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Test de l'iZotope Ozone 5 - Ozone remet une couche

8/10

Ca y est, votre dernier tube de l'été du mois de mars est mixé, vous êtes satisfait du résultat, mais la confrontation avec la dernière grosse production à la mode est douloureuse : à côté du dernier Beyoncé, le son est faiblard, il y a moins d'aigus, de grave, de médium, de patate... Bref, c'est la déprime. Heureusement, des logiciels existent pour essayer de mettre votre production au niveau. Focus sur la dernière version d'un ténor du genre, j'ai nommé Ozone 5 d'iZotope.

Ozone, c’est un peu une insti­tu­tion et il reste le produit phare de l’édi­teur iZotope qui a décidé de fêter le dixième anni­ver­saire de son poulain en sortant une cinquième mouture. Au menu, quelques nouveau­tés parse­mées dans les diffé­rents modules compo­sant le plug-in, et une version « advan­ced », avec encore plus de para­mètres, de fonc­tion­na­li­tés et des modules dispo­nibles sépa­ré­ment dans le séquen­ceur.

Mais un plug-in de maste­ring, ça sert à qui ? à quoi ?

Home-maste­ring

Norma­le­ment, une fois le morceau de musique mixé par l’in­gé­nieur du son, il est confié à un autre ingé­nieur, spécia­lisé dans le maste­ring, qui va travailler sur votre mix afin de le prépa­rer au support sur lequel il sera diffusé (CD ou fichier numé­rique le plus souvent). Grâce à cette nouvelle paire d’oreilles toute fraîche, géné­ra­le­ment bien équi­pée en enceintes et outboards/plug-ins, le morceau sera boni­fié et ses prin­ci­paux défauts gommés.

Mais à l’époque du home-studio, les musi­ciens et les ingé­nieurs du son travaillent de plus en plus chez eux et font de plus en plus de choses eux-mêmes. Alors pourquoi pas le maste­ring ? Évidem­ment, la phase d’ap­pren­tis­sage sera longue, l’art du maste­ring étant au moins aussi complexe que celui du mixage, mais les temps sont durs et le home-studiste aura peut-être la joie d’amé­lio­rer le rendu sonore de ses produc­tions, sans pour autant riva­li­ser avec les profes­sion­nels, cela va de soit.

Ozone est peut-être une aubaine pour ce home-studiste dési­reux de s’at­taquer au maste­ring, avec son prix rela­ti­ve­ment acces­sible (200€) et son côté « tout-en-un/couteau suisse/chez-casto-ya-tout-c’qui-faut ». Mais que se cache-t-il exac­te­ment dans cette boîte à tout faire ?

Des modules

iZotope Ozone 5

Ozone, c’est en fait huit plug-ins en un. Il intègre deux égali­seurs para­mé­triques, une réverbe hybride, un exci­teur d’har­mo­niques, un compres­seur multi­bande, un élar­gis­seur de stéréo, un maxi­mi­zer et une série d’ana­ly­seurs graphiques en tout genre. Avant de rentrer dans le vif du sujet, on installe Ozone 5, on branche la clé iLok ou on auto­rise le logi­ciel via le net, et on lance son séquen­ceur préféré. L’in­ter­face du plug-in se divise en trois parties : en bas les 7 modules, sélec­tion­nables, dosables et acti­vables, à droite la partie « moni­to­ring visuel » avec les vumètres et enfin la fenêtre prin­ci­pale occu­pant la partie supé­rieure gauche de l’in­ter­face. Cette dernière sera diffé­rente suivant le module sélec­tionné. 

Et la version advan­ced ?

Ozone 5 vient désor­mais en deux versions, une « normale » à 200€ et une autre « advan­ced » à 800€. Comme prin­ci­pales diffé­rences, on retien­dra surtout le Meter Bridge, qui propose toute une ribam­belle d’ana­ly­seurs graphiques (spec­tro­gramme, vector­scope, analy­seur de spectre, loud­ness meter…), puis la possi­bi­lité de ne char­ger qu’un module en insert d’une piste, et quelques autres features par-ci par-là : plus de réverbes, un mode mixed pour l’EQ, le stereoi­zer… En bref, si vous n’êtes pas un fondu du Meter Bridge, la version à 200€ vous convien­dra parfai­te­ment.

On note aussi la présence d’un « préset mana­ger » très bien fait. Il vous permet­tra de char­ger/sauver un préset global, ou par module, et de modi­fier par la suite certains para­mètres via quelques faders hori­zon­taux. C’est très intel­li­gent et cela permet d’adap­ter rapi­de­ment le préset à son mix. 

