Connaître les principaux éléments nécessaires à la composition d'un Home Studio informatique, c'est bien. Mais savoir quoi acheter, c'est mieux. Voici donc un petit guide pour vous aider à dépenser vos précieux euros à bon escient.
Note : Parce qu’il serait vraiment trop indigeste d’évoquer toutes les produits et composants existant sur le marché, il ne s’agira pas ici de rentrer dans le détail des équipements mais de prodiguer quelques bons conseils à ne pas perdre de vue pour ne pas avoir à regretter ses dépenses.
Si vous avez raté le premier épisode, lisez le dossier « Les bases de la MAO 1/1 ».
Cohérence de la chaîne audio
La première chose à laquelle vous devez être attentif tient dans la cohérence de votre Home Studio en terme de qualité : A quoi sert d’avoir un méga archi top micro si c’est pour le brancher sur une carte son de base ? A quoi sert d’avoir une carte son avec un son super si on travaille « en aveugle » avec des enceintes pourries ?
Pensez donc bien, par rapport à votre budget, à établir une chaîne audio cohérente. On a coutume de dire que la faiblesse de tout système est déterminée par son maillon le plus faible.
C’est partiellement vrai pour le studio et si l’un des éléments de la chaîne est nettement en dessous des autres, c’est la faible qualité de cet élément affaiblira considérablement la qualité de l’ensemble.
Définition des objectifs et du budget
Pourquoi montez-vous un home-studio ?
- Vous voulez juste vous faire plaisir à vous enregistrer ?
- Vous voulez faire vos démos, vos maquettes ?
- Vous voulez réaliser votre album ?
- Vous voulez acquérir cette compétence qui vous manque pour avoir une corde de plus à votre arc ?
Réfléchissez bien à l’usage que vous envisagez et à l’investissement que cela implique. Investissement financier, certes, mais investissement en temps et en sueur aussi.
On voit souvent des musiciens qui se disent « J’ai déjà un ordinateur. Je n’ai plus qu’à acheter ce qui va autour et je vais pouvoir enregistrer mon album ». C’est 9 fois sur 10 une grossière erreur. La prise de son et le mixage sont de vrais métiers et ça ne s’improvise pas. Certes on peut acquérir avec le temps la compétence nécessaire, mais ça n’arrive pas du jour au lendemain et le temps que vous passer à votre formation autodidacte est à déduire de celui passé à faire de la musique, à travailler son instrument, à prospecter des dates ou des prods.
Si par exemple vous avez besoin d’une démo rapidement et que vous ne connaissez rien à la MAO, peu d’informatique, rien ou presque à la prise de son et au mixage, allez de préférence faire quelques journées de studio. Ça ne vous coûtera pas forcément plus cher pour un résultat qui s’avérera probablement incomparable. C’est un calcul qui peut s’avérer bien plus rentable en plus, parce que votre bonne démo vous ramènera sans doute plus de dates qu’une première démo pourrie. Sans compter tout le temps que vous allez passer rien qu’à résoudre des problèmes techniques.
Maintenant, si vous voulez votre home-studio pour évoluer sur la durée et pouvoir vous ouvrir d’autres horizons sonores, c’est sans doute une excellente idée !
De quoi ai-je besoin ?
Réfléchissez bien à l’usage que vous allez faire de votre home-studio. Si vous travaillez seul et que vous allez tout enregistrer piste par piste, il n’est pas nécessaire d’acheter une carte son avec plein d’entrées et sorties.
Si vous travaillez quasi uniquement avec des synthés et ne ferez qu’occasionnellement des enregistrements de voix ou d’instruments acoustiques, inutile d’investir dans un super micro statique. En cas de besoin, louez-en un pour la journée.
Bref, prenez bien en compte votre besoin réel. Qui n’est pas le même que celui du voisin. Donc, n’écoutez pas forcément Untel qui vous dit de prendre cette carte son parce que c’est le top de la mort qui tue. Pour lui peut-être, mais est-ce bien le cas pour vous ?
Pensez à l’avenir
Vouloir avoir une chaîne audio cohérente ne signifie pas forcément non plus donner la même priorité à tous les éléments. Par exemple, un ordinateur, ça se change ou ça s’upgrade. Les enceintes de monitoring, par contre, vous devriez les garder longtemps parce que vous allez vous y habituer et vous saurez à la longue comment mixer dessus pour que ça sonne bien partout.
