La musique, est-ce un langage ?
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philou3004
Ex:
Une phrase mélodique ou la fin d'une oeuvre est conclus sur un accord stable de tonique, qui pour nous dans notre culture est perçu comme conclusif.
Pour cette conclusion, on est très habitué à entendre une sensible se résoudre sur la tonique.
Hors, est-ce que ce caractère conclusif se retrouve dans d'autre cultures musicales du monde ?
Anonyme
Nouvelle question : "Une musique qu'on écoute est-elle moins "entendable" qu'une musique qu'on entend ?"
Anonyme
Prenons un // avec l'écrit >
L' écriture est-elle un langage?
Pour y répondre, il faut détailler l'écriture ( comme il convient de détailler le mot musique...) >
On peut distinguer : parole, écriture, littérature
AMHA, la musique, c'est comme l'écriture, c'est un au-delà du langage
Hors sujet : Voir Roland Barthes, le degré zéro de l'écriture
De même un écrivain maniant le langage n'a pas besoin de contenant signifié pour faire de la littérature
Anonyme
Citation : Elle parlait mais on n'écoutait plus : on entendait.
Nouvelle question : "Une musique qu'on écoute est-elle moins "entendable" qu'une musique qu'on entend ?
bien ,tres bien !
en prenant toujours mes exemples à la noix ,j'dirais que ça dépend du contexte ...une musique d'ascenseur ou d'attente telephonique même si c'est ton morceau préféré de Boulez,Brassens,Beck (bah quoi ,c'est pas les 2b3 ?),donc ce morceau devient dans ce contexte chiant ...parce que l'on écoute seulement !si on entend ,là , on comprend (entendement et cmpréhension ne sont ils pas synonymes ?).
'fin, pour la hierarchisation des arts ,il faut pas te vexer..c'est peut être uniquement que la vue est plus utilisée que l'ouie ou l'odorat depuis quelques milliers d'années (?).
Anonyme
Citation :
1) pour moi, la musique est un langage
2) AMHA, la musique, c'est comme l'écriture, c'est un au-delà du langage
Tu ne peux pas faire plus simple ? langage ou au-delà du langage ?
Citation : pour la hierarchisation des arts ,il faut pas te vexer..c'est peut être uniquement que la vue est plus utilisée que l'ouie ou l'odorat depuis quelques milliers d'années (?).
Il semblerait que l'homme de Néandertal était musicien (ref. Cyrulink "de chair et d'âme" ). Malgré une structure cérébrale sensiblement différente de la nôtre, ces "gens-là" faisaient de la musique. Quel rapport entretenaient-ils avec elle ? difficile à dire. En tout cas, un rapport différent du nôtre - probablement - en raison de structures cérébrales différentes. Mais qui sait ? Hum. En tout cas, la musique a précédé l'homo sapiens (même si homo sapiens et néandertal étaient contemporains).
La notion de langage s'applique à notre modèle de pensée. Il n'est pas impossible que la langage ait eu une structure non verbale, essentiellement siégée dans les émotions. L'homme a aimé, eu peur... avant d'en comprendre les raisons. La musique a évolué avec la raison, c'est certain. Une musique "fausse", actuellement, ne répond plus à une fréquence donnée alors qu'au niveau des émotions, la fréquence, hein...
Anonyme
Quand tu parles de structures non verbales , ça me fait penser aux "uhoh! theory" d'ethnologues anglosaxons (j'ai oublié les references et les noms),
c'est un peu réducteur ...
Et si au lieu de partir de l'infra-verbal ,de penser à un sous-langage ,c'était en fait un méta langage
Citation : ,c'est un au-delà du langage
créé par l'organisation en société des premiers hommes .C'est plus cohérent ?
