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Test de Reaktor 5 de Native Instruments - Au coeur du Reaktor

Il en va de la synthèse audio comme de la biochimie : lorsqu'on veut faire de grandes choses, c'est au coeur de la cellule qu'il faut descendre. Native l'a bien compris et nous livre un vrai labo sonore pour bricoler les entrailles du gros son : Reaktor 5.

Il en va de la synthèse audio comme de la biochi­mie : lorsqu’on veut faire de grandes choses, c’est au coeur de la cellule qu’il faut descendre. Native l’a bien compris et nous livre un vrai labo sonore pour brico­ler les entrailles du gros son : Reak­tor 5.

 

Reaktor 5 de Native Instruments

Connu pour ses instru­ments et effets virtuels de haute tenue (Kontakt, Absythn, B4, FM7, Guitar Rig ou encore le duo Kompakt/Intakt, base de tous les expan­deurs virtuels signés Zero G et East­West), Native Instru­ments revient avec la cinquième version de Reak­tor, l’un de ses plus anciens logi­ciels. Une version atten­due au tour­nant, pour­rait-on dire, car si cette usine à gaz modu­laire a su géné­rer une commu­nauté d’uti­li­sa­teurs aussi fidèle qu’ac­tive, force est de consta­ter que Reak­tor, dans sa version 4, marquait le pas face à ses concur­rents : d’un côté les puis­sants Max/MSP et Pure Data, de l’autre les petits poucets que sont SynthE­dit ou Synth­Ma­ker, capable de géné­rer des plug-ins VST à la volée…

Bref, Native se devait de frap­per fort pour cette version 5, en réali­sant une évolu­tion majeure de Reak­tor. Mais avant de voir si le déve­lop­peur teuton a su remplir son contrat, il convient de reve­nir sur l’es­sence même du logi­ciel pour tous ceux qui ne le connaî­traient pas.

 

Qu’est-ce que Reak­tor ?

La termi­no­lo­gie de Reak­tor 5

Reak­tor est composé de plusieurs éléments corres­pon­dants à des niveaux :

  • Les ensembles sont des instru­ments ou effets à part entière (par exemple un sampleur ou un Delay) ou un ensemble d’ins­tru­ments et/ou d’ef­fets.
  • Les instru­ments qui sont par exemple un séquen­ceur muni ou non d’ef­fets, un sampleur, un synthé. Inutile de préci­ser ce que sont des effets, je pense. Pour la suite de l’ar­ticle, on parlera de façon plus géné­rale d’ins­tru­ments aussi bien pour un instru­ment qu’un effet; sauf préci­sion néces­saire. Ça peut aussi être, quand on entre dans la construc­tion, l’équi­valent des modules.
  • Les modules sont des sous-parties permet­tant de construire des instru­ments ou effets : des compo­sants utilisé pour la synthèse (comme des filtres, VCA, VCO), des modules de trai­te­ment (pour trai­ter ou router le signal audio ou les commandes), ou encore des éléments d’in­ter­face…
  • Les macros sont des modules prédé­fi­nis permet­tant de construire rapi­de­ment un instru­ment.
  • Les snap­shots qui sont les patchs ou presets de chaque instru­ment.

Il est diffi­cile de décrire un tel logi­ciel en deux mots, puisqu’il présente de multiples facettes. Pour résu­mer, disons qu’il s’agit d’un envi­ron­ne­ment de travail permet­tant de créer des instru­ments et effets logi­ciels, en reliant des modules (LFO, filtres, contrôles) par des câbles virtuels. Détail qui a son impor­tance : le soft est livré avec toute une collec­tion d’ins­tru­ments/effets prêts à l’em­ploi, cepen­dant que l’uti­li­sa­teur peut accé­der à une impor­tante biblio­thèque en ligne de montages réali­sés par la commu­nauté des fans.

Reak­tor est donc tout à la fois :

  • un bundle (ensemble) d’ins­tru­ments et d’ef­fets virtuels
    un synthé­ti­seur modu­laire virtuel
    un atelier virtuel pour construire ses instru­ments/effets.
  • De fait, on peut distin­guer diffé­rents niveaux d’uti­li­sa­tion de Reak­tor. On peut d’abord se conten­ter d’uti­li­ser les instru­ments et effets créés par d’autres, voir en faire des super-instru­ments en les agglo­mé­rants.
  • On peut ensuite construire ses propres instru­ments et effets à partir de la biblio­thèque de modules four­nis, biblio­thèque qui comporte des filtres, des oscil­la­teurs, des trai­te­ments audio ou des commandes…
  • Enfin, et c’est la grande nouveauté de cette version 5, on peut désor­mais construire ses propres modules avec le niveau de travail Core Audio.

 

A qui est-ce destiné ?

Indé­nia­ble­ment, Reak­tor n’est pas le logi­ciel qu’on a dans son set « au cas où ». Exigeant un certain appren­tis­sage et un mini­mum de connais­sances en synthèse et en acous­tique (ou la volonté de les acqué­rir), ce logi­ciel est destiné aux gens capables d’in­ves­tir du temps pour le maîtri­ser et en tirer la quin­tes­sence. Sachez aussi qu’il se destine avant tout à produire des sono­ri­tés élec­tro­niques et synthé­tiques. Si vous être bran­ché jazz acous­tique ou musique tradi­tion­nelle pure et dure, vous risquez fort de ne pas être séduit par ses possi­bi­li­tés.
Par contre, si vous aimez essayer des trucs, tritu­rer des potars pendant des heures pour trou­ver LE son, si vous avez toujours rêvé de construire votre synthé avec votre texture sonore propre, si vous cher­chez des appli­ca­tions un peu tordues que vous ne trou­vez pas sur le marché, ce logi­ciel est fait pour vous.

