Tous les guitaristes connaissent la marque Marshall et leurs séries mythiques d’amplis produits depuis plus de 40 ans. Tantôt adulés, tantôt décriés, tout le monde a entendu parler des Marshall Plexi, du JMP, du JCM800 qui sont même devenus des standards. Après les nouvelles séries tout lampes (JVM), les séries aux transistors (MGFX), les séries hybrides lampes/transistors (Valvestate), il ne manquait plus qu’à Marshall une série hybride lampes/numérique. C’est donc en collaboration avec les petits gars de chez Softube (déjà connus pour leurs simulateurs d’amplis logiciels) que Marshall lance la série JMD:1 et entre ainsi dans l’ère du semi-numérique. C’est le modèle JMD501 qui passe à la casserole aujourd’hui…
Déballage
Le JMD501 est le modèle 50 Watts Combo de la série JMD:1. On retrouve tout de suite le style Marshall à la sortie du carton : façade dorée, boutons classiques, logo, typographie… Pas d’excès de zèle sur ce modèle ! La taille de l’ampli est standard pour un 50 Watts : 63,5 × 52,5 × 25,5 cm pour un poids de presque 23 kg tout de même. Il possède un haut-parleur de 12 pouces, 2 lampes d’amplification EL34 et une lampe ECC83 pour la préamplification.
Façade avant
En façade, on retrouve le classique « Input » pour brancher sa guitare préférée suivi du fameux potentiomètre de sélection des 16 modèles de préamplis. Il faudra se référer au manuel pour connaître le modèle qui a été simulé : pas de « ici, c’est le JCM800 ! », « là, c’est un JMP-1 avec une Guv’nor ! », on doit se contenter de simples « Clean Natural » et autres « Lead Classic », dommage ! Marshall ne voulait peut-être pas trop se mouiller. Il suffit de regarder la notice pour étudier la topologie de chaque modèle sélectionné.
Le traditionnel potard de Gain est aussi présent suivi d’un équaliseur trois bandes (Bass, Middle, Treble) et d’un channel Volume. Ces cinq derniers contrôleurs réagiront différemment suivant le modèle de préamplification que vous aurez choisi.
Quatre canaux sont disponibles, et vous pourrez leur assigner n’importe quel réglage. Un mode manuel est aussi de la partie, pratique pour faire le tour d’horizon des sonorités proposées par l’ampli. Notons la présence d’un pédalier fourni, qui permettra de passer d’un canal/preset à un autre.
À l’instar de ce que l’on peut retrouver sur les amplis Line 6, un unique potard permettra de choisir et de doser l’un des effets de modulation. On aura le choix entre un Gate, un Chorus, un Phaser, un Flanger ou un Tremolo dont le seul contrôle s’effectue par le biais du bouton Mod Depth, la rapidité (Speed Rate) change suivant l’endroit où se trouve le Mod Adjust. Il est malheureusement impossible de mixer deux effets, dommage. L’ampli possède un Delay avec touche Tap Tempo et différentes modélisations qui agissent sur le son des répétitions (HiFi, Analog, Tape, Multi). Une Réverbe numérique est aussi intégrée à l’ampli, tous ces effets et leurs possibilités de contrôle en font un modèle très complet. Le bouton Presence agit en fin de chaine, juste avant le Master de l’ampli. Et pour finir, notons la présence de deux switchs Standby et Power.
Façade arrière
On peut dire que le JMD501 n’est pas avare en entrées/sorties ! On trouve des sorties supplémentaires pour haut-parleur : une sortie 16 Ohms et une sortie 8 Ohms/2×16 Ohms. Juste à côté se trouve une boucle d’effet (Send/Return) avec sélection du niveau +4dB/-10dB et un potentiomètre de Mix.
Grâce à la sortie Preamp Out, on pourra profiter du préampli du JMD501 en utilisant un ampli de puissance externe. Cette sortie fonctionne aussi lorsque l’ampli est en Standby (Mode Silent Recording). Il en va de même pour la sortie casque qui vous permettra de riffer tranquillement avec le son de l’ampli sans gêner vos voisins (si vous l’utilisez en Standby, la sortie haut-parleur est désactivée).
Une Entrée Line In permet de brancher une source en niveau ligne (lecteur Mp3, lecteur CD) pour ceux qui souhaitent jouer sur leurs morceaux préférés. L’ampli est doté d’une Emulated Line Out, qui est en fait une sortie symétrique au format XLR simulant une prise de son avec un micro devant un haut-parleur 4×12. Comme pour la sortie Headphones et Preamp Out, on pourra travailler en silence en mettant l’ampli en Standby.
L’entrée Footcontroller permet de brancher le pédalier fourni, on pourra aussi utiliser les entrées/sorties MIDI qui se trouvent à la suite pour contrôler l’ampli. L’utilisation du pédalier est d’ailleurs assez complexe au premier abord. J’avais pu tester le pédalier du Marshall JVM210H qui était un peu une usine à gaz (un appui supplémentaire sur un switch permet de changer de mode sur le même canal : Green, Orange puis Red). Celui du JMD 501 comprend six switchs et permet directement de sauvegarder jusqu’à 28 presets dans le mode Preset Store. On pourra assigner certains switchs de la face avant de l’ampli au pédalier : Manual, changement de canal de 1 à 4, Modulation On/Off, Delay On/Off, Tap Tempo, Fx Loop et Compare.
