Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Pédago
70 réactions

Composer avec un système de MAO - Composition : aller droit au but

Ne laissez pas la technologie brider votre inspiration : maîtrisez-la et utilisez-la pour arriver à vos fins.

On peut se deman­der si « compo­ser en studio » est un oxymore. Il semble qu’écrire et enre­gis­trer un morceau soient deux acti­vi­tés tota­le­ment diffé­rentes qu’il faut réali­ser sépa­ré­ment. Je me suis fait cette réflexion en consta­tant que je n’avais aucune diffi­culté à compo­ser un morceau au piano ou avec une guitare, tandis que tout deve­nait plus compliqué en présence d’un séquen­ceur. Mais j’ai appris que cela n’est pas irré­mé­diable.

 

Cet article décrit ce que j’ap­pelle la « prise rapide », une tech­nique qui consiste à utili­ser un séquen­ceur ou un logi­ciel audio­nu­mé­rique en se concen­trant unique­ment sur la compo­si­tion et en igno­rant tota­le­ment les proces­sus d’en­re­gis­tre­ment et d’édi­tion. Grâce à ce procédé, je me sens enfin capable de compo­ser avec un ordi­na­teur aussi faci­le­ment qu’avec un instru­ment de musique. Bien sûr, chacun conçoit le proces­sus créa­tif à sa façon. Pour­tant, les conseils ci-dessous s’ap­pliquent à une situa­tion suffi­sam­ment courante pour que la plupart d’entre vous puissent en tirer profit.

 

Captu­rer l’ins­pi­ra­tion immé­dia­te­ment

L’ins­pi­ra­tion est fugi­tive dans le sens où elle appa­raît et dispa­raît rapi­de­ment. La seule façon de prolon­ger ce moment d’exal­ta­tion est d’ex­ploi­ter l’ins­pi­ra­tion dès son appa­ri­tion. Faites tout votre possible pour accé­lé­rer le temps de démar­rage de votre ordi­na­teur, par exemple en défrag­men­tant régu­liè­re­ment vos disques durs et, sous Windows, en tenant à jour la liste des appli­ca­tions utili­sées.

N’hé­si­tez pas non plus à person­na­li­ser votre système de MAO en créant des presets sur mesure servant de base à vos diffé­rents travaux. Rien n’est plus précieux qu’un « envi­ron­ne­ment instan­tané » opti­misé pour la compo­si­tion four­nis­sant des instru­ments, des patterns et des assi­gna­tions de pistes prêts à l’em­ploi. Si vous n’êtes pas en mesure d’en­re­gis­trer vos pistes dans les 30 secondes suivant le démar­rage de votre ordi­na­teur, c’est qu’il y a un problème.

 

Commen­cez avec des pistes MIDI et bannis­sez l’au­dio

Bien entendu, un piano MIDI ne sonnera pas aussi bien que votre Bösen­dor­fer. Mais lors de la compo­si­tion, l’es­sen­tiel est de travailler avec des prises aussi malléables que possible. Il peut s’avé­rer néces­saire de modi­fier la tona­lité ou le tempo au fur et à mesure que la compo­si­tion avance. Bien que cela soit possible avec des données audio­nu­mé­riques grâce au pitch shif­ting et au time stret­ching, le MIDI reste malgré tout beau­coup plus simple et immé­diat.

 

Utili­sez un géné­ra­teur de sons logi­ciel

 

IK Multimedia SampleTank 2Sample­Tank 2 est un bon exemple de géné­ra­teur sonore univer­sel sous forme de plugin.

Il est accom­pa­gné d’une vaste banque de sons et peut jouer simul­ta­né­ment jusqu’à 16 parties (instru­ments) diffé­rentes.


 

Assez peu de plugins sont conçus comme des expan­deurs géné­ra­listes multi­tim­braux embarquant toute une cargai­son de sons (outre Sample­Tank 2 de IK Multi­me­dia, citons égale­ment Halion Sonic de Stein­berg). Même les expan­deurs logi­ciels tout simples, tels que Cake­walk Studio Instru­ments sur PC ou Gara­ge­Band sur Mac, peuvent suffire à jeter les bases d’un morceau.

Le fait d’uti­li­ser un seul plugin multi­tim­bral présente l’avan­tage majeur de permettre la créa­tion rapide de pistes : insé­rez une piste MIDI, assi­gnez-la à un canal de votre plugin, sélec­tion­nez un son et cliquez sur REC. Vous pouvez simu­ler ce proces­sus en prépa­rant des presets conte­nant diffé­rents instru­ments déjà assi­gnés aux pistes de votre séquen­ceur. Cepen­dant, je préfère person­nel­le­ment maxi­mi­ser la simpli­cité dans un souci d’ef­fi­ca­cité.