Nous allons donc faire le tour du logi­ciel module par module en commençant par l’éga­li­seur.

 

 

Post ou pré-égali­sa­tion

iZotope Ozone 5

Cette nouvelle version d’Ozone propose en fait deux égali­seurs, qu’il sera possible de dispo­ser, à l’ins­tar des autres modules d’Ozone 5, où l’on veut dans la chaîne de trai­te­ments. Il est diffi­cile de faire plus complet que ces égali­seurs, qui sont des modèles du genre. Ils possèdent 8 bandes avec, pour chacune, la possi­bi­lité de choi­sir le type de filtre (bell, shelve ou pass), avec deux formes (analog ou vintage, inspiré des Pultec) pour les shelves, et trois (reso­nant, brick wall et flat – Butter­worth -) pour les low/hi pass. Nous avons accès aux réglages de gain, fréquence et largeur de bande (Q) en dessous de la courbe graphique. Il est aussi possible de cliquer direc­te­ment sur cette dernière afin d’ajus­ter ces trois para­mètres. On pourra aussi dispo­ser d’une repré­sen­ta­tion spec­trale du fichier audio traité, en super­po­si­tion de la courbe graphique de l’éga­li­seur, moyen­nant un peu de CPU.

On pourra donc faire des cock­tails avec les huit bandes de l’éga­li­seur et mélan­ger les formes et types des filtres, mais il faudra choi­sir entre deux modes de filtres globaux : analog ou digi­tal. Ce dernier mode auto­ri­sera des correc­tions plus précises. La version « advan­ced » (quatre fois plus chère !) propose quant à elle diffé­rents types de filtres numé­riques : un à phase linéaire à la manière d’un égali­seur numé­rique, un à phase « mini­mum » dont la réponse aux tran­si­toires se rapproche plus d’un modèle analo­gique, et un « mixte » permet­tant de faire varier, pour chaque bande, la phase. De mini­mum (-1) à maxi­mum (+1, le plus audible), en passant par la phase linéaire (0) et tous les inter­mé­diaires possibles. Le mode chirur­gi­cal pourra être désac­tivé, afin d’uti­li­ser les filtres de type « analo­giques », mais à phase linéaire.

iZotope Ozone 5

Sachez que l’éga­li­seur pourra fonc­tion­ner en mode stéréo (mêmes réglages sur le canal gauche et le canal droit), en mode L/R (réglages diffé­rents sur les canaux gauche et droit) et en mode M/S. Ce dernier mode permet­tra d’ef­fec­tuer des correc­tions diffé­rentes sur le canal Mid (tout ce qui est au centre du mix) et le canal Side (tout ce qui est sur les côtés). Les appli­ca­tions sont diverses et variées, on pourra ainsi appliquer un léger boost dans les hauts médiums sur ce qu’il y a au centre du mix seule­ment. La partie graphique affi­chera alors deux courbes de couleurs diffé­rentes, une pour chaque canal. On note aussi une fonc­tion sympa­thique : le fait de cliquer et d’ap­puyer en même temps sur la touche alt du clavier permet de recher­cher une fréquence en acti­vant un filtre passe-bande à pente très raide. Cela n’af­fecte pas le réglage de votre EQ et demeure très pratique pour trou­ver cette maudite fréquence que vous avez envie d’at­té­nuer ou d’aug­men­ter.

On termine ce tour d’ho­ri­zon de l’éga­li­seur avec une fonc­tion très inté­res­sante dénom­mée « matching EQ ». Cette fonc­tion vous permet­tra de « captu­rer » la courbe de réponse d’un enre­gis­tre­ment afin de l’ap­pliquer, plus ou moins, sur celui que vous êtes en train de mixer. On pourra utili­ser cette fonc­tion en prenant comme réfé­rence un disque de chevet, afin d’ap­pliquer une égali­sa­tion sur notre mix. Deux curseurs « amount » et « smoo­thing » permettent respec­ti­ve­ment de coller plus ou moins au morceau de réfé­rence et d’adou­cir la courbe de l’éga­li­sa­tion appliquée. On pourra aussi utili­ser cette fonc­tion afin de garder une homo­gé­néité entre les diffé­rents morceaux d’un album. L’uti­li­sa­teur n’aura plus qu’à se fier à ses oreilles pour doser plus ou moins l’éga­li­sa­tion. Une fonc­tion­na­lité vrai­ment très inté­res­sante qui complète une section EQ de très haute volée. 

