Vous désirez faire des pistes de batterie seul depuis votre Home Studio ? Vous ne supportez plus le batteur de votre groupe ? FXpansion vous apporte une réponse qui tient en 3 lettres : BFD.
Vous désirez faire des pistes de batterie seul depuis votre Home Studio ? Vous ne supportez plus le batteur de votre groupe ? FXpansion vous apporte une réponse qui tient en 3 lettres : BFD.
Pas évident de se concocter des pistes de batterie qui sonnent pro lorsqu’on n’a pas de batteur sous la main avec le matos qui va bien. En excluant les CD de loops qui ne contiennent jamais LE rythme que l’on cherche, un Drum Sampler (comme LM4 ou Battery) et quelques bons CD de samples (Drumkit from Hell) peuvent certes faire illusion mais cela implique un travail laborieux, tant au niveau MIDI qu’au niveau audio.
D’une part, il faudra veiller à bâtir des séquences qui ne soient pas trop mécaniques au niveau de la mise en place. De l’autre, il faudra jouer avec finesse des plugs de réverbs et autres room simulators pour que le rendu de l’ensemble soit crédible. En effet, l’ambiance d’un lieu d’enregistrement est pour beaucoup dans le son final d’une prise de batterie et dans la façon dont elle s’intègre au sein du morceau.
Et BFD fut…
Prenant en compte tous ces besoins, FXpansion a repensé le concept de la batterie virtuelle et accouché de BFD, un instrument virtuel pour Mac et PC dont le principe évoque un Groove Agent dopé aux stéroïdes. En effet, là où le logiciel de Steinberg tient sur un CD, celui d’FXpansion squatte carrément 2 DVD pour une banque avoisinant les 9 Go de sons. Cette relative obésité s’explique par la présence de 6 kits complets échantillonnés avec une précision diabolique (certains instruments ont été échantillonnés sur 46 niveaux de vélocité) et parfaitement enregistrés par 4 sets de micros distincts :
- Le set Direct, placé au plus prêt des percus et qui se compose d’un Sennheiser MD421, de Neumann KM81 & M49, d’un ElectroVoice Re20, d’un AKG 451 et d’un Shure SM57, le tout étant branché dans des préamps API.
- Le set Overhead, placé à 1,5 m à l’avant en surplomb de la batterie, et qui se compose de 2 AKG C-12 sur préamps Summit MPC-100A.
- Le set Room situé à 4,5 m de la batterie et qui consiste en 2 Neumann U87 branchés sur des préamps Avalon.
- Le set PZM placé à 3 m de la grosse caisse au ras du sol, deux Micros Crown PZM sur des préamps API. Notez que le signal issu des PZM a en outre été compressé à un ratio de 3 :1 par un compresseur Empirical Labs Distressor dans le but d’ajouter du corps et du sustain.
Côté instruments, le choix est plutôt vaste et devrait couvrir un vaste panel de sonorités via la présence de quelques références incontournables : Ayotte, Slingerland, DW, Pearl, Ludwig, Zildjan, etc. Seul regret : l’absence de sons de balais et de mailloches, ce qui limitera l’emploi du logiciel dans les contextes jazz / swing / country…
Gros son pour petits bras
Assurément, les mensurations de cette grosse Bertha du groove impressionnent mais ce qui reste le plus bluffant dans le BFD, c’est la grande simplicité avec laquelle on manipule tout ces samples.
Vous avez ainsi la possibilité de jouer avec des kits prédéfinis mais pouvez aussi vous constituer votre kit de façon totalement graphique via un système de menus intuitif où les instruments sont classés par famille (toms, kick, snares…). Evidemment, tout est sauvegardable…
Au delà de cet aspect pratique, le véritable morceau de bravoure du logiciel tient dans la gestion des différentes prises de son réalisées.
Au moyen de 4 faders, on peut ainsi mixer les kit Direct, Overhead, Room et PZM pour se concocter une ambiance sur mesure.
Dans le même esprit, on peut définir le dosage idéal entre le micro 'frappe’ et le micro 'timbre’ de la caisse claire, ou encore le micro placé à l’extérieur et celui placé à l’intérieur de la grosse caisse (Avec un bouton d’inversion de phase pour éviter tout problème d’annulation du signal). On peut aussi définir l’écart des micros Overhead, Room et PZM, la distance à laquelle ils sont placés mais aussi le panoramique de chaque percussion et même son pitch (bien pratique pour accorder les fûts).
Bref, les possibilités sont au nombre des combinaisons possibles – c’est-à-dire énormes – et devraient combler les utilisateurs les plus exigeants, que ce soit pour bâtir une piste complète de batterie ou pour rattraper une prise de son un peu faible en triggant un élément particulier.
Cela est d’autant plus vrai que le BFD se décline en fait en 3 plug-ins :
- BFD Stereo qui, comme son nom l’indique, sort sur une piste stéréo et s’adresse plutôt aux débutants ou aux batteurs MIDI qui veulent un kit prêt à l’emploi pour jouer tout de suite.
- BFD Groups qui permet de disposer pour chaque set de micro d’une piste stéréo séparée (4 sorties donc) et qui s’avère l’un des meilleurs choix pour bénéficier d’une bonne lattitude au niveau de mix sans trop se compliquer la vie.