 

Des brouillons pour gagner du temps

Le but est d’écrire un morceau, pas de jouer un ensemble de prises parfaites. Un bon morceau, au sens clas­sique du terme, est composé d’élé­ments phares tels que les mélo­dies, les paroles et le bon enchaî­ne­ment des idées – le fait de peau­fi­ner le timbre de la basse n’est par exemple pas primor­dial. Vous aurez tout le temps d’op­ti­mi­ser vos prises ulté­rieu­re­ment. En revanche, si vous souhai­tez enre­gis­trer une prise avec un instru­ment donné, faites-le. Ne vous attar­dez pas sur la qualité du son ni de votre jeu. Utili­sez le copier-coller pour obte­nir des parties complètes plutôt que de tout jouer de A à Z. Bien entendu, l’es­sen­tiel de ce travail ne pourra pas être utilisé dans la version défi­ni­tive du morceau, mais peu importe ! Ici, le but est de conce­voir un morceau et son arran­ge­ment, pas de l’en­re­gis­trer.

 

Qu’en est-il des voix

Si vous pouvez enre­gis­trer des passages de texte essen­tiels ainsi qu’une ligne mélo­dique, c’est très bien. Vous n’avez pas de paroles pour le second couplet ? Fredon­nez la mélo­die ou enchaî­nez des syllabes comme elles viennent. Vous pour­rez toujours travailler sur les paroles ulté­rieu­re­ment. Même si vous n’avez que quelques lignes de texte, enre­gis­trez-les et passez rapi­de­ment à la suite.

 

Concen­trez-vous sur l’es­sen­tiel

N’ajou­tez les parties qui flattent l’oreille de l’au­di­teur – un shaker à la croche, une partie ryth­mique sous un solo et j’en passe – qu’après avoir enre­gis­tré toutes les parties prin­ci­pales. Chaque « flat­te­rie musi­cale » est une distrac­tion poten­tielle à remettre à plus tard, à moins qu’elle soit abso­lu­ment néces­saire au morceau. Et ne commen­cez surtout pas à ajou­ter d’ef­fets, à égali­ser une piste, etc. La seule raison pour laquelle vous pour­riez être amené à ajou­ter un effet serait qu’il joue un rôle essen­tiel dans le morceau : par exemple, un delay synchro­nisé sur le tempo peut consti­tuer la signa­ture ryth­mique du morceau.

 

N’édi­tez pas au fur et à mesure

 

Cakewalk Quantize

L’uti­li­sa­tion de plugins d’ef­fet MIDI permet de quan­ti­ser la lecture des prises pendant la compo­si­tion du morceau.

La prise origi­nale n’étend pas modi­fiée, la quan­ti­sa­tion pourra être suppri­mée ou éditée ulté­rieu­re­ment.


 

Lorsque vous compo­sez avec un système de MAO, l’en­nemi prin­ci­pal de l’ins­pi­ra­tion est l’édi­tion des prises. Ce proces­sus utilise l’hé­mi­sphère gauche du cerveau, tandis que la créa­tion mobi­lise l’hé­mi­sphère droit. Le fait d’en­re­gis­trer une prise puis d’es­sayer de la parfaire est le meilleur moyen de couper court à l’ins­pi­ra­tion.

Prenons la quan­ti­sa­tion comme exemple. En compo­sant avec Sonar, si je veux quan­ti­ser une prise, je me contente d’in­sé­rer le plugin de quan­ti­sa­tion MIDI dans la piste, de sélec­tion­ner la double croche et un taux de quan­ti­sa­tion de 85% puis de ne plus y penser. La prise origi­nale n’étant pas modi­fiée par ce trai­te­ment, je pour­rai toujours suppri­mer l’ef­fet et appliquer une quan­ti­sa­tion plus adap­tée ulté­rieu­re­ment, si toute­fois la prise est suffi­sam­ment bonne.

Souve­nez-vous que le timbre d’un instru­ment ne fait pas une bonne chan­son. Il se contente seule­ment de l’amé­lio­rer. Concen­trez-vous sur l’es­sen­tiel lorsque vous compo­sez : l’im­pact émotion­nel sur l’au­di­teur. Souve­nez-vous qu’au­cun audi­teur aime tel ou tel morceau pour la simple raison que le chant a été enre­gis­tré avec un Neumann.

 

Tout est dans l’at­ti­tude

Nous avons passé en revue diffé­rents conseils, mais l’es­sen­tiel reste l’at­ti­tude. Une fois que vous aurez éduqué votre cerveau de sorte qu’il ne mélange pas les proces­sus de compo­si­tion et d’en­re­gis­tre­ment – et je suis convaincu qu’il s’agit de deux choses tota­le­ment diffé­rentes, vous aurez déjà fait la moitié du chemin. L’autre moitié consiste à acqué­rir la disci­pline néces­saire permet­tant de tuer dans l’œuf tout ce qui pour­rait vous détour­ner du proces­sus de compo­si­tion. Depuis que j’ai pris conscience de ces préceptes et que je les ai mis en pratique, mon système de MAO est devenu un outil de compo­si­tion au même titre qu’un instru­ment de musique. En fait, il est même supé­rieur par bien des aspects.

 

Origi­nel­le­ment écrit en anglais par Craig Ander­ton et publié sur Harmony Central.

Traduit en français avec leur aimable auto­ri­sa­tion.


Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre