Il y a deux ans, Native Instruments sortait Maschine, une sorte de MPC hybride alliant hardware et software. Depuis le logiciel est passé à la version 1.7, et le constructeur a sorti Maschine Mikro, une version limitée en contrôles, mais moins onéreuse.
En plus d’être un succès commercial, Maschine a su évoluer tant sur le plan logiciel que matériel. Avant toute chose, le lecteur pourra se reporter à l’article publié à l’occasion de la sortie de Maschine. Nous verrons que certains points négatifs relevés lors du test de la version 1.0 ne sont heureusement plus d’actualité. Mais commençons par la partie hardware avec cette Maschine Mikro : à qui se destine-t-elle ?
Mikro, mais kosto
Il y a plus qu’un air de famille entre Maschine et la version Mikro, mais les dimensions diffèrent. La petite dernière a des mensurations de 32 × 19,5 × 5,5 cm contre 32 × 29,5 × 6 cm pour la première version. Soit grosso modo 10 cm de longueur en moins, ce qui n’est pas rien sur un petit bureau encombré par un clavier d’ordinateur, un clavier MIDI, une souris, des contrôleurs… Son poids est de 1,2 kg (600 grammes de moins que la « makro »), elle reste donc facilement glissable dans un sac à dos.
Premier changement visible, il n’y a plus qu’un seul écran (contre deux), doté d’une résolution moindre (deux fois moins de pixels sur la largeur). Deuxième gros changement : il y a beaucoup moins d’encodeurs ! Des 11 disponibles sur Maschine, il n’en reste plus qu’un, situé juste à droite de l’écran. Les boutons rétro-éclairés sont aussi décimés, il n’en reste plus que 28 sur les 41 de la Maschine originale. Heureusement, le nombre de pads reste inchangé (16), et au niveau logiciel, rien à signaler : c’est parfaitement identique.
La partie de transport est presque identique (Loop est remplacé par Restart), mais nous perdons l’accès direct aux groupes : il faudra dorénavant appuyer sur le bouton Group puis sur l’un des pads. Deux touches au lieu d’une, c’est un peu moins pratique. À noter qu’il sera possible de sélectionner un groupe via raccourci clavier, c’est un moindre mal.
D’une manière générale, il est moins aisé de naviguer parmi les effets, les sons, les patterns, les plug-ins et les projets directement sur le hardware de la Mikro. Cela est dû à l’écran plus petit et à l’unique encodeur rotatif. On pouvait s’en douter, Maschine Mikro rendra l’utilisateur plus dépendant de la souris, de l’écran d’ordinateur et du clavier… Pas forcément embêtant pour le MAOiste travaillant chez lui avec son séquenceur, mais plus pour le musicien qui utilise sa Maschine en live ! Car on ne pourra pas non plus enregistrer des automations de paramètres directement sur le hardware, ni régler plusieurs valeurs simultanément. Il faudra forcément passer par un contrôleur MIDI supplémentaire, ce qui n’était pas le cas avec la première Maschine. Dernière différence côté hardware, Maschine Mikro ne dispose pas d’interface MIDI au format DIN 5 broches, bon à savoir !
Un logiciel qui évolue
Comme dit plus haut, les deux Maschines, « Toukour » et « Mikro » utilisent le même logiciel, et peuvent charger les mêmes banques de sons supplémentaires qui sont désormais au nombre de trois : la plus récente « True School » est destinée aux fans de Hip-Hop, « Vintage Heat » propose des sons typés analogiques et « Transistor Punch » des sons de synthés et de drum machines modernes et vintage.
La première grosse mise à jour de la partie logicielle (1.5) a apporté deux nouveaux modes « vintage sampler », repris sur Kontakt 5, émulant les modèles MPC-60 et SP-1200 en modifiant notamment la fréquence d’échantillonnage. On a vu aussi apparaître le drag & drop pour l’export MIDI et la compatibilité avec le MIDI CC. La fonction de sampling en temps réel s’est aussi améliorée avec des nouvelles options de mapping, d’édition destructive et de découpage. La version 1.6 combla une grosse lacune en apportant le support des plug-ins tiers VST et Audio Unit et l’auto-mapping permettant d’assigner automatiquement les paramètres des effets aux contrôleurs de Maschine.
La dernière version en date, la 1.7 enfonce le clou et permet de charger des presets de plug-in VST et AU directement depuis le navigateur de Maschine. Cela est d’ailleurs étendu avec les presets de Komplete 8, dont la sortie coïncide. En effet, il est désormais possible de naviguer parmi les presets de Komplete 8 et de les charger directement via l’interface de Maschine. C’est un peu plus compliqué avec les presets utilisateurs cependant. Mais quand on sait que ces mises à jour sont gratuites, c’est plutôt sympathique ! D’autant plus qu’elles corrigent bon nombre de points négatifs cités dans l’article original publié sur votre site préféré. Dernière chose : lors de l’achat de Maschine, la banque Komplete Elements (49€) vous est offerte, avec ses 3Go de samples (1000 sons), c’est toujours ça de pris, et Native vous donne aussi un voucher de 25€ à valoir sur un produit de leur gamme. Aller, une dernière pour la route : jusqu’au 31 décembre 2011, les acquéreurs de Maschine pourront choisir deux banques de sons (une seule pour Maschine Mikro) parmi les trois dispos (49€ l’unité). Sympa !
À l’utilisation
On peut dire que Maschine Mikro est un objet accrocheur : les sensations sont immédiates et les premiers grooves arrivent très rapidement. Les pads répondent vraiment très bien, ils sont agréables au toucher et leurs courbes de vélocité sont réglables, même si nous n’avons pas eu besoin de spécialement les tweaker. Pour les personnes travaillant chez elles avec leur séquenceur, comme votre serviteur, les limites hardware de la version Mikro, finalement, importent peu. Généralement, on charge les sons et on fait les réglages avec la souris directement dans l’interface logicielle de Maschine. Switcher du hardware au software fait perdre un peu de temps, mais nous préférons quand même l’interface logicielle, beaucoup plus intuitive et dans l’air du temps. Tout contrôler via le hardware donne un peu l’impression, avec la version Mikro, de revenir 10 ans en arrière.
Nous avons pu aussi tester les banques de sons additionnelles, qui se sont révélées être très inspirantes, bien produites et assez complètes : 40 à 50 kits suivant les banques, c’est plutôt honnête vu le prix (49€). Le tout est classé par type d’instruments, et par sous-genre, très pratique et convivial. Mais avec les 6Go de base et Komplete Element, il y a déjà largement de quoi faire !
Conclusion
Maschine revient, plus petit et moins cher (349€ contre 599€). La différence avec sa grande soeur se fait surtout au niveau des contrôleurs et il est moins aisé de se passer du clavier et de la souris. En fait, Maschine Mikro se destine à un autre type de musicien, travaillant à la maison avec son séquenceur et utilisant l’appareil principalement pour composer de nouveaux grooves. Dans ce cas-là, Maschine Mikro remplit très bien son rôle, car l’utilisation de la souris n’est pas rédhibitoire. Les musiciens désirant utiliser Maschine en concert, pour tweaker les sons en direct, changer des paramètres et tout contrôler avec le hardware se tourneront vers la version ultime qui, grâce à l’évolution de son logiciel, a de moins en moins de points faibles.