Depuis 2011, AudioThing concocte des plug-ins et des instruments virtuels dotés d’un caractère sonore pour le moins marqué. Les amateurs du genre tel que votre serviteur surveillent donc attentivement chaque nouveau produit de la marque. Pourtant, aucun de ces joyeux joujoux n’a eu droit à un banc d’essai en bonne et due forme sur votre site internet préféré… Jusqu’à aujourd’hui !
Fiche technique
Le dernier né du développeur basé en Irlande se prénomme Speakers. Mélangeant algorithmes et traitements à convolution, il s’adresse autant à la postproduction qu’au Sound Design, en passant bien sûr par la musique et propose de rajouter un certain grain « rétro-analo-LoFi » à vos sources sonores.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, faisons un point technique. Speakers est disponible aux formats VST 2/3, AU et AAX pour Mac et Windows 64 bits. Malgré l’utilisation de moteurs à convolution, l’installeur ne pèse guère plus que 180 Mo. L’installation n’est qu’une formalité et l’autorisation (jusqu’à trois ordinateurs) s’effectue très simplement : soit en ligne en se connectant au compte utilisateur, soit hors-ligne grâce à un bête fichier de licence. En ce qui concerne les performances de l’engin, sachez qu’une instance du plug-in consomme entre 0,1 et 0,3 % de CPU sur ma bécane (Mac Pro fin 2013 Hexacoeur Xeon 3,5 GHz — 32 Go DDR3) selon les modules utilisés, le tout pour une latence nulle la plupart du temps — notez que certains réglages peuvent engendrer un décalage oscillant entre 32 et 128 samples. Quant aux fonctionnalités « annexes » ne touchant pas directement au rendu sonore, mais qui font pourtant bien plaisir, Speakers dispose d’une GUI redimensionnable à l’envi avec en sus trois préréglages de taille accessibles depuis le menu situé dans le coin supérieur droit de l’interface.
Le plug-in propose également un système de notification interne fort bienvenu qui vous préviendra dès la sortie d’une mise à jour, pour peu que votre ordinateur soit connecté à internet bien entendu. Enfin, sachez qu’il est possible de copier/coller les réglages d’une instance du plug-in à une autre, ce qui permet aussi de partager facilement les presets entre utilisateurs via un simple texte. Seul point noir à mes yeux, l’absence d’une fonction de comparaison A/B…
Bien, passons à présent à un examen poussé de la bête !
Mise en situation
Pour ce banc d’essai, je vous propose un nouveau format au travers d’une vidéo comprenant la description de l’ensemble des réglages disponibles ainsi que quelques extraits sonores illustrant les possibilités de ce plug-in. Bon visionnage et rendez-vous tout de suite après pour faire le point.
Retour d’expérience
Après deux mois passés à faire mumuse avec ce beau joujou, la première chose qui me vient à l’esprit en pensant à Speakers pourrait se résumer ainsi : Dieu que c’est fun ! Toutefois, n’allez pas croire que l’outil soit parfait. En effet, certaines absences viennent légèrement ternir le tableau…
Tout d’abord, Speakers ne permet pas d’ajouter d’autres réponses impulsionnelles. Certes, il y a déjà largement de quoi faire avec les trente micros et quarante-sept HP, mais ça aurait tout de même été un plus non négligeable.
Ensuite, le plug-in ne dispose pas d’un module de réverbération, ce qui est fort dommage, surtout dans le cadre de la postproduction où il n’est pas rare de vouloir, par exemple, simuler la diffusion d’une musique à la télé au sein d’une pièce de façon réaliste. Je pense cependant que cet « oubli » n’en est pas vraiment un. De fait, le développeur propose déjà dans son catalogue un plug-in conçu pour ce genre de manoeuvre, le Fog Convolver. Par conséquent, offrir ce type de traitement au sein de Speakers a sûrement dû lui paraître inopportun commercialement parlant.
Autre manque regrettable, une option de synchronisation au tempo pour le temps des fonctions « Echo ». Mine de rien lors d’une utilisation dans un cadre musical, c’est plus que gênant.
Pour finir, les options d’enveloppes du module « Background Noise » mériteraient d’être un poil plus touffues. D’une part, réglé sur « off », le bruit de fond continue même lorsque la STAN est à l’arrêt, ce qui devient vite agaçant. D’autre part, l’utilisateur n’a absolument pas la main sur les temps d’attaque et de relâchement de l’enveloppe. Cela serait pourtant diablement utile au quotidien. Bref, c’est bien dommage tant ce module est fort sympathique au demeurant — mention spéciale pour la fonction permettant d’utiliser des samples externes !
Enfin, ne boudons pas notre plaisir. Comme je vous le disais au début, Speakers est fichtrement amusant à triturer au jour le jour. L’ergonomie générale est un modèle du genre, ce qui invite immanquablement à l’expérimentation. Qu’il s’agisse de travailler un effet pour de la post-prod son à l’image, de réaliser des textures sonores en mode Sound Design, de confectionner un break dans le cadre d’une production musicale ou bien encore de redorer le blason d’une vieille banque de sample poussiéreuse qu’on n’utilisait plus, Speakers sait monter au créneau en un tournemain de la plus belle des façons.
Conclusion
Pour clôturer ce banc d’essai, je me dois d’évoquer « the elephant in the room », comme le diraient nos amis anglophones. Un plug-in tel que celui-ci, baptisé Speakers de surcroît, fait immanquablement penser au mastodonte en la matière : le fameux Speakerphone d’Audio Ease bien connu du monde de la post-prod. Alors, le challenger surpasse-t-il son illustre ainé ? Comme souvent, la réponse ne peut se résumer à un simple oui ou non.
En termes de qualité sonore, Speakers n’a clairement pas à rougir. En revanche, même s’il y a déjà largement de quoi faire, force est de constater que le plug-in d’AudioThing ne peut rivaliser avec la foisonnante variété sonore offerte par Speakerphone. Sauf que le joujou d’Audio Ease n’a pas réellement évolué depuis belle lurette (2009 tout de même…) et il fait figure de véritable usine à gaz digne des plus mauvais clichés de l’URSS face à la simplicité enfantine de Speakers. De plus, Speakerphone nécessite un dongle USB iLok là où Speakers se contente d’un système d’autorisation beaucoup moins contraignant. Quant à l’utilisation des ressources, Speakers est un poids plume comparé à l’ogre Speakerphone. Enfin, le dernier point loin d’être négligeable se résume à l’aspect pécuniaire. Là où le plug-in d’Audio Ease est vendu à un tarif qui le réserve à une clientèle résolument professionnelle, Speakers est en dessous de la barre symbolique des cent euros, ce qui lui vaut aujourd’hui l’octroi d’un Award rapport qualité/prix.
Sur ce, je vous invite comme toujours à télécharger la version d’évaluation afin de vous forger votre propre avis sur la bête. Spoiler alert : cela m’étonnerait que vous soyez déçu !