Une touche de réverbe

Lors du maste­ring, on peut avoir besoin d’une réverbe afin de donner une cohé­sion spatiale au morceau, car certaines pistes de votre mix peuvent avoir des réverbes diffé­rentes. Une réverbe courte et dosée spora­dique­ment peut ajou­ter de l’am­pleur au mix, et cela peut même aider à mélan­ger les pistes et ajou­ter un « vernis » sonore. On peut noter deux familles de réverbes utili­sées dans le maste­ring. Les réverbes repro­dui­sant un espace acous­tique réel, géné­ra­le­ment à convo­lu­tion et permet­tant de placer les diffé­rents musi­ciens dans une pièce virtuelle, ou encore les réverbes de type « studio » qui sont arti­fi­cielles et qui utilisent des algo­rithmes. Elles pour­ront néan­moins être préfé­rées aux premières pour des raisons artis­tiques.

iZotope Ozone 5

La section réverbe d’Ozone 5 est hybride, utili­sant la convo­lu­tion et des algo­rithmes. Plusieurs modes permettent de contrô­ler les premières réflexions : « room » pour un petit espace et des premières réflexions fortes, « plate » qui tente de repro­duire le compor­te­ment d’une EMT 140, « hall » qui repro­duit un grand espace avec des réflexions plus sombres, « theatre » pour un espace moyen avec peu de premières réflexions, « cathe­dral » pour un grand espace avec des réflexions claires et fortes, et « arena » pour un espace encore plus étendu. On pourra régler le pré-délai, le niveau des premières réflexions (unique­ment sur la version Advan­ced). Les queues de réverbes pour­ront aussi être para­mé­trées, Ozone utili­sant des algos pour ces dernières, et l’on retrouve le temps de déclin (decay) global, pour les hautes fréquences et les basses fréquences. Il convient donc de choi­sir un mode de premières réflexions pour ensuite régler les queues avec les réglages préci­tés. Parmi les para­mètres globaux de la réverbe, on retrouve un wet/dry clas­sique, un contrôle de la largeur et deux filtres permet­tant de couper les hautes et les basses fréquences. On pourra d’ailleurs aper­ce­voir le résul­tat dans une fenêtre affi­chant le spectre sonore de l’ef­fet. La version advan­ced propose en plus un para­mètre « cross­mix » permet­tant d’ajus­ter la propa­ga­tion du signal entre les canaux gauche et droit. Ce module propose aussi un mode M/S permet­tant de mettre plus de réverbe sur les côtés du mix, et moins sur le canal central, afin d’évi­ter de trop flou­ter la voix et/ou l’ins­tru­ment lead.

D’une manière géné­rale, il faut faire atten­tion à ne pas surdo­ser le trai­te­ment, et faire régu­liè­re­ment des compa­rai­sons avec le son « dry », car il est très facile de pour­rir un mix et le rendre trop flou. Si on dose bien l’ef­fet et que l’on choi­sit le mode adéquat, on pourra gonfler le son tout en gardant une bonne préci­sion. Un très bon module, même si l’on regrette l’ab­sence de réglage de niveau pour les queues de réverbe, on ne peut contrô­ler que le decay.

La bande des multi­bandes

L’ex­ci­ter est le premier module faisant partie du gang des multi­bandes, le module de compres­sion et l’élar­gis­seur de stéréo étant les deux autres. Dans Ozone 5, l’uti­li­sa­teur aura le choix d’uti­li­ser les mêmes bandes pour ces trois modules, ou un décou­page en bandes qui n’a rien à voir. Le but du trai­te­ment multi­bande est de décou­per le signal en plusieurs bandes de fréquences, géné­ra­le­ment 3 ou 4, basses, (bas et hauts) médiums et aiguës, afin de les trai­ter diffé­rem­ment. L’uti­li­sa­teur devra donc choi­sir les champs d’ac­tion des diffé­rentes bandes de fréquences, par défaut la première agira entre 20 et 120 Hz (le bas et le sub de la basse de la grosse caisse géné­ra­le­ment, la deuxième entre 120 et 2000 Hz (les fréquences fonda­men­tales des autres instru­ments et la chaleur du mix), la troi­sième entre 2k et 10kHz (les harmo­niques des instru­ments, les cymbales, les sibi­lantes des voix) et enfin la dernière entre 10k et 20kHz (ce que l’on appelle « l’air »). Évidem­ment, chaque mix est diffé­rent et on pourra modi­fier ces fréquences, en mettant chaque bande en solo et en écou­tant, ou en utili­sant la fonc­tion learn du logi­ciel, qui permet de posi­tion­ner auto­ma­tique­ment les filtres de cros­so­ver. Il sera possible, à l’ins­tar de l’éga­li­seur, d’uti­li­ser des filtres à phase linéaire (pour un son plus trans­pa­rent) ou des filtres plus typés « analo­giques » (pour un son plus coloré). À noter la présence d’un cros­so­ver hybride permet­tant de combi­ner le « meilleur des deux mondes », une distor­sion de phase faible et une certaine « chaleur » sonore.

