Ambient Music, mondes imaginaires et voix de l'éther

Je pense qu'il y a une part de minimalisme dans l'ambiant, c'est un peu le coté populaire du minimalisme. Je n'ai jamais pu écouter des pièces minimalistes ou répétitives à part certaines pièces de Philip Glass mais son apport est important. Sans les Cage, Riley, Reich pas de Eno ou Aphex Twin.

Un peu comme Varèse qui a beaucoup anticipé l'avenir de la musique. A coup sûr s'il aurait vécu plus longtemps on aurait qualifié sa musique d'ambiant. Je vais sortir une citation issue de sa biographie.

Nous sommes en 1924, époque ou Varèse compose les Intégrales:

"Il y'a plusieurs années, un phénomène acoustique auquel j'assistais et que je decrirai fut pour moi la matérialisation physique de l'organisation des sons et de leur projection, que j'avais mentalement imaginées pendant de longues années.

J'écoutais le trio du scherzo de beethoven à la salle Pleyel, riche en surprises sonores en raison de sa construction acoustique mal  calculée, lorsque je deviens conscient d'un effet entièrement nouveau produit par cette musique familière. Il me semblait sentir la musique se détacher d'elle même et se projeter dans l'espace, à un tel point que je pris conscience d'une quatrième dimension en musique.

Cette sensation peut avoir été due à la place trop résonnante dans la salle ou j'arrivais pour m'asseoir. Je ne sais pas exactement pour quelle raison, mais ce phénomène fut une preuve vivante de ce que j'avais conçu bien des années auparavant, ce que j’appelle la projection du son organisé.

Par projection j'entends la sensation qui nous est donnée par certains blocs de sons, je pourrais dire "rayons du son", si proche est cette sensation de celle produite par les rayons de lumière qu'émettent une puissante torche d'exploration. Pour l'oreille comme pour l'oeil, ce phénomène donne un sentiment de prolongation, de voyage dans l'espace."

Et en 1916 il s'essayait déjà à faire tourner des disques à différentes vitesses. Et en 1917 il déclare:

"Je rêve les instruments obéissants à la pensée, et qui, avec l'apport d'une floraison de timbres  insoupçonnés, se prêtent aux combinaisons qu'il me plaira de leur imposer et se plient à l'exigence de mon rythme intérieur."

On ne peut pas faire plus explicite!

Citation :

 

Il me semblait sentir la musique se détacher d'elle même et se projeter dans l'espace, à un tel point que je pris conscience d'une quatrième dimension en musique.

Par projection j'entends la sensation qui nous est donnée par certains blocs de sons, je pourrais dire "rayons du son", si proche est cette sensation de celle produite par les rayons de lumière qu'émettent une puissante torche d'exploration.

 

Quand Varèse dit cela je pense plutôt aux effets électroniques. Varèse évoque analogiquement la lumière et sa réverbération qui peut être l'équivalent de la projection dans l'espace d'un son via ces effets.

Pas de pourrissage please.

Intéressant. Il y'en a beaucoup que je ne connais pas.

Une grande partie de ma fascination pour le son Eno vient de l'effet obtenu par ses nappes si caractéristiques qui semblent pitchées à différentes hauteurs puis filtrées. Il en ressort un son énigmatique, en total suspension. On l'entend sur des longs morceaux comme celui-ci ou sur le célèbre Thursday Afternoon.

Dans le reportage consacré à Eno, ses propres musiques sont utilisées pour habiller ses réflexions. Je connais tous les albums de 75 jusqu'à 89 (année du tournage) et certaines musiques n'apparaissent dans aucun album. A un moment donné une version qui ressemble à Thursday Afternoon est utilisée. Ce son a un pouvoir évocateur énorme. Je regrette qu'Eno ne l'ait pas exploité.

Probable... En attendant j'ai extrait la bande son du reportage. Ça s'écoute comme un album

Orok> Pour moi c'est Martes son premier album. Mais Cosmos est plus dans un esprit ambient.

Pas mal ce morceau de Sylvian. Lesquels de ses albums sont le plus typés ambient? Plight and Premonition ?

Une de David Sylvian que j'affectionne: