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Test du TC ELECTRONIC BH500 et du BC210 - Péril Rouge au Danemark

Depuis la futuriste RH450, toute droite sortie d’un film de Georges Lucas, la compagnie viking n’en finit pas de gâter la plèbe bassistique de ses attentions.

Un couple d’an­nées plus tard, on découvre un magni­fique rayon groove au cata­logue du fabri­cant : pas moins de cinq têtes d’am­pli, huit modèles d’en­ceintes et cinq combos. Pour une marque qui n’y touchait pas il y a dix ans, la conver­sion prend presque des airs de sacer­doce. Et juste pour appuyer un peu là où ça fait mal à certains, je rappelle qu’au cata­logue des amplis pour guitare de la même marque, règne un silence évoca­teur : un vide qui pour­rait faire des envieux et susci­ter l’in­com­pré­hen­sion de pas mal de guita­ristes, fidé­li­sés par les effets que propose TC Elec­tro­nic depuis ses origines.

 

Car c’est par cette petite porte que les frères Rishøj ont fait connaître l’en­tre­prise qu’ils ont fondée en 1976. D’abord produc­trice de pédales d’ef­fets puis de racks, l’ac­ti­vité de la compa­gnie s’ouvre aujour­d’hui à un large panel de produc­tion : de la solu­tion d’en­re­gis­tre­ment studio au moni­to­ring, des systèmes de post­pro­duc­tion à la régie sonore, la firme propose même des solu­tions digi­tales pour la diffu­sion audio.

 

Jusque-là, les amplis de la marque avaient marqué le marché par un parti pris nova­teur : un format et un poids réduits, une préam­pli­fi­ca­tion avec mémo­ri­sa­tion de preset, une façade à LEDs et un design nova­teur. Mais pour séduire les rockeurs qui boudent parfois la nouvelle tech­no­lo­gie, pour aimer les valeurs plus élémen­taires, nos amis danois se sont forcés à présen­ter un système qui leur ressemble : un format et un poids consé­quents, aucune LED autour des potards (dans le milieu, on dit que ça fait mauvais genre…) et un design à l’an­cienne. Avec du rouge en façade pour annon­cer la couleur.

 

Pas si élémen­taire

TC Electronic BH500 & BC210

À bien regar­der ce que propose la BH500, on comprend que le mini­ma­lisme n’est pas de mise. La façade est bien char­gée : un compres­seur, quatre bandes d’éga­li­sa­tion, un accor­deur inté­gré, un contour, un simu­la­teur de lampes (simule un ampli tout lampe), un filtre pour les aigus et même trois mémoires dispo­nibles pour stocker ses réglages. Pour les connec­tiques, toujours en façade, on a une entrée instru­ment (active ou passive), une entrée auxi­liaire (RCA), une sortie casque et la sortie directe. À l’ar­rière restent l’in­ter­rup­teur de mise en marche et une seule sortie HP. Pourquoi une seule sortie au lieu de deux, cela reste pour l’ins­tant une énigme à mes yeux, ça n’était pas faute d’es­pace en tout cas !

 

Comme son nom l’in­dique, la tête four­nit une puis­sance pratique de 500 watts RMS, sous quatre ohms. Parlons main­te­nant de l’en­ceinte four­nie pour cet essai. Nommée BC210, elle asso­cie deux HP Éminence de dix pouces à un twee­ter de la même marque et encaisse 250W sous huit ohms. À l’ar­rière, deux évents de taille respec­table assurent discrè­te­ment une bonne circu­la­tion de l’air. Comme disait ma grand-mère, qui slap­pait déjà sous le géné­ral De Gaulle, on recon­naît la puis­sance d’un bon cais­son de basse à la taille de ses évents. Là je pense que Mamie aurait été comblée, on pour­rait presque y faire passer un ballon de hand ! Le gaba­rit de cette enceinte est de 46 × 66 × 38cm  pour un poids de 19 kilos. Celui de la tête en affiche treize à la pesée. Soit un poids total de trente-deux kilos : de quoi muscler le dos des jeunes bassistes agités qui fondent la scène Rock actuelle.

