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Culture / Société
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Le Reggae et le Nyabinghi

Les musiques traditionnelles 22

Aujourd'hui, nous allons nous pencher sur une tradition culturelle tout à la fois antérieure, en marge, parfois constitutive et parfois même antagoniste du Reggae : la musique nyabinghi !

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Le culte Nyabin­ghi

Le culte Nyabin­ghi est apparu dans le sud-ouest de l’Ou­ganda, au Congo et au Kenya au milieu du XIXe siècle, en réac­tion à la colo­ni­sa­tion. Le nom du culte se réfère à une prin­cesse ougan­daise, Muhu­masa qui s’est sacri­fiée dans le combat contre les colons blancs et qui aurait était habi­tée par l’es­prit de la reine légen­daire Nyabin­ghi. Ce mot serait d’ailleurs devenu le syno­nyme de, « victoire des noirs » « mort aux blancs » ou même « mort aux blancs et leurs alliés noirs » selon les inter­pré­ta­tions. Le culte était dirigé par des prêtresses, les « bagir­was », auxquelles on prêtait des dons de medium­nité. Le culte aurait ensuite disparu après le couron­ne­ment en Ethio­pie en 1929 de Haïlé Sélas­sié, dont certaines sources prétendent qu’il en aurait été un repré­sen­tant. Quoi qu’il en soit, à l’is­sue du rassem­ble­ment rasta­fari en Jamaïque de 1958, le mouve­ment rasta­fari se divise en plusieurs groupes, dont les Bobo Ashanti et l’Ordre Nyan­bin­ghi.

Les groun­da­tions

Ce type de rassem­ble­ment est appelé « groun­da­tion » ou « grou­na­tion » et sert de moment de réunion et d’af­fir­ma­tion de la foi en Jah et d’op­po­si­tion à l’op­pres­sion blanche. Ces groun­da­tions servent à renfor­cer parmi leurs parti­ci­pa­tions la convic­tion d’ap­par­te­nir au peuple rasta­fari. C’est à l’ori­gine lors de ces réunions que sont jouées les rythmes Nyabin­ghis, souvent par un groupe d’hommes placés en ligne ou en demi-cercle. Le reste de l’as­sem­blée, compo­sée d’hommes et de femmes, chante des versets à la gloire de Jah, repre­nant parfois des hymnes chré­tiens ou célé­brant la nature divine de Haïlé Sélas­sié. C’est bien sûr en hommage à ces rassem­ble­ments que le célèbre groupe de Reggae cali­for­nien Groun­da­tion tire son nom.

Les rythmes Nyabin­ghis

Malgré leur nom, les rythmes Nyabin­ghis pratiqués par les Rastas ne s’ins­pi­re­raient pas direc­te­ment de musiques pratiquées par les peuples rebelles auxquels leur nom fait réfé­rence. Ils puise­raient leur origine dans les rythmes Burru et Kumina pratiqué dans l’Est de la Jamaïque. Le prin­ci­pal archi­tecte de la créa­tion des rythmes Nyabin­ghis jamaï­cains a été le musi­cien rasta Count Ossie. En ce qui concerne les instru­ments Nyabin­ghis à propre­ment parler, il s’agit de trois tambours : le « baandu » ou « thun­der drum » basse, le « funde » médium et le « repea­ter » plus aigu. Nous revien­drons plus en détail sur la nature des rythmes et des instru­ments Nyabin­ghis respec­ti­ve­ment dans les deux prochains articles du présent dossier, avec les autres rythmes, carac­té­ris­tiques musi­cales et instru­ments liés au Reggae.

Les rela­tions du Reggae et du Nyabin­ghi

La musique Nyabin­ghi est consi­dé­rée comme une forme de musique reli­gieuse rasta­fari qui évolue en paral­lèle du Reggae. Les deux courants musi­caux parfois se rencontrent, se mêlent, se nour­rissent mutuel­le­ment ou s’op­posent. Ainsi par exemple, les Bobos Ashan­tis n’ont long­temps pas supporté le Reggae et toléré unique­ment que les percus­sions Nyabin­ghis.

Mais de nombreux musi­ciens Reggae ont intro­duit les rythmes Nyabin­ghis dans leurs compo­si­tions, et notam­ment Bob Marley dans par exemple Selas­sié is the Chapel, écrit en 1968. 

Son épouse Rita est d’ailleurs deve­nue une fervente adepte de la reli­gion rasta­fari à la suite de la visite de Haïlé Sélas­sié où elle aurait aperçu dans les mains de ce dernier les stig­mates du Christ.

D’autres musi­ciens Reggae non-rasta comme le musul­man Jimmy Cliff ont égale­ment intro­duit des rythmes Nyabin­ghis dans leurs compo­si­tions ou leurs perfor­mances.

On voit ici Jimmy Cliff en « duel » avec Peter Tosh :

 

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