Dans le présent article, nous allons nous pencher plus en détail sur le cas des accords enrichis, mais tout d'abord, permettez-moi rapidement de compléter l'article précédent.
Un petit exemple supplémentaire
Je vous propose un petit exemple supplémentaire d’harmonisation qui permet ici de dégager une ligne de basse en forme de progression diatonique. Nous avons la mélodie suivante, jouée comme celle de l’article 31 avec un léger swing :
En accompagnement, nous avons les accords Do majeur, Mi mineur, Fa majeur, Sol majeur, tout d’abord dans leur position fondamentale fermée (voir article précédent) :
Puis dans les positions de renversements ouverts permettant l’harmonisation souhaitée :
Le schéma est le suivant (avec tous les accords en position ouverte) :
- Do majeur en position fondamentale
- Mi mineur en position de deuxième renversement
- Fa majeur en position de premier renversement
- Sol majeur en position fondamentale
On remarquera que dans une progression de ce type, le premier et le dernier accords sont le plus souvent en position fondamentale, et les accords intermédiaires en position renversée.
L’enrichissement des accords
Dans l’article précédent, nous avons évoqué très rapidement les accords enrichis (article 14). Ceux-ci se fabriquent en ajoutant des tierces au-delà de la septième : la neuvième, la onzième, la treizième, etc. Or, lorsque l’on ajoute les fameuses tierces en question au-dessus de la septième, on dit que l’on ajoute des « tensions ».
Pourquoi cela ? C’est très simple. Par rapport à la septième sus-mentionnée, ces ajouts sont des tierces, donc des intervalles consonants (article 23). Or…par rapport non plus à la septième, mais à l’octave, donc par rapport à la fondamentale de l’accord, les intervalles en question ne sont plus des tierces, mais des secondes, des quartes, bref des intervalles dissonants (article 23 toujours). Et donc ça change tout ! Une neuvième par exemple, la tierce directement au-dessus de la septième, n’est plus qu’une seconde au-dessus de l’octave. La seconde étant l’un des intervalles les plus dissonants qui soit ! Il devient alors particulièrement important de bien placer lesdites tensions pour les tenir les plus éloignées possible de la fondamentale de l’accord.
Comment intégrer les tensions
Sur des accords en position fondamentale, les tensions peuvent se positionner au-dessus du voicing de base :
Entre deux notes du voicing :
Ou en-dessous (mais au-dessus de la note de basse, toujours au-dessus de la basse) :
Sur des accords renversés, on placera le plus possible les tensions au niveau des notes de mélodie, le seul endroit où elles ne créeront pas de dissonance.
Sur les accords renversés toujours, on ne placera la tension en basse que dans le cas d’un accord M7 9, comme ici :