Après toutes ces découvertes, nous allons enfin pouvoir tester cette bête curieuse et ses 16 Simulations, enregistrées par votre serviteur !
Le beurre et l’argent du beurre ?
La philosophie de cette série est la suivante : à partir d’une même amplification à lampes (deux EL34 pour le JMD501), la préamplification numérique (couplée à une ECC83) permettrait d’obtenir quasiment tous les sons des meilleures têtes d’amplis à lampes Marshall. Cette technologie numérique brevetée par Softube est appelée : « Natural Harmonic Technology ». Voici la liste des différents préamplis modélisés :
- Clean 1 Modern : Préampli du Marshall JVM410H Canal Clair en Green Mode.
- Clean 2 Full : Préampli du Marshall JCM2000 DSL100 Canal Clair avec le Tone Shift On.
- Clean 3 Classic : Préampli du Marshall JMP-1 Clean 1 avec le Bass Shift On.
- Clean 4 Natural : Préampli du JMD:1 réponse plate, premier son propre à l’ampli.
- Crunch 5 Vintage : Mix entre les Préamplis du Marshall 1959 et 1964
- Crunch 6 Classic : Préampli du Marshall JCM800 2203.
- Crunch 7 Deep : Préampli du Marshall Haze 40 (nouvel ampli à lampes de fabrication asiatique).
- Crunch 8 Full : Préampli du Marshall 1974.
- Overdrive 9 Classic : Préampli du Marshall JMP-1 avec le preset OD2.
- Overdrive 10 Modern : Préampli du Marshall JVM410H Canal Crunch en Red Mode.
- Overdrive 11 Deep : Préampli du Marshall JCM 800 2203 couplé à une pédale Bluesbreaker II en mode Boost avec le Drive au maximum.
- Overdrive 12 Detuned : Préampli du Marshall Mode Four avec le mode Scoop On et le Tone Matrix sur 3.
- Lead 13 Deep : Préampli du Marshall Haze 40 en canal normal avec le Boost et le Bright enclenchés couplé à une pédale Bluesbreaker II en mode Boost avec le Drive au maximum.
- Lead 14 Solid : Modélisation de la pédale Marshall Guv’nor.
- Lead 15 Classic : Préampli du Marshall JCM2000 DSL100 couplé à une pédale Bluesbreaker II.
- Lead 16 Modern : Préampli du Marshall JVM410H Canal OD1 en Orange Mode.
Les Samples ont été enregistrés au Studio UFO à Paris en utilisant un préampli micro Chandler Limited TG2, un SHURE SM57 (Dynamique) et un BeyerDynamic M160 (à ruban), le tout dans une interface Digidesign 192 I/O. Toutes les simulations ont été enregistrées avec une Gibson Les Paul Custom 1978.
À l’écoute des Samples, on se rend vite compte qu’il y a du bon… Et du moins bon. Les contrôles de l’ampli (Gain et EQ) réagissent très différemment suivant les simulations utilisées, ce qui rajoute une étendue de palettes sonores assez vaste. Les sons sont intéressants, même si le côté un peu plastique de certaines simulations m’a un peu déçu, notamment les sons clean (modern et natural) avec des aigus qui n’ont pas le côté moelleux de certains amplis à lampes. Les sons « extrêmes » sont un peu trop baveux, un peu trop compressés et les larsens partent très vite ! J’avoue avoir un gros faible pour les crunchs de cet ampli qui m’ont agréablement surpris, notamment les vintage et classic qui sonnent vraiment très bien. Les overdrives s’en sortent aussi assez bien, avec du bon (Overdrive Modern, Overdrive Deep et Overdrive Classic) et du moins bon (Overdrive detuned).
Les effets sont de bonne qualité, surtout les modulations et le delay qui possède finalement pas mal de fonctions (tap tempo, effet tape sur les répétitions…). La réverbe est, comme pas mal de réverbes numériques, un peu brouillonne à fort volume.
Mais trêve de bla-bla, voici les exemples sonores :
Préamplis :
- Overdrive Deep00:13
- Crunch Classic00:11
- Overdrive Classic00:11
- Clean Natural00:33
- Lead Classic00:13
- Lead Solid00:13
- Clean Classic00:32
- Lead Modern00:18
- Crunch Deep00:11
- Overdrive Modern00:11
- Clean Modern00:22
- Crunch Vintage00:11
- Lead Deep00:14
- Crunch Full00:11
- Clean Full00:22
- Overdrive Detuned00:13
Effets :
- Clean Flanger00:23
- Crunch Reverb00:16
- Clean Tremolo00:24
- Clean Phaser Slow00:18
- Crunch Delay HiFi00:22
- Clean Chorus00:24
- Crunch Chorus00:18
- Crunch Delay Tape00:22
- Clean Phaser Speed00:28
Conclusion
Pour un prix inférieur à 800 €, Marshall nous promettait une révolution dans le monde de l’amplification, une sorte de concentré de leurs amplis légendaires dans un combo. La réalité est toute autre : le prix est finalement assez élevé par rapport à la concurrence, et la polyvalence est forcément moindre, les simulations étant exclusivement Marshall. Le côté un peu plastique de certains sons m’a un peu déçu (des sons clairs notamment), même si les sons crunchs fonctionnent très bien et que les effets de modulation sont assez convaincants.