Avec le tout nouvel OS V2, la MPC5000 s’offre un sérieux lifting. Stabilisée et pleine de nouvelles ressources, convaincra-t-elle les plus difficiles ?
Un peu d’histoire
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En 1984, la Linn 9000 révolutionne le concept de boîte à rythmes, intégrant 18 pads dynamiques, des samples en Eprom, des possibilités d’échantillonnage en Ram, des pistes Midi externes, des outils de synchro (Midi, SMPTE) et la sauvegarde sur disquettes 3,5 pouces. Elle préfigure alors ce que sera la lignée des MPC Akaï, qui s’empresse de recruter Roger Linn au lendemain de la faillite de son entreprise (voir encadré Linn 9000 story). En 1988, sous la houlette de Roger Linn et David Cockerell – cofondateur d’EMS – sort la MPC60, travaillant en 12 bits / 40 kHz. Puis vient la MPC60-II (1991), suivie par la MPC3000 (1994), qui apporte le 16 bits / 44 kHz et un OS très abouti. La collaboration entre Linn et Akaï s’arrête là.
La machine suivante est la MPC2000 (1997), déclinée par la suite en version XL (2000). Une nouvelle étape est franchie avec la MPC4000 (2002), intégrant un véritable échantillonneur 24 bit / 96 kHz tiré de la série Z4/Z8. Elle reste à part, avec sa résolution, son puissant moteur de synthèse et sa profondeur. Les modèles suivants sont des déclinaisons de la MPC2000 et font figure de retour en arrière pour les puristes : d’abord la MPC1000 (2004), puis les MPC2500 et MPC500 (2006).
D’aucuns prétendent que les MPC ont perdu en spontanéité et en grain depuis le départ de Linn. Par ailleurs, une offre concurrente est apparue, soit directement positionnée sur le segment des MPC (Roland MV-8000 / 8800), soit spécialisée dans le sampling de boucles en temps réel. Sans oublier l’offre logicielle, qui permet de monter très simplement des phrases audio et des séquences Midi. Le nouveau fleuron d’Akaï est donc arrivé sur un marché bien fourni, avec des utilisateurs de plus en plus exigeants. Souffrant d’un OS instable et incomplet, inutile de dire que l’accueil initial a été mitigé. Mais avec cette nouvelle mouture d’OS, c’est une MPC5000 ultra vitaminée que nous allons découvrir.
Prise en main
L’OS V2 représente une seconde naissance pour la MPC5000. Non seulement les bugs sont corrigés, mais un certain nombre de fonctions avancées ont été ajoutées. Désormais, la MPC5000 combine un échantillonneur complet, un synthé virtuel analogique polyphonique, un arpégiateur, une grosse section effets, un séquenceur multicanal, une section audio multipistes et une surface de contrôle complète. Le mot d’ordre de cette nouvelle mouture est la stabilité, l’ergonomie, le multisampling et l’automation.
Moins imposante que la Linn9000 (voir photo), la MPC est d’une taille idéale. Solidement construite dans une carcasse métallique entourée de plastique, elle offre des commandes de grande taille et logiquement réparties. La partie gauche, baptisée Q-Link, regroupe 12 boutons lumineux, 8 rotatifs et 4 curseurs à large course. Leur utilisation est multiple, suivant la page menu en cours : remixage audio / Midi, modification des paramètres de synthèse, édition des points de bouclage des samples… et surtout automation d’une foule de paramètres en temps réel, nous y reviendrons. Un bon point pour l’ergonomie de la machine. Au centre, on trouve 16 pads sensibles à la vélocité et à la pression. Leur réponse est exceptionnelle, à notre avis ce qu’il se fait de mieux sur le marché, car ils sont bien ancrés dans la machine et répondent en toutes zones sans broncher. Inutile, donc, de toujours viser au centre. Ils servent également à appeler les différents modes de travail en conjonction avec la touche idoine.
