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Test de l'iZotope BreakTweaker - BreakTweaker, comme son nom l’indique

8/10

L’association entre l’artiste BT et l’éditeur iZotope résulte en une nouvelle production, BreakTweaker. Une boîte à rythmes de plus, ou un outil plus perfectionné qu’il n’y paraît ? De l’artillerie lourde, ou des réglages sophistiqués ?

On connaît les nombreux « parte­na­riats » entre célé­bri­tés et fabri­cants, dans tous les domaines de la produc­tion indus­trielle et cultu­relle. La plupart du temps, cela donne des campagnes marke­ting et de la publi­cité tous azimuts, et la colla­bo­ra­tion entre les deux parties se résume souvent au prêt réci­proque d’image et de noto­riété. Parfois, la colla­bo­ra­tion est très discrète, et ce n’est que quelques années plus tard que l’on découvre que telle ou telle personne a suggéré, investi dans ou co-déve­loppé un produit indus­triel, ou, dans le domaine qui nous concerne, un instru­ment ou un logi­ciel.

D’autres fois, cette asso­cia­tion est connue et fondée sur une sérieuse colla­bo­ra­tion, et pour rester dans le domaine musi­cal, l’ar­tiste peut être une véri­table source d’ins­pi­ra­tion, de défi­ni­tion de spéci­fi­ca­tions tech­niques, tout en parti­ci­pant à peau­fi­ner, parfaire le résul­tat, notam­ment dans le domaine de l’in­ter­face, qu’elle soit un manche de guitare, une GUI, un clavier, une peau de batte­rie virtuelle, etc., tout en étant un véri­table promo­teur du résul­tat. Quid en effet de l’évo­lu­tion des guitares solid body et du magnéto multi­piste sans Lester William Polfuss (faut-il préci­ser avec qui il a travaillé, même si l’im­por­tance de sa colla­bo­ra­tion est discu­tée par certains auteurs ?), des échan­tillon­neurs sans Stevie Wonder (et ses demandes à Ray Kurz­weil), des batte­ries élec­tro­niques sans Bill Bruford (ses rela­tions avec Simmons), des synthés sans Annette Peacock (un des premiers protos de Mini­moog sur scène), des sept cordes sans Steve Vai (avec Ibanez), et de bien d’autres exemples encore que vous rensei­gne­rez sans aucun doute dans le forum lié à ce test ?

Machine de test

MacPro Xeon 3,2 GHz
OS 10.9.1
Logic Pro 10.0.6
iZotope BreakT­wea­ker 1.0

Le logi­ciel qui nous inté­resse aujour­d’hui, BreakT­wea­ker, est le résul­tat de la colla­bo­ra­tion entre l’ar­tiste cana­dien Brian Tran­seau dit BT, et l’édi­teur améri­cain iZotope (dont de nombreux produits ont été testés sur AF, tels RX2, Ozone 5, RX3, Iris, Alloy 2, etc.), le dernier ayant racheté en 2010 la maison d’édi­tion du premier, Sonik Archi­tects. Ils ont d’abord réalisé ensemble Stut­ter Edit, BT étant le l’in­ven­teur et le maître incon­testé de la tech­nique musi­ca­lo­so­nore du même nom. Arrive aujour­d’hui ce nouvel outil, BreakT­wea­ker, dont le nom n’est pas forcé­ment inconnu de ceux qui suivent l’ac­tua­lité de la produc­tion, puisque c’est celui du logi­ciel qu’avait prévu de sortir BT et pour lequel il avait créé en 2009 sa socié­té… 

Intro­du­cing iZotope BreakT­wea­ker

iZotope BreakTweaker

Bien évidem­ment compa­tible Mac (à partir de 10.6.8 et Mac Intel seule­ment, nos bons vieux G5 sont morts pour la transe) et PC (à partir de XP SP3), BreakT­wea­ker est dispo­nible sous forme de plug-in dans quasi tous les formats indis­pen­sables (AAX, RTAS, VST, VST3 et AudioU­nit). Il est livré avec 2 Go d’échan­tillons de batte­rie et percus­sions en tout genre, acous­tiques et élec­tro­niques. L’ins­tal­la­tion s’ef­fec­tue sans problème, la biblio­thèque pouvant être télé­char­gée avec un gestion­naire ou direc­te­ment depuis le site, et l’au­to­ri­sa­tion se fait via le serveur d’iZo­tope, comme d’ha­bi­tude, avec choix de l’au­to­ri­sa­tion sur disque dur ou sur clé iLok.