Manuels et instal­la­tion

Le bébé se présente dans une boîte de belle taille très propre sur elle, avec un joli volet ouvrant qui permet d’an­non­cer la couleur (ou tout au moins d’at­ti­rer le client). Rien qu’au poids, on voit qu’il ne s’agit pas d’une grosse boîboîte avec juste un CD dedans (comme certains éditeurs. Suivez mon regard…). La chose se confirme à l’ou­ver­ture puisqu’on y trouve un CD et trois manuels : le manuel Utili­sa­teur qui de l’instl­la­tion à la liste des modules, vous donne les bases pour vous servir du logi­ciel, le manuel Instru­ments, qui s’at­tarde sur les nombreux ensembles l’ac­com­pa­gnant (à l’ex­cep­tion des ensembles « Clas­sic » issus de Reak­tor 4 et docu­men­tés par un PDF) et le manuel Core Audio, qui détaille le fonc­tion­ne­ment de l’édi­tion de bas niveau. Mine de rien, voici une très bonne idée : sépa­rer les diffé­rentes parties dans trois manuels permet de n’avoir ouvert sur le bureau ou les genoux qu’un livret de taille raison­nable (format de poche A5) au lieu d’un énorme bouquin. Et il est plus facile de trou­ver une infor­ma­tion dans un livre de 200 pages que de 700.

Reaktor 5 de Native Instruments

Les trois guides sont bien rédi­gés : pas d’ap­proxi­ma­tions de langage ou des tour­nures ambi­guës ici. Il s’agit de toute évidence d’une véri­table rédac­tion en français, claire, dans une langue directe et concise, parfai­te­ment compré­hen­sible. La typo­gra­phie et la mise en page rendent le tout très lisible tandis que de nombreuses captures d’écran illus­trent le texte. Cerise sur le gâteau, le texte ne manque pas d’hu­mour et s’il ne vous fera sûre­ment pas plier en quatre, il rend quand même plus agréable l’abord d’un logi­ciel aussi consé­quent.

Un excellent point, donc, pour les manuels.

Instal­la­tion & auto­ri­sa­tion

L’ins­tal­la­tion se fait faci­le­ment, sans soucis. Tout est clair et rapide : ça respire le sérieux une fois de plus. La procé­dure d’en­re­gis­tre­ment du logi­ciel consiste à lancer un utili­taire qui, après analyse d’un certain nombre de compo­sants de l’or­di­na­teur (CPU, carte mère, OS), envoie une sorte de fiche d’iden­tité au site de Native Instru­ment, lequel renvoie un numéro d’ordre pour déver­rouiller le logi­ciel.

La carte son n’est pas prise en compte dans cette analyse. On peut donc en chan­ger sans passer par la procé­dure d’au­to­ri­sa­tion. Par contre, un chan­ge­ment d’OS obli­gera à refaire la procé­dure. Est-ce préfé­rable aux dongles qu’on peut égarer et occupent des ports USB, mais permettent d’uti­li­ser son logi­ciel sur n’im­porte quelle machine ? Ques­tion de goût et de besoin. Quoi qu’il en soit, ces mesures anti-pira­tages sont quand même contrai­gnantes pour l’uti­li­sa­teur et on peut préfé­rer la démarche de certains éditeurs préfèrent miser sur une certaine rela­tion de confiance avec leurs clients.

Après l’en­re­gis­tre­ment, un petit tour s’im­pose dans la section des mises à jour du site de Native, histoire de récu­pé­rer une mise à jour pour la version plug-in VST, à télé­char­ger en cas de crash avec l’hôte utilisé.
Puisqu’on en parle, Reak­tor 5 fonc­tionne en mode auto­nome (stan­da­lone) et avec les inter­faces VST, RTAS, AudioU­nit, DXi, ASIO, CoreAu­dio et OSC (Open Sound Control). L’ou­ver­ture est donc de mise…

Pour en termi­ner avec ce chapitre, préci­sons que quelques para­mé­trages sont néces­saires au premier lance­ment du logi­ciel, afin de lui faire recon­naître (et choi­sir) la carte son, de dési­gner les entrées et sorties MIDI ou de para­mé­trer le driver et la laten­ce… Tout ceci se fait rapi­de­ment et faci­le­ment.

Le grand méchant Look ?

Une fois le logi­ciel lancé, l’ou­ver­ture de quelques ensembles four­nis permet d’éta­blir un premier contact graphique avec le logi­ciel. L’in­ter­face est claire et tous les contrôles sont assez faciles à mani­pu­ler. Par contre, les polices d’af­fi­chage des noms des contrôles sont petites et pas toujours très lisibles. Selon la réso­lu­tion d’écran, on aura parfois à plis­ser les yeux et appro­cher son nez de celui-ci. Pas glop !

Par ailleurs, comme dit Los Teignos (notre cher rédac chef), c’est beau comme un coucher de soleil sur Berlin Est ! Sachant Native Instru­ment capable de faire mieux graphique­ment, on se dit qu’il s’agit d’un choix déli­béré pour bien montrer qu’on est dans le sérieux, là ! Que ceci n’est ni un jouet ni un petit logi­ciel à quelques euros pour réali­ser un morceau en 5 mn. Bref, on sent une volonté déli­bé­rée de four­nir un envi­ron­ne­ment austère ciblant les ingé­nieurs et plutôt que les saltim­banques farfe­lus.

Si j’ai person­nel­le­ment une large préfé­rence pour les inter­faces sobres plutôt que pour les softs qui se donnent des airs d’arbre de Noël, rien n’oblige à faire dans le sinistre pour autant. Eh, m’sieur Native ! Tu te rappelles qu’on fait de la musique ? Un peu de plai­sir ne gâche rien !

D’au­tant que l’in­ter­face n’est pas sans défauts, comme on le voit avec les menus dérou­lant trans­lu­cides. A leur propos, on ne peut pas parler de réus­site, ni esthé­tique­ment, ni en terme de lisi­bi­lité. Bref, soit une partie du capi­tal de Native est détenu par un fabri­cant de lunettes, soit il faut chan­ger le respon­sable graphique. Mais dans tous les cas, le visuel n’est vrai­ment pas la grande réus­site de ce logi­ciel.

Le plus drôle, c’est que sur ce point précis, Reak­tor 5 s’en tire bien mieux que certains concur­rents dont même les admi­ra­teurs regrettent l’ex­trême austé­rité. Avec cette version dispo­sant désor­mais de possi­bi­li­tés de skins, on peut s’at­tendre à voir appa­raître des visuels un peu plus sympa­thiques. Mais il faut bien recon­naître que l’exemple des instru­ments four­nis ne laisse pas présa­ger un premier prix de beauté à l’ex­cep­tion de rares exemples. Ceci dit, ce qui concerne le logi­ciel lui-même et non les instru­ments est au moins clair et lisible, à défaut d’être gai.

Autre point : le logi­ciel est inté­gra­le­ment en anglais. Est-ce un problème ? Diffi­cile pour moi qui parle le grand breton et suis un vieil habi­tué des termes tech­niques anglais, de me mettre à la place de quelqu’un qui n’au­rait aucune de ces connais­sances. J’au­rai toute­fois tendance à penser que la non-fran­ci­sa­tion est plutôt un avan­tage. En effet, la plupart des gens connaissent la signi­fi­ca­tion des termes anglais sans forcé­ment en connaître la traduc­tion litté­rale (quand elle existe). Quant à ceux qui déci­de­raient de se lancer dans la réali­sa­tion d’en­sembles sans rien y connaître, ils devraient de toutes façons apprendre les termes, quelle que soit leur langue. Et comme les manuels sont parfai­te­ment clairs…
L’er­go­no­mie
Pour termi­ner, il est impor­tant de signa­ler que la plus grande partie des contrôles des ensembles peut être pilo­tée direc­te­ment en MIDI, via un simple para­mé­trage par MIDI Learn, réalisé en 2 temps 3 mouve­ments. Excellent.

Petit bémol : un des éléments de contrôle se présente sous forme de zones dans laquelle on peut bouger la souris pour faire varier un (ou plusieurs) para­mètres en X et un (ou plusieurs) en Y. La fonc­tion MIDI Learn est égale­ment implé­men­tée pour ce contrôle, mais unique­ment pour un axe. Logique : comment le logi­ciel est-il sensé savoir quel axe contrôle le signal MIDI reçu ? Pour pilo­ter le second axe, il faudra donc passer par la palette des proprié­tés du contrôle, où l’on peut entrer le numéro de contrô­leur MIDI, mais hélas pas utili­ser le MIDI Learn. La chose est dommage, mais elle ne nuit néan­moins pas à l’im­plé­men­ta­tion MIDI, qui est globa­le­ment excel­lente, d’au­tant qu’avec la bonne stabi­lité du logi­ciel, il y a de quoi bien s’écla­ter en live.

Ca sonne ?

L’ou­ver­ture de presets d’usine permet de se rassu­rer sur ce point : non seule­ment Reak­tor sonne, mais il semble avoir un grain bien a lui malgré la diver­sité des instru­ments et des sons qu’il propose. On sent d’em­blée qu’on a sous la main un univers sonore à la fois vaste et profond. Evidem­ment, on n’est pas dans le gros son analo­gique, mais pas dans la froi­deur numé­rique non plus. Disons plutôt dans le gros son numé­rique ne manquant pas d’une certaine chaleur… A ce sujet, on peut d’ailleurs se deman­der si ce n’est pas un peu too much, étant donné que la musique n’est pas faite que de gros sons. Mais ne perdons pas de vue qu’on est dans les presets, faits pour montrer les possi­bi­li­tés sonores du logi­ciel et impres­sion­ner l’ache­teur. Ce dernier aura tout loisir de peau­fi­ner ses sons et instru­ments. Or, qui peut le plus peut le moins…

Par contre, décep­tion en ce qui concerne les filtres réson­nants. Ceux testés sur les presets et ensembles d’usine ne m’ont pas mis en transe. Autant le cutt-off fonc­tionne parfai­te­ment au point de pouvoir rendre les sons inau­dibles, autant la réso­nance semble curieu­se­ment bridée quand on habi­tué aux filtres hard­wares. Par exemple, j’avoue avoir eu beau­coup de mal à obte­nir un effet que je fais souvent sur ma MC-505, à savoir un passe-bas réglé très bas avec une grosse réso­nance pour obte­nir de grosses harmo­niques basses. Par contre, dans les aigus, la réso­nance donne bien et on peut vite se vriller les oreilles si on n’y prend pas garde. Souhai­tons que le travail au niveau Core permette désor­mais d’ob­te­nir des filtres plus radi­caux.

 

Ca sonne !

Les instru­ments et effets four­nis de base avec Reak­tor sont, pour la plupart, tout simple­ment excel­lents ! Non seule­ment ils sonnent, mais ils sont « inspi­rants ». Pout tout dire, je suis pressé de termi­ner le tour d’ho­ri­zon du logi­ciel et cet article pour m’at­taquer au deux ou trois morceaux qu’à peine décou­vert, Raktor m’a déjà inspiré.

Le morphing de snap­shots

Rappe­lons au cas où vous seriez en train de vous perdre en route que les snap­shots son le nom dans Reak­tor de ce que la plupart des synthés ou logi­ciels appellent « presets », « patchs » ou « programmes ». Dans la palette flot­tante Snap­shots, on dispose de la liste des presets pour l’en­semble en cours d’uti­li­sa­tion, surmon­tée de deux boutons select A et select B. Vous pouvez sélec­tion­ner un snap­shot pour B pendant que A joue, ce qui sera pratique en live pour enchaî­ner rapi­de­ment les patchs, sans discon­ti­nuité des sons. Or cet enchaî­ne­ment peut aussi se faire en morphant, via un slider hori­zon­tal disposé entre les deux slots. Au fur et à mesure qu’on fait glis­ser ce slider de A vers B, les para­mètres de A changent pour ceux de B. Sur un synthé­ti­seur, on peut ainsi faire évoluer le son d’une séquence, de façon bien plus impor­tante et rapide que par le chan­ge­ment des réglages du synthés, tandis que sur une boîte à rythme ou une groo­ve­box, cela permet de construire des morceaux complets ou de réali­ser des breaks aussi fluides que rapides. A noter que lorsqu’il y a des samples dans l’en­semble, ceux-ci ne changent que vers la fin. L’usage de cette fonc­tion­na­lité dans le contexte des effets permet enfin, en un glissé de souris, de pratiquer l’au­to­ma­tion totale d’un effet aux multiples réglages. Musique vivante garan­tie !

Pour illus­trer une partie de l’uni­vers sonore que Reak­tor peut offrir, j’ai tout me même réalisé un petit morceau joint à cet article. Il s’agit d’un instru­men­tal sans mélo­die, un peu décousu mais qui montre bien ce qu’on peut sortir du logi­ciel en quelques heures de décou­verte. Recou­rant à 7 ensembles enre­gis­trés sur 7 pistes avec la version stan­da­lone de Reak­tor, cet exemple a été mixé sous Sonar. Aucun effet ni trai­te­ment n’a été appliqué aux pistes et sons, si ce n’est une compres­sion multi­bande pour le maste­ring final. Le mixage a donc unique­ment consisté à travailler les volumes et pano­ra­miques. Quant aux sons, ils sont tous issus des snap­shots (presets) d’usine, même si je ne me suis pas privé d’uti­li­ser leurs possi­bi­li­tés de réglages et/ou de jeu au clavier et que j’ai usé et abusé du morphing de snap­shots (voir enca­dré).

 

Ecou­ter le morceau de démo
(Format MP3)

 

La partie d’in­tro a été réali­sée avec Space­Drone, un géné­ra­teur d’am­biances. J’ai beau­coup aimé cette ambiance de forêt qui se trans­forme en son synthé­tique assez urbain.

Un autre géné­ra­teur sonore que j’ai utilisé ici est Skre­well. Il permet de géné­rer des sons vrai­ment magni­fiques, origi­naux et, ce qui ne gâche rien, il est superbe avec son énorme fenêtre de visua­li­sa­tion sur laquelle se dessinent des images spec­trales mono­chrome de toute beauté. Proba­ble­ment le seul ensemble de Reak­tor à l’es­thé­tique telle­ment réus­sie qu’on se plai­rait à en proje­ter l’image en live – s’il était un peu plus utili­sable en live. Au passage, voilà un des avan­tages de Reak­tor par rapport à un collec­tion d’ins­tru­ments virtuels tradi­tion­nels. Cet ensemble est somp­tueux, mais dédié au design sonore, il est peu utili­sable en live à cause de l’ab­sence de contrôle de déclen­che­ment du son (il démarre dès qu’on le lance). Mais qui souhaite l’uti­li­ser en live n’a théo­rique­ment qu’à le modi­fier pour le mettre en confor­mité avec ses goûts et ses besoins. Evidem­ment, cela demande évidem­ment un peu d’ap­pren­tis­sage comme nous le verrons plus bas.

 

Travelizer dans Reaktor 5 de Native Instruments

Entre ensuite l’ins­tru­ment immé­dia­te­ment recon­nais­sable à l’écoute puisqu’il prononce son nom : Trave­li­zer. C’est le seul de cette démo qui soit tiré de la collec­tion « clas­sic », laquelle regroupe des ensembles réali­sés avec de précé­dentes versions de Reak­tor. Il s’agit d’un trans­for­ma­teur de samples qui permet de contrô­ler la lecture du sample (posi­tion de départ, lecture en avant/arrière, balayage, boucla­ge…) et de nombreux para­mètres de modu­la­tion, via une matrice de contrôle qu’un retrouve souvent dans les ensemble de Reak­tor, Cette dernière consiste en une zone où l’on peut faire bouger une croix avec la souris, avec contrôles de para­mètres selon les axes X et Y. Savou­reux car intui­tif, et offrant de vastes hori­zons créa­tifs pour peu qu’on l’uti­lise conjoin­te­ment avec le morphing de snap­shots,

Massive dans Reaktor 5 de Native Instruments

La première ryth­mique qui rentre est réali­sée avec Massive, une superbe groo­ve­box (look mis à part) dotée de réglages intui­tifs.

Dès cet instant et presque jusqu’à la fin du morceau, on peut entendre une nappe réali­sée avec le synthé Subhar­mo­nic, qui produit des sous harmo­niques en lieu et place des harmo­niques normales de la fonda­men­tale.

Si les snap­shot d’usine m’ont souvent semblé bien sages pour un synthé­ti­seur repo­sant sur une telle tech­nique de produc­tion sonore, un certain nombre sont tout à fait inté­res­sants et montrent les grandes de ce synthé, à l’in­ter­face rela­ti­ve­ment simple,

Rentre ensuite la ryth­mique d’Ae­ro­bic, une autre groo­ve­box. Derrière ce nom qui fleure bon les années 80, les collants bleu turquoise et les jambières en laine rose se cache en fait une véri­table machines à ryth­miques qui tuent, et dont certains sons ne sont pas sans évoquer la machi­ne­drum d’Elek­tron.

Aerobic dans Reaktor 5 de Native Instruments

Au niveau du break, la boîte à rythme Sine­beat2 rentre en jeu. A l’op­posé sonore d’Ae­ro­bic, cette dernières produit des ryth­miques au son fin mais extrê­me­ment présent. Il n’y ensuite rien de neuf pour la fin du morceau où l’on retrouve les instru­ments précé­dem­ment cités.

Comme vous le voyez, il y en a pour tous les goûts et sans me lancer dans une descrip­tion exhaus­ti­vede tous les ensembles propo­sés, je peux vous affir­mer que quan­tité et qualité vont de paire. Rien que pour les instru­ments et effets qu’il renferme, Reak­tor semble un bon parti.