Juste au-dessus trône un large LCD orientable 240 × 128 monochrome éclairé au néon. Le contraste, réglable, est excellent et permet une utilisation en toute circonstance, sur scène ou en studio. L’édition se fait au moyen de 6 touches de fonctions dont le rôle varie suivant la page menu en cours. Un bouton « Window » permet d’appeler une page complémentaire en fonction du contexte, ce qui facilite l’édition. Sur la partie droite, on trouve la section de transport du séquenceur, absolument exhaustive, le pavé numérique, l’encodeur rotatif, des touches de sélection/mode des pads et des commandes pour régler au millimètre la sensibilité d’entrée et le volume de sortie.
Suite de la visite
Le devant de la MPC comprend 2 prises pour pédales, une prise casque et 2 types d’unités de sauvegarde. Sur la droite, un lecteur compact flash (types I et II de 32 Mo à 2 Go) permet de stocker samples, programmes, séquences et audio. Il sert aussi à mettre à jour l’OS, dommage que ce soit le seul moyen. Une fois le fichier copié sur la carte à partir d’un ordinateur relié à la MPC en USB, la mise à jour prend quelques secondes. À gauche, on peut ajouter un combo lecteur DVD / graveur de CD Akaï, pour lire des fichiers audio, charger des samples ou finaliser ses productions. Pourquoi pas un lecteur multistandard ? Dans la machine réside un disque dur 80 Go pour gérer l’ensemble du contenu Midi et audio de la machine.
La façade arrière est tout à fait complète, faisant de la MPC5000 le cœur d’un arsenal de production. De série on trouve 10 sorties audio (5 paires stéréo), 2 entrées combo jack/XLR avec niveau commutable, 2 entrées cinch avec préampli RIAA et connecteur de masse pour platine, des entrées/sorties SP/Dif, une sortie optique Adat 8 canaux, 4 sorties Midi et 2 entrées Midi avec fonctions Merge, 1 port USB2 esclave et un connecteur IEC 3 broches secteur (alimentation interne à détection automatique). Que manque-t-il ? Un port USB maître pour unités de sauvegarde externes et une interface vidéo pour moniteur externe.
La mémoire interne de 64 Mo peut être étendue à 192 Mo. C’est assez peu, d’autant qu’il s’agit d’une barrette propriétaire et que le streaming des samples n’est pas géré. De plus, il s’agit de mémoire vive qui s’efface à l’extinction et non de mémoire flash. Il est temps que les samplers hardware progressent sur ce point, à l’instar du NordWave de Clavia.
Bibliothèque sonore
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La MPC5000 est livrée avec 650 Mo de samples sur le disque dur interne, provenant de la société Loopmasters, ainsi que 300 programmes virtuels analogiques développés pour le synthé VA interne. Avec l’OS V2, on peut télécharger sur www.akaipro.com/mpc5000 un piano acoustique stéréo spécialement mis à disposition pour l’occasion. Il est décliné en différentes tailles (144 Mo – 3 couches à 24 Mo – 1 couche). Avec nos 64 Mo de base, nous n’avons pu tester qu’un piano de 46 Mo à 2 couches qui ne nous a pas emballés. Les échantillons sont suffisamment longs (non bouclés) et les niveaux audio très élevés, mais cette version manque de samples. Pire, il y a des gros problèmes d’inversion stéréo d’un échantillon à l’autre et même de la distorsion en sortie, tellement les niveaux sont élevés, pfff… Les autres échantillons incluent une section de cordes pas terrible, un tas de kits de batteries dont de célèbres machines des années 80 (Linn 9000, TR-909, TR-909, Fairlight…) et plein de boucles audio dans différents styles, à la David Getta. Ce qui frappe, c’est la réserve de dynamique incroyable, nécessitant souvent d’atténuer à la table de mixage. Les programmes du synthé VA interne sont très encourageants : basses pêchues, pads variés, classiques vintage…
Section sampling
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La section sampling permet de travailler en 16 bits/ 44 kHz stéréo, avec toute sorte de signaux, grâce aux formats multiples d’entrées et à l’ajustement précis des niveaux. La polyphonie du moteur d’échantillonnage est de 64 voix multitimbrales. La fréquence de sampling et la résolution ne sont pas réglables. Lors d’une séance d’échantillonnage, on commence par préparer l’enregistrement : monitoring, mode mono/stéréo et choix de la source audio : externe (entrées analogiques, numériques, lecteur DVD/CD optionnel) ou interne (n’importe quelle paire de sorties stéréo). Le seuil audio de déclenchement et le temps de capture sont paramétrables. L’échantillonnage peut aussi être lancé et stoppé à la main. Pendant la capture, la MPC affiche des vumètres. Juste après, on peut écouter le résultat, assigner à un pad si le son convient ou recommencer. Il est même possible d’échantillonner pendant que le séquenceur tourne (fonction « Direct Recording »). En revanche, impossible d’enregistrer directement avec les effets internes en insertion, il faudra le faire en 2 temps par resampling.
