Dans le dernier article, je vous avais montré que les accords avaient tendance à s’attirer les uns les autres en fonction de leur degré dans la tonalité du morceau dans lequel ils étaient employés.
Plus généralement, je vous ai présenté tout au long de cette série les cadences, et notamment la cadence parfaite. À ce sujet, je vous invite d’ailleurs à relire plus particulièrement l’article 7.
Aujourd’hui, pour rompre un peu avec un aspect peut-être un peu (trop ?) théorique, je vous propose dans les deux prochains articles de vous présenter un certain nombre de progressions parmi les plus répandues dans la musique occidentale, classique ou moderne, sans forcément trop entrer dans les explications. Celles qui s’avèrent nécessaires viendront plus tard ! Ces deux articles seront de ce fait l’occasion d’entrer un peu plus dans la pratique. Je vous invite en effet à essayer ces progressions sur votre instrument de prédilection, vous verrez que nombre d’entre elles vous sembleront familières !
Un petit rappel
Rappelons-nous tout d’abord que les cadences parfaites, à savoir le fameux V-I, sont souvent préparées par un accord qui les précède, à savoir l’accord de degré IV. Celui-ci a fonction de sous-dominante, tout comme l’accord de degré II de la gamme, par lequel il peut être substitué. Cela nous donne donc les cadences suivantes :
- IV-V-I
- II-V-I
- I-IV-V
- I-II-V
On peut également faire précéder le V degré par un Vsus4. « sus4 » signifie que l’on remplace la tierce de l’accord par une quarte juste, ce qui donne l’accord suivant :
La cadence picarde et la cadence andalouse
Deux types de cadences que nous n’avions pas encore vues sont la cadence picarde et la cadence andalouse. Le terme « picard » ne se rapporte pas à la Picardie, mais serait issu du patois du Nord et signifierait « aigu ». Quoi qu’il en soit, cette cadence se distingue de toutes celles que nous avons étudiées jusque-là. Toutes les précédentes vous faisaient rester dans le même mode, majeur ou mineur selon le cas. Dans le cas de la cadence picarde, un morceau en mode mineur se termine en… mode majeur. Parler de cadence picarde est d’ailleurs un abus de langage. La cadence en elle-même reste « parfaite », c’est la tierce de l’accord du degré I qui devient « picarde » par son augmentation d’un demi-ton.
L’idée était de permettre auxdits morceaux de finir sur une note positive, ou de donner une sensation de gloire. C’est une technique qui a notamment largement été employée par Jean-Sébastien Bach.
La cadence « andalouse », qui tire son nom de son fréquent emploi en musique flamenca, se présente de la manière suivante :
I min – VII maj (degré 7 de la gamme mineure naturelle, basé non sur la sensible mais sur la sous-tonique) – VI maj – V7 :
Outre la musique espagnole, on retrouve cette formule dans Hit the Road, Jack de Ray Charles ou Don’t let me be misunderstood. Ceci est un exemple de cadence mineure, dont nous avons assez peu parlé jusque-là.
Les emprunts au mode mineur
D’autres cadences, sans être à proprement parler mineures, n’hésitent pas pour autant à emprunter certains éléments aux modes mineurs, et notamment au mode mineur naturel. Ainsi, dans les formules suivantes, nous empruntons le Ve degré à ce mode:
I-Vmin
ou
Imin-Vmin-IV-I
Mais une cadence que l’on trouve très fréquemment, c’est celle qui contient l’emprunt du IVe degré mineur, sous la forme suivante : I-IV-IVmin-I. Comme dit en début d’article, jouez-la, vous verrez, pardon vous entendrez que vous la connaissez déjà.
Dans le prochain article, nous verrons comment certaines cadences peuvent s’enchaîner entre elles, ainsi que les progressions d’accords « stars » de la musique populaire.