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Pédago
4 réactions

La synthèse formantique et arithmétique linéaire - La synthèse sonore - 26e partie

Découvrons dans ce nouveau chapitre deux autres formes de synthèse sonore plus inhabituelles, j'ai nommé les variantes formantique et arithmétique linéaire.

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La synthèse forman­tique

On appelle géné­ra­le­ment « formant » un élément sonore carac­té­ris­tique de la voca­li­sa­tion humaine ou bien de la produc­tion sonore de certains instru­ments à vent. Il s’agit de pics d’am­pli­tude de certaines fréquences au sein d’un signal sonore. Concer­nant l’être humain, on peut dire que chaque voyelle est défi­nie par des formants carac­té­ris­tiques, distinc­tifs égale­ment de la tessi­ture de la voix qui les formule.

La synthèse formantique et arithmétique linéaire

Si les synthèses pulsar et à distor­sion de phase vues dans l’ar­ticle précé­dent se rappro­chaient respec­ti­ve­ment de la synthèse granu­laire et de la synthèse FM, la synthèse forman­tique dérive quant à elle d’une part de la synthèse par modèle physique, dont elle reprend les concepts prin­ci­paux d’ex­ci­ta­tion et de réso­nance (voir article 23), mais égale­ment de la synthèse granu­laire, dont elle reprend le prin­cipe d’élé­ments basiques indi­vi­duels (voir article 19).

Ces éléments sont les fonc­tions d’ondes forman­tiques (FOF), qui forment l’une des prin­ci­pales tech­niques utili­sées dans cette synthèse. Celle-ci a notam­ment servi de base théo­rique au déve­lop­pe­ment du logi­ciel CHANT, élaboré à l’IR­CAM par Xavier Rodet, Yves Potard et Jean-Pierre Barrière au tour­nant des années 80.

Partant du constat que la voix humaine est l’un des « instru­ments » les plus complexes que l’on puisse rencon­trer, le postu­lat des créa­teurs de CHANT était que la maîtrise de la modé­li­sa­tion vocale pouvait engen­drer celle de la modé­li­sa­tion d’un grand nombre d’autres instru­ments. Aujour­d’hui, cette forme de synthèse est un peu tombée en désué­tude. En effet, les appli­ca­tions recou­rant à des voix de synthèse se basent actuel­le­ment beau­coup sur la conca­té­na­tion (la mise bout à bout…) d’échan­tillons de phonèmes préen­re­gis­trés et reliés arti­fi­ciel­le­ment entre eux (cf les into­na­tions parfois étranges de votre GPS…).

La synthèse arith­mé­tique linéaire

La synthèse formantique et arithmétique linéaire

Cette forme de synthèse – qui est plus une manière astu­cieuse de tirer parti de tech­niques exis­tantes qu’une véri­table nouveauté en soi — a été déve­lop­pée par Roland et implé­men­tée dans son synthé­ti­seur phare, le D-50, sorti en 1987. Elle tire son nom du fait qu’il s’agit d’une méthode repo­sant sur l’ad­di­tion de diffé­rents éléments sonores, tout en se diffé­ren­ciant fonda­men­ta­le­ment de la synthèse addi­tive.

Jusqu’à la date de sortie du D50, les synthé­ti­seurs de la marque, comme la grande majo­rité de la concur­rence, repo­saient sur le prin­cipe de la synthèse sous­trac­tive (voir article 15). Yamaha ayant toute­fois fait un carton avec le DX7 et sa synthèse FM quelques années plus tôt, Roland s’est alors en quelque sorte senti obligé de se mettre à niveau, sans pour autant vouloir complè­te­ment aban­don­ner la synthèse sous­trac­tive qu’il maîtri­sait bien. L’idée est alors venue aux ingé­nieurs de la marque de conser­ver cette forme de synthèse pour la partie centrale du signal, mais d’y adjoindre des sons échan­tillon­nés pour l’at­taque des sons ainsi qu’en complé­ment du son central.

