Pour terminer notre petit tour d'horizon des applications de la convolution, nous vous proposons aujourd'hui un guide d'achat sur les simulateurs d'enceintes guitare et basse, et il sera question aussi de quoi en faire !
Lorsque mon article de 2005 sur la convolution est sorti, mis à jour récemment donc, je dois avouer que l’application de cette technologie émergente dans le monde de la M.A.O. qui m’intéressait le plus, ce n’était pas les réverbérations, mais bien la simulation d’enceintes guitare et basse !
À l’époque, lorsque l’on voulait enregistrer des guitares électriques sur un ordinateur, les outils existants étaient vraiment à des kilomètres de ce qui est proposé aujourd’hui. On commençait à peine à intégrer de la modélisation physique dans les simulateurs d’amplificateurs (qui se souvient des plug-ins Simulanalog, dont les développeurs ont créé Overloud depuis, ou de Green Machine 2). Toutes les personnes qui ne pouvaient pas utiliser de prises de son directe ampli + enceinte + microphone + acoustique de studio se servaient de PODs et autres bidules multi-effets Zoom, ou dans le meilleur des cas de préamplificateurs à lampes qui avaient des simulations d’enceintes intégrées analogiques, ou d’un Tech21 SansAmp GT2 et de ses premières variantes. Une alternative aussi était d’utiliser les premières loadboxes, comme celles de Palmer, dans le but de capter le son de n’importe quelle tête d’amplificateur à bas volume. Mais pour tout ce beau monde, le son de la prise de son après l’amplificateur c’était littéralement un filtre passe-bas à quelques variantes près, et sur enregistrement cela ne faisait pas vraiment le boulot correctement, sans parler de ce qu’arrivaient à obtenir les premières personnes à vouloir se passer de bruit sur scène et qui envoyait les sorties de ces machines vers la table de mixage de l’ingénieur sonorisation.
Puis sur feu Noisevault.com, en plus de celles pour la réverbération, on a vu apparaître des réponses impulsionnelles (ou IR pour impulse response en anglais) pour les enceintes d’amplificateur guitare/basse. Et là tout allait changer, car le son de guitare du bedroom producer a fait un bond en avant spectaculaire. Même le son enregistré à partir d’un POD dans lequel on coupait la (mauvaise) simulation d’enceintes intégrée devenait exploitable dans un mix ! On pouvait alors avoir le son du studio d’enregistrement sur ses productions de home-studiste sans bruit à la capture, et aussi dans ses oreilles sur scène ou chez soi (pour le meilleur, mais pas que)…
La simulation d’enceintes guitare/basse aujourd’hui
Quelques années plus tard, après mon passage chez Two Notes, la convolution est devenue la technologie utilisée par défaut pour simuler plus spécifiquement la prise de son des enceintes pour amplificateurs guitare et basse, ce qui inclut le microphone placé devant, sa position dans l’espace, l’acoustique de la pièce, et la chaine de matériel de mesure. Pour rappel, ces enceintes ont pour spécificité d’avoir une réponse en fréquence tout sauf plate ou équilibrée, mais qui embellit d’une certaine manière le son des amplificateurs associés, et avec lesquelles les ingénieurs du son ont depuis des décennies leurs habitudes en matière de microphones tout aussi peu transparents pour faire la prise de son et obtenir des sons de guitare/basse produits et reconnaissables entre mille (ici la réponse en fréquence d’une IR d’enceintes 4×12 en V30 captée avec un SM57).
Naturellement, les profanes, mais aussi des éditeurs qui se sont mis alors à proposer leurs réflexions, et leurs mesures de réponses impulsionnelles, sont devenus légion. Le contenu gratuit prolifère, ainsi que les marques de librairies commerciales à la mode pour proposer l’ingrédient nécessaire à la production du « gros son de guitare » (par exemple Redwirez, Rosen Digital, Ownhammer…), au point que des marques de haut-parleurs comme Celestion ou Eminence ont du s’y mettre directement. Je me permets donc d’affirmer que la majorité des sons de guitare qui peuvent arrivent dans vos oreilles aujourd’hui sont obtenus ainsi, plutôt que par prise de son directe sur un amplificateur et une enceinte.