Ça nous excite

iZotope Ozone 5

L’ex­ci­teur d’har­mo­niques permet de créer des fréquences harmo­niques, afin d’ajou­ter de la brillance au mix pour les hautes fréquences, mais aussi de la présence ou du corps sur les autres bandes. Cela reste donc diffé­rent d’un égali­seur qui ne fait qu’am­pli­fier les harmo­niques déjà exis­tantes. Certains exci­ters, comme celui équi­pant Ozone 5, utilisent la distor­sion (à petite dose !) afin de créer ces fameuses harmo­niques embel­lis­sant le mix. Ozone propose donc diffé­rents modes, 4 communs aux deux versions et deux unique­ment pour la plus onéreuse. Le premier mode « retro » simule les carac­té­ris­tiques des circuits à tran­sis­tors en créant des harmo­niques impaires qui décroissent lente­ment. Le mode « tape » simule, comme son nom l’in­dique, la satu­ra­tion d’un magnéto à bande et un son un peu plus brillant. Le troi­sième mode « tube » met plus en valeur les tran­si­toires et la dyna­mique du signal. Le mode « warm » est quant à lui l’op­posé du mode « retro », car il crée des harmo­niques paires qui décroissent rapi­de­ment. Les deux derniers modes, exclu­sifs à la version advan­ced, sont dénom­més « triode » et « dual triode ». Le premier simule un circuit utilise une lampe 12AX7 et n’uti­lise qu’une moitié de la lampe pour un effet plus subtil que le second mode qui offre plus d’over­drive et un son plus chaud. D’une manière géné­rale, les modes géné­rant des fréquences harmo­niques de type impair auront un son un peu plus agres­sif que ceux géné­rant des harmo­niques paires, appor­tant une couleur plus douce et musi­cale.

Côté para­mètres, l’uti­li­sa­teur aura accès, pour chaque bande, à la quan­tité d’har­mo­niques créées (amount), au mix entre le son traité et le son « sec », et au délai. Ce dernier para­mètre permet­tra par exemple d’off­se­ter (pardon pour l’an­gli­cisme) la bande de fréquence grave afin de rendre le son plus serré et préser­ver les tran­si­toires. On pourra ainsi dans certains cas augmen­ter le gain de cette bande afin d’avoir plus de graves, sans pour autant rendre le mix mou. Comme les autres modules, l’ex­ci­ter a un mode M/S afin d’ap­pliquer des réglages diffé­rents sur le canal central et les côtés du mix. Un analy­seur de spectre permet de montrer, outre le spectre du signal entrant, les fréquences affec­tées par le trai­te­ment.

Ce module est très inté­res­sant et permet­tra de rajou­ter de la brillance, du corps ou de la chaleur à votre mix. On fera quand même atten­tion à ne pas trop en mettre, car trop d’ex­ci­ter peut se révé­ler très fati­gant à la longue. Gardez votre disque de chevet à côté, histoire de « remettre ses oreilles à zéro » de temps en temps, on perd vite ses repères !

Limit, comp, exp, gate

Autre gros morceau d’Ozone, la partie trai­te­ment dyna­mique, toujours multi­bande. En maste­ring, la compres­sion pourra être utili­sée afin de lisser les « pics » et les « creux » de votre signal en rédui­sant la dyna­mique. Cela permet­tra de rendre le son de votre mix un peu plus « plein », de lisser les diffé­rences de niveau entre certains passages et de pouvoir augmen­ter, par la même occa­sion, le volume « ressenti » de votre morceau.