Grâce à cette astuce, il devint possible d’ob­te­nir des sons à la fois réalistes en termes d’at­taque (qui est un élément crucial dans l’iden­ti­fi­ca­tion d’un son) grâce aux échan­tillons, tout en gardant la souplesse de modu­la­tion et de « fabri­ca­tion » du son auto­ri­sée par la synthèse sous­trac­tive. En passant, elle permet­tait à Roland d’évi­ter l’écueil, rencon­tré malgré leur succès par Yamaha et sa synthèse FM, de rebu­ter les musi­ciens par la néces­sité d’ap­pré­hen­der une forme tota­le­ment nouvelle de synthèse.

 

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  • kosmix 46702 posts au compteur
    kosmix
    Ma vie est un thread...
    Posté le 07/05/2015 à 16:57:41
    Citation :
    En passant, elle permettait à Roland d’éviter l’écueil, rencontré malgré leur succès par Yamaha et sa synthèse FM, de rebuter les musiciens par la nécessité d’appréhender une forme totalement nouvelle de synthèse.

    Certes, cependant le nombre de paramètres et l'édition "numérique" assez laborieuse (nombreux menus et sous-menus, réglages de paramètres parfois abstraits) était finalement assez dans l'esprit "scientifique" du DX-7. D'ailleurs sur le D-50 il y a une sérigraphie plutôt indispensable : celle des structures et des différents paramètres d'enveloppes.
    Les premiers succès commerciaux à échelle mondiale des synthés numériques étaient donc quand-même synonyme de programmation avec un sens légèrement péjoratif. Ceci dit c'était vraiment peu de choses comparé à certaines usines à gaz actuelles, mais à l'époque c'était nouveau, on sortait des synthés analogiques soustractifs relativement simples d'utilisation (toute l'architecture et tous les contrôles directement sous les yeux et les doigts).
  • hhub17 3114 posts au compteur
    hhub17
    Squatteur·euse d’AF
    Posté le 08/05/2015 à 11:00:09

    Merci newjazz et mystyx bravo  !

  • Jæckel 3807 posts au compteur
    Jæckel
    Squatteur·euse d’AF
    Posté le 08/05/2015 à 20:37:29
    Ouè bravo !
    Les dossiers "synthèse", " mixage" et "loudness war" sur AF en ce moment sont passionnants.
    Merci les gars !:bravo:
  • Mousin 336 posts au compteur
    Mousin
    Posteur·euse AFfamé·e
    Posté le 09/05/2015 à 22:10:51
    Citation de mystyx :
    Certes, cependant le nombre de paramètres et l'édition "numérique" assez laborieuse (nombreux menus et sous-menus, réglages de paramètres parfois abstraits) était finalement assez dans l'esprit "scientifique" du DX-7. D'ailleurs sur le D-50 il y a une sérigraphie plutôt indispensable : celle des structures et des différents paramètres d'enveloppes.

    Si le D50 a effectivement confirmé l'entrée dans l'ère numérique et ses menus/sous-menus interminables, je trouve que Roland avait quand même encore gardé ici un très bon sens de l'ergonomie:
    - La logique de synthèse est très simple à comprendre (du soustractif y compris pour le traitement des samples pcm).
    - Le lancement du contrôleur PG1000 à l'époque pour ceux qui voulaient encore "un bouton, une fonction" (pas vraiment jouable en live car trop peu réactif mais très bien pour la programmation).
    - Le lancement d'un éditeur sur Atari quasiment dès sa sortie (pour une programmation identique à nos plugins actuels)
    - Un bon classement et une grande clarté de l'objectif de chaque paramètre. Sur le D50, chaque paramètre définit clairement ce qu'il permet de faire contrairement à un minimoog par exemple (utiliser un oscillateur si on veut un lfo, laisser le filtre auto-osciller pour obtenir un sin, devoir choisir entre fonction decay ou release de l'enveloppe via un bouton placé près des molettes de pitch bend, etc...).

    Par contre, après le D50 (y compris la suite de la série D), je n'ai plus vu un seul synthé "numérique" qui puisse donner envie d'être programmé...

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