Modélisation d’enceintes et améliorations des mesures
Dans le même temps, tout ce beau monde a travaillé sur ce qui permettrait aux IRs des uns de se différencier des autres, ou de comment améliorer la technologie. Chacun y va sur sa petite formule magique dans le processus de mesure lui-même, sur les traitements qui sont appliqués en post-processing directement sur les IRs (la plupart des éditeurs ne fournissent pas d’IRs brutes non traitées par du filtrage additionnel de leur propre aveu), sur le quadrillage de mesures des positions de microphones, l’usage de mix de microphones et de mesures pour coller à un son spécifique, mais aussi sur des fonctionnalités supplémentaires qui peuvent nécessiter pour eux de devenir également fournisseurs de software. On pensera par exemple à tout ce qui permet de rajouter la partie non linéaire des enceintes qui n’est pas négligeable, sur des IRs tierces ou via des technologies propriétaires (DynIR chez Two Notes, IRDX chez Bogren Digital, Nonlinear dans le Cabinetron de Three Body Tech, DSR dans le plug-in SpeakerMix Pro de Celestion ou distorsion dans le Softube/Celestion Speaker Shaper, etc.), aux moyens d’aligner les phases des IRs ou de faire correctement des mix et interpolations, aux corrections des effets de bord du matériel de mesure ou de l’interaction amplificateur de puissance et IR présente dans la mesure, mais disparue de la simulation, aux fonctionnalités intégrées de Tone Matching…
En parallèle, des recherches sur la technologie de simulation d’enceinte ont permis de créer des méthodes alternatives à la capture d’IRs classiques, pour répondre à plusieurs problématiques. Dans la liste on a évidemment la recherche du réalisme via la modélisation des non-linéarités, mais aussi un besoin de personnalisation qu’il est plus facile de satisfaire par exemple sur de la modélisation physique (comme dans le Vandal Amps édité par Magix conçu par un ancien développeur d’u-he ou le Sknote IR-Lab qui utilise le chargement d’IRs pour estimer les paramètres de son modèle, ou la technologie de Universal Audio dans ses OXs) que sur des IRs qui ne donnent qu’une capture statique d’une combinaison d’éléments fixes. Cela permet par exemple de déplacer de manière continue un microphone virtuel, de remplacer à la volée un haut-parleur par un autre, de manipuler la géométrie de l’enceinte ou de retirer une partie à l’arrière, avec un résultat réaliste sans devoir pour chaque enceinte faire 10 000 mesures.
En écrivant cet article, j’ai d’ailleurs effectué quelques recherches, sur la possibilité d’utiliser le plug-in Neural Amp Modeler — dont on vous reparlera très vite et qui simule principalement des amplificateurs et pédales de distorsion à l’aide de techniques de Machine Learning — pour simuler une enceinte seule. L’intérêt est multiple, au vu de la qualité de la simulation de la technologie, tel que pouvoir entendre comment sonne la distorsion d’une enceinte sur enregistrement sans compromettre vos relations avec vos voisins, et décider si la simulation de ce phénomène vous intéresse, ou émettre un jugement sur les technologies proposées par les éditeurs pour vous proposer ce truc de différentes manières avec des IRs ou des technologies propriétaires.
J’ai donc réussi à trouver par exemple ce profil NAM sur ToneHunt.org, ainsi qu’une IR qui a été enregistrée dans la même configuration. En jouant avec le gain d’entrée dans NAM ou autre logiciel permettant de charger ce type de fichier, puis en sélectionnant différents gains en entrée, il est possible alors de jouer sur le niveau de distorsion généré par l’enceinte (et potentiellement aussi par la section amplificateur de puissance utilisée par la mesure malheureusement). J’en ai donc profité pour vous faire quelques exemples sonores, d’abord avec l’IR, puis avec NAM et de plus en plus de gain en entrée. Les deux exemples IR/NAM gain faible étant assez proches, cela valide la possibilité quoi qu’il arrive de pouvoir utiliser aussi du Machine Learning pour faire de la simulation d’enceintes + prise de son !
