Aux amateurs de rock progressif.

Très bien, mais ces braves gens font un peu l'impasse du désenchantement post 68, qui conduira les uns au terrorisme façon Action Directe ou Brigades Rouges italiennes, d'autres à la désertion pour aller élever des chèvres en Ariège etc... Tant le "summer of love" hippie que les révoltes étudiantes et populaires européennes n'auront été que des feux de paille vite éteints et sans traduction politique concrète au niveau global. Il y a beaucoup de mystification (mythification ?) de cette époque vue de façon plus nostalgique qu'objective par ceux et celles qui l'ont vécue ou presque.

Ce qui se traduit (entre autres...) au niveau des textes. Déjà le "21st century schizoïd man" de Crimson n'était pas un modèle d'optimisme, après derrière ça ne s'est guère amélioré au niveau joie, bonne humeur et confiance dans l'avenir. Critique politico-sociale pour certains, fuite dans l'onirisme et le fantastique, avec d'innombrables références à la S.F. ou à la mythologie, ou encore à la fantasy à la Tolkien, chez beaucoup d'autres. Il faut lire ou écouter les paroles des cadors du prog' de l'époque : tiens, le "Gates of Delirium" de Yes, ou le "Knife" de Genesis; encore plus explicitement politisé, "Get'em Out by Friday" des mêmes. Et à côté de ça on aura aussi de l'onirique à fond les ballons : "I get up, I get Down", "Fountain of Salmacis", "Ripples" etc... Puisque le réel n'était pas modifiable il fallait soit le détruire soit le fuir.

OK, ça fait socio à 2 balles mais le rock fût il progressif (ssiste?) ne pousse pas "hors sol", hors du contexte social contemporain.

Citation :

OK, ça fait socio à 2 balles

Non non, analyse assez fine et objective

Après, c'est comme la poule et l'œuf: L'onirisme à fond les ballons est-il une fuite pour échapper à la dure réalité, ou le vœu d'un optimisme léger envisagé comme une des pierres qui aurait servi à construire une plus belle réalité? Parce que je ne suis pas sûr que ces artistes là aient pu se résoudre à dire du réèl (et par delà, de l'avenir) qu'il n'était pas modifiable.

Et puis poser des constats froids sur nombre de choses désagréables, c'est lucide et honnête, mais ça finit par ronger si on ne se laisse pas aller à la rêverie. C'est bien là la dicotomie des œuvres des artistes que tu donnes en exemple.

On peut y rajouter en "made in chez nous" le "Mekanik Destruktiv...etc..." de Magma ou la plupart des morceaux de Catherine Ribeiro + Alpes, deux groupes assez atypiques mais qui se rattachent au courant du prog', même s'ils ne l'ont jamais revendiqué. Comme quoi le phénomène était bien international. D'autant que ce courant va se développer surtout en Europe, bien moins et plus tardivement aux US.

Citation :

Parce que je ne suis pas sûr que ces artistes là aient pu se résoudre à dire du réel (et par delà, de l'avenir) qu'il n'était pas modifiable. Et puis poser des constats froids sur nombre de choses désagréables, c'est lucide et honnête, mais ça finit par ronger si on ne se laisse pas aller à la rêverie. C'est bien là la dicotomie des œuvres des artistes que tu donnes en exemple.

Contradiction que certains résoudront (peut être...) en versant dans une musique purement instrumentale, sans "message" explicite ou au second degré.