Voici que débarque la version 2 de la partie logicielle de l’ensemble dédié au rythme chez Arturia. Mise à jour d’importance ou changements cosmétiques ? Réponse dans ce test.
Comme on a pu le constater depuis quelque temps, les contrôleurs matériels multifonctions ou dédiés à une tâche plus spécialisée, ou dotés d’une compatibilité restreinte, sont légion, et proposent un retour à la manipulation, à l’interfaçage simplifié et en temps réel qui ramènent les plus anciens à des temps considérés (par certains) comme meilleurs, et offrent aux plus jeunes à la fois la puissance du monde logiciel et l’instinct du monde matériel. Ainsi peut-on apprécier et utiliser les Maschine de Native, Push d’Ableton ou Monome, les MPD32 Akai, les Lemur, Rhizome, QuNeo, les produits Eowave, sans compter les très nombreux contrôleurs clavier incluant des pads, ce qui devient quasiment la norme : sans que l’on puisse les nommer tous ici, reportons-nous aux tests les plus récents de ce type de matériel. Et l’engouement de plus en plus fréquent pour les smartphones et tablettes tactiles risque encore de modifier la donne en termes de contrôle, même si l’on peut craindre un temps d’adaptation et quelques dommages dans le passage des pads à une surface vitrée… Sans oublier que l’interface matérielle peut dans certains cas être conçue comme le dongle ultime (par exemple, dans un autre contexte, qui pense que Logic n’est pas cher ?).
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Parmi d’autres éditeurs/fabricants, Arturia a, en 2011, produit une configuration regroupant logiciel et matériel, afin d’offrir aux compositeurs et producteurs une solution complète pour la création de sons de percussions (quelles qu’elles soient) et de motifs rythmiques : Spark Creative Drum Machine. Sont ensuite apparues des versions autonomes comme Spark Dubstep ou Spark EDM, plusieurs extensions comme Spark VDM, testé ici, et l’équivalent de bibliothèques sonores et stylistiques telles que Hip Hop Essentials, Hollywood Essentials, EDM Essentials, etc. Ou encore des déclinaisons, comme la version plus compacte dotée d’un nouveau contrôleur dédié, connue sous l’appellation SparkLE.
Et voici la version 2 du logiciel, les matériels restant eux identiques. Que cache-t-elle ? Réponses.
Introducing Arturia Spark 2
Seul le logiciel est mis à jour, les contrôleurs ne changent pas (sous toutes réserves). Le test ne sera effectué que sur les avancées et changements apportés par Spark 2 au niveau logiciel, pour toutes références au matériel, on se reportera aux précédents tests et au site de l’éditeur.
Spark 2 est vendu (actuellement, pour raison de promotion, et jusqu’au 30 juin) 129 euros via téléchargement, et la mise à jour est gratuite pour tous les possesseurs de Spark et Spark LE version 1. Les utilisateurs de Spark Vintage, Spark EDM, Spark Dubstep auront droit, eux, à un tarif spécial.
Côté compatibilité, on devra considérer au minimum Windows 7/8 et Mac OS 10.7, 4 Go de RAM et un processeur multicœur à 2 GHz Mac/PC. Côté formats, on retrouve la version autonome, ainsi que les plug-ins VST, AU et AAX (le RTAS ayant donc disparu), le tout en 32 et 64 bits. On installera aussi le nouveau MIDI Control Center, qui est bien plus pratique en termes de réglages et configuration des contrôleurs de la maison. La banque d’échantillons est placée dans HD>Library>Arturia>Spark, et pèse maintenant 1,57 Go, quand la précédente version n’en affichait que 1,2 Go. L’éditeur a en effet rajouté 50 kits supplémentaires pour plus de 800 instruments additionnels, ce qui porte le total à plus de 2800 et justifie cette prise de poids (les fournisseurs externes d’échantillons restent les mêmes).
L’autorisation se fera via le code fourni, ce qui suffit apparemment, puisque rien n’apparaît dans le logiciel eLicenser, ni sur la clé, ni sur le disque dur, tandis que le logiciel fonctionne très bien sans le contrôleur (qui ne fait donc pas office de dongle…).
De fond en comble
On l’a déjà mentionné et l’on y reviendra, le premier changement tient dans l’ajout de sons et kits. Voici quelques exemples issus des nouveaux Kits.
Un petit regret sur certains sons et kits, la surcompression de divers éléments, résultant en une perte significative des attaques, ce qui est quand même dommage pour des rythmiques.
D’autres changements sont tout aussi importants, en particulier sur deux aspects, l’ergonomie et la programmation. Parlons de la première. Là où il fallait naviguer via des flèches ouvrant de nouvelles fenêtres au-dessus et en dessous dans lesquelles on se déplaçait avec des ascenseurs puis dans des pages que l’on ouvrait par divers boutons, l’éditeur a tout repris depuis et la navigation est totalement changée. On peut toujours choisir le type d’interface graphique (en fonction du contrôleur, Spark ou Spark LE), mais les choses prennent un autre tour dès qu’il s’agit de navigation (on se reportera aux captures d’écran conjointes pour les différences d’implémentation fonctionnelle et graphique sur la page principale entre les deux versions).