- Guitar – Dry00:10
- Guitar – IR only00:10
- Guitar – NAM Low Gain00:10
- Guitar – NAM Mid Gain00:10
- Guitar – NAM High Gain00:10
- Guitar – NAM Higher Gain00:10
- Guitar – NAM Highest Gain00:10
- Guitar – NAM Hell Gain00:10
Considérations sonores
Profitons de cet article à présent pour débunker quelques croyances populaires. Contrairement à plusieurs idées reçues, à mes yeux l’élément qui va avoir le plus d’impact sur la signature sonore finale enregistrée dans un mix d’un son de guitare, ce n’est ni l’amplificateur utilisé, ni les micros de la guitare, ni même les doigts du guitariste, mais justement la partie enceinte et prise de son au sens large ! C’est ce qui fait que certains youtubeurs aient pu donner l’impression que tout ce qu’ils jouent sonne de la même manière, quels que soient l’amplificateur ou la guitare utilisés…
Ensuite, un point que je trouve important et que tous les ingénieurs du son de la vieille école connaissent par cœur : le son qui sort d’un processeur de convolution est celui que l’on aurait si on était en train de jouer de la guitare électrique dans une cabine de studio, séparée de l’amplificateur et de l’enceinte qui servent à la prise de son, et non celui diffusé en face de l’enceinte. Pire, ce même son, s’il peut être efficace ou pertinent dans le contexte de la production et du mix, n’est à priori pas le plus intéressant pour jouer en direct voire jugé carrément désagréable pour la plupart des guitaristes chevronnés ! Il peut donc être pertinent, lorsque vous souhaitez jouer avec vos simulateurs d’amplificateurs + enceintes chez vous, de vous demander quelles configurations vous fourniront le plus de plaisir et de sensations de jeu, avec des solutions pas forcément évidentes ou intuitives, et potentiellement différentes selon que vous jouez au casque ou avec des enceintes de studio.
Alors on pourra feinter en utilisant des combinaisons d’enceintes et de micros plutôt transparents pour le jeu et différents de ceux utilisés pour le mixage, et utiliser des outils de spatialisation additionnels pour doubler artificiellement les pistes de guitare ou décorréler les deux canaux stéréo. Mais certains préfèrent dans ce contexte précis ou pour les retours sur scène aussi utiliser des simulations d’enceintes analogiques, ou des combinaisons analogiques/numériques qui simplifient la réponse en fréquence du système de prise son de l’amplificateur, dans l’idée de « lisser » les irrégularités présentes dans la réponse en fréquence d’une IR classique, sans sacrifier ce qui la différencie d’un modèle de prise de son trop simplistes. Cela permettrait également de se retrouver avec un son disons plus « pur » et des sensations de jeu à fort volume sur des enceintes de monitoring ou Freufreu plus proches de ce qui se passe en face de l’enceinte à V30s de base, qui n’est pas teintée par le son du microphone (lui aussi tout sauf transparent). Personnellement je trouve cette approche pertinente en jeu en direct, voire parfois en reprise de son sur scène, mais beaucoup moins intéressante pour de l’enregistrement et de la production, contrairement à ce qu’on peut lire souvent dans la communication et le marketing associés à ce genre de produits. Et comme ils sont souvent conçus comme une combinaison de filtres, il est d’ailleurs tout à fait possible d’en mesurer les réponses impulsionnelles et de les utiliser avec un produit 100 % numérique, de quoi donner le tournis aux allergiques du numérique :)
Simulateurs hardware
Commençons à présent notre petit tour d’horizon des simulateurs de prises de son guitare et basse côté hardware. Il s’agira de parler principalement de produits qui sont dédiés à cette fonction, conçus pour être utilisés dans un pedalboard derrière des préamplis, ou bien après une tête d’amplificateurs pour ceux qui possèdent une section loadbox/atténuateurs, et qui possèdent le plus souvent une sortie casque, mais pas systématiquement.
Il existe également un certain nombre de simulateurs de toute la chaine d’amplification et prise de son dans à peu près tous les formats possibles, avec toutes les technologies de simulation d’enceintes dont on a parlé. Et on voit de plus en plus de têtes d’amplificateurs ou de préamplificateurs à lampes équipés de sorties recording out analogiques voire numériques (chez Victory, Revv ou Mesa Boogie par exemple) avec un moteur de lecture d’IRs, fabriqués par une certaine marque française ! Je vais donc logiquement aborder en premier une marque que les AFiens connaissent bien, à savoir Two Notes.
Je reprécise au passage pour être transparent avec vous que je suis un ancien de la boite et que je travaille encore avec eux comme freelance. Je me permets de vous en parler parce qu’il me semble que cela a du sens dans ce guide d’achat, mais je vous laisserai vous faire votre propre avis, notamment en allant voir les tests réalisés par mes collègues. Elle propose actuellement deux produits phares, l’Opus (300 euros) qui remplace le Cab M+ (279 euros) et qui fait également simulateur d’amplificateurs, ainsi que le Captor X (599 euros) avec sa partie loadbox/atténuateur. Ils peuvent charger des IRs tierces ou du contenu propriétaire au format DynIR qui est compatible avec leur offre software, le Genome étant d’ailleurs proposé gratuitement aux possesseurs de hardware Two Notes.
En concurrence directe, se trouve la marque Universal Audio, avec son rack OX et une version miniature à 429 euros estampillée OX Stomp, qui utilisent un moteur de simulation par modèles physiques. La technologie modélise les non-linéarités des enceintes, réglables directement sur la pédale avec le potentiomètre Speaker Drive, et propose un certain nombre d’enceintes associées à des microphones, la possibilité de mixer 2 microphones et un troisième spécifique d’ambiance, quelques effets additionnels (compresseur, réverbe, délai, etc.), dont le réglage se fait exclusivement via une application, la pédale ne donnant accès qu’à quelques paramètres seulement en direct. Par définition de la technologie, ces produits ne permettent pas d’utiliser de réponses impulsionnelles tierces.
Si vous êtes à l’aise avec l’usage de réponses impulsionnelles, il existe des alternatives à ces marques à petits prix (autour des 140 euros) qui permettent de charger des IRs jusqu’à une certaine taille, telles que la Mooer Radar ou les Mooer Cab X2 et TC Electronic Impulse IR Loader testées dans nos colonnes. Chaque pédale propose un set de fonctionnalités un peu différent, par exemple la Radar inclut une simulation de section de puissance, tandis que la Cab X2 gère la stéréo et deux moteurs de convolution en même temps, et que la TC gère des tailles d’IRs plus longues que les autres (200 ms vs une dizaine de ms chez Mooer), mais globalement les 3 seront parfaites pour coller derrière un préampli au format pédale à budget serré avec vos IRs préférées.
Parlons à présent de l’originale Tsakalis Audio Works MultiCab Mk4 à 265 euros. La pédale est principalement un simulateur d’enceinte numérique, utilisant un format d’enceinte propriétaire qui n’est pas non plus basé sur la convolution, et qui ne permet pas de charger d’IRs. Toutefois, le produit peut embarquer jusqu’à 8 captures d’enceintes, parmi une certaine quantité disponible sur le site de l’éditeur et que l’on va charger via une application desktop. La section numérique gère une partie de la simulation, ainsi que l’ajout d’une réverbération d’ambiance (réglable avec le potentiomètre associé). Mais la pédale intègre aussi des traitements additionnels analogiques, en charge de donner le caractère associé au type de microphone, et de modéliser différents niveaux d’ouverture à l’arrière, ainsi que des sections voicing d’appoint désactivables pour simuler un préampli et le son d’un amplificateur de puissance push-pull. À mes yeux l’approche permet de mixer les avantages des simulateurs numériques et analogiques dont on parlé précédemment, à voir aussi si le résultat sonore convient à l’utilisation que vous souhaitez en faire.
Dans un autre genre, la Neunaber Iconoclast à 300 euros fonctionne uniquement avec un chemin du signal numérique, mais propose une émulation d’enceinte générique principalement à base de filtres, qui peut être visualisée et customisée via une application desktop dédiée, ou l’usage des 3 potentiomètres low/mid/high de la pédale. Le chemin du signal dispose aussi d’un noise-gate, d’un enhancer, d’un EQ paramétrique deux bandes, et d’une modélisation de non-linéarité additionnelle de l’enceinte poussée à fort volume.
Pour la dernière suggestion hardware, il me semble pertinent de vous parler d’une simulation à 100 % analogique pour les raisons que l’on a abordées précédemment, comme par exemple la Suhr Analog Cabinet Emulator à 400 euros. Cette pédale dispose d’une poignée de contrôles de la réponse en fréquence, et modélise la prise de son avec une série de filtres analogiques, ce qui la rend très similaire sur le principe à la Iconoclast qui est pourtant numérique.