iZotope Ozone 5

Le module de dyna­mique d’Ozone peut fonc­tion­ner en multi­bande (jusqu’à 4 bandes), ou pas, et n’est en fait pas qu’un simple compres­seur. Il peut aussi être utilisé en tant que limi­ter et expan­der/gate. On pourra même utili­ser les trois fonc­tions simul­ta­né­ment : il suffira de choi­sir un seuil diffé­rent pour chacune. Du côté des réglages, cela reste clas­sique, avec pour chaque bande, les temps d’at­taque, de relâ­che­ment, le knee (version Advan­ced unique­ment !) et le ratio, à la fois pour le limi­teur, le compres­seur et l’ex­pan­deur. À droite nous retrou­vons la fameuse courbe de dyna­mique qui permet d’avoir un coup d’oeil rapide sur le trai­te­ment que l’on applique, et à gauche se situent d’autres visua­li­sa­tions inté­res­santes : la clas­sique réduc­tion de gain, et surtout un histo­gramme qui prend en compte l’his­to­rique du niveau du morceau. Avec cet outil, il devient aisé de placer le seuil, c’est assez pratique. Côté visua­li­sa­tions, on a aussi, en haut de l’in­ter­face, une sorte de traceuse qui décrit la réduc­tion de gain en fonc­tion du temps. Nous avons trouvé cela utile pour régler les temps d’at­taque et de relâ­che­ment. On dispose aussi d’une compen­sa­tion auto­ma­tique de gain, qui calcule les niveaux RMS de ce qui rentre et de ce qui sort du compres­seur, et qui règle le gain de sortie afin de compen­ser la perte de niveau dûe à la compres­sion. Cela peut être pratique pour faire de rapides compa­rai­sons A/B entre le son traité et le son « sec ».

Au niveau de l’in­ter­face graphique, il sera possible d’af­fi­cher les para­mètres des quatre bandes à la fois, ce qui commence à faire beau­coup de chiffres simul­ta­né­ment à l’écran ! On pourra aussi avoir une inter­face un peu plus claire en affi­chant les para­mètres d’une seule bande, et même lier les para­mètres de toutes les bandes, même si on ne s’en est pas vrai­ment servi dans la pratique… Rajou­tez à (tout) cela, le trai­te­ment mid/side à l’ins­tar des autres modules (il n’y a pas de raison). Ainsi, si deux instru­ments se trouvent dans la même bande de fréquences, mais ne sont pas placés au même endroit dans la « scène sonore » (pano­ra­mique diffé­rente), on pourra utili­ser le mode M/S pour appliquer un trai­te­ment diffé­rent. On pensait l’af­faire clas­sée, mais fina­le­ment, on peut s’en sortir ! Plus concrè­te­ment, on pourra compres­ser la voix prin­ci­pale (qui se trouve géné­ra­le­ment au centre), sans pour autant alté­rer la dyna­mique des instru­ments (qui se trouvent, géné­ra­le­ment, sur les côtés).

D’une manière géné­rale, le compres­seur multi­bande est assez utile pour trai­ter une voix. On pourra l’uti­li­ser en tant que de-esser en ne compres­sant que les fréquences entre 3 et 10 kHz (à essayer, il existe des présets), on pourra aussi compres­ser les pops sous 120 Hz (ceux qui sont quand même passés à travers le filtre anti-pop), rajou­ter de la présence entre 4 et 8 kHz, ou encore de l’air au-dessus de 10 kHz en combi­nant le compres­seur et l’ex­pan­deur.

On termine avec quelques options pour les heureux acqué­reurs de la version « Advan­ced » : un mode « true enve­loppe » qui agit comme le mode RMS et qui produit, selon l’édi­teur, moins d’ar­té­facts et d’alia­sing. On note aussi la présence d’une fonc­tion « look ahead », qui permet de lisser le trai­te­ment (chan­ge­ments de gain moins brusques), en augmen­tant le tampon et en permet­tant au trai­te­ment de « voir un peu plus loin ». On pourra aussi acti­ver un filtre permet­tant au module de dyna­mique de ne se déclen­cher que sur une certaine plage de fréquence. Le mode Hi Pass est un passe-haut qui permet aux basses fréquences de ne pas déclen­cher le trai­te­ment, un mode tilt qui ressemble au mode « thrust » des compres­seurs API et qui préserve les basses fréquences en appliquant un coupe bas et en augmen­tant légè­re­ment les hautes fréquences. On pourra doser le trai­te­ment plus ou moins avec le para­mètre « amount ». 

Voilà pour ce qui est du module de dyna­mique, qui vous l’au­rez compris est très complet, et le trai­te­ment nous semble très trans­pa­rent, ce qui, pour un plug-in destiné au maste­ring est plutôt un avan­tage. Il n’y a vrai­ment pas grand-chose à redi­re… Il faudra juste faire atten­tion à ne pas se mélan­ger les pinceaux lors des réglages de para­mètres : on pense régler le seuil de la première bande et on est en réalité en train de modi­fier la bande supé­rieu­re… C’est du vécu ! 

