Nous évoquons depuis de nombreux articles le domaine musical contemporain, que ce soit à travers l'atonalité, la polytonalité ou encore les gammes synthétiques. Aujourd'hui, nous allons étudier ensemble une nouvelle figure de l'harmonie moderne : l'harmonie symétrique.
Définition de la symétrie et des échelles
Comme de nombreux autres éléments de l’harmonie musicale, la symétrie s’exprime aussi bien de manière verticale dans des accords que de manière horizontale dans ce que l’on n’appelle plus ici officiellement des gammes ou des modes mais des « échelles ».
Pourquoi ce terme, et en quoi s’agit-il d’un concept différent de ceux que nous connaissons déjà (cf article 46) ? Tout simplement parce que dans le cadre d’une « échelle », les degrés qui la constituent forment un ordre successif de sons symétriques. On définit des sons comme étant symétriques lorsque les intervalles qui les séparent sont égaux entre eux, et non plus lorsqu’il s’agit d’une alternance d’intervalles majeurs et mineurs comme dans une gamme par exemple. Les échelles symétriques divisent l’octave en parties égales et impliquent souvent d’accepter l’enharmonie (cf article 21). Toutefois et malgré la relative incorrection du terme, le mot « gamme » est encore majoritairement employé (par votre serviteur lui-même) pour définir lesdites échelles. Ainsi, nous retrouvons parmi les échelles symétriques les formes suivantes que nous avons déjà rencontrées.
La « gamme » unitonique, composée uniquement d’intervalles d’un ton :
La « gamme » augmentée, composée uniquement de tierces majeures :
La « gamme » diminuée, composée uniquement de tierces mineures :
Le fait que les intervalles qui constituent ces échelles soient égaux entre eux implique deux caractéristiques particulièrement intéressantes qui les différencient des gammes et modes habituels. La première est que chaque note de l’échelle peut ainsi en être la tonique. Et la seconde, qui découle directement de la première, est que chacune de ces échelles est dite « à transposition limitée ». Cela signifie que chaque échelle ne peut être transposée sur toutes les notes de l’octave sans retomber sur une nouvelle version d’elle-même.
Ainsi, l’échelle unitonique ne peut être transposée qu’une seule fois :
L’échelle augmentée peut être transposée trois fois :
Et enfin l’échelle diminuée peut être transposée deux fois et contient deux tritons :
Les accords symétriques
Après avoir exploré les échelles symétriques, il est temps de nous pencher plus en détail sur les accords qu’elles induisent. S’il semble logique que les gammes augmentée et diminuée impliquent des accords de même nature qu’elles, il est intéressant de noter que les accords se rapportant à l’échelle unitonique sont tous de nature augmentée. Les accords augmentés sont constitués d’un empilement de tierces majeures, alors que les accords diminués sont constitués d’un empilement de tierces mineures. Tous les accords symétriques peuvent s’exprimer en triades, mais seuls les accords diminués peuvent s’exprimer en tétrades. En effet, le quatrième degré d’un accord augmenté correspondant à l’octave de sa fondamentale, il n’y a pas d’ajout harmonique.
Ainsi, l’échelle unitonique s’harmonise de cette manière :
L’échelle augmentée de cette manière :
Et l’échelle diminuée de cette manière :