Atten­tion toute­fois à ne pas tomber dans le piège des snap­shots impres­sion­nants. A s’en conten­ter et ne pas déve­lop­per ses propres sons, on risque de se retrou­ver rapi­de­ment avec des sono­ri­tés et textures immé­dia­te­ment recon­nais­sables.

Un piège rencon­tré aussi bien avec d’autres logi­ciels que les machines et synthés hard­ware.




Oui, mais

Au delà de cet aspect, la partie « Instru­ment » de Reak­tor présente aussi quelques défauts agaçants. Si nous ne revien­drons pas sur l’es­thé­tique douteuse de l’in­ter­face, triste en géné­ral et laide à l’oc­ca­sion, on regret­tera qu’il soit impos­sible d’ou­vrir simul­ta­né­ment plusieurs ensembles avec la version Stan­da­lone. C’est bien dommage, notam­ment pour le live. Dans ce contexte, on aura deux solu­tions : soit passer par un hôte pour ouvrir plusieurs instances du plug-in Reak­tor, au prix d’une consom­ma­tion de ressources plus impor­tantes (avec les risques que cela comporte en live), soit réali­ser préa­la­ble­ment des ensembles conte­nant tous les instru­ments et effets dont on a besoin.
Puisqu’on parle de plug in, il est à noter que Reak­tor travaille, dans cette version, un peu diffé­rem­ment que dans la version Stan­da­lone : ainsi, on n’a pas accès aussi faci­le­ment à certaines choses. C’est assez logique, compte tenu qu’on est sensé travailler ses ensembles en stan­da­lone et les utili­ser comme instru­ments finis en plug-in. Mais pourquoi dans ce cas a t-on accès à la struc­ture de l’ins­tru­ment et appa­rem­ment pas, par exemple, au para­mé­trage MIDI du slider de morphing de snap­shots ? Mystère !

Enfin, certaines choses peuvent parfois ne pas parfai­te­ment fonc­tion­ner. Ainsi m’est-il arrivé d’avoir des craque­ments audio lors de la mani­pu­la­tion d’un potar dans une simple construc­tion d’un tuto­riel alors que la jauge du proces­seur ne dépas­sait pas quelques pour­cents. Ce qui n’est par contre pas arrivé avec les instru­ments four­nis sauf en morphant entre deux snap­shots dans Space­Drone. Certains sont même (légè­re­ment) audibles sur le « morceau test ». Cela est sans doute dû au mode de synthèse très parti­cu­lier de ce géné­ra­teur sonore.

Conclu­sion sur la partie Instru­ment

Ces reproches sont pour­tant de ceux qui trouvent que la mariée étant si belle, elle pour­rait être mieux habillée ! Sans prendre en consi­dé­ra­tion ses possi­bi­lité en terme de construc­tion d’ins­tru­ments/modules, Reak­tor est déjà une plate­forme formi­dable qui four­mille de fonc­tions élémen­taires mais ô combien pratiques : un player et un recor­der permet­tant, en utili­sa­tion stan­da­lone, l’un de jouer des fichiers audio, l’autre d’en­re­gis­trer ses réali­sa­tions. On peut aussi impor­ter et jouer des fichiers MIDI, ce qui évite de passer en live par un séquen­ceur. A ces points posi­tifs, On peut aussi ajou­ter la faci­lité du MIDI Learn pour télé­com­man­der les ensembles et la bonne gestion du MIDI au routage aisé.

Reak­tor Sessions

Reak­tor Sessions est une version allé­gée (et bien moins chère) de Reak­tor 4, un lecteur permet­tant d’uti­li­ser les ensembles Reak­tor, mais pas de les modi­fier ou d’en créer. Bien que ce dernier soit encore en vente, il semble que Native Instru­ment ait décidé d’en arrê­ter la produc­tion et aucun Reak­tor Sessions 5 n’'a pour l’heure été annoncé.

De fait, pour ce qui est de savoir si cela vaut le coup d’ache­ter Reak­tor rien que pour les instru­ments four­nis, la réponse est oui, sans hési­ta­tion. La stabi­lité, la qualité et la diver­sité sonore des ensembles sont incon­tes­ta­ble­ment au rendez-vous. Or, faisons le compte : on a près de 50 instru­ments et effets pour 500 euros prix public. Ça nous fait l’ins­tru­ment à 10 euros. Pas mal, d’au­tant qu’on tombe à 6 euros dans le cadre d’une mise à jour.Et c’est sans comp­ter les centaines d’en­sembles gratuits qu’on peut récu­pé­rer via l’es­pace dédié par Native à la commu­nauté des utili­sa­teurs du logi­ciel.Bref, l’af­faire est bonne, bien qu’elle ne repré­sente qu’une infime partie de ce qu’a Reak­tor à offrir.

Or, il s’agi­rait de ne pas l’ou­blier, le bébé de Native Instru­ments est avant tout une plate­forme de déve­lop­pe­ment modu­laire. Au-delà des excel­lents instru­ments et effets dont nous venons de parler, l’es­sen­tiel se situe donc dans la possi­bi­lité de pouvoir person­na­li­ser des ensembles exis­tants ou de les créer de toutes pièces. Pour cela, il faut descendre d’un niveau, par un simple double clic sur un ensemble quel­conque.

Jeu de construc­tion

On entre ici dans les entrailles de Reak­tor, même si on n’est pas encore dans le Core, le plus bas niveau d’édi­tion du logi­ciel. Sur la ques­tion de la faci­lité de construire ou modi­fier des choses avec Reak­tor, il y a deux aspects à prendre en compte : la faci­lité d’em­ploi du logi­ciel lui-même et les connais­sances néces­saires de l’uti­li­sa­teur.

What’s new ?