Une fois le sample capturé et assigné, on peut l’éditer. Tout d’abord, on règle les points de début et fin de lecture (Trim). Le LCD affiche la forme d’onde et deux curseurs linéaires Q-Link permettent de faire l’approche rapide de la fenêtre de lecture ; il ne reste plus qu’à affiner avec l’encodeur. La MPC5000 permet toutes les fonctions classiques de nettoyage : couper, copier, coller, extraire, rendre silencieux tout ou une partie d’un sample. Un échantillon stéréo peut être converti en mono (canal gauche, droit ou l’addition des deux). On passe ensuite aux fonctions plus pointues : gain, normalisation, inversion, fade in/out, réduction de bit, time stretch avec détection de tempo (3 qualités et 18 algorithmes, suivant l’empressement du moment et le type de son) et pitch shift. Tous ces traitements sont rapides, mais hélas pas au point de se faire en temps réel. Au lieu de cela, la MPC5000 propose des fonctions de découpage des sons, le Chop Shop. Avec cette fonction, un échantillon est divisé en différentes sections de taille égale ou pas, manuellement ou automatiquement. La division se paramètre largement, en fonction du tempo, des seuils audio et des temps d’attaques de transitoires. Les tranches obtenues peuvent alors être converties en autant de nouveaux échantillons individuels ou en une phrase séquencée. Application, fabriquer une boucle indépendante du tempo, consolation à l’absence de time stretch en temps réel. Voici quelques exemples audio avec variation de tempo sur des boucles : bossa, guitares, downbeat, R&B. Une limitation : la fin d’une section correspond au début d’une autre, donc on ne peut pas faire de recouvrement de zones ou de fondus. Les tranches peuvent ensuite être remontées : extraction vers un nouveau sample (mais pas suppression), combinaison, découpage ou restauration du sample d’origine. Une fonction Undo très bien venue permet d’annuler l’édition. Passons enfin au bouclage des échantillons. L’édition est tout aussi intuitive que le Trim, avec zoom graphique et recherche automatique des points zéro. Il est d’ailleurs possible de lier les points de lecture et de bouclage, ou de boucler en fonction d’un tempo détecté automatiquement. Des touches permettent la lecture directe du sample entre les différents points cruciaux. Par contre, il faut redéclencher le son à chaque modification des points de bouclage pour entendre le résultat… on se croirait revenu dans les années 80 au début du sampling, pfff ! De même, il n’y a pas de fonctions automatisées de capture, placement et bouclage des sons en une seule passe.