Vendu dans un premier temps 185 €, il sera ensuite proposé à 230 €, et on pourra l’ac­qué­rir direc­te­ment depuis la boutique en ligne de l’édi­teur. À noter qu’il existe une version Expan­ded, offrant pour 230 € (plus tard 277 €) trois Expan­sions complé­men­taires, Vintage Machines, Cine­ma­tic Textures et Kick & Snares.

Premier gros regret, pas de version auto­nome, on sera obligé d’ou­vrir un hôte pour utili­ser la bête, quel dommage.

Sous le capot du Break

iZotope BreakTweaker

L’in­ter­face est un curieux mélange entre la finesse et les trans­pa­rences habi­tuelles d’iZo­tope et un graphisme plus « rustique », comme hérité d’une précé­dente version. Mais ne nous attar­dons pas sur des détails fina­le­ment anodins. BreakT­wea­ker est divisé en trois parties : la produc­tion sonore elle-même consti­tuée de Gene­ra­tors, le séquen­ceur et la micro-édition. Chacun d’eux offre bien entendu des possi­bi­li­tés inédites (ou presque), sinon à quoi bon sortir une énième boîte à rythmes ? Et puis, le nom « micro-édition » inter­pelle, non ? On y revien­dra.

Le prin­cipe d’abord : un séquen­ceur à six lignes ryth­miques indé­pen­dantes, pouvant pilo­ter n’im­porte quel type de son, son produit par un géné­ra­teur utili­sant aussi bien des échan­tillons que de la synthèse, et un module de micro-édition, permet­tant d’ap­pliquer (entre autres) les effets de Stut­ter chers à BT.

Commençons par le module sonore. Première très bonne idée ergo­no­mique : quand on bascule en mode Gene­ra­tor, la ligne de program­ma­tion s’af­fiche au-dessus, afin de garder toujours en vue le rythme, la séquence. Deuxième bonne idée, le fait de dispo­ser de trois moteurs sonores par son, utili­sables simul­ta­né­ment. On choi­sit indé­pen­dam­ment un moteur de relec­ture d’échan­tillon ou un moteur de synthèse pure.

iZotope BreakTweaker

Dans le premier cas, on dispose d’un navi­ga­teur permet­tant de char­ger les échan­tillons de la banque d’ori­gine, les siens propres et d’éven­tuel­le­ment acti­ver le mode Disco­ver, qui ira recher­cher dans la biblio­thèque les échan­tillons sonnant de façon simi­laire. On peut modi­fier points de début et de fin, mettre en boucle (ce qui active une fonc­tion de cross­fade réglable) et défi­nir le type de lecture (avant, inver­sée, avant-inver­sée et inver­sée-avant). Trois rota­tifs permettent de régler accor­dage gros­sier, fin et volume. Ces réglages sont modu­lables via deux sources pouvant être simul­ta­nées et opérer dans une plage réglable commune aux deux. On les retrouve à l’iden­tique dans le module synthé.

Celui-ci offre deux oscil­los béné­fi­ciant d’une multi­tude de tables d’ondes (échan­tillon­nées) toutes modi­fiables par un curseur (Shape Slider, lui aussi modu­lable via deux sources) qui permet de passer, par exemple, d’un sinus à une forme très complexe bour­rée de partiels inhar­mo­niques, en effec­tuant une inter­po­la­tion entre les formes de la table d’ondes. Ces deux oscil­los peuvent fonc­tion­ner en mode synthèse addi­tive, comme un modu­la­teur en anneau, en modu­la­tion d’am­pli­tude et en FM. Excu­sez du peu…

Disons tout de suite que chaque para­mètre peut être modulé par deux sources, cela évitera de le répé­ter à chaque fois. Les modules qui suivent sont communs aux deux moteurs, sample et synthèse. Après la produc­tion du son, on passe ensuite dans un double module de distor­sion, offrant six types (Warm, Tran­sis­tor, Hard, Digi­tal, Raw et Alia­sing), avec taux et balance graves-aigus. On attaque ensuite un filtre (confi­gu­rable pré-disto si désiré), offrant trois types, un New York, un Tokyo et un Brick­wall, les deux premiers faisant réfé­rence à des filtres légen­daires, le dernier étant une créa­tion maison très raide, comme son nom l’in­dique. Les deux premiers sont multi­modes (Low, High et Band-Pass) et réso­nants, le dernier fonc­tionne seule­ment en Low ou High-Pass, sans réso­nance. On finit par un module Mix, offrant Pan et Gain.

