Vous n’êtes jamais satisfait par le son produit par votre guitare électroacoustique une fois branchée ? Vous recherchez une solution compacte pour amplifier votre instrument à cordes en live et en studio, voire pour jouer au casque ? Palmer a peut-être sorti le produit qu’il vous faut !
Après s’être fait la main avec des versions consacrées à la guitare électrique et à la basse, Palmer a récemment sorti une nouvelle version de son préampli Pocket Amp. Dévoilé lors du NAMM en janvier dernier, le bien nommé Pocket Amp Acoustic est, cette fois, consacré au façonnage des sonorités d’instruments acoustiques. Outre son aspect pratique lié à ses dimensions réduites et ses nombreuses entrées et sorties, la machine se démarque en étant censée s’adapter à divers instruments et situations. Ainsi, le Pocket Amp Acoustic serait exploitable en live, en studio ou en extérieur, que ce soit avec une guitare, une basse, un violon ou une contrebasse par exemple. En plus de cela, la bête serait tout aussi à l’aise avec des micros magnétiques que des piezos.
Tout-en-un
La recette du Pocket Amp Acoustic reste globalement la même que celle de ses ainés. On retrouve évidemment un boîtier carré extrêmement compact de 9,6 × 9,6 × 4,1 cm et 0,41 kg, ainsi qu’une palanquée de réglages sur le dessus et de nombreuses entrées et sorties sur les côtés. Le châssis est entouré d’un métal qui assure une solidité certaine, alors que la façade de contrôle est recouverte d’une plaque plus légère certainement en plastique, mais protégée par les rebords épais du contour en métal.
L’appareil est évidemment doté d’une entrée au format jack 6,35 mm à l’avant du boitier. Il est possible de modifier le niveau par l’intermédiaire d’un sélecteur Pad –12 dB lorsqu’on utilise des instruments avec un signal puissant. D’ailleurs, une LED donne de précieuses indications sur le signal d’entrée, ce qui permet d’éviter de saturer le préampli. Juste à côté de l’entrée principale se trouve une sortie casque stéréo au format jack 3,5 mm, une entrée Aux stéréo, ainsi qu’une sortie Thru pour connecter un accordeur ou un second ampli. L’arrière du châssis est occupé par une sortie DI au format XLR dotée d’un sélecteur Ground Lift, par une sortie pour relier le Pocket Amp Acoustic à un ampli ou un autre appareil de votre chaîne d’effets, par un sélecteur pour inverser la polarité et éviter l’effet de larsen, et par une prise jack stéréo FX Insert pour placer les pédales de votre choix dans une boucle d’effets. Attention, l’utilisation de la boucle d’effets nécessite un câble d’insert avec d’un côté un jack stéréo, et de l’autre deux jacks mono. Enfin, la machine de Palmer nécessite une alimentation de 9V, mais peut aussi fonctionner avec une pile que l’on place dans une cavité dont l’ouverture ne nécessite aucun outil.
Les potards, eux, sont sur la façade et sont organisés en deux rangées. Nous avons d’abord la section d’égalisation, avec un réglage des graves, un réglage des médiums paramétriques composés d’un potard de niveau et d’un potard de choix des fréquences, et un réglage des aigus. La seconde section présente des boutons pour modifier le gain, les fréquences d’un filtre Notch (de 20 Hz à 400 Hz) pour éviter le feedback, le mix entre les signaux dry et wet, et le volume. Les potards rotatifs offrent une petite résistance bienvenue, mais le glissé peut légèrement varier en fonction des réglages. Notons d’ailleurs que les potards pour les graves, les aigus et le niveau des médiums sont pourvus d’une petite encoche assurant que l’on retrouve aisément la position centrale neutre. En définitive, les potards font le boulot, mais ne respirent pas non plus la solidité pour une utilisation sur le long terme.