Les nouveau­tés de Reak­tor 5 ne s’ar­rêtent pas à l’in­té­gra­tion du Core Audio. Des modules ont été amélio­rés (sur le plan de la poly­pho­nie par exemple), des fonc­tions ont été modi­fiées ou que d’autres sont appa­rues. Notons parmi celles-ci :

  • La possi­bi­lité d’uti­li­ser désor­mais des skins pour person­na­li­ser l’af­fi­chage de ses créa­tions
  • Un système de débug­gage pour les ensembles
  • Des dossiers para­mé­trables pour le stockage des données person­nelles
  • L’af­fi­chage des struc­tures dans une fenêtre unique (avec conser­vée la possi­bi­lité d’af­fi­cher une struc­ture dans une fenêtre sépa­rée)
  • Une entête d’ins­tru­ment amélio­rée donnant un vaste accès au routage
  • Un panneau d’en­semble compor­tant désor­mais tous les panneaux d’ins­tru­ments (les panneaux sépa­rés ont disparu)

 

Concer­nant les connais­sances de l’uti­li­sa­teur, disons tout net que l’as­pect modu­laire de Reak­tor n’est pas à la portée immé­diate de n’im­porte qui. De même qu’il ne faudra pas attendre de quelqu’un n’ayant aucune notion de solfège de sortir une orches­tra­tion pour un Big Band, eût-il entre les mains le meilleur éditeur de parti­tion dispo­nible, les faci­li­tés qu’offre Reak­tor ne permettent pas, je pense, à un igno­rant en synthèse et en acous­tique de réali­ser des choses très inté­res­santes. Si vous êtes dans ce cas, il faudra soit passer par un lent appren­tis­sage de ces domaines, soit vous en tenir à l’uti­li­sa­tion d’en­sembles créés par d’autres. Ce faisant, vous pour­rez cepen­dant accé­der sans problème à l’édi­tion simple.


Edition simple

Ceux qui ont de très vagues connais­sance en synthèse devraient en effet pouvoir travailler sans diffi­culté à deux niveau.

Ils pour­ront tout d’abord construire des ensembles à partir d’en­sembles ou d’ins­tru­ments/effets exis­tants. Par exemple, si vous aimez la groo­ve­box Massive et dési­rez l’uti­li­ser en stan­da­lone avec un compres­seur, il suffit d’en­trer dans la struc­ture, d’ajou­ter un compres­seur déjà tout fait, d’ef­fec­tuer le câblage virtue­let d’en­re­gis­trer. De même si vous voulez ajou­ter un égali­seur graphique pour dispo­ser d’une section de maste­ri­sa­tion complète. Vous avez votre nouvel ensemble à votre goût. C’est déjà pas mal… En fait, Reak­tor consti­tue ainsi un véri­table studio virtuel dont vous pouvez chan­ger à volonté des éléments, les re-câbler, ajou­ter, enle­ver. Le pied, non ? De même, le rempla­ce­ment dans un synthé exis­tant d’un filtre par un autre, d’une enve­loppe simple par une plus complexe ou d’un potar par un slider ne devrait pas poser de problème. Sans parler du reloo­kage des instru­ments.

Le second niveau concerne l’amé­lio­ra­tion des ensembles four­nis par l’uti­li­sa­tion des macros. Les macros sont des modules prêts à l’em­ploi (des égali­seurs, des filtres, etc.) qu’il est aisé d’ajou­ter à des instru­ments exis­tants. La diffé­rence avec l’exemple précé­dent ? Dans le premier cas, c’est comme si dans un studio réel, vous ache­tiez un compres­seur et un égali­seur pour les bran­cher derrière votre groo­ve­box. Dans le second, vous modi­fiez carré­ment l’in­té­rieur de votre groo­ve­box pour y ajou­ter les éléments qui vous plaisent, ce qui permet déjà bien plus de fantai­sie. Avec un mini­mum de maîtrise, vous pour­rez placer votre compres­seur et votre égali­seur ailleurs qu’en sortie géné­rale. Je vous laisse imagi­ner les possi­bi­li­tés que cela offre.

Edition évoluée

Si en revanche, vous avez déjà de bonnes connais­sances en synthèse et en construc­tion de synthés, la grande simpli­cité de Reak­tor vous permet­tra d’al­ler très loin. Dans la fenêtre de struc­ture, on accède aux modules, éléments, instru­ments, cellules Core etc. par un simple menu dérou­lant, acces­sible via un clic droit (ctrl+­clic sur Mac). D’ailleurs, c’est proba­ble­ment la partie du logi­ciel où l’in­ter­face est la plus lisible : Une vraie réus­site avec laquelle il est agréable de travailler. Ce n’est pas joli (mais là, on s’en fiche), mais pas laid non plus et surtout, c’est clair !

Le nombre et la diver­sité des éléments four­nis sont vastes et permettent déjà une grande liberté de créa­tion. Par exemple, dans les « built-in modules », on ne compte pas moins de 20 LFO & enve­loppes, 32 oscil­la­teurs… Déjà de quoi faire de sacrés montages, sans comp­ter les macros qui faci­litent le travail.

 

Ergo­no­mie de l’édi­tion

Un double-clic permet de naviguer dans les différents niveau d'édition du Reaktor 5 de Native Instruments

On l’a dit, le mode struc­ture dans lequel on travaille les instru­ments est très clair et il est agréable d’y travailler. Entre autres, le fonc­tion­ne­ment des « zoom » est excellent. Pour entrer dans la struc­ture d’un sous-ensemble, module, etc., il suffit d’un double-clic. Pour remon­ter d’un niveau au contraire, on double-clique sur le fond de la fenêtre : enfan­tin, limpide et rapide, sans comp­ter que ça ne met pas en péril le bon arran­ge­ment de l’écran comme l’ou­ver­ture de multiples fenêtres. Ceux qui appré­cient le multi-fenê­trage peuvent toute­fois conti­nuer à y accé­der (la chose sera d’ailleurs pratique pour compa­rer la struc­ture de deux modules, par exemple), tandis que la navi­ga­tion est simpli­fiée par la possi­bi­lité de déter­mi­ner une fenêtre de struc­ture comme « favo­rite » pour y reve­nir à tout moment.

