Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, au sein d’une gamme majeure, les accords I, IV et V sont eux-mêmes… majeurs.
Les autres degrés de la gamme majeure
À propos des accords restants, ceux correspondant aux degrés II, III et VI sont mineurs. À noter que ces accords constituent à leur tour respectivement les degrés IV, V et I de la gamme mineure relative de la gamme majeure concernée. Et, par effet de miroir, les accords majeurs d’une gamme mineure naturelle (degrés III, VI et VII) sont eux aussi équivalents respectivement aux degrés I, IV et V de la relative majeure de ladite gamme.
Un petit exemple pour vous aider à y voir plus clair :
L’accord du septième degré d’une gamme majeure, quant à lui, bénéficie d’un statut un peu particulier. Constitué de la superposition de deux tierces mineures, il n’est ni majeur ni mineur. On dit alors qu’il s’agit d’un accord « diminué ». Mais on préfère souvent considérer qu’il s’agit d’un accord de septième de dominante (cf article 4) sans sa fondamentale.
On notera que les degrés I, IV et V sont considérés comme étant les degrés forts de la gamme. Nous entrerons plus en détail dans l’étude des degrés et des fonctions dans un futur article.
Et pour le mode mineur ?
Comme vous l’avez peut-être remarqué, jusque-là, les règles énoncées et les exemples cités au sein de cet article et du précédent n’ont concerné principalement que le mode majeur. En mode mineur, on retrouve à peu près les mêmes règles. Toutefois, rappelons-nous que nous avons trois gammes en mode mineur (cf article 2) : la naturelle, l’harmonique et la mélodique. Laquelle faut-il alors utiliser pour harmoniser au mieux un morceau ? Cela dépendra bien sûr de la mélodie et de la couleur générale que l’on souhaite donner à sa composition. Mais on peut d’ores et déjà dire que dans la majorité des cas, il sera préférable, si l’on souhaite rester dans le cadre de l’harmonie tonale occidentale classique, d’utiliser l’une des gammes disposant de la note sensible (demi-ton entre la septième note de la gamme et la tonique). On a donc le choix, dans ce cas, entre la gamme mineure harmonique et la gamme mineure mélodique.
Pourquoi est-il important d’avoir la note sensible ? Eh bien notamment parce que, lorsque l’on a la note sensible, on peut construire l’accord de la dominante, constitué, comme on l’a vu dans l’article 4, du 5e degré de la gamme, d’une tierce majeure (d’où l’importance de la sensible, car sans la sensible cette tierce serait mineure) et d’une tierce mineure par-dessus. On peut également citer le fait que la sensible d’une mélodie est elle aussi attirée « naturellement » (toujours selon les critères de goût et d’habitude de l’oreille occidentale) vers la tonique de la gamme. Nous verrons dans un futur article les phénomènes d’« attirance » des degrés d’une gamme entre eux, ce qui pourra nous aider également à harmoniser nos morceaux, voire carrément à composer. Toutefois, je tiens à repréciser une chose : notre oreille s’est peu à peu habituée, depuis le 20e siècle, à ne plus forcément recourir à la sensible. On accepte ainsi de plus en plus que la gamme naturelle soit employée en lieu et place de la gamme harmonique.
Pour terminer cet article, voici deux petits exemples de fin de morceaux en mode mineur. Dans le premier exemple, nous emploierons la gamme mineure harmonique, qui, je le répète, dispose de la sensible et permet donc de construire un véritable accord de dominante, ceci afin d’obtenir une véritable cadence parfaite, comme nous pouvons le voir et l’entendre :
Dans le second exemple, nous emploierons la gamme mineure « naturelle », donc sans la sensible. L’accord du Ve degré ne sera donc plus réellement une dominante au sens strict du terme, et l’effet obtenu ne sera « sensiblement » (c’est le cas de le dire) plus le même :
Je vous propose de nous retrouver la semaine prochaine pour explorer plus en détail le concept des cadences et faire connaissance avec leurs principales représentantes.