Programmes d’échantillons
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Un programme d’échantillons contient 4 banques de 16 pads auxquels les échantillons sont assignés. Il y a 128 programmes utilisateur en tout, ce qui est insuffisant compte tenu des 16 Mo mis à disposition pour gérer les paramètres de programmes. Chaque pad peut contenir 4 couches de samples mono ou stéréo, chacune ayant son niveau, son accordage et sa fenêtre de vélocité. Les sons peuvent être joués en mono ou couper d’autres pads (charley ouverte/fermée). L’assignation et l’édition sont très rapides, puisqu’il suffit d’appuyer sur un pad pour passer d’un son à un autre dans un même menu d’édition. Les paramètres de synthèse assignés à chaque pad sont moins poussés que sur une MPC4000. On trouve un filtre, un LFO et 2 enveloppes. Le filtre est de type multimode résonnant. Il peut travailler selon 11 algorithmes (passe-bas, passe-haut, passe-bande, réjection, boost, 3 modélisations analogiques et 3 types de formants vocaux) et différentes pentes : 1, 2, 4, 6 et 8 pôles. Le mode 8 pôles apporte une saturation très bienvenue pour salir le son, à utiliser avec un paramètre d’atténuation dans certaines circonstances. Niveau qualité, les filtres sont dans la moyenne, les modifications de fréquence en temps réel ne sont toutefois pas très fluides et tout ça manque un peu de résonance (pas d’auto oscillation). Le LFO propose 6 formes d’ondes classiques : triangle, sinus, carré, dent de scie, dent de scie vers le bas et aléatoire. Parfaitement synchronisable au tempo global et au déclenchement des séquences, il est assignable indépendamment au pitch, au volume, au filtre et au panoramique. Dommage qu’il n’y en ait pas 2 ! Les 2 enveloppes sont de type DADSSR. L’édition graphique permet de visualiser la courbe. Elles sont assignées dans le dur au filtre et à l’amplitude. La vélocité peut agir sur le pitch, l’enveloppe d’amplitude (temps d’attaque, niveau de tenue et volume), l’enveloppe de filtre (temps d’attaque, niveau de tenue et fréquence de coupure). On est loin des capacités de la MPC4000, avec ses filtres multiples et sa matrice de modulations.
Pour ceux qui ont connu la V1 de l’OS, l’aventure s’arrêtait là. Heureusement, l’OS2 a apporté son lot de nouveautés. À commencer par la gestion de pads multiples : avant, si on voulait que certains pads aient les mêmes valeurs de paramètres de synthèse, il fallait tous les programmer un par un. Désormais, il suffit de sélectionner un groupe de pads pour que l’édition s’applique à tous, en un seul coup ! Mieux, la MPC5000 peut désormais gérer les Keygroups. Un Keygroup est un empilage de 4 couches dynamiques d’échantillons sur une tessiture programmable. Un programme peut en contenir 128, bonjour les splits et layers. Chaque Keygroup peut avoir ses propres paramètres de tessiture, tracking, accordage, volume et panoramique. Mieux, chaque couche peut également avoir ses propres réglages (sauf la tessiture qui est commune au Keygroup). Il est possible de créer des fondus entre Keygroups qui se recouvrent. Les paramètres de synthèse s’appliquent alors au Keygroup, plutôt qu’à chaque pad. C’est une amélioration majeure que nous saluons, transformant la MPC5000 en véritable multiéchantillonneur.