Reak­tor dispose aussi de faci­li­tés inté­res­santes, comme la possi­bi­lité de géné­rer direc­te­ment un contrôle au niveau de l’in­ter­face par menu contex­tuel au niveau d’un module. De quoi travailler vite, quitte à peau­fi­ner plus tard en remplaçant le potard généré par un autre contrô­leur (d’une façon géné­rale, l’om­ni­pré­sence des menus contex­tuels rend d’ailleurs le travail aisé et rapide).

Les fenêtres de contrôles dans Reaktor 5 de Native Instruments

Autre détail appré­ciable, un témoin s’al­lume dès qu’un module est correc­te­ment connecté. Voilà qui permet de repé­rer d’un coup d’œil les connexions manquantes. De son côté, la fonc­tion debug permet de suivre le chemin du signal audio en affi­chant l’ordre dans lequel il traverse les diffé­rents modules. On peut faire de même avec l’ordre d’ini­tia­li­sa­tion des évène­ments, et on peut même affi­cher le pour­cen­tage de consom­ma­tion de ressources proces­seur de chaque élément d’une struc­ture, quand l’heure n’est plus à la construc­tion mais à l’op­ti­mi­sa­tion.

A noter enfin qu’un click prolongé sur un élément affiche une info bulle avec les infor­ma­tions ou expli­ca­tions essen­tielles concer­nant cet élément. Par exemple, si vous n’êtes pas tout à fait certain de ce qu’est cette entrée F sur un oscil­la­teur, Reak­tor vous infor­mera qu’il s’agit de la fréquence évaluée en Hz dont la plage d’uti­li­sa­tion va de tant à tant. Easy !



Peut mieux faire

Foru­mil­lant de bonnes idée, Reak­tor n’est cepen­dant pas au-dessus de tous reproches et, au chapitre des regrets, on déplo­rera tout de même quelques oublis. Pourquoi, par exemple, ne pas avoir utilisé des fonds de fenêtre de couleurs diffé­rentes selon le niveau où l’on se trouve, comme cela est le cas pour les cellules Core (fond noir) ?

On regret­tera aussi de ne pas pouvoir grou­per diffé­rents éléments, comme dans un logi­ciel de dessin vecto­riel. En effet, au fur et à mesure qu’on construit un instru­ment, la complexité crois­sante de ce dernier oblige à constam­ment réar­ran­ger les modules à l’écran, certains d’entre eux devant rester grou­pés (comme les contrôles liés à une enve­loppe par exemple). Or, si l’on peut bien sûr dépla­cer plusiers éléments via un lasso ou une série de Control+­Clic, la possi­bi­lité de les grou­per / dégrou­per aurait faci­lité les choses.

De même, il aurait été souhai­table de pouvoir verrouiller des éléments dans la struc­ture. Toujours avec notre exemple d’en­ve­loppe, les contrô­leurs asso­ciés restent forcé­ment connec­tés à l’en­ve­loppe tant qu’on ne décide pas d’y toucher. Or, si on a le malheur de cliquer / glis­ser sur une entrée ou sortie de câble, c’est la décon­nexion assu­rée.

D’autres détails auraient été bien­ve­nus, comme la possi­bi­lité d’af­fec­ter aux modules d’une struc­ture des couleurs en fonc­tion de leur genre ou appli­ca­tion. Et puisqu’on parle des couleurs, on peut aussi regret­ter leur gestion au niveau du panel (l’in­ter­face graphique de l’ins­tru­ment). Seules certaines couleurs sont acces­sibles à la modi­fi­ca­tion. Les potars, par exemple, reste­ront déses­pé­ré­ment gris, à moins qu’on ne leur applique un skin. Or, réali­ser des skins n’est pas une mince affaire. On ne peut pas dessi­ner un simple potar dans son logi­ciel de dessin et l’im­por­ter. Il faut dessi­ner le potar dans toutes les posi­tions possibles, soit, théo­rique­ment 127 fois. Bon, disons qu’on peut divi­ser par deux au moins sans nuire à la beauté de la chose. Avec des potars à 270°, 64 posi­tion donne une posi­tion tous les 4 degrés. Souvent suffi­sant. Mais c’est du boulot ! Un effort aurait pu être fait en permet­tant simple­ment de chan­ger les couleurs de tous les éléments, voire en propo­sant une collec­tion de styles de contrô­leurs.Une fois de plus, le visuel est le grand point faible de Reak­tor.

Un point faible qui n’oc­culte pas, pour autant, la plus grande avan­cée de cette cinquième version : le niveau d’ édition « Core ».

En Core et en Core

On entre là dans le dernier niveau de déve­lop­pe­ment de Reak­tor et, disons tout de suite, pour ceux qui se passionnent pour la construc­tion de leurs propres instru­ments, c’est énorme.

Une cellule Core simple dans Reaktor 5 de Native Instruments

Core, en anglais, signi­fie « cœur », « noyau ». C’est désor­mais à ce niveau d’édi­tion que Reak­tor 5 vous permet d’in­ter­ve­nir. Si dans les versions précé­dentes du logi­ciel, vous deviez utili­ser des modules prédé­fi­nis, vous avez désor­mais la possi­bi­lité de créer les vôtres. Pour faire une analo­gie parlante, Reak­tor, jusque dans sa version 4, était une gigan­tesque boîte de mécano audio­nu­mé­rique, compor­tant plein de pièces avec lesquelles on pouvait construire à peu près ce qu’on voulait. Aujour­d’hui, Native nous donne la possi­bi­lité de créer nos propres pièces.