Anonyme
Par pensée en miroir, je peux entendre une "méta pensée", une sorte de pensée "primitive" (au sens de venue "avant" = méta) dont l'intuition en est l'expression la plus "intellectuelle" (proche de la pensée). Après tout, si nous admettons qu'il existe une métaphysique dont chaque évènement temporel en serait l'expression, il peut exister une méta-pensée dont chaque "non-mot" (= brique du langage non verbal) en serait l'expression temporelle. Autrement dit, le "non-mot" serait l'expression "cinématique" d'une réalité non verbale, non pas parce qu'elle serait "non dite" mais parce qu'elle serait "secrète", au sens de "ésotérique" (bon, j'avoue qu'en disant cela, je m'amuse un petit peu ). Le langage non verbal exprimerait donc une réalité accessible uniquement aux "initiés". En faisant un parallèle avec le langage musical, je pense qu'il faut une certaine "initiation" pour le saisir (dont la culture en est le vecteur principal). Sans initiation musicale, il est possible que la musique ne soit rien qu'un bruit. Mais bon, là encore, je n'émets qu'une idée à creuser
a.k.a
Bon, j'y disais quelques trucs du genre :
Citation :
Euhhh...pour moi, la musique est un langage;
Prenons un // avec l'écrit >
L' écriture est-elle un langage?
Pour y répondre, il faut détailler l'écriture ( comme il convient de détailler le mot musique...) >
On peut distinguer : parole, écriture, littérature
AMHA, la musique, c'est comme l'écriture, c'est un au-delà du langage
Hors Sujet :
Voir Roland Barthes, le degré zéro de l'écriture
De même un écrivain maniant le langage n'a pas besoin de contenant signifié pour faire de la littérature
L'écriture est elle un langage ? Non, c'est seulement un des moyens d'y avoir recours, c'est un outil langagier.
Tu dius qu'il faut détailler, donc définir, or, tu ne définis rien, tu te contentes de distinguer.
Dire que la musique est un au-delà du langage sans le justifier, c'est un peu étrange. Quant aux écrivains qui dénature le signifiant des unités langagières, c'est dans un but poétique. La persistance du signifiant permet tout de même de éserver le sens général, comme chez Mallarmé.
Pour ce qui concerne la hiérarchisation des arts, je suis assurément plus friand de celle de Hegel, qui n'est pas une taxinomie stupide que peuvent en pondre les historiens de l'art (en exclusivité, une note de bas de page de mon mémoire) :
Citation :
Nous choisissons de faire l'impasse sur l'explication fastidieuse du système des arts hégélien. Celui-ci consiste en une double taxinomie : d'une part, les formes particulières des arts – les périodes historiques dégagées par Hegel, c'est-à-dire le symbolisme, le classicisme et le romantisme – et d'autre part les formes individuelles des arts – architecture, sculpture, peinture, musique, poésie. Le système hégélien des arts pose en trame de fond la manière dont l'esprit se développe à travers l'histoire. Il est d'abord un en soi, une subjectivité pure, une conscience qui se perd dans la sensation, et donne lieu à des œuvres surchargés, emphatiques, à l'instar des pyramides égyptiennes. Le deuxième moment est au contraire prise de conscience de soi-même comme conscience, le moi s'objective et se considère, c'est pourquoi ce moment permet l'apparition d'œuvres dont le contenu et la forme entretiennent un équilibre parfait, comme dans la sculpture grecque classique. Or, dans cet amalgame, l'esprit ne se manifeste pas selon son vrai concept car il est subjectivité infinie, intériorité absolue, à la manière de Dieu. Le sensible, dans l'art romantique est accordé comme inessentiel, c'est pourquoi l'on progresse, de la peinture à la poésie, vers un allègement progressif de la matière dans l'art. La musique est précisément située entre peinture et poésie, en tant qu'elle supprime l'extériorité de la première, mais qu'elle n'est pas encore totalement immatérielle, comme le sera la poésie, détachée de toute matière pesante.
Pour l'exemple du Sacre, je le trouve assez mal choisi, puisqu'il y a un argument écrit par Nicolas Roerich qui sous-tend la musique. C'est un peu comme dire que la musique religieuse se reconnaît immédiatementen raison de sa religiosité...Tant que le texte latin n'est pas rapporté dans l'esprit de l'auditeur sous la catégorie de la musique religieuse, alors cela reste de la musique tout court.