Synthé virtuel
Si la section synthèse dédiée aux échantillons est simplifiée par rapport à la MPC4000, la MPC5000 offre en revanche un sympathique synthé à modélisation analogique 20 voix. Chaque voix comprend 3 oscillateurs, 1 filtre, 2 LFO et 2 enveloppes. Pour l’édition, la section Q-Link est largement sollicitée. Dans chaque page menu, les paramètres correspondent à une commande physique. La première page, baptisée « Basic », permet d’accéder aux paramètres de synthèse cruciaux. Chaque section (VCO, VCF, VCA et LFO) a ensuite sa propre page. Signalons au passage que l’OS V2 permet de régler les commandes en mode « Take Over », ce qui évite les sauts de paramètres en passant d’une page à l’autre lorsque la position physique des commandes est différente de la valeur stockée des paramètres. Fonction que nous devons à Rolandus, l’un des membres d’AudioFanzine, merci ! Dans ce mode, le paramètre ne change qu’au moment où le mouvement d’une commande « attrape » sa valeur stockée.Chaque VCO offre 4 formes d’onde (sinus, triangle – dent-de-scie, impulsion variable) et 3 bruits (blanc, rose, rouge, le dernier correspondant à un filtrage plus intense). La fréquence de chaque VCO s’accorde sur +/- 4 octaves par demi-ton. Un accordage fin est également prévu. L’onde triangle – dent-de-scie peut continuellement évoluer grâce à un paramètre Shape. Ce dernier contrôle également la largeur d’impulsion de 0 à 100%, lorsque l’onde Pulse ou PWM est sélectionnée, 50% étant le carré. En mode PWM, la largeur est modulable par le LFO2. La sortie audio du VCO1 peut moduler la fréquence du VCO2. De même, on peut synchroniser le VCO1 par le VCO2. L’intérêt est de moduler la fréquence du VCO1 par l’enveloppe 1 ou le LFO1, pour des effets de synchro spectaculaires. Il est également possible d’enclencher une modulation en anneau entre les VCO1 et 2. Enfin, on peut régler le volume de chaque VCO avant que le signal sommé n’attaque le VCF.
Ce dernier dispose des mêmes algorithmes et pentes que le filtre de la section sampling. La coupure peut être modulée par le tracking clavier, une enveloppe ADSR dédiée, le LFO ou la vélocité. Le signal passe ensuite par la section VCA. On y règle le volume, l’incidence de la vélocité, le tracking du volume, le panoramique, le tracking du panoramique, la largeur stéréo (écartement stéréo de chaque VCO) et l’action d’une enveloppe ADSR dédiée au volume. La page LFO permet de régler les paramètres d’un LFO dédié au vibrato et d’un LFO offrant des modulations dosables vers le VCO1, le filtre, le volume et le panoramique. Chaque LFO est synchronisable à l’horloge globale et dispose d’un mode de déclenchement / redéclenchement et d’un délai. Les formes d’ondes sont identiques au LFO de la section sampler. Pour terminer, signalons que chaque programme peut être joué en mono, avec legato et portamento. La molette et l’aftertouch peuvent affecter le VCO1, le filtre, le volume et le vibrato. Tous ces réglages sont sauvegardés dans l’un des 128 emplacements, partagés avec les samples – 128, c’est peu…
La qualité sonore de ce synthé, nous l’avons dit au début de ce test, est à la hauteur. Le grain est très actuel, faute d’être vintage. La section VCO est très bien spécifiée. Le filtre est efficace, propose des modes variés, sans pour autant détrôner un synthé VA dédié. Nous souhaiterions en revanche voir évoluer les possibilités de modulation (une vraie matrice).
Arpégiateur et séquenceur
Si le propos d’une MPC est de séquencer, il est tout à fait agréable de trouver de quoi arpéger. On dispose de quelques motifs basiques (haut, bas, alterné et aléatoire) qui se synchronisent parfaitement à l’horloge globale. On peut en régler l’étendue sur 3 octaves, le temps de porte, le facteur de swing, l’ordre de jeu et la réponse à la vitesse de frappe. L’arpégiateur peut même être affecté par les données enregistrées sur une piste. Il manque tout de même des motifs plus en rapport avec l’utilisation de la machine, à savoir des kits de percussions. De même, on aurait souhaité avoir plusieurs arpégiateurs simultanés.
Mais c’est au rayon séquenceur que la MPC5000 enfonce le clou. Elle permet d’enregistrer, éditer et remixer facilement, avec édition visuelle. La capacité totale est de 100.000 événements répartis en 99 séquences (mémoire volatile) et la résolution est de 960 bpqn. Une séquence peut contenir 999 mesures sur 64 pistes, chacune capable d’émettre vers 1 des 64 canaux Midi indépendants. Sur chaque piste, on peut décider d’affecter un programme interne (samples ou synthé VA) ou piloter un module externe via Midi. La programmation se fait en pas à pas ou en temps réel, avec bouclage, overdub et punch in/out. La quantisation peut s’opérer à l’entrée et/ou à la sortie. Une fois les notes entrées, on peut basculer sur les pages mixeurs de programmes ou de pistes, très visuelles : pour chaque piste ou chaque pad d’une piste drums, c’est là qu’on sélectionne le bus d’effets et la paire de sorties audio. Mais c’est aussi là que l’on peut créer des automations de volume, panoramique, de départ effets ou de Mute. Les commandes Q-Link sont ici encore mises à l’épreuve, comme sur une table de mixage. Elles permettent d’ailleurs l’automation d’un certain nombre de paramètres de synthèse, soit en continu, soit à l’enfoncement de chaque note : fréquence, volume, coupure du filtre, résonance, panoramique et les segments ADR de l’enveloppe de volume. Hélas, l’automation complète du synthé VA n’a pas été ajoutée à l’OS V2.
L’édition globale de piste peut se faire dans une fenêtre de mesures ou de notes / pads. Dans ce cadre, on insère, coupe, copie, colle, décale, transpose, supprime… la liste est longue. Au niveau microscopique, la MPC5000 offre 2 éditeurs majeurs : la liste d’événements ou la grille. Cette dernière permet d’afficher les événements sous forme de grille de pads pour les sons internes ou de piano roll pour les pistes Midi externes. Et pourquoi pas pour les pistes internes, lorsque le programme est à base de Keygroups ?
Quelques remarques d’importance : il est impossible de jouer / enregistrer des pistes de longueur différente en boucle au sein d’une même séquence. Par ailleurs, le séquenceur permet la continuité de lecture des échantillons : supposons que l’on ait programmé le déclenchement d’un échantillon de 30 secondes au début d’une séquence. Que se passe-t-il si on désire enregistrer une autre piste en boucle entre les 20e et 30e secondes ? À la 20e seconde, la MPC5000 lancera la lecture de l’échantillon précisément à sa 20e seconde, comme s’il s’agissait d’une piste audio déjà enregistrée. Bien vu ! À l’usage, le gros point fort de la MPC5000, c’est de pouvoir lancer / arrêter l’enregistrement, passer d’une piste à l’autre, automatiser, éditer un programme pendant qu’une séquence tourne, tout ça en temps réel sans arrêter le flux créatif. Au global, la machine peut contenir 99 séquences, que l’on peut assembler en 20 Songs de 250 pas, chaque pas représentant un assemblage de séquences avec au sans répétition.
8 pistes audio
C’est dans le mode Song que la MPC5000 gère l’audio. Elle offre 2 pistes DTD en enregistrement et 8 en lecture à une résolution de 16 bits / 44 kHz, par streaming audio à partir du disque dur interne. La RAM n’est donc pas mise à contribution, heureusement ! À l’instar du sampling, l’enregistrement audio peut se faire à partir de n’importe quelle source externe (analogique ou numérique) ou interne (à partir de n’importe quelle paire de sorties), toujours sans possibilité d’insertion des effets internes. Une fois la capture effectuée, on peut éditer une ou plusieurs pistes, dans une fenêtre de mesures à spécifier. L’écran affiche le signal audio, avec facteur de zoom temporel.L’édition est classique : couper, copier, coller, gain, fondu (linéaire, exponentiel, logarithmique), normaliser, créer un silence, importer (conversion en 16 bits) et exporter (en 16 ou 24 bits). Ces 2 dernières fonctions s’opèrent en conjonction avec le disque dur, le lecteur compact flash ou le lecteur DVD/CD optionnel. Par contre, pas de time stretch ou pitch shift au menu, que ce soit en temps réel ou calculé. Il ne reste plus qu’à remixer notre production, à la main ou en automation, à partir du menu mixeur. Là encore, on peut muter une piste, sélectionner le bus d’effets et la sortie audio (paire ou simple), puis automatiser les niveaux, panoramiques et départs effets. À signaler qu’il n’y a plus d’interruption de l’enregistrement quand on bascule vers le menu de mixage des pistes Midi ou réciproquement. Idéal pour conserver le flux de travail. Pour terminer, on peut mixer tout ce beau travail en un seul fichier WAV stéréo 16 bits / 44 kHz, voire finaliser sur CD lorsque la machine est équipée du combo idoine.