Un parc de micro, ça se construit avec le temps, au fur et à mesure des moyens et des besoins. Pensez donc à investir, pour les premiers, dans des micros qui vous serviront vraiment, mais aussi que vous pourrez conserver longtemps. Un micro se revend mal.
De même si vous vous équipez d’une console, pensez à ce que vous allez en faire dans l’immédiat, mais aussi à des besoins à venir, notamment pour la qualité et pour le nombre de voies, d’auxiliaires, d’éventuels sous groupes…
La répartition du budget
Une des difficultés dans la constitution du Home Studio provient du fait que le prix de chaque maillon n’est pas forcément le même. Par exemple plus on monte en gamme pour l’ensemble, moins le poids de l’ordinateur dans l’investissement global est élevé. Entre un ordinateur de base et une bête de course, le rapport de prix est aujourd’hui de 1 à 3 ou 1 à 4 au pire. Pour un micro, on arrive vite, entre la base (correcte) et le top, à des rapports de 1 à 20 ou de 1 à 30 ! De même pour les consoles ou les préamplis.
La grande question va être quand même : beaucoup de choses ou peu, mais bonnes ? Par exemple pour un même prix, plusieurs micros ou un seul bon ? C’est selon votre usage et vos objectifs. A moins que vous n’ayez une fortune à dépenser, ce sera de toutes façons une affaire de compromis. Le tout étant de faire les bons ;-)
Maintenant que vous avez votre budget, il va falloir choisir tout pour que ça rentre dans les clous.
Il est difficile de donner des budgets précis pour chaque maillon. C’est fonction de vos besoin, de vos réflexions. Et puis, on ne peut pas dire simplement « 1/5 » par élément de la chaîne.
L’ordinateur
Dans un budget donné, ne vous focalisez pas trop sur l’ordinateur. Vous ne pourrez pas l’utiliser au maximum tout de suite et il y fort à parier que son remplacement, quelques mois ou un an plus tard, coûtera bien moins cher que celui d’un micro. Prenez-le compatible avec la carte son et suffisamment puissant et pourvu en mémoire pour les applications prévues. Inutile de se suréquiper particulièrement dans ce domaine. Préférez upgrader plus tard.
Pensez tout de même à un bon écran. C’est un point important (cf « environnement »). Pensez aussi au bruit de l’ordinateur. Il faudra soit investir dans des systèmes silencieux (ventilateurs à faible bruit, refroidissement liquide), soit penser à isoler l’unité centrale pour que son bruit, fatigant à la longue, ne vienne pas perturber votre mixage.
Marque ou pas marque ? Quel intérêt ?
Le choix d’un ordinateur de marque est un certain gage de qualité. Théoriquement, les machines étant assemblées à des milliers ou des dizaines de milliers d’exemplaires, les composants sont testés pour être bien compatibles entre eux. Dans la pratique, ce n’est pas toujours vrai. Certaines marques ont aussi quelques gros défauts comme la quasi impossibilité d’upgrader (d’augmenter la capacité de la bête), des ajouts personnels de logiciels qui alourdissent inutilement le système, etc…
Enfin, sur un ordinateur « de marque », vous n’avez généralement pas le choix de la config. Il y a une gamme préétablie, point. Or, il vous faudra sans doute un processeur puissant, mais vous n’avez sans doute pas besoin d’acquisition vidéo. Ainsi vous allez payez inutilement des choses dont vous n’avez pas besoin. Sans compter que vous payez la marque, son marketing… et sa hot line, ce qui peut s’avérer bien pratique.
Nous n’évoquerons pas ici la question PC ou Mac. C’est un vieux débat qui perdurera sans doute aussi longtemps que les deux mondes existeront. Sachez que chaque choix représente des avantages et des inconvénients. A vous de vous faire votre opinion.
Le choix d’un petit assembleur présente aussi ses qualités et ses défauts. La première qualité est que vous choisissez ce qu’il y a dans votre machine. Vous ne payez donc que ce dont vous avez besoin. La difficulté est de trouver un assembleur vraiment compétent. Et même comme ça, il existe tellement de « composants » que le meilleur assembleur pourra difficilement prévoir, voire détecter d’éventuelles incompatibilités.
Si vous connaissez rien, il est possible que l’assembleur vous balade en vous disant que vos problèmes viennent d’un virus (ils ont le dos large ces bestioles). Il y en a aussi de très bien chez qui vous trouverez qualité d’assemblage et service. Attention ! Tout se paye.