En plus des potentiomètres, on trouve sur le panneau de contrôle quatre petits sélecteurs et un footswitch d’activation. Le premier sélecteur permet de choisir entre trois modes d’égalisation et d’ainsi s’adapter à l’instrument utiliser : A.B. pour un instrument avec des fréquences basses (basse acoustique, contrebasse, etc.), A.G. pour les instruments nécessitant moins de graves et dont on ne veut pas entendre les bruits de corps (violon par exemple), et MAGN. pour les guitares acoustiques équipées de micros magnétiques. Le deuxième sélecteur vous offre le choix entre placer la sortie DI avant ou après le circuit du Pocket Amp Acoustic. Il est donc possible d’utiliser la machine comme une pure boîte de direct, ou bien de récupérer le signal traité via la sortie XLR. Le troisième sélecteur modifie la fonction du footswitch : en mode Mute le sélecteur au pied permettra de rendre silencieuse la machine tout en profitant de la sortie accordeur par exemple, alors qu’en mode ByPass le Pocket Amp sera complètement désactivé et vous retrouverez le son de votre signal non traité. Enfin, trois modes Flat, Modern et Vintage sont accessibles par l’intermédiaire d’un dernier sélecteur. Le premier mode est censé offrir des sonorités neutres, le deuxième un son plus précis et aéré, et le troisième un son plus chaud et rond.
Pimp my ride
Nous avons enregistré une série d’extraits pour vous faire découvrir les sonorités du Pocket Amp Acoustic. Pour cela, nous nous sommes emparés d’une Taylor 814ce 2018, et l’avons branchée dans l’appareil. La machine de Palmer est reliée à une interface audio Steinberg UR22 par l’intermédiaire de la sortie en XLR. Sachez que l’électronique Expression System 2 qui équipe la guitare Taylor est dotée d’un piezo, et qu’elle nous avait marqués par sa qualité.
- 1 Gain max puis baissé, Volume 1 4 00:43
- 2 Volume 1 3 puis bougé, gain 1 2 00:55
- 3 EQ Flat, modes Flat puis Modern puis Vintage 01:00
- 4 Strumming Son Dry piezo pur VS Wet Pocket Amp en mode Modern 00:45
- 5 Solo Son Dry piezo pur VS Wet Pocket Amp en mode Vintage 00:48
- 6 Mode Flat, potard des graves 01:14
- 7 Mode Flat, potards des médiums 02:19
- 8 Mode Flat, potard des aigus 01:09
- 9 Blend d abord 100% Wet, puis mixé, puis 100% Dry 01:28
- 10 Filtre Notch de Off à 400Hz 01:21
- 11 Mode A.B., puis A.G., puis MAGN 00:36
- 12 Aux In 00:31
L’utilisation du Pocket Amp Acoustic exige d’être attentif à la gestion du volume et du gain. En effet, le volume génère un léger souffle à peine passé le premier tiers de la course du potard. Le bruit commence à devenir vraiment audible à 12h, et très gênant à partir des 2/3. À l’inverse, le réglage de gain est très silencieux, même poussé à fond. Il faudra donc privilégier ce dernier, et l’on obtient assez facilement un niveau de sortie suffisant sans aucun bruit. Nous restons tout de même étonnés par ce petit défaut de conception.
Rapidement, on se rend compte que l’appareil de Palmer respecte parfaitement le son de l’électronique de la guitare, et qu’il permettra de donner un caractère différent aux sonorités et de gommer certains défauts sans pour autant transformer un mauvais piezo en bête de course. Les différents styles modifient radicalement l’égalisation de base. Le son Modern est creusé dans les médiums avec des graves assez présents. Le spectre de fréquences est plus large, et l’attaque plus douce. Il est idéal pour du strumming par exemple. Le mode Vintage, lui, est plus resserré, avec un son axé médiums et une attaque plus présente qui devrait faciliter l’intégration dans un mix, notamment en picking. Il est évidemment possible d’obtenir ces différents sons en utilisant uniquement le mode Flat et l’égalisation, mais il est appréciable de pouvoir partir de différents sons de base que l’on peut affiner ensuite, tout en profitant de l’entièreté de la course des potards de l’EQ.