Du coup, il ne s’agit plus ici d’as­sem­bler des LFO, des filtres ou des enve­loppes, mais bel et bien de construire ces dernier au moyens de compo­sant primaires qui devraient ravir les elec­tro-geek de l’au­dio : modules read-write, possi­bi­li­tés de tables, de tableaux, opéra­tions mathé­ma­tiques complexes, contrô­leurs d’évè­ne­ments, opéra­teurs condi­tion­nels et j’en passe.,,

Zoom sur une cellule Core dans Reaktor 5 de Native Instruments

Or, non seule­ment le travail au niveau Core ouvre d’in­croyables hori­zons en terme de concep­tion, mais il présente en outre une approche amélio­rée de la construc­tion. Sans comp­ter de nouvelles fonc­tions bien pratiques, tels les « quick­bus ».

Si vous avez déjà construit des instru­ments avec Reak­tor ou d’autres logi­ciels équi­va­lents, vous savez que la fenêtre struc­ture peut vite, malgré toutes les précau­tions prises, ressem­bler à un sacré fouillis et enche­vê­tre­ment de câbles de connexion. Rien à voir avec un concep­teur désor­donné. Il est parfois impos­sible de faire autre­ment que d’avoir un câble qui traverse toute la fenêtre, coupant de nombreux câbles et modules pour aller se connec­ter à l’autre bout de la struc­ture.

Le Quick­bus permet d’évi­ter cela. Le menu contex­tuel permet par exemple de créer un quick­bus sur une sortie que l’on nommera. Ensuite, le même menu contex­tuel permet­tra de signa­ler à une entrée que la source est tel ou tel quick­bus. Au lieu d’un câble partant de la sortie vers l’en­trée, on aura le nom du quick­bus à la sortie d’un module et le même en entrée d’un autre. Un peu comme des câbles qui passe­raient par l’hy­per espace ! Génial.

Les déve­lop­peurs auraient pu aller un tout petit peu plus loin en surli­gnant les instances du Quick­bus lorsqu’on clique dessus. En effet, au sein d’une struc­ture complexe, il peut être un peu long de recher­cher où se situe l’autre « bout ». Mais ce n’est proba­ble­ment pas pire que de suivre un câble emmêlé avec d’autres et en grande partie masqué par une foul­ti­tudes d’élé­ments de la struc­ture, même si ce dernier change de couleur lorsqu’on le sélec­tionne. Une bonne idée, donc, qui peut enCore être amélio­rée.

D’autre fonc­tions bien pratiques ont été implé­men­tées dans le travail au niveau Core comme l’ajus­te­ment auto­ma­tique de la taille de la cellule. L’ave­nir du travail dans Reak­tor étant très proba­ble­ment les cellules Core, cela devrait en plus amélio­rer la produc­ti­vité et la faci­lité de travail dans la construc­tion d’ins­tru­ments.

Aller plus loin dans la descrip­tion du Core audio néces­si­te­rait pratique­ment un article aussi volu­mi­neux que celui que vous lisez. Ce n’est évidem­ment pas l’objet de ce test, d’au­tant que le Core est une affaire de spécia­listes.Sans qu’il soit néces­saire de parler le C++ couram­ment, on n’ima­gine mal un utili­sa­teur s’en sortir à ce niveau sans de solides connais­sances en mathé­ma­tiques, en traî­te­ment du signal ou en élec­tro­nique.

De ce fait, j’ose­rai faci­le­ment l’hy­po­thèse que les limites à la créa­tion d’ins­tru­ments sous Reak­tor seront désor­mais plus à cher­cher du côté de l’ima­gi­na­tion et des compé­tences de l’uti­li­sa­teur, ou à la rigueur les limites des proces­seurs, que du côté d’éven­tuelles limi­ta­tions du logi­ciel.

Conclu­sion

Reak­tor 5 est un monstre, tout simple­ment. Pouvant être utilisé à diffé­rents niveaux, du plus basique au plus pointu, il ouvre des univers sonores fantas­tiques de sorte que, sur bien des aspects, il est diffi­cile de le prendre en défaut.

Certes, le logi­ciel est loin d’être parfait, et en vis-à-vis d’une inter­face d’une abso­lue tris­tesse, on regret­tera quelques petits manques ici et là. Mais ce ne sont que des brou­tilles si l’on consi­dère le poten­tiel du niveau « Core ». C’est à se deman­der d’ailleurs comment les déve­lop­peurs pour­ront aller plus loin dans les possi­bi­li­tés offertes à l’uti­li­sa­teur, à part en four­nis­sant de nouvelles cellules Core d’usine et en travaillant à des amélio­ra­tions ergo­no­miques.

Au final, si on excepte les connais­sances néces­saires pour la construc­tion/édition, on s’aperçoit avec surprise que le logi­ciel n’est pas d’un abord si complexe qu’il y paraît. Très bien pensées, la plupart des choses y deviennent évidentes au bout de quelques heures.

Quant à la ques­tion des produits « concur­rents » comme Audio­mulch, MAX/MSP ou encore Synthe­dit, tout sera ques­tion de goûts et de besoins de l’uti­li­sa­teur. Sachant que cette concur­rence ne concerne que ceux qui veulent construire leur propres ensembles, je tendrais à penser que Reak­tor, avec ses diffé­rents niveau d’uti­li­sa­tion, se situe vrai­ment à part sur le marché.

Dernier point à médi­ter : le logi­ciel dispose d’un tel poten­tiel créa­tif pour réali­ser ses instru­ments qu’on peut vite y passer plus de temps qu’à faire de la musique. Mais après tout, certains ne vivent que pour construire des synthés alors que d’autres ne vivent que pour les utili­ser. les seconds ne peuvent que bénir les premiers. Et que vous fassiez parti des uns, des autres ou de ces deux caté­go­ries, Reak­tor devrait vous appor­ter bien des moments de bonheur.

 

  • Richesse sonore
  • Richesse de la bibliothèque d'instruments
  • Stabilité
  • Consommation de ressources raisonnable
  • Création d'instruments "no limit"
  • Ergonomie
  • Interface tristounette
  • Quelques améliorations simples à apporter à l'ergonomie
  • Mode expert exigeant en connaissances
  • Gros investissement en temps à pérvoir
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