Dans tous les cas, si vous n’y connaissez rien à l’informatique, n’assemblez pas votre ordinateur vous même. L’argent gagné sera largement perdu en soucis.
Enfin, dernière remarque : si vous souhaitez faire quelque chose d’un peu pro, n’utilisez votre ordinateur QUE pour la musique. Cela vous permettra de l’optimiser en supprimant tout ce qui n’est pas utile à la musique (et dont la présence consomme inutilement de la puissance) et vous évitera quelques soucis de type incompatibilité d’humeur entre différents périphériques, logiciels…
Sachez que, d’une façon générale, plus on « charge » un ordi, moins il risque de fonctionner à son rendement maximum.
Les logiciels
Ce poste peut vite s’avérer important si vous avez des vues sur les grandes références du marché. On se calme ! Si vous n’avez jamais touché à la MAO, inutile de foncer sur l’achat d’un Cubase, Logic ou Sonar à plusieurs centaines d’euros.
Tournez-vous dans un premier temps vers les freeware et sharewares. Il y en a d’excellents qui permettent de largement se familiariser avec la MAO et de faire déjà pas mal de choses. De même pour les plug ins. Vous saurez ainsi plus tard, avec un peu d’expérience, mieux juger de vos besoins et de vos envies pour bien choisir un « gros » logiciel. Un « petit » logiciel sera de surcroît plus facile et rapide à aborder et à maîtriser qu’une grosse usine à gaz…
N’oubliez pas non plus que les logiciels payants existent à 99,9 % en version démo. De quoi se faire une assez bonne idée avant de braquer une banque ;-)
Préamp, tranche ou console ?
Encore une fois, question de besoin. Voyons un constat simple. Une console a plus de fonctions qu’un préamp ou une tranche de console. Donc elle coûte plus cher à fabriquer. Si pour un même budget, vous prenez quelque chose qui a beaucoup moins de fonctions, vous risquez fort d’avoir… une bien meilleure qualité.
Si vous avez besoin de pas mal d’entrées simultanées, le choix d’une console s’impose. Si vous n’allez travailler qu’avec un ou deux micros en même temps, un préampli ou une tranche de console est un choix bien plus judicieux.
Cependant, la console offre d’autres avantages, notamment en terme de confort de travail. Ainsi, la possibilité de brancher tous ses instruments sur la console, mais aussi les sorties de la carte son. Vous avez ainsi tous les réglages sous la main et pas besoin de régulièrement brancher / débrancher des câbles. Argument non négligeable, n’est-ce pas ?
Donc, si votre priorité est la qualité audio : préamp(s) ou tranche(s) de console. Si votre priorité est en revanche le confort de travail, optez pour la console.
La console offre en outre l’avantage de pouvoir mixer ce que sort de l’ordi (enregistrements ou instruments virtuels) avec vos autres instruments pour envoyer tout ça vers le casque et les enceintes. Bien agréable lorsqu’on joue live, pour répéter ou pour composer.
Quelle que soit l’option que vous choisirez, il y a de fortes chances pour que vous vous équipiez de l’autre par la suite. Le tout est de décider par où commercer.
Les enceintes de monitoring
Voilà une des choses qu’il est difficile d’acheter si vous n’avez pas l’habitude de bons systèmes d’écoute. En effet, on peut considérer que l’oreille est « étalonnée » en fonction de la qualité qu’elle a l’habitude d’entendre. Moralité, chaque chose qui sonne mieux vous semblera super, ce qui ne vous empêchera pas de vous retrouver déçu ou limité plus tard. Voici donc quelques conseils pour vous donner la chance de faire le meilleur choix :
Bloquez votre budget
Lorsqu’on commence à écouter pas mal d’enceintes de monitoring, on s’aperçoit vite de grands écarts de qualité, mais aussi de prix. La tentation peut vite venir de sur investir. Pourquoi pas à condition que vous sachiez ce que vous faites. Après tout, ces enceintes vont vous suivre des années tandis que le reste évoluera. Mais il y a aussi un risque d’escalade mal venue qui assècherait votre budget pour le reste de l’équipement. Le mieux est donc de se donner un budget et d’éviter de trop en bouger.