En parlant de la section d’égalisation, nous avons remarqué que le potard de réglage des aigus génère lui aussi pas mal de souffle lorsqu’on augmente le paramètre. Cependant, le réglage est très efficace et il ne sera pas nécessaire de trop le pousser. Le contrôle des graves est tout aussi efficace, mais, cette fois, silencieux. Quant aux deux potards pour les médiums, ils s’avèrent redoutables. On peut notamment creuser légèrement dans les médiums pour avoir une attaque un peu plus naturelle, puisque c’est un des défauts des piezo. Le réglage Blend est un complément idéal à l’EQ, puisqu’on peut, par exemple, récupérer un peu de l’attaque et de la richesse du son dry. Il est vraiment intéressant de mélanger les deux signaux à notre convenance, et c’est l’un des points forts du Pocket Amp Acoustic.
Il nous a été difficile de réellement juger le filtre Notch sans utiliser le préampli dans des conditions live. Nous avons tenté de maitriser des petits larsens, et le filtre semblait agir sans régler tous les problèmes de feedback. Il modifie aussi légèrement le son de la guitare, ce qui est inévitable, mais ne dénature pas pour autant tout cela.
Dans la même veine, nous n’avions pas à disposition d’autres instruments acoustiques que des guitares. Nous avons toutefois testé les modes A.B., A.G. et MAGN. avec des guitares électroacoustiques et électriques. Les trois semblent agir comme des filtres. Par exemple, le mode A.G. réduit effectivement les graves, mais assez peu les frottements contre la caisse (c’était la promesse de Palmer). On peut donc l’utiliser comme une solution d’égalisation complémentaire, et pas seulement lorsqu’on change d’instrument. Le mode MAGN. donne un son étouffé assez peu utile avec un piezo. N’ayant pas de guitare acoustique équipée de micros magnétiques sous la main, nous avons, par curiosité, utilisé une guitare électrique. Le rendu était correct, sans plus, notamment en raison d’un manque de précision dans l’attaque et d’articulation des notes. C’est toujours assez étouffé, et les modes A.B. et A.G. s’avèrent finalement plus convaincants. D’ailleurs, si vous comptez utiliser le Pocket Amp comme DI pour votre gratte électrique, sachez qu’il pourra dépanner en enclenchant le pad –12 dB, mais qu’il ne rendra pas vraiment justice à votre instrument.
Enfin, nous avons été agréablement surpris par la sortie casque. Le son est clair, défini, et l’image stéréo est bonne. Ainsi, lorsqu’on utilise une source externe via l’entrée Aux la stéréo est bien respectée, et le son de la guitare se mêle très bien à un backing track par exemple. Ah oui, le son de la source externe est retransmis par toutes les sorties. On peut donc faire des enregistrements sympas en deux temps trois mouvements.
Conclusion
Le Pocket Amp Acoustic de Palmer est une boîte à outils utile dans de nombreuses situations. Il peut faire office de DI pour de l’enregistrement studio, permet de façonner son son de guitare électroacoustique, et d’envoyer un signal limpide à un ingé son en live en parallèle, ou non, d’un ampli acoustique. Il peut aussi faire office de pédale d’effets avec un boost, un EQ, et même une boucle d’effets pour insérer des effets externes. De plus, son format compact et le fonctionnement sur pile sont d’énormes atouts, notamment cumulés à la bonne sortie casque et à l’entrée Aux. C’est donc un bon appareil qui vous permettra de travailler sereinement avec votre guitare électroacoustique pour un tarif accessible de moins de 150 €. Attention, il sera évidemment très dépendant de la qualité de l’électronique de votre guitare, et pourra gommer des petits défauts sans radicalement changer la donne.
Toutefois, la machine de Palmer aurait vraiment pu sortir du lot en ajoutant quelques fonctions supplémentaires. Il est dommage qu’on ne puisse pas l’utiliser comme une interface audio, avec de l’USB par exemple. Ça aurait été une solution à moindre coût pour s’enregistrer à la maison, ou même sur un appareil mobile. Il est aussi dommage qu’il n’y ait pas de presets pour avoir des réglages différents accessibles rapidement lorsqu’on change d’instruments ou de chansons. Si on ajoute à cela le souffle assez présent avec le réglage de volume, la note de 3,5/5 nous paraît justifiée. En définitive, orientez-vous vers le Pocket Amp Acoustic si la compacité et la présence de nombreuses entrées et sorties sont des éléments essentiels pour vous.