 

TC Electronic BH500 & BC210

L’une et l’autre ne sont pas fabriquées au même endroit : La tête vient de Thaï­lande, tandis que l’en­ceinte est produite en “PRC”, l’acro­nyme anglo-saxon pour Répu­blique Popu­laire de Chine. La nouvelle manière de dire “Made In china” de plus en plus à la mode, allez donc savoir pourquoi… Détail impor­tant, la tête est équi­pée d’un rack en bois au tolex noir. Le revê­te­ment est iden­tique sur l’en­ceinte, il n’y a donc pas besoin d’in­ves­tir dans un écrin protec­teur pour ce maté­riel. Le tout est équipé de huit talons en caou­tchouc, permet­tant de poser à loisir l’en­ceinte en posi­tion verti­cale ou à l’ho­ri­zon­tale, il en est de même pour la tête.

 

De manière géné­rale, le système inspire une confiance certaine. Les potards et autres contrôles semblent de bonne qualité et la fini­tion est irré­pro­chable, il y a un côté robuste dans l’image que renvoie le matos à mes regards. Si l’en­semble était un peu plus grand et qu’un Viking pouvait se poser dessus, il me ferait presque penser à un drak­kar débarquant sur les plages normandes pour y piller quelques villages. Et puis ce noir légè­re­ment brillant et ce rouge donnent envie de faire une pause à chaque répé­ti­tion pour se livrer à une tradi­tion­nelle partie de lancer de hache entre potes. Tout en descen­dant quelques litres d’hy­dro­mel bien sûr ! On n’ima­gine pas le pouvoir de sugges­tion de certains objets, c’est épatant le rouge cardi­nal. Tenez par exemple : j’ai chez moi un slip de cette couleur que je mets assez rare­ment (oui ça rend dingue ma petite amie). Et bien croyez-moi si je vous dis qu’une fois enfilé, je me retrouve, illico presto, dans la peau de Sean Connery dans Zardoz, le film le plus déjanté de John Boor­man. Voilà pour le tour du proprio ; il est temps pour moi de pour­rir l’après-midi de ma voisine du dessus, sans épar­gner les nerfs de celle d’en dessous. Comme ça pas de jalouses !

 

Par le marteau de Thor !

TC Electronic BH500 & BC210

Tel le Dieu guer­rier dont le glorieux char est tiré par deux boucs, la BH500 et ses deux dix pouces trônent crâne­ment à mes cotés. Il est temps pour moi d’y bran­cher mon arme de prédi­lec­tion, une Preci­sion Bass Deluxe avec un SI grave en guise de cinquième corde. Je teste toujours les amplis avec des basses passant sous le MI à vide, surtout les petits gaba­rits. Cela me permet de consta­ter le plus simple­ment du monde l’en­cais­se­ment des haut-parleurs embarqués. J’uti­lise cette fois-ci un micro dyna­mique Beyer­dy­na­mic M88 pour reprendre l’en­ceinte (j’ai dû rendre le Zoom H2 que j’uti­li­sais jusque-là), le tout passant par une inter­face Nova­tion. J’uti­li­se­rai aussi la sortie DI en paral­lèle, histoire de profi­ter de l’al­ter­na­tive et d’es­tom­per la réver­bé­ra­tion natu­relle de mon bureau, qui faute de moyens et surtout d’agré­ment conju­gal, n’a pas encore été aménagé en studio capi­tonné. Que de sacri­fices accor­dés au salut de ma vie de couple ! Mais je sais que je ne suis pas seul dans ce dilemme qui laisse le rude choix, aux modestes artistes que nous sommes, entre la tenue d’un foyer chaleu­reux et la pratique inno­cem­ment enva­his­sante de notre art. Pour la peine et puisque je suis seul à la maison cette après-midi, je joue­rai encore plus fort que d’ha­bi­tude ! D’abord parce que c’est épanouis­sant et surtout pour dire merde au leit­mo­tiv de mes rela­tions de voisi­nage, repré­senté hebdo­ma­dai­re­ment par une sentence que vous devez proba­ble­ment connaître : « Moins fort les basses ! ».

 

Premier senti­ment : Les 500 watts même divi­sés par deux font quand même trem­bler les murs et héris­ser le poil de mon furet. C’est du costaud le matos danois (du moins de concep­tion), ça encaisse et envoie pour des dix pouces ! Pas moyen de faire gerber le HP, pour­tant les deux micros double de ma basse ont tendance à pous­ser la diffu­sion dans ses retran­che­ments. Un truc me plaît d’em­blée, c’est le grain de l’Émi­nence qui me rappelle les réfé­rences de ma jeunesse. De nos jours, il est assez fréquent de voir les HP équi­pés d’ai­mants néodyme, je n’ai rien contre puisque je joue moi-même sur un cais­son Epifani. Mais ça fait plai­sir d’en­tendre ce grain un peu précieux, avec son carac­tère marqué par une petite touche d’an­tan pour ne pas dire Vintage. Ce qui serait un peu exagéré et je n’aime pas pous­ser Mémé dans les cactus ! Seconde consta­ta­tion : le passage par l’éga­li­sa­tion, s’il est néces­saire (n’étant pas fan ici, de la traduc­tion linéaire de mon son de basse), reste assez acces­sible.

 

Les contrôles sont plei­ne­ment effi­caces, un dixième de tour valant son lot de correc­tions, sans être trop compliqués. Quatre bandes pour quatre potards, c’est simple et il suffit d’em­ployer le contour à deux niveaux et le contrôle de la brillance (twee­ter tone) afin de complé­ter ses réglages. Dans le détail, le contour se présente sous la forme d’un petit bouton et de deux LEDS. Une pres­sion et on creuse les médiums (LED 1), on les enfonce un peu plus en pres­sant le bouton une seconde fois (LED 2) et on bypasse le contour en appuyant une troi­sième fois (tous témoins éteints). Le Twee­ter Tone quant à lui se charge de pous­ser ou couper les fréquences extrêmes, il n’agit pas sur le volume du twee­ter (il faudrait pour cela une bi-ampli­fi­ca­tion et une connec­tique appro­priée), mais en corrige la tona­lité. Son effet se fait donc entendre dans le signal émanant de la sortie DI. Son action est perti­nente dans le rendu, passer d’un son hi-fi à une teinte plus “à l’an­cienne” se fait en un tiers de tour.

 

 

Doigts slap reglage 1
00:0000:48
  • Doigts slap reglage 100:48
  • Media­tor Reglage 200:28
  • Slap Reglage 300:23
  • Sature00:32
  • Rock Reglage 500:32

 

 

Un compres­seur et un accor­deur sont aussi inté­grés. Mon senti­ment à l’égard des systèmes de compres­sion incor­po­rés, de manière géné­rale, se résume en une phrase : qui veut une belle compres­sion, se paye une bonne pédale (ou un bon rack). Pour l’oc­ca­sion, je ne serai pas trop médi­sant sur celui qui équipe la BH500. Il fait son effet sans manger les notes et l’ali­gne­ment de LEDs qui témoigne de son niveau, permet de le cali­brer assez faci­le­ment. Ce qui est déjà pas mal, sans pour autant assu­rer de remarquables prouesses. Je reste­rai donc sur ma phrase. Ces LEDs sont aussi employées par l’ac­cor­deur qui coupe le volume quand on l’ac­tive. Cinq témoins allant du Si grave au Sol ; amis du Do aigu, veuillez passer votre chemin. Sur ce point rien à redire, à moins d’être à vingt mètres de son ampli ou d’avoir oublié ses lunettes dans sa housse, il est facile de s’ac­cor­der avant de jouer. Voilà une option appro­priée à ceux qui n’ont pas forcé­ment l’oreille abso­lue, malgré les notes qui passent inlas­sa­ble­ment au travers. Passons main­te­nant au réglage de la simu­la­tion lampe, qui pour l’écrire deux fois, s’em­ploie préten­du­ment à simu­ler à la fois un préam­pli­fi­ca­teur à lampes et son complé­ment en puis­sance. Tout ça en passant par la rota­tion d’un unique potard, s’il vous plait Mesdames et Messieurs ! Tel un coup de baguette magique sur un gibus, annonçant l’ap­pa­ri­tion d’une 6L6 en forme de lapin et de quelques AX-7 tour­te­rel­les… Comme c’est beau la magie !

 

Mais la pres­ti­di­gi­ta­tion danoise fait-elle illu­sion ? Ma foi, si on n’est pas exigeant et que l’on garde une âme d’en­fant, oui ça peut être plai­sant pour réchauf­fer un son clair en pous­sant ses harmo­niques. Ce qui, para­doxa­le­ment, est l’in­verse d’un ampli tout lampes, réputé pour être linéaire (à ce sujet, vous pouvez consul­ter mon topo dans le dernier test SWR). Alors oui, quand on passe de 0 à 3 les graves et les médiums sont un peu plus chatoyants, au-delà de 4 ça commence à mordre sévère et à partir de 7 on sature tout à fait. Et cette distor­sion n’est pas mauvaise à mon goût, bien que je ne sois pas expert en la matière. Le signal poussé dans ses extrêmes reste chaud et précis et donne sa véri­table raison d’être, selon ma pomme, à la présence de ce potard : pous­ser les harmo­niques pour tein­ter le grain jusqu’à  le salir impu­né­ment.