Simulateurs logiciels
Côté simulateur software, précisons que tous les processeurs de convolution qui peuvent charger des réponses impulsionnelles, que nous avons abordés dans le guide d’achat sur les réverbérations ou présents dans des logiciels de la catégorie simulateurs d’amplificateurs, peuvent aussi lire du contenu pour les enceintes. Toutefois, de mon point de vue, il peut être intéressant de se forcer à utiliser une simulation enceinte dans un plug-in dédié et seule, que ce soit pour profiter de fonctionnalités proposées spécifiques, ou pour focaliser le travail du son sur une partie uniquement. Par exemple, pour confronter deux simulations de 5150 proposées par des éditeurs différents, il me semble pertinent de désactiver la section enceinte de chaque plug-in pour éviter de comparer des pommes et des poires, et d’ouvrir même derrière un processeur à convolution basique avec une IR que vous connaissez bien et que vous allez utiliser systématiquement.
C’est pourquoi connaître quelques plug-ins gratuits dans le genre peut s’avérer utile. Par exemple, le Pulse de Lancaster Audio, qui a été développé par Ignite Amps que l’on connait bien pour leur TPA-1 (que je vous recommande), le NadIR ou pour le mixeur d’IRs payant Libra, permet de charger facilement une ou deux réponses impulsionnelles de prise de son en même temps. Il propose également quelques contrôles basiques de volume, filtrage, ou panning qui peuvent justifier que celui-ci devienne votre lecteur d’IRs d’enceintes par défaut si besoin.
Toujours pour les budgets serrés, ML Sound Labs propose une version gratuite de son moteur Mikko 2, qui dispose d’une enceinte et d’une poignée de microphones, que l’on peut déplacer dans l’espace sur 4 axes, avec la possibilité d’en mixer plusieurs en même temps et de les positionner chacun à un endroit différent de la stéréo, d’appliquer une égalisation supplémentaire, et même d’enregistrer le résultat sous forme d’une IR !
Côté plug-ins payants, en plus des propositions de Two Notes dont on a déjà parlé, je vous propose d’aller voir des développeurs qui ont sorti des produits avec des concepts intéressants. Commençons par exemple par Get Good Drums, et ses plug-ins Cabs à 50 $ dédiés aux enceintes Zilla ou Mesa Boogie (Cali Oversized). GGD laisse carrément tomber ici la possibilité de lire des IRs extérieures ou de déplacer virtuellement un microphone devant une enceinte. Ses produits se présentent sous la forme d’une table de mixage, avec pour chaque piste un vague contrôle de tonalité, du volume et du panning, et le choix seulement d’une enceinte et d’un microphone. Le plug-in dispose aussi d’un réglage d’EQ global on/off et… c’est tout ! Il s’agira ici de faire confiance aux choix de productions réalisés par GGD, pour aller vers de l’efficacité et de la rapidité de l’exécution…
Dans un genre complètement différent, Prism de Spectre Audio, disponible pour le moment uniquement en version bêta avec abonnement, est basé sur l’idée de connecter un lecteur d’IRs avec une librairie dans le cloud. Ce faisant, il est possible pour l’éditeur de mettre régulièrement à jour sa librairie avec du contenu contrôlé, et de tagger les différentes entrées pour améliorer l’expérience de la navigation et du choix de l’IR idéale. Le plug-in dispose aussi de contrôle de volume/panning / filtre classiques, de la possibilité de mixer 4 IRs en même temps, d’aligner le volume et les phases de tout ce beau automatiquement, etc.
Ensuite, chez Bogren Digital se trouve un plug-in à 39 euros un peu spécial, qui s’appelle IRDX Core. Celui-ci doit se placer après une simulation d’enceintes existante pour lui ajouter une modélisation générique de la non-linéarité des enceintes. Il dispose de quelques réglages seulement, et permet selon les développeurs d’ajouter un petit quelque chose en plus en termes de distorsion et de dynamique. À vous de voir si ce qui est rajouté par le plug-in vous apporte quelque chose en essayant la version démo, sachant que la technologie est présente aussi dans leurs simulateurs d’amplificateurs complets.