- BFD All qui sort sur autant de pistes qu’il y a de micros et permet donc un contrôle indépendant de chaque élément. Dans ce dernier cas, on peut ainsi continuer de sculpter le son de tel ou tel instrument en appliquant un traitement ou un effet sur la piste qui lui est dévolue dans le séquenceur (EQ, compresseurs, limiteurs et réverbs bienvenus). Bref, c’est dans ce mode qu’on oublie le plus le logiciel pour avoir l’impression de se trouver face à la console
Attention toutefois : si BFD All est de loin le mode qui permet le plus de liberté dans le paramétrage du son, c’est aussi celui qui réclame le plus de connaissances. Avec autant de pistes, réaliser un mixage qui sonne est en effet une science hors de portée de la plupart des débutants. Mieux vaut le savoir avant de se lancer dans l’aventure !
Batterie assistée par Ordinateur
En vis à vis de cette partie Batterie très impressionnante, on trouve aussi une partie 'Batteur’ des plus complètes : le logiciel intègre en effet un lecteur de fichiers MIDI avec quelques 1000 boucles/fills joués sur une batterie MIDI V-Drums par Chris Dagley (un requin de studio anglais qui, excusez du peu, a entre autres artistes, accompagné Ella Fitzgerald, Eric Clapton, Jamiroquai et Ray Charles). Sur ce point BFD se montre encore très ergonomique : Dès que vous repérez un rythme ou un fill intéressant dans l’arborescence de la Groove Librarian, un simple cliqué-glissé permet de l’affecter à une touche du clavier maître. Quant à ceux qui ne trouveraient pas leur bonheur dans cette large sélection, ils peuvent toujours se rabattre sur d’autres collections de fichiers MIDI (Les Twiddly Bits de Key Fax par exemple) qu’il n’auront qu’à glisser dans le répertoire MIDI prévu à cette intention.
En marge du player, le soft se montre aussi plutôt complet au niveau des options et fonctionnalités MIDI. S’il n’autorise pas d’accès complet au mapping des samples (Pas question ici de spécifier quel fichier est lu pour quelles vélocité), il permet toutefois de redéfinir l’assignation des instruments aux différentes notes : une fonctionnalité indispensable pour tous ceux qui veulent piloter le logiciel avec une batterie MIDI en étant sûr de ne pas trouver un son de tom à l’endroit du charley. Notez d’ailleurs que cette opération est grandement facilitée par la présence d’une fonction 'MIDI Learn’.
Pour vous aider dans vos programmation, BFD dispose aussi de tout ce qu’il faut en terme d’outil de correction rythmique : quantification (du 1/4 au 1/64) et humanisation répondent ainsi à l’appel. Cela pourra certes faire double-emploi dans la mesure où tou bon séquenceur propose aussi ces outils en standard mais il faut admettre que ces fonctionnalités ont été extrêmement bien pensée dans BFD.
Si un simple slider permet de régler la quantification ou l’humanisation, on peut aussi déterminer les taux de variation auxquels seront soumises la vélocité et la mise en place des groove via un système de courbes : plus la courbe est haute, plus le rythme sera sujet à des variations ; plus elle est large et plus ces variations seront susceptibles de prendres des valeurs différentes. C’est vraiment bien vu !
Perfect drummer ?
Tout cela est bien joli, me direz-vous, mais comment BFD sonne-t’il une fois mis en situation ? Le réponse est simple : divinement bien… suivant les cas ! Les caisses claires, les toms et les grosses caisses sont en effet à un tel niveau que vous pourrez piéger plus d’un batteur professionnel au blind test (Tommy Lee lui-même est un grand fan du logiciel).
Légérement en retrait, les cymbales sont loin d’être ratées mais elles manquent de nuances et ne se révèlent pas aussi cristalines qu’on aurait pu le souhaiter (Tout cela devrait toutefois changer avec la sortie prochaine d’une extension qui ajoutera des sons de balais, de mailloches et de cymbales)…
Toutefois, les défauts de BFD sont moins à checher du côté du son que du côté du soft lui-même. Ayant fait l’objet de multiples patchs, le logiciel demeure en effet très capricieux dans le contexte de certains séquenceurs (Digital Performer par exemple) et se révèle surtout extrêmement gourmand en ressources. Si 768 Mo de RAM sont conseillés pour l’utiliser, n’hésitez pas à aller bien au-delà du GigaOctet, à plus forte raison si vous devez vous servir d’autres instruments virtuels. Certains utilisateurs vont même jusqu’à dédier une machine complète à BFD, histoire d’être sûr que le soft n’engorge leur ordinateur principal. Il y a donc indubitablement des progrès à faire de ce côté.
Enfin, on regrettera l’absence de certaines petites choses : on aurait ainsi aimé disposer d’une interface de trig MIDI pour faire du Drum Replacement. On aurait aussi apprécié d’avoir les impulsions de réverb du studio où furent enregistrés les samples, histoire de pouvoir les utiliser sur d’autres pistes…
Relativisons tout de même : ce sont là de bien petits reproches compte tenu du prix très agressif du logiciel, de sa grande simplicité d’emploi et de la qualité audio qu’il permet d’obtenir. A peine plus cher que Groove Agent qui fleure bon le soft amateur en comparaison, BFD est ce qu’on a vu de plus crédible en terme de batterie virtuelle depuis les débuts de l’informatique musicale. Une véritable valeur sûre que vous avez déjà entendu sur plus d’un disque au cours de ces derniers mois sans même vous en rendre compte…
Merci à DenferT et à Yvan pour leur aide.