L’heure est à la miniaturisation et nos chers fabricants d’amplis ne dérogent pas à la règle. Sans parler des (nombreux) concurrents à avoir présenté un voire plusieurs modèles aux dimensions restreintes, Mesa/Boogie vient nous présenter sa deuxième tête d’ampli à taille (et puissance!) réduite. Voyons si la marque californienne n’a pas baissé le son.
Tout est petit dans notre vie
Souvenez-vous, c’était il n’y a pas si longtemps. Il fut une époque où la taille et la puissance des amplis comptaient pour beaucoup dans le son de nos guitaristes préférés. Les choses ont, depuis, bien évolué. Conditions d’accès aux logements difficiles, restrictions en termes de niveau sonore… Plus si évident de vivre « rock’n roll » comme on dit. Même Lemmy de Motorhead vit dans 45m2… Et pourtant, pour profiter pleinement des 100W de votre joli Dual Rectifier qui a fait les heures glorieuses de la firme américaine, il faut en faire des grosses scènes… Malgré cela, la série Dual et Triple Rectifier a connu un franc succès, crachant son venin sonore… malheureusement soumis à un master bien souvent réglé à 2 ! Pour autant, aucun autre ampli à moindre puissance ne savait délivrer ce son si bien connu de la firme californienne.
Alors évidemment, une petite lueur d’espoir s’est fait sentir quand Mesa/Boogie a introduit son Transatlantic, mais rien à voir en termes de sonorités avec ce que la marque nous avait habitués à faire : du gros son rock bien US, avec des aigus ciselant et des basses tenues.
C’est aujourd’hui chose réparée : les aficionados du son typique de la marque peuvent se réjouir, car – enfin – la marque américaine nous présente le Mini Rectifier, tête d’ampli tout lampes 25W switchables. Un Dual Rectifier en version compacte. Littéralement.
Livrée dans une petite housse adaptée, c’est avec un grand bonheur que l’on découvre cette mignonne petite tête d’ampli qui, d’un point de vue esthétique, n’a rien à envier à ses grandes soeurs. Rien à redire, on retrouve la plastique des aînées qui ont fait la part belle aux rockers de ces 10 (20 ?) dernières années. Tolex noir, plaque frontale en aluminium façon « marche-pied de truck américain », petite poignée pour le transport… De prime abord, tout y est.
En y regardant d’un peu plus près, on retrouve exactement la même configuration et les mêmes réglages que sur les Dual et Triple Rectifier. Outre l’entrée jack et la prise pour le footswitch (en face avant de l’ampli), nous avons droit ici à 2 canaux séparés offrant 2 variétés de sons différents (Clean/Pushed et Vintage/Modern) et la possibilité d’agir différemment sur le Gain, l’EQ 3 bandes (Treble, Mid, Bass), la Présence et le niveau général (Master) de chaque canal. La Mini Rectifier embarque dans son châssis 5 lampes de préamplification 12AX7 ainsi que 2 lampes EL84, contrairement aux EL34 ou 6L6 habituellement utilisées sur les modèles de grande envergure.
Mais ce qui fait la différence sur cet ampli, c’est la possibilité de sélectionner une puissance différente sur chacun des deux canaux. En effet, un petit switch permet de choisir entre 25 et 10W de manière indépendante sur chaque canal. Astucieux, surtout si on se réfère à la documentation technique expliquant une réelle différence de son entre les deux puissances, les 10W offrant un son légèrement plus « vintage » et « rond » que les 25W, beaucoup plus proches du son « moderne » que l’on connaît de la série Rectifier (oui, n’allons pas penser que Mesa/Boogie ne fait des amplis que pour les rockers affamés de watts survoltés).
Le tout savamment dominé par un interrupteur Power et un Standby de rigueur.
À l’arrière du châssis, on retrouve l’essentiel de ce qu’un ampli se doit de proposer ; et pour le coup, rien ne manque. Boucle d’effet avec hard bypass (yes !), 2 sorties haut-parleurs sous 4 et 8 ohms et embase pour la prise d’alimentation. Dans ce format-là, inutile d’attendre d’autres fonctions : la sobriété est de mise quand on veut gagner de la place. Et c’est plutôt bien vu. Mais écoutons plutôt ce que la bête a dans le ventre…
Size Matters
Une fois allumé le Mini Rectifier nous réserve une petite surprise : une jolie lueur rouge provenant des entrailles de la bête vient magnifier la beauté métallique de sa face avant. La petite « touche 2012 » à une série qui a conservé une charte esthétique quasi identique pendant toutes ces années.
Mais le son ? Qu’en est-il du son ?! Eh bien chers confrères guitaristes, point de surprise à ce niveau-là puisque le Mini Rectifier fait exactement ce pour quoi il a été conçu : le son Mesa Rectifier, dans des proportions sonores raisonnables.
Tout d’abord, le canal 1 – pour être original – se charge des sons clairs ou sons crunch très prononcés. Comme bien des amplis, le Gain tord le signal assez vite (autour de 10h pour une égalisation unitaire, suivant la guitare utilisée, évidemment…) mais cela reste très joli et « américain », comme sait si bien le faire Mesa…
Configuration : PRS Standard 22 > Ch1 > Gain à 9h – Treble & Mid 12h - Bass à 2h – Presence à 12h – Master à 3h – 25W
- PRS Mini Rectifier Ch1 Clean00:26
- PRS Mini Rectifier Ch1 Clean Gain Plus00:44
Pour ceux qui connaissent bien la marque, on est en terrain conquis. L’égalisation fonctionne de la même manière que sur ses aînées, la Presence idem. Pour certains, ce son paraîtra toujours aussi froid. Pour les fans de la marque, le son clair est très clair, brillant et défini. L’activation du switch Pushed nous emmène dans un monde où le Classic Rock a déjà fait des émules. En version californienne bien sûr…
Le canal 2 quant à lui s’occupe d’un univers « légèrement » plus énervé. En mode Vintage, la saturation reste propre, très rock. Ça ne bave pas, le bas reste précis, le médium légèrement creusé et les aigus clairs. Attention tout de même, la notion du « Vintage » chez Mesa reste très relative… Si vous cherchez un son « Bassman », passez votre chemin !