iZotope BreakTweaker

Pour faire bouger tout ça, et choi­sir les deux sources de modu­la­tion, on dispose de quatre géné­ra­teurs d’en­ve­loppe AHDSR, avec réglages de courbes des para­mètres de durée. Ces géné­ra­teurs sont complé­tés par quatre LFO, avec forme d’onde réglable via le Shape Slider ou fonc­tion­ne­ment en Sample & Hold. Les LFO peuvent être retar­dés, dépha­sés, synchrones au tempo de l’hôte et redé­clen­chés. Les quatre géné­ra­teurs et quatre LFO sont tous indé­pen­dants, mais bonne idée, on peut appliquer les réglages d’un Gene­ra­tor à l’autre via un bouton Link. Très bien vu.

Autant dire qu’avec toutes ces possi­bi­li­tés de produc­tion sonore et de modu­la­tions, les sons peuvent aller du simple sinus avec l’en­ve­loppe idoine pour une grosse caisse TR à des sons plutôt inha­bi­tuels dans le domaine des B-À-R. D’ailleurs, la biblio­thèque d’usine regorge de sons synthé­tiques, de suites de notes, de wobbles, etc.

Voici quelques exemples de ce que l’on peut obte­nir rapi­de­ment et faci­le­ment à partir d’un son simple. 

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Et quelques effets et sons de synthèse.

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Les nombreux kits four­nis reflètent d’ailleurs bien les possi­bi­li­tés sonores du logi­ciel.

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On notera certains compor­te­ments parti­cu­liers, mais ce n’est pas encore le moment d’en parler. 

Le temps d’un Break

iZotope BreakTweaker

Passons au séquen­ceur. On l’a mentionné, on dispose de six lignes indé­pen­dantes, fonc­tion­nant selon un décou­page basé par défaut sur des quarts de noire (donc des doubles croches), et donc ce qui corres­pond à la base à deux mesures en fonc­tion du tempo interne ou de celui de l’hôte. Mais on peut via clic droit choi­sir une des nombreuses métriques dispo­nibles : de 3/4 à 9/8.

Solo, Mute, Pan Gain, tout est là, ainsi que la direc­tion vers l’une des sorties multiples de BreakT­wea­ker, solu­tion idéale pour appliquer des trai­te­ments non dispo­nibles au sein de l’ins­tru­ment : compres­sion complète (un réglage Inten­sity sur le Master permet de donner un peu de punch au son), réverbe, délai, etc.

Premier point inté­res­sant, on peut char­ger un préset de son direc­te­ment sur la ligne que l’on souhaite éditer : nul besoin de bascu­ler sur la fenêtre des Gene­ra­tor. Il suffit ensuite de cliquer sur une des lignes pour créer un élément ryth­mique, placé sur une des cases équi­va­lant à la divi­sion choi­sie. On peut l’éti­rer pour obte­nir un son plus long, le para­mé­trer en tant que Choke (étouf­fant un autre son), et béné­fi­cier de toutes les fonc­tions clas­siques de copier, dépla­cer, coller, effa­cer, etc. Chaque programme global pourra conte­nir jusqu’à 24 Patterns diffé­rents, que l’on peut déclen­cher direc­te­ment depuis un clavier MIDI (ainsi que les sons sépa­rés, bien entendu). On peut fonc­tion­ner en mode Gate ou Latch, avec possi­bi­lité de mode sans Retrig­ger : quand on joue un Pattern et qu’on en sélec­tionne un autre en cours de lecture, ce dernier commence à l’en­droit où se trou­vait le curseur, sans repar­tir en début de mesure. Très effi­cace pour créer des varia­tions en direct, les possi­bi­li­tés étant alors innom­brables.

iZotope BreakTweaker

Puis l’œil est rapi­de­ment attiré par une case Speed, indiquant par défaut x1. En cliquant dessus appa­raissent les sept vitesses dispo­nibles, via multiples ou divi­sions de la vitesse d’ori­gine, y compris les 2/3 et 3/2. Voilà qui enri­chit singu­liè­re­ment la program­ma­tion, d’au­tant que chaque ligne peut avoir sa propre vitesse de lecture ! Et pour couron­ner le tout, une chose que l’on n’avait rencon­trée jusque-là que dans Tremor de FXpan­sion (voir le test ici), la possi­bi­lité de modi­fier le nombre de pas par ligne : par exemple 15 pas pour la caisse claire, 11 pour le kick, etc. Vive la poly­ryth­mie instan­ta­née !

En voici quelques exemples à partir d’un même Pattern.

