Et voilà, tout doucement, nous approchons de la fin de ce dossier !
Pour le clôturer, je vais, dans les trois prochains articles, vous présenter de manière succinte des formes de synthèse moins répandues que les précédentes, mais qu’il m’a néanmoins paru important de ne pas oublier, ne serait-ce que pour mieux souligner encore l’extraordinaire diversité des modes de création que nous regroupons sous le terme générique de synthèse sonore.
Une fois de plus, j’assume l’aspect subjectif et non exhaustif de la chose, et j’invite tous ceux qui le souhaitent à venir apporter leurs connaissances dans les commentaires, comme certains – que je remercie - l’ont déjà fait de fort belle manière.
La synthèse pulsar
Et nous commençons notre tour d’horizon des « synthèses rares » par une forme particulière de la synthèse granulaire, la synthèse pulsar, théorisée par Curtis Roads.
La synthèse pulsar a ceci de commun – entre autres – avec la synthèse granulaire qu’elle aussi est basée sur des unités très petites, les « pulsarettes ». Celles-ci se composent d’une forme d’onde de n’importe quel type généralement appelée W suivie d’une période de silence S. La période P (voir article 2) d’une pulsarette englobe ces deux valeurs. Faire varier la durée de la « sous-période » de W sans faire varier P permet de simuler l’utilisation d’un filtre passe-bande (voir article 7). L’amplitude de l’ensemble peut être modulée par une enveloppe V. La synthèse pulsar permet également, entre autres, le glissement en temps réel entre différentes valeurs temporelles musicales traditionnelles (noires, croches, etc.).
La synthèse par distorsion de phase
La synthèse par distorsion de phase est une cousine de la synthèse par modulation de fréquence. Si cette dernière a été principalement exploitée par Yamaha, la distorsion de phase a été développée et utilisée par Casio, qui l’a implémentée dans sa série de synthétiseurs CZ.
Le principe repose sur la lecture de tables d’ondes (voir article 18). Une forme d’onde sinusoïdale stockée en mémoire est lue selon une fonction dite « de phase » – une autre onde, puisqu’au final une onde n’est rien d’autre qu’une fonction mathématique.
Tant que cette fonction est linéaire, la forme d’onde stockée en mémoire ne sera pas affectée. Dès que la fonction n’est plus linéaire, la forme d’onde est « distordue », comme on peut le voir sur l’illustration ci-dessous :
En fait, on peut considérer que la synthèse par distorsion de phase est une manière d’agir sur la vitesse de lecture d’une onde, sans altérer la fréquence générale de celle-ci. Au lieu d’agir sur la vitesse à laquelle les cycles s’enchaînent – ce qui provoquerait une modification de la fréquence de l’onde – on agit sur la vitesse de lecture au sein même d’un cycle, sans pour autant modifier la période (cf article 2) de l’onde elle-même. L’onde qui sort conserve alors sa hauteur, mais n’est plus une sinusoïde. Ainsi, la synthèse par distorsion de phase permet de reproduire assez bien un filtre résonant.
Les principales différences par rapport à la synthèse FM résident dans le fait que la modulante – ici la fonction de phase – n’est pas obligatoirement une sinusoïde, et qu’elle est obligatoirement de la même fréquence que la porteuse.