Gain à 12h – 25 W
En mode Modern, on passe directement au son qui a fait la réputation de la marque. Qu’on l’aime ou pas, la saturation « Rectifierienne » est très singulière et facilement reconnaissable. Là encore pas de – mauvaise – surprise. Sortez les planches de skate et les Vans. Ou alors le Drop D.
En prime, quelques samples réalisés avec la Telecaster Audiofanzine.
- Telecaster Mini Rectifier Ch1 Clean00:22
- Telecaster Mini Rectifier Ch1 Clean Gain Plus00:23
- Telecaster Mini Rectifier Ch1 Pushed00:22
- Telecaster Mini Rectifier Ch2 Modern00:19
Et puis, à titre de comparaison, voici 2 extraits sonores réalisés avec le Mini Rectifier et mon Dual Rectifier 100W 1e génération, le tout fait avec la Les Paul Audiofanzine. Oui, j’ai oublié de changer les lampes sur mon ampli…!
- LesPaul Mini Rectifier Ch1 Clean00:23
- LesPaul Dual Rectifier Ch1 Clean00:23
- LesPaul Mini Rectifier Ch1 Clean Gain Plus00:23
- LesPaul Dual Rectifier Ch1 Clean Gain Plus00:23
- LesPaul Mini Rectifier Ch2 Modern00:19
- LesPaul Dual Rectifier Ch2 Modern00:19
Tous les samples ci-dessus ont été réalisés grâce au Torpedo VB101 avec la combinaison BritStd 4×12’’ / SM57 sans traitement.
Après, tout est question de goût… Le « son Mesa » peut ne pas convenir à tout le monde, il est vrai. On entre directement dans un registre « californien » que certains puristes pourraient trouver trop moderne. Mais il ne s’agit là que d’une identité sonore relative à toute la série Rectifier et qui a aussi fait son succès.
En ce qui concerne les possibilités sonores de cet ampli, je suis tout de même surpris par la subtilité des réglages qui nous permettent de passer d’une « catégorie » de son à une autre, en douceur. Le fait d’avoir deux couleurs possibles pour chaque canal offre en effet pas mal de possibilités. Si toutes ces variantes avaient été disponibles « sous le pied », cela aurait fait de cet ampli une redoutable arme de guerre ; néanmoins, n’oublions pas qu’il s’agit là d’un petit ampli de seulement 25W.
D’ailleurs, la possibilité de sélectionner une puissance de 10W est une option intéressante si l’on joue dans des configurations vraiment restreintes… La couleur sonore change un peu mais de là à dire qu’on a affaire à un son plus « vintage »… Il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas ! Certes, les saturations se font peut-être (un peu) moins incisives, le son légèrement plus « chaleureux » mais je n’ai pas constaté une énorme différence pour autant…
Pour revenir au comparatif avec mon Dual Rectifier ancienne génération : le choix des potentiomètres sur les nouvelles séries Rectifier n’est pas des plus judicieux si on les compare aux séries précédentes. En effet, mon cher Dual possède des potentiomètres faciles à repérer, puisqu’ils sont affublés d’une petite pointe permettant de voir exactement la valeur du réglage effectué. Depuis quelques années maintenant, les potentiomètres des Rectifier n’ont plus ce repère, seulement un petit point situé en bordure du bouton pour nous repérer. Si vous êtes comme moi et que vous possédez la vue d’une taupe naine en cure de désintoxication, difficile de voir où l’on se situe, à moins d’être à 10 cm de l’ampli… Et malgré la jolie lumière rouge qui éclaire l’ampli, il est difficile de voir précisément les valeurs de réglage.
Cependant, il s’agit certainement du seul réel point négatif – du point de vue « technique » - de cet ampli qui, globalement, est une réussite. Des sonorités à la fabrication, de la connectique à l’esthétique, tout a été fait pour nous faire oublier la taille qui, rappelons-le, reste un avantage !
Conclusion
Mesa a donc réussi, avec le Mini Rectifier, à condenser l’essence même de ce son si particulier dans un ampli de petite taille et de faible puissance. Si la concurrence est rude et qu’en effet, nombreuses sont les marques à proposer des amplis tout lampes adaptés aux exigences immobilières actuelles, Mesa a au moins le mérite de proposer une déclinaison fidèle de son modèle haut de gamme.
Seul bémol – et pas des moindres : le prix ! Annoncé à 1199 € TTC, le Mini Rectifier ne rend pas le son Mesa accessible à tous pour autant. Si l’on ajoute à cela le baffle 1×12’’ à 499€ TTC, l’addition devient très vite salée… pour un ampli de seulement 25 watts ! Bien que la qualité générale soit au rendez-vous, il aurait fallu quelques possibilités supplémentaires (une 3e puissance plus élevée par exemple, ou encore la possibilité d’avoir les 4 sons disponibles au footswitch…?) pour justifier un tel écart de prix avec la concurrence qui, pour certains d’entre eux, propose des amplis de même puissance pour presque 2 fois moins cher…! Mesa reste donc bien au-dessus de ses concurrents en termes de prix. Dommage.
Néanmoins, le design et la fabrication restent impeccables et cette nouvelle petite bête tient parfaitement ses promesses alors… Let’s rock ! (oui enfin, pas trop fort tout de même hein !).