8 multieffets
La MPC5000 ne serait pas une station de production complète sans section effets. Cette dernière est plutôt de bon niveau, avec un DSP dédié offrant pas moins de 4 bus de 2 multieffets (réglables en départ bus ou en insertion) et de 2 effets de finalisation globaux : EQ 4 bandes semi-paramétriques et compresseur mono bande. Les bus peuvent être appairés pour complexifier le traitement (4 effets par ligne). Chaque pad peut être envoyé vers l’un des 4 bus et chaque bus vers une sortie audio stéréo au choix. C’est très souple, mais ça peut prêter à confusion, car l’assignation des pads est définie en mode séquence / mixeur, alors que les effets sont sauvegardés dans des sets en mémoire globale, chaque séquence pouvant faire appel à un set.
Chaque multieffet offre 40 algorithmes, parmi lesquels des ensembles (chorus / flanger / autopan / tremolo / phaser), des filtres (passe haut, passe bas, wah-wah), des EQ (2+2 et 4 bandes), des délais (mono, stéréo, avec filtre, à modélisation analogique, ping-pong, synchronisés au tempo), des saturations (disto, fuzz), des compresseurs (optiques, à lampe ou à VCA), des réverbes (pièces, hall, portes) et des réducteurs de bit (hard et soft). Il manque à ces dernières des algorithmes de plaque. Suivant l’effet, on trouve jusqu’à 12 paramètres éditables. L’OS V2 permet l’automation de tous les paramètres d’effets, à travers une nouvelle page Q-Link : on y choisit, quel effet de quel bus doit être modulé en temps réel et enregistré dans le séquenceur. Comme dans tout système DSP, certains effets tels que les réverbes sont plus gourmands que d’autres, donc une allocation de CPU est prévue et en permanence indiquée. À l’usage, nous n’avons pas rencontré de problème d’arbitrage trop cornélien.
Conclusion
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Avec l’OS V2, la MPC5000 connaît une évolution majeure, qui la conduit au tout premier plan des stations de production autonomes. Non seulement elle sonne, mais elle est très ergonomique, stabilisée et pleine de ressources. Bien sûr elle est perfectible : le streaming des samples serait le bienvenu compte tenu de la RAM limitée, tout comme le travail en temps réel sur les boucles audio. Mais sa grande force, c’est d’assurer un travail efficace sans interrompre le flux créatif. Aussi à l’aise en studio que sur scène, pour tous les styles de musique grâce au traitement des boucles et à la gestion complète des multisamples, elle répond désormais aux attentes majeures des musiciens les plus exigeants.
[+] Excellente ergonomie
[+] Rapidité de travail
[+] Qualité sonore
[+] Multisampling complet
[+] Synthé à modélisation intégré
[+] Section effets avec automation
[+] Intégration Midi / audio
[+] Séquenceur sophistiqué
[+] Edition graphique précise
[+] Commandes directes
[+] Réponse des pads
[+] Connectique complète
[+] Enfin stable !
[-] Ram limitée
[-] Pas de streaming pour les samples
[-] Pas de bouclage en temps réel
[-] Pas de time stretch temps réel
[-] Intégration informatique basique