 

TC Electronic BH500 & BC210

J’en viens à l’op­tion ultime de cette tête qui permet de mémo­ri­ser jusqu’à trois presets, aussi faci­le­ment que l’on met en mémoire une station sur son auto-radio. On presse long­temps sur l’un des trois boutons et tous les réglages sont enre­gis­trés. Atten­tion, ni le mute ni le volume géné­ral ne sont stockés. Je me suis fait un peu peur en passant d’un preset simple à un second dont le gain était à fond. Résul­tat des courses, à volume égal j’ai failli me retrou­ver décalqué sur le mur d’en face. Depuis, je pense que je fais un peu d’aryth­mie cardiaque… Cette mise en garde passée, je conclu­rai sur cette option en témoi­gnant de sa simpli­cité et de son utilité toute rela­tive au gain de temps qu’elle peut octroyer. Pour n’uti­li­ser aucun des presets, une pres­sion suffit à repas­ser sur les réglages du tableau de bord.

 

Le préam­pli est-il digi­tal pour autant (passant par un proces­seur numé­rique ou DSP) ? Je ne saurais le dire objec­ti­ve­ment. Je n’ai pas eu l’oc­ca­sion de démon­ter la tête et ne trouve de réponse nulle part dans les docu­ments tech­niques mis à ma dispo­si­tion. Si je m’en fie à mes oreilles, le grain me paraît forte­ment analo­gique. Mais cela n’en­gage que mes modestes esgourdes qui ne sont que deux à l’af­fir­mer. Le système est destiné commer­cia­le­ment à répondre aux attentes d’une clien­tèle plutôt Rock. Et je pense que les diffé­rentes tona­li­tés que propose l’am­pli-préam­pli, appuyées par la teinte des haut-parleurs Eminence, joue­ront le jeu dans cette cour. Mais l’em­ploi de ce stack reste ouvert à tout style de jeu, c’est assez poly­va­lent pour ne pas dire passe-partout. Il peut donc inté­res­ser une majo­rité de types de joueurs, du bassiste énervé aux amateurs de Groove (qui ne l’ou­blions pas, peuvent s’in­car­ner en un seul musi­cien touche-à-tout !). Quand on joue, tous les styles sont bons à prendre !

 

Petit détail pratique, il est possible d’uti­li­ser la tête sans avoir à la raccor­der à une enceinte. Parfois, sur certains amplis, ce jeu est dange­reux pour des raisons d’im­pé­dance mini­mum et parce que voir une tête fumer reste un triste spec­tacle pour son proprié­taire. Ici la chose est possible, l’étage de puis­sance se commute auto­ma­tique­ment quand on travaille au casque ou en sortant par la DI. Sympa pour le dos, quand on n’a pas besoin de repiquer son baffle au studio et que l’on s’épargne la manu­ten­tion et le lumbago qui va avec.

 

Prix modeste

Concluons sur le tarif que je trouve fort raison­nable, les prix publics s’éle­vant à 299 € pour le baffle de 2×10 pouces équipé d’un twee­ter et de 449 € pour la tête de 500 watts. À ce tarif, ça donne­rait presque envie d’in­ves­tir direc­te­ment dans une seconde enceinte, en 2×12 ou en 4×10. Je suis assez séduit par les quali­tés du maté­riel pour cette somme. Cette confi­gu­ra­tion ouvre de nouveaux hori­zons au sein du cata­logue de la marque, qui propose désor­mais une solu­tion de forme plus tradi­tion­nelle à sa clien­tèle, tout en restant moderne dans son contenu.

 

  • Le rapport qualité-prix
  • La mémorisation facile des réglages
  • Le grain de la saturation
  • L’accordeur intégré
  • Le grain du baffle
  • Le poids de la tête (cerclage en bois oblige…)
  • La compression qui ne fâche pas, mais sans plus…
  • Pas de réglage de volume pour le tweeter (compensé par le Tweeter Tone en façade)
  • Une seule sortie HP sur la tête

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