De même, s’il est intéressant d’écouter quelques enceintes dont le prix est largement supérieur à votre budget pour « se faire une idée », n’en écoutez pas trop : toutes celles qui sont en dessous risquent ensuite de vous sembler mauvaises alors qu’elles ne le sont pas forcément, mais juste moins bonnes ;-)
Faites vous accompagner par une ou deux personnes
Si vous connaissez quelqu’un qui a une bonne oreille, un peu l’habitude d’écoutes de qualité, c’est l’idéal s’il sait rester à votre niveau et ne pas dénigrer systématiquement tout ce qui est dans votre budget. A défaut, quiconque de vos connaissances avec un minimum d’oreille est le bienvenu. Il peut être intéressant qu’il(s) n’ai(en)t pas tout à fait les même goût musicaux que vous. Même si vous n’êtes pas d’accord, ses/leurs remarques vous aideront à prendre du recul par rapport à ce que vous écoutez. A deux ou trois personnes, on entend plus de choses que seul.
Pensez à votre façon de travailler.
Si vous avez tendance à mettre trop de reverb, évitez des enceintes qui atténuent celle-ci. Si vous avez tendance à être léger sur les basses, évitez les modèles qui « poussent » les basses. Et inversement, d’ailleurs.
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Préparez-vous un CD
Dans la plupart des cas, sur les lieux d’écoute, le lecteur de CD ne sera pas à l’emplacement optimal pour écouter les enceintes. Vous risquez donc des aller-retours vite gênants pour changer de CD, passer d’une plage à l’autre, etc. L’idéal est de se faire un CD avec des extraits de quelques dizaines de secondes de morceaux que vous connaissez bien et avez l’habitude d’écouter. Prenez dans ces morceaux les parties les plus marquantes. Choissez si possible des morceaux de styles très différents, comportant des instruments très différents et avec des productions différentes et d’époques différentes.
Mettez aussi quelques morceaux entiers qui peuvent comporter des éléments très révélateurs (par exemple, un duo piano/contrebasse, un morceau de guitare classique ou un remix bien péchu).
Enfin, si vous avez déjà enregistré et mixé de vos morceaux, quel que soit le moyen, mettez-en un ou deux sur le CD pour voir comment ils « sortent »
Organisez l’écoute.
Ecouter différentes enceintes dans différents lieux à des jours d’intervalles n’est pas la meilleure solution. L’idéal serait de pouvoir écouter toutes les enceintes de votre gamme de prix dans un même lieu au même moment. Certains magasins permettent en partie ceci avec des « murs d’enceintes » où l’on peut passer immédiatement d’un modèle à l’autre. C’est malheureusement trop rare. Essayez donc de regrouper votre tour d’horizon sur une ou deux journées consécutives. Prenez rendez-vous avec vos potes volontaires et allez faire le tour des boutiques.
Comment écouter ?
Il y a quelques critères qui aident à déterminer la qualité d’une enceinte :
- L’équilibre des fréquences : tout le spectre doit être rendu de façon la plus équilibrée possible. La courbe de fréquences doit vous sembler la plus plate possible. S’il vous semble y avoir un trou et/ou une bosse sur certaines fréquences, allez voir plus loin.
- Le rendu des timbres : si vous n’arrivez à différencier une contrebasse d’une basse, allez voir plus loin ! De même, sur une guitare acoustique en solo, vous devez entendre la caisse de résonance et les harmoniques. Les rendus des cuivres et des bois (clarinette par exemple) sont aussi un bon indicateur.
- L’image stéréo : vous devez ressentir le placement des instruments dans l’espace. non seulement latéralement (droite/gauche), mais aussi en profondeur (loin/proche)
- La vie des reverb : vous vous apercevrez que selon les enceintes, il y aura plus ou moins de reverb dans les morceaux. Manque comme excès ne sont pas très bons signes.
Faites jouer votre goût
S’il y a de bonnes et de mauvaises enceintes de monitoring (comme pour tout produit), dans une même gamme et un rapport qualité/prix proche, votre goût jouera beaucoup. N’achetez pas des enceintes qui vous semblent « criardes » ou au contraire trop « rondes »
L’ampli : lampe ou transistor ?
On parle souvent des amplis a lampe comme la panacée en terme de qualité sonore. C’est effectivement bien souvent le cas…. Pour le matériel a plus de 1500 € !!