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Quelques reproches, quand même, et de taille : on ne comprend abso­lu­ment pas pourquoi il est impos­sible de visua­li­ser l’in­té­gra­lité des pistes si l’on choi­sit de travailler sur deux mesures. En effet, il n’y a pas de zoom et l’on doit scrol­ler hori­zon­ta­le­ment pour affi­cher les parties/rythmes non affi­chées. Assez incom­pré­hen­sible, vu la taille de l’ins­tru­ment…

Ensuite, si l’ins­tru­ment adopte immé­dia­te­ment une modi­fi­ca­tion temps réel du nombre de pas, une fois revenu à une valeur « carrée », le rythme reste décalé en fonc­tion de la place où se trou­vait le curseur au moment de la remise en place. Sur Tremor, le curseur se resyn­chro­nise immé­dia­te­ment sur la posi­tion des autres lignes, reve­nant ainsi à un rythme « normal ».

iZotope BreakTweaker

Vient enfin la dernière partie de l’ins­tru­ment, qui consti­tue sa majeure inno­va­tion : le module MicroE­dit. Au sein de celui-ci, on opérera de façon logi­cielle (plus de découpes, de micro-éditions au ciseau et avec fades ici et là sur de l’au­dio, même si cela reste possible. En dehors du plug…) toutes les modi­fi­ca­tions typiques des prin­cipes lancés par BT et d’autres artistes élec­tro (le terme englobe à dessein toutes les caté­go­ries de musiques élec­tro­niques, ras-le-bol de ces sous-familles innom­brables créées unique­ment dans un but marke­ting).

iZotope BreakTweaker

On commence par sélec­tion­ner une région dans une ligne (l’édi­tion se fait par région, de façon indé­pen­dante d’une ligne à l’autre et même au sein d’une même ligne). On y applique ensuite le type de trai­te­ment, Speed, Divi­sions, Pitch et Time, chacun offrant alors un para­mètre (divi­sion ryth­mique, nombre d’évè­ne­ments, etc.). Puis la courbe, la forme que l’on adjoint à ce trai­te­ment, permet­tant de répar­tir les micro-éditions via un para­mètre Tension (plus à gauche, plus à droite) et un autre Rotate (dépla­ce­ment de la phase de la courbe). On conti­nue avec un Gate, permet­tant de défi­nir son action, sa largeur et la durée. Puis l’on finit par un accor­dage par demi-tons, des Fades, et un effet à choi­sir entre diffé­rentes distos, chorus et filtres. On dispose de plus d’un bouton Rando­mize.

C’est extrê­me­ment effi­cace, et une façon de travailler assez inha­bi­tuelle et très créa­tive. Voici quelques exemples de simples modi­fi­ca­tions autour d’un même son.

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Bilan

Très inté­res­sante dans ces fonc­tion­na­li­tés de base, la boîte à rythmes offre en plus des oppor­tu­ni­tés rares (le séquen­ceur poly­ryth­mique) et inédites (le MicroE­dit). Le force de son moteur de synthèse alliée à une belle biblio­thèque de samples fait rapi­de­ment oublier les problèmes ergo­no­miques (un fait excep­tion­nel chez iZotope). Seule véri­table rivale à ce jour dans le domaine séquen­ceur poly­ryth­mique, Tremor, elle aussi dotée de très belles fonc­tion­na­li­tés, le mode MicroE­dit en moins, ce qui est une des forces de BreakT­wea­ker. Le logi­ciel de FXpan­sion (119 euros, rappe­lons-le) ne gère cepen­dant pas les échan­tillons, là où celui d’iZo­tope laisse toute liberté à l’uti­li­sa­teur.

BreakT­wea­ker est peut-être, en regard de ses fonc­tions, la drum machine elec­tro à possé­der, si le prix n’est pas un obstacle, tant la finesse de ses program­ma­tions et la richesse sonore à portée de main placent la barre haut. En tout cas, son poten­tiel créa­tif promet de nombreuses heures de créa­ti­vité, en espé­rant que toute cette puis­sance ouvrira la porte à autre chose que du 4/4 à 140 BPM…

Télé­char­gez les fichiers sonores (format AIFF)

 

 

Notre avis : 8/10

  • Concept
  • Son
  • Moteur de synthèse
  • Puissance d’édition sonore
  • Mode MicroEdit
  • Bibliothèque de samples
  • Séquenceur polyrythmique
  • Multiplicateurs/diviseurs de tempo par ligne
  • Entièrement pilotable via clavier ou contrôleur MIDI
  • Erreurs d’ergonomie incompréhensibles
  • Sinon, pas grand-chose

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