Shruti, on t'a reconnu avec ton méta-langage...quoiqu'en fait, ça ne se tient pas si mal...
Anonyme
Citation : L'écriture est elle un langage ? Non, c'est seulement un des moyens d'y avoir recours, c'est un outil langagier.
C'est complètement réducteur de réduire l'écriture à un outil langagier; >
Pour moi, la musique est un objet réel, le produit d'un travail humain, d'un art. Et qui dit travail, dit intention, pensée, choix ou non-choix etc.
En cela, la musique est comme l'écriture : à des kilomètres de la parole et au-delà du langage ou du style pris isolément.
La parole : je prendrais l'image d'une vague qui déferle sur le rivage, qui a son moment de gloire et qui disparait sans laisser de traces par la poussée de la vague suivante sous l'action de la marée...
C'est aussi la résultante de l'action de musicos coolos qui se tapent un boeuf, chacun dans son coin, pensant qu'ils déchirent tout...
Le langage : c'est compliqué car il y a plusieurs définitions , mais dans le sens :" emploi de signes vocaux, de gestes pour traduire une expérience" alors, la musique est un langage. Mais elle est plus que langage, tout en étant sa limite, son horizon humain; le langage fonctionnant plus comme une négativité pour citer Hégel;
Le style : c'est ce qui donne du cachet à l'écrivain, à l'artiste en général.
(Barthes>)" le style est une Nécessité qui noue l'humeur de l'écrivain à son langage. Ici, il trouve la familiarité de l'Histoire;là, celle de son propre passé."
Le langage( musical ) n'est pas la propriété de l'écrivain ( du musicien),
c'est un objet social;
Le style est la "chose" de l'écrivain, sa splendeur, sa solitude, sa prison. Contrairement à la parole qui est offerte, destinée à une usure immédiate, le style est un phénomène germinatif, il est la transmutation d'une humeur.Il est la partie cachée du rituel de l'écrivain.
L'écriture est une autre réalité formelle qui se place entre le langage et le style: c'est là que l'écrivain s'engage, fait le choix d'un comportement humain, affirme un certain Bien et le présente à autrui, quelque part dans un mouvement de solidarité sociale .
Voilà, pause,... y a l' cerveau qui fume
Anonyme
Citation : Pour moi, la musique est un objet réel, le produit d'un travail humain, d'un art. Et qui dit travail, dit intention, pensée, choix ou non-choix etc.
Etrange façon de penser les choses. "La musique est un objet réel". Il faut faire très attention avec l'emploi du verbe être entre deux substantifs. Affirmer que la musique est un objet réel revient à dire que ceux qui, comme moi, sont hermétiques à la "musique des sphères" ou à la musique des engins mécaniques et des camions poubelles n'ont qu'une vue partielle de la réalité. C'est faux, évidemment... très faux. La musique n'est pas un "objet réel" au sens physique du terme. Il y a des musiques que nous sommes incapables d'entendre parce qu'incapables d'en saisir le langage. Il existe un langage de la musique mais l'équation "la musique = langage" est fausse.
Anonyme
Citation : mais l'équation "la musique = langage" est fausse.
Là, tu ne justifies rien. C'est juste une prise de position.
La musique fait partie du contenu du langage, même si tu ne le veux pas;
De plus, la musique en tant que langage a son histoire propre, son vécu existentiel :
exemple: le tempérament, les gammes, les tons... sont des objets formels obligés, sont des contraintes de l'Histoire et, même plus, font partie du rituel de l'artiste. Il ne peut les contrôler ou, oui, l'espace d'un moment.
Tu diras que le vieux pet népalais qui joue du tuba dans son alpage n'en a rien à foutre de ses conventions ; qu'importe! Lui-aussi a ses propres référants et son propre rituel secret auquel on n'a pas accès; cela ne l'empêche de produire de la musique et nous autres de l'apprécier.
Pour continuer sur Barthes, on en arrive à l'impasse de l'écrivain : soit il reste enfermé dans sa littérature connue de qqs initiés, soit il tente le degré zéro de l'écriture : la page blanche... les X minutes xxsec.de blanc de John Cage.
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