meilleures affaires du moment sur le marché des STAN.