Parlons à présent d’un produit au nom qui laisse un peu à désirer contrairement aux fonctionnalités, le Three-Body Tech Cabinetron (79 $). Au premier abord, ce énième simulateur de prises de son ressemble à une usine à gaz aux couleurs des sapins de Noël. Dans les faits, il propose un set de fonctionnalités et de paramètres de customisation plutôt impressionnant. Il permet de mixer jusqu’à 8 IRs et de les doser dans un espace 2 d, de charger des IRs externes en plus de plusieurs centaines livrées avec le logiciel, fournit une section d’égalisation, un modèle générique de non-linéarités à ajouter au rendu sonore, un doubleur stéréo basé sur l’effet Haas, une réverbe de type Room additionnelle dont on peut régler le niveau de send, un analyseur de spectre, un Tone Matching dédié au son de la guitare, un égaliseur 3 bandes influencé par les fameuses courbes d’impédances d’enceintes, un navigateur d’IRs avec gestion de tags… On trouve également des effets à appliquer sur les IRs pour modéliser virtuellement un déplacement de microphone, réduire les irrégularités présentes dans la réponse en fréquence, appliquer des courbes classiques de mixage de son de guitare sur les IRs avec appellation « Mutation », ou encore modéliser l’effet « FRED » lorsqu’on double un microphone avec un angle de 45 degrés entre les deux. Le produit ravira les fans de customisation de réponses impulsionnelles, d’autant que l’on peut logiquement exporter sous forme d’IR le fruit de ses expérimentations.
Dernier logiciel dont je me dois de parler dans cet article, celui d’un autre développeur français, le Blue Cat Audio Destructor (à 99 euros, inclus dans le produit Axiom à 249 euros qui ajoute également des effets). Il s’agit d’un simulateur d’amplificateur complet assez unique qu’on a déjà testé dans nos colonnes, mais ce qui va nous intéresser c’est évidemment la partie enceinte. Celui-ci fournit un outil de design de filtres, basé sur les types d’EQ classiques ainsi que sur des filtres en peigne, qui sont un ingrédient essentiel pour avoir quelque chose qui ressemble à un simulateur de prise de son. Il est livré avec un ensemble de présets et modèles à bases de filtres de simulateurs de prise de son donc, ainsi que la possibilité de charger quand même des IRs, et même de mixer les deux approches, avec un analyseur de spectre qui peut être utile pour construire son filtre en prenant la réponse en fréquence de l’IR comme base !
Liste de réponses impulsionnelles de prise de son
Pour terminer ce petit tour du propriétaire, je vous propose de parler à présent de banques de réponses impulsionnelles. Je vais m’abstenir ici de vous faire une liste de suggestions de banques commerciales, et je vous laisserai jeter un œil de vous-mêmes aux propositions par exemple de Sigma Audio, GGD Studio Cabs, Bogren Digital, ou encore aux banques d’IRs de Celestion et Eminence, en écoutant quelques exemples sonores de démo. Par contre, je ne vais pas me priver de vous faire une liste d’IRs gratuites à télécharger pour agrémenter les propositions de vos processeurs à convolution préférés !
- La marque d’amplis et d’enceintes Science Amplification qui propose gratuitement des IRs de ses produits physiques
- Le blog de David A Overdriven qui met à disposition des IRs d’enceintes ainsi que des articles sur leur capture et des expérimentations
- La collection d’IRs gratuite de Wilkinson Audio, notamment les God’s Cabs
- La collection d’IRs gratuite de Kalthallen Cabs
- Le site de partage de profils NAM ToneHunt.org qui propose aussi des IRs et quelques profils NAM pour les enceintes seules
Conclusion
La simulation d’enceintes d’amplificateurs guitare et basse, avec et sans convolution, n’a maintenant plus de secrets ou presque pour vous, en tout cas en théorie, car normalement si j’ai bien fait mon boulot vous devriez déjà être en train d’essayer plein de nouvelles choses ! J’espère en effet vous avoir donné envie de changer un peu vos habitudes dans ce domaine et de passer plus de temps à travailler votre son pour profiter au maximum de votre matériel, que ce soit pour jouer en direct chez vous, en live ou pour améliorer la qualité et la personnalité de vos enregistrements.
Et c’est ainsi que se clôture notre petite série d’articles sur la convolution et ses applications. Je vous souhaite donc une dernière fois de bonnes convolutions à toutes et à tous !