Une des « modes » du moment de la part des fabricants (car oui, lui aussi, le milieu pourtant très fermé de la MAO est victime d’effets de mode) est d’inclure systématiquement des lampes dans leur matériel (préamplis, compresseurs, voire micros etc.) afin de leur donner un petit air « vintage ». Un véritable produit « à lampe » intègrera lesdites lampes sur l’intégralité du trajet du signal, tout en alimentant ces lampes avec un voltage assurant leur rendement maximum (aux environs de 280 Volts). C’est cette combinaison de facteurs qui assurera un vrai son « à lampe ». Trop souvent, les produits d’entrée de gamme intègrent des lampes alimentées en 9V ou 12V, et pas forcément sur l’intégralité du flux audio dans l’appareil (généralement uniquement en sortie). Ca n’est pas forcément une mauvaise chose, mais la lampe se contentera d’apporter une « couleur » particulière au son, sans lui apporter la dynamique et la chaleur d’un véritable appareil a lampe, et le son d’un appareil tout transistor mais bien étudié, à prix équivalent, à toutes les chances de sonner au moins aussi bien, voir mieux dans bien des cas.
Les câbles, les accessoires
C’est le truc auquel on ne pense généralement pas. Pourtant, un bon câblage est essentiel. On voit parfois de bons instruments, de bons micros branchés avec des câbles de m…
Entre un câble de base et un bon câble, il peut y avoir une différence de signal du simple au double. Pensez-y. La qualité du câble conducteur, mais aussi des prises pour que les contacts se fassent bien.
Et puis il y a tous les accessoires. Comme par exemple les pieds de micro. La différence de confort d’utilisation entre un pied de micro de… base et un bon pied se ressent vite dès que l’usage du studio est un peu régulier.
De même, pensez à la disposition de votre matériel. Comment tout placer pour une bonne ergonomie ? Où placer mes enceintes pour que l’écoute soit optimum ? Faut-il prévoir du mobilier supplémentaire ? Des stands ?
Pensez que le travail de mixage est souvent long et qu’une bonne chaise ou un bon fauteuil peut le faire passer du désagréable/exténuant/douloureux à un vrai plaisir ! Sans compter la sauvegarde de votre dos.
L’environnement
Vous voulez enregistrer un album. Pas une démo ou une maquette, mais un beau vrai album avec un son pro. Et vous allez faire ça dans votre cuisine ?
Pensez à une pièce agréable, mais surtout à l’acoustique adaptée. Au besoin, réalisez quelques traitements acoustiques. Une simple plaque de mousse collé au milieu d’un mur peut considérablement changer l’acoustique de votre pièce. Le principe de base est simple, avoir un minimum de surfaces réfléchissantes (certains types de peintures, papier peint plastique, plâtre, etc.) et « casser » les parallélismes entre les murs et entre le plafond et le sol, afin d’éviter que les ondes sonores se réfléchissent de manière directe.
Il faut aussi qu’il y ait aussi peu de bruits ambiants que possible. On a parlé de l’ordinateur, mais effectuer un mixage dans une pièce donnant sur une rue bruyante est aussi une aberration. Outre les volets, de lourds rideaux ou des couvertures peuvent apporter une excellente isolation.
Pensez aussi à la question de l’éclairage. Le travail sur écran n’est pas de tout repos pour la vue. Et les logiciels audio sont plein de détails, boutons, potards qui sollicitent fortement celle-ci. N’empirez pas les choses avec des éclairages inadaptés. Evitez les reflets sur l’écran, surtout de fenêtres ! Mais ne mettez pas non plus vitre écran devant une fenêtre exposée au soleil : vous vous retrouveriez à travailler à contre-jour et c’est épuisant.
Pensez aussi à l’électricité. Un frigo ou un convecteur sur la même ligne électrique que votre console peut envoyer des plops et autres bruits mal venus dans celle-ci. Il faudra sûrement des multiprises. Evitez les trucs à 5 euros? Prenez-en de bonnes, si possible avec protection contre les surtensions et la foudre !
Neuf ou occasion?
Il y a des gens qui ne veulent que du matériel neuf. D’autres qui sont à l’affût de la « bonne occase » et n’achètent pas autrement. Dans une config de home-studio certains choses peuvent être très très intéressante d’occase et d’autres catastrophiques.
A éviter : micro et enceintes de monitoring.