To the maxi­mum

iZotope Ozone 5

Après le trai­te­ment multi­bande de la dyna­mique vient le maxi­mi­zer. Ici, le but est beau­coup plus simple : le loud­ness maxi­mi­zer permet d’aug­men­ter le niveau global de votre morceau et de sonner plus fort. C’est le trai­te­ment qui est souvent pointé du doigt lorsque la « guerre du loud­ness » est évoquée : à force de vouloir sonner plus fort que son voisin, les produc­tions musi­cales sont hyper­com­pres­sées (on se rappelle d’un certain album de Metal­lica), l’écoute devient rapi­de­ment fati­gante et la musique se trans­forme en bouillie indi­geste. Mais s’il est bien utilisé, un maxi­mi­zer peut être utile et ajou­ter du corps au morceau mixé. Le prin­cipe du trai­te­ment est simple : il limite les crêtes les plus fortes afin de pouvoir remon­ter le niveau du morceau sans jamais dépas­ser le seuil de satu­ra­tion prohibé en numé­rique. Évidem­ment, plus on baisse le seuil du trai­te­ment, plus on limite les crêtes, et plus vous sonne­rez fort, mais plus le trai­te­ment s’en­ten­dra. Les maxi­mi­zer ont donc des algo­rithmes qui permettent de limi­ter les crêtes en créant le moins d’ar­té­facts sonores possible.

Ce module n’étant pas multi­bande, il reste assez simple à utili­ser. On règlera le seuil (le plus impor­tant) et aussi le para­mètre « margin » (marge en français) qui repré­sente le signal maxi­mum en sortie de trai­te­ment. On le lais­sera géné­ra­le­ment à –0,3dB, histoire de lais­ser juste­ment « de la marge ». L’uti­li­sa­teur devra aussi choi­sir entre cinq modes, dont les clas­siques « soft » et « hard ». Le premier est plus doux, mais peut dépas­ser la valeur fixée avec le para­mètre « margin », le second étant moins trans­pa­rent et plus typé analo­gique (dans le style brick­wall), mais le niveau ne dépas­sera jamais la valeur de « margin ». Enfin, les trois modes IRC, qui sont « intel­li­gents » et qui permettent d’avoir un trai­te­ment plus trans­pa­rent que les modes clas­siques. Ils utilisent la psycho-acous­tique et réagissent rapi­de­ment sur les tran­si­toires (pour éviter le pompage) et plus lente­ment sur les sons plus constants pour éviter la distor­sion. Celui qui génère le moins de distor­sion est le troi­sième, mais en contre­par­tie il consom­mera plus de ressources proces­seur. À noter que les modes IRC n’ont pas de réglage de relâ­che­ment, mais un para­mètre dénommé « charac­ter » permet­tant de rendre le trai­te­ment plus ou moins agres­sif.

Autre petite fonc­tion inté­res­sante : la détec­tion inter­sample. Le limi­teur peut exami­ner les niveaux maxi­mums du signal numé­rique, mais aussi du signal analo­gique après conver­sion. En effet, il arrive parfois qu’un signal numé­rique ne dépasse pas le seuil 0, mais qu’une fois converti en analo­gique, il le dépasse de quelques dixièmes de déci­bels. Cette fonc­tion, qui consomme pas mal de ressources elle aussi, peut-être utile sur les mixes très compres­sés.

Côté visua­li­sa­tions, on retrouve la traceuse du module de dyna­mique, l’his­to­gramme et la réduc­tion de gain. Préci­sion aussi la présence d’une petite fonc­tion sympa : « gain when bypas­sed », qui permet d’ali­gner les niveaux entre les sons trai­tés et les non-trai­tés, toujours pratique pour faire des A/B.

On termine les fonc­tions unique­ment dispo­nibles sur la version Advan­ced : « stereo link » qui permet de déso­li­da­ri­ser les canaux gauche et droit et de les limi­ter indé­pen­dam­ment. Atten­tion, cela peut méta­mor­pho­ser votre morceau ! Le fader « tran­sient reco­very » permet de régler avec préci­sion les tran­si­toires avant la limi­ta­tion afin de préser­ver certains sons, comme des percus­sions par exemple. Cela permet en fait d’ac­cen­tuer les tran­si­toires.

Si le module de dithe­ring appa­rait sur la page du maxi­mi­zer, il reste tota­le­ment indé­pen­dant, et permet­tra de conver­tir votre mix 24 bit en 16 bit si vous voulez qu’il atter­risse sur un CD. Nous n’al­lons pas nous étendre sur ce module, car le sujet est beau­coup trop vaste. Pour les lecteurs inté­res­sés, sachez qu’iZo­tope four­nit, en plus d’un guide géné­ra­liste sur le maste­ring très utile, un guide sur le dithe­ring qui inté­res­sera les AFiens dési­reux de creu­ser un peu le sujet.