La majeure partie des accès se fera à partir de la nouvelle barre de fonctions, donnant accès aux pages Main, Sequencer, Song, Studio, Modular (Modular ? Deukoa ? On y revient…), Mixer, Library et Prefs. Si la page Main reste à peu de choses près identique à celle de la première version, les changements arrivent dès la page Sequencer. Celle-ci affiche désormais 32 pas consécutifs, la totalité des instruments sur la fenêtre (plus besoin de scroller…), tout en reprenant les différentes fonctions de la V1 (Vol., Pan, mute, solo, bank/pattern, Time Signature, etc.). Les réglages d’automation (réponse à la vélocité, déplacement, répétition et autres paramètres plus ou moins contextuels, c’est-à-dire affichant les possibilités liées à l’instrument en cours) sont déplacés dans un écran affiché en permanence, bien plus pratique pour la visualisation globale et donc la programmation. Quand on charge un préset, les différentes mesures pré-programmées sont proposées d’entrée à un tempo correspondant au style/son, bien pratique pour se faire une idée. Notons parfois un bug d’affichage, les éléments des patterns n’apparaissant qu’une fois la lecture enclenchée.
On gagne aussi deux petites touches bien vues, offrant via drag’n’drop (glisser-déposer) l’export du pattern en cours en MIDI ou en audio, alors qu’en version 1, l’un se faisait en MIDI en mode Pattern, l’autre dans la Library en mode audio (option à définir dans les Preferences), ou via le menu Export.
Le Mixer est lui aussi revu, doté d’une présentation plus « pro » (pour autant que cela veuille dire quelque chose en matière de logiciel…), l’important étant la visualisation constante des deux effets d’inserts quand on passe d’une piste à l’autre. De même, l’ajout des icônes des instruments en bas de pistes est bien plus pratique qu’une simple numérotation.
La page Song devient autonome et bénéficie d’une nouvelle présentation, plus simpliste (jamais été un grand fan de la présentation circulaire de la première version), et surtout proposant maintenant 128 mesures, soit le double de Spark, tout en gardant son ergonomie à base de glisser-déposer. L’enchaînement n’est plus forcément continu entre les colonnes de mesures (16 colonnes de huit mesures), le passage de l’une à l’autre se sélectionnant via un bouton en forme de flèche (la Song retourne au début dès qu’une flèche est désactivée), et l’on peut ne placer qu’une mesure par colonne à n’importe quelle position, ce qui n’était pas possible avec la précédente version. Chaque colonne peut être ensuite sélectionnée depuis le contrôleur.
Roi, souplesse et étincelle
Autre changement qui a son intérêt, la gestion du format Rex. On dispose maintenant d’un lecteur de fichiers Rex, par pad, avec quelques possibilités de modifications des slices, automatiquement reconnues (sinon, à quoi bon ?). Hors l’indispensable adaptation au tempo, on peut aussi modifier la hauteur et le sens de lecture de façon individuelle. On peut choisir deux modes de fonctionnement, lecture de la boucle complète, ou sélection et lecture d’une seule slice, avec possibilité de sélection pseudo-aléatoire. Et ça s’arrête là : on est loin d’un Dr.OctoRex, mais ne boudons pas non plus notre plaisir.
Autrement plus intéressant, quasiment une révolution au sein de Spark, l’inclusion d’un processus modulaire : on peut créer son propre instrument à partir de treize modules, offrant en matière de formes d’onde le choix entre lecteur Rex, Sampler et Oscillator. Les deux premiers ne peuvent cohabiter au sein d’un instrument, mais on peut mélanger autant d’Oscillator et d’un des deux lecteurs que désiré. On dispose bien évidemment de modules de filtrage (multimode, multipente, résonant, stéréo), de générateurs d’enveloppe, de LFO, mixeur interne, Bode Shifter, modulateur en anneau, un CV Modulator. Deux modules à base de modélisation physique sont aussi fournis, le Karplus Strong, modélisant le comportement d’une corde pincée, et SpringMass, dédié à la reproduction du comportement de différents ressorts et poids. On pourra utiliser six Macros pour modifier n’importe quel paramètre de n’importe quel module. Inutile de préciser qu’avec un tel arsenal, l’invention sonore est au rendez-vous. C’est la grosse innovation de Spark 2, et l’on ne peut que féliciter l’éditeur de cet ajout majeur, d’autant que l’on peut aussi modifier les sons construits à base de ces modules. On peut aussi envisager que d’autres éditeurs, ou pourquoi pas Arturia, pourront proposer des banques de sons pour les utilisateurs n’ayant pas envie (ou les compétences, mais c’est tellement clair, que c’est l’occasion de se lancer) de triturer les modules.
Bilan
Indéniablement, la nouvelle version de Spark est une véritable évolution, et pas seulement une petite mise à jour parée d’une nouvelle numérotation, cas de figure parfois rencontré chez quelques éditeurs.
Les améliorations sont nombreuses, et l’inclusion de la synthèse modulaire est un vrai plaisir. Les choix ergonomiques sont plutôt réussis, même si à l’usage la vision simultanée de deux parties du logiciel peut être nécessaire, ce qui n’est plus possible avec cette mise à jour.
Bref, un achat intéressant pour les musiciens, DJ et producteurs désirant acquérir une solution matériel + logiciel performante, et une mise à jour d’autant plus intéressante pour les possesseurs de Spark et Spark LE première version qu’elle est gratuite…