Le micro parce qu’il peut avoir pris une ou des gamelles. Si c’est un statique, ça peut être catastrophique pour sa courbe de réponse. Vous risquez de vous retrouver avec un Neumann au prix d’un micro d’entrée de gamme, mais sonnant moins bien qu’un micro d’entrée de gamme ! Bon, j’exagère, mais gaffe quand même. Pensez aussi que la réparation d’un micro coûteux est… coûteuse !
Les enceintes parce qu’on ne sait pas à quel régime elles ont été soumises : forts niveaux ? usage intensif ? De plus, il est difficile de déterminer l’âge d’enceintes. Pourtant, ça vieillit.
Et puis des enceintes, ça se rode et à la longue, elles prennent une coloration selon le style de musique auquel elles ont été soumises. Et si ce n’est pas le votre ?
Conclusion : on peut se permettre d’acheter enceintes ou micros d’occase, mais uniquement à des connaissances de confiance.
Bon plan : console, préampli, tranche de console
Ces appareils, s’ils vieillissent évidemment, s’usent peu s’ils sont bien traités (studio non fumeur, atmosphère saine, ..) Le test simple est de vérifier l’absence de craquement sur tous les potards et slider. C’est l’occasion de toucher, pour le prix que vous auriez mis dans du neuf, quelque chose de 2 fois mieux.
A noter que ces appareils comportent souvent des lampes. Or les lampes sont des pièces d’usure dont la durée de vie est de toutes façons limitée et qu’il faut donc changer toutes les x heures d’utilisation. Prévoyez la dépense, qui viendra plus ou moins vite, mais n’est de toutes façons pas énorme.
Très bon plan : ordinateur, carte son.
Pour l’un comme pour l’autre, pas de soucis d’usure (à moins pour l’ordinateur, d’acheter une antiquité). Par contre, c’est du matériel dont le prix décote à vitesse grand V. Des fous de matos se jettent sur tout ce qui est nouveau et revendent l’ancien qui n’a souvent que quelques mois pour une bouchée de pain.
A vous de saisir la bonne occase qui vous fera, soit économiser des pépettes, soit obtenir meilleur que ce que vous auriez pu vous offrir en neuf. Attention à deux points cependant :
- Pour la carte son, la cote est facile à vérifier, qu’elle soit encore commercialisée ou qu’un ne la trouve plus que d’occase. Vérifier cependant le constructeur continue à fournir des mises à jour de drivers. Si ce n’est pas le cas, ne tournez pas le dos pour autant, mais sachez que votre système informatique sera figé dans son évolution jusqu’au changement de carte. Et vérifiez bien les systèmes compatibles.
- Pour l’ordinateur, il est nécessaire d’avoir en tête les prix du neuf, des références d’occasions et les prix des composants (mémoire, disque dur). On trouve en effet tout et n’importe quoi dans les annonces et proposent des ordinateurs qui ont un an à 30% ou 40 % de moins que leur prix d’achat…sauf que ça correspond aujourd’hui au prix du neuf pour la même chose ou mieux ! On trouve aussi de très bonnes affaires, à condition de faire attention et de contrôler les prix. Avec un ordinateur, peu de risques de problème. S’il démarre et que le système se lance, c’est que ça marche. Faites quand même attention aux histoires de compatibilité ordinateur/carte, surtout pour les ordinateurs portables ou les cartes mères à base de chipset VIA.
Conclusion
Nous espérons que tout ceci ne vous découragera pas. Entrer dans la MAO, c’est entrer dans un monde difficile et complexe techniquement, mais aussi porteur de richesse et de créativité. Ne vous y laissez pas noyer. N’oubliez pas que vous êtes d’abord musicien.
Evitez aussi de tomber dans la course à l’armement.
Qu’avez-vous à faire de 160 pistes audio alors que les Beatles ou Hendrix ont enregistré des albums de légende sur les premiers 16 pistes ? Le fameux Sergent Pepper’s Lonely Heart Club Band des Beatles a même été enregistré sur 4 pistes ! (Il est vrai avec une chaîne audio de grande qualité et des techniciens et ingés son de talent).
Comprenez qu’un morceau bien joué enregistré sur un MD avec un micro d’ambiance est toujours mieux qu’un truc plat avec un son top. N’oubliez donc pas de faire de la musique.
Enfin, si la MAO vous semble pour l’instant un trop gros morceau à attaquer, n’hésitez pas à vous tourner vers des solutions de studio plus « traditionnelles » : multipistes analogiques, DAT…