On termine avec le dernier module, permet­tant de gérer l’image stéréo du mix.

Enlarge your stereo

iZotope Ozone 5

Ce module fait partie de la bande des multi­bandes, et offre donc la possi­bi­lité d’élar­gir la stéréo diffé­rem­ment suivant la bande de fréquences. Le prin­cipe d’un élar­gis­seur de stéréo est simple : il accen­tue les diffé­rences entre les canaux droit et gauche, en sous­trayant les infor­ma­tions du canal droit au canal gauche et vice versa. Ainsi, les signaux présents dans les deux canaux (donc au milieu de l’es­pace stéréo) sont dimi­nués. On commence donc à aper­ce­voir l’uti­lité d’un trai­te­ment multi­bande : le fait de dimi­nuer les signaux centraux peut créer un mix « creux » dans les moyennes fréquences ou pire dans les basses fréquences. Vous l’au­rez compris, il vaut mieux utili­ser l’élar­gis­seur de stéréo dans les hauts médiums et les aigus, et Ozone 5 permet­tra de le faire, en dosant un peu plus l’ef­fet sur ces bandes de fréquences. 

Plusieurs visua­li­seurs vous permet­trons de garder un oeil sur le trai­te­ment de ce module : la phase-mètre permet de voir le degré de corré­la­tion entre les canaux gauche et droit. Quand ces derniers sont simi­laires, il monte jusqu’à + 1, quand ils diffèrent complè­te­ment (hors phase), il descend jusqu’à – 1. Il convient de garder la phase-mètre entre 0 et + 1, afin d’évi­ter les problèmes de phase et de compa­ti­bi­lité mono. On pourra d’ailleurs véri­fier rapi­de­ment cela encliquant sur le bouton « mono ». Un vector­scope permet­tra aussi d’avoir une repré­sen­ta­tion visuelle du champ stéréo de votre mix. 

iZotope Ozone 5

Mais une des parties les plus inté­res­santes de cet élar­gis­seur de stéréo, est la possi­bi­lité de rajou­ter un délai entre les canaux gauche et droit, sur chaque bande de fréquences. Dans la champ stéréo, si un objet sonore est situé à gauche, cela veut dire qu’il va atteindre notre oreille gauche avant celle de droite. Donc si on retarde le canal gauche par rapport au droit, on va remettre cet objet sonore au centre du champ. Dans un mix clas­sique, on se demande bien à quoi cela peut servir, car si un objet est mal placé, autant retour­ner à la phase de mixage. Mais si votre enre­gis­tre­ment a été fait avec seule­ment un micro stéréo (ou deux micros en XY, AB, etc.), et que l’image penche trop d’un côté, il est alors possible de redres­ser tout ça. Les valeurs de délai restent géné­ra­le­ment faibles (moins de 30 ms), et le trai­te­ment n’est ainsi pas entendu comme un « écho ». Alors avec un trai­te­ment multi­bandes, vous commen­cez à imagi­ner les possi­bi­li­tés offer­tes… On peut repla­cer la basse unique­ment, etc. 

Termi­nons avec un para­mètre de la version « Advan­ced », le stereoi­zer. Cela permet d’élar­gir la stéréo en utili­sant la synthèse. L’ef­fet est compa­tible mono, et on pourra ajus­ter le délai ajouté afin de donner une plus grande impres­sion de largeur stéréo sur des fichiers à la base mono ou ayant un champ stéréo très étroit. L’édi­teur ne donne pas plus de rensei­gne­ments sur le trai­te­ment, à tester suivant les sources !

D’une façon géné­rale, nous avons trouvé ce module effi­cace, et l’on pourra pous­ser les réglages sur les bandes de hautes fréquences, mais on pous­sera le fader avec parci­mo­nie sur les basses. On pourra même appliquer un trai­te­ment néga­tif, histoire de garder le bas du spectre bien au centre. N’ou­blions pas non plus que tous les para­mètres d’Ozone 5 sont auto­ma­ti­sables. On pourra donc élar­gir le champ stéréo unique­ment sur les refrains, et le rétré­cir sur les couplets d’une chan­son, effet garanti.

Meter Bridge

iZotope Ozone 5

Cette partie n’in­té­res­sera que les utili­sa­teurs étant prêts à dépen­ser 800€ pour la version Advan­ced. Le meter bridge propose tout un tas d’ana­ly­seurs graphiques qui vous permet­tront de garder un oeil sur ce qu’il se passe dans votre mix, et pourquoi pas le compa­rer avec un autre. Parfois les oreilles ont besoin d’un peu d’aide, que voulez-vous !

Parmi les analy­seurs en ques­tion, Ozone 5 Advan­ced nous propose un spec­tro­gramme 2D et 3D, qui permet de voir les infor­ma­tions spec­trales en fonc­tion du temps, un analy­seur de spectre plus clas­sique avec un mode M/S, un « loud­ness meter » conforme à diffé­rents stan­dards et enfin un plug-in dénommé « Meter Tap » pouvant s’in­sé­rer n’im­porte où dans votre séquen­ceur et permet­tant ainsi de moni­to­rer visuel­le­ment n’im­porte quoi dans votre session.

iZotope Ozone 5

Nous avons trouvé cette dernière idée très bonne, bien que nous n’ayons pas pu utili­ser le Meter Tap avec l’ana­ly­seur de spectre clas­sique, mais unique­ment avec le spec­tro­gramme, dommage. Avec ce dernier, on peut assi­gner une couleur à chaque instru­ment moni­toré et obte­nir un retour visuel instruc­tif. Le vector­scope permet­tra de voir les infor­ma­tions concer­nant l’image stéréo de votre mix, à l’ins­tar de celui inté­gré au module « Stereo Imager », et enfin, peut-être le plus inté­res­sant, le loud­ness meter qui permet de mesu­rer préci­sé­ment le volume ressenti de votre mix. On pourra choi­sir entre une juxta­po­si­tion du niveau RMS et des peaks, le K-System de Bob Katz (K-20, K-14 et K-12, suivant l’ap­pli­ca­tion musique, broad­cast ou cinéma) et enfin le BS.1770 utili­sant un algo­rithme permet­tant de quan­ti­fier le niveau subjec­tif du signal et les « true peaks ». C’est impor­tant d’avoir un retour et une réfé­rence sur le niveau global d’un mix, cela peut servir à homo­gé­néi­ser le volume des pistes d’un disque, par exemple. Le BS.1770 donne aussi une infor­ma­tion sur la plage de dyna­mique du signal, un très bon point. Diffi­cile de faire plus complet que le Meter Tap qui comblera sans problème les utili­sa­teurs les plus exigeants.

En guise d’exemple audio, nous avons composé une petite séquence dans Cubase, nous avons placé Ozone 5 en insert sur le bus master et nous avons réglé chaque module. Voici l’exemple sans rien, avec tous les modules enclen­chés, puis avec chaque module désac­tivé sépa­ré­ment. Comme Ozone 5 propose une version démo, nous conseillons de l’ins­tal­ler afin de l’es­sayer sur un de vos mix, rien de tel pour vrai­ment jauger un plug-in ! 

 

Ozone Off
00:0000:16
  • Ozone Off00:16
  • Ozone On00:16
  • Ozone EQ Off00:16
  • Ozone Img Off00:16
  • Ozone Comp Off00:16
  • Ozone Exci­ter Off00:16
  • Ozone Reverb Off00:16
  • Ozone Max Off00:16
 

Conclu­sion

Diffi­cile de trou­ver de véri­table défaut à ce couteau suisse du maste­ring qui ne coûte « que » 200€ dans sa version de base. Avec ses modules, tous très complets, vous aurez toutes les clés en main pour fina­li­ser correc­te­ment votre mix. Les égali­seurs et le compres­seur sont trans­pa­rents et pour­ront être utili­sés sur des pistes autres que la master. Les analy­seurs graphiques, le dither, le maxi­mi­zer, la réverbe, l’ex­ci­ter, le stereo imager, tout est là et tout fonc­tionne très bien. On regret­tera juste le prix peut-être un poil exces­sif de la version advan­ced, et certains trai­te­ments un peu trop proces­seu­ro­vores. On trouve chez la concur­rence la Power Suite 5 de Wavearts et T-Racks d’IK Multi­me­dia, mais il faut avouer que dans le domaine et pour le prix, Ozone 5 est assez imbat­table. Il ne vous reste plus qu’à télé­char­ger la version d’es­sai (qui fonc­tionne sans restric­tion pendant 10 jours), jeter un oeil sur le guide de maste­ring (en anglais) très bien fait et proposé gratui­te­ment par iZotope, et mettre le plug en insert sur la piste master de votre projet. Bon courage à tous !

Notre avis : 8/10

  • Qualité des traitements, d'une manière générale
  • Prix raisonnable de la version de base 7 modules, tout-en-un
  • Dithering
  • Mode M/S quasi généralisé
  • Meter Bridge complet de la version Advanced
  • Plein de présets utiles et paramétrables rapidement
  • Routing flexible
  • Certains traitements mangent du CPU au petit-déj
  • Prix de la version advanced

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