Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Culture / Société
90 réactions

Le guide du Reggae - Qu'est-ce que le Reggae ?

Poursuivant notre périple à travers les musiques traditionnelles du monde, je vous propose cette fois une étape qui va peut-être vous étonner car c'est en Jamaïque que nous allons nous arrêter, et que c'est le Reggae que nous allons étudier.

Le guide du Reggae : Qu'est-ce que le Reggae ?
Accéder à un autre article de la série...

Histoire et présen­ta­tion du Reggae

La perti­nence de ce choix pourra vous sembler discu­table dans le cadre d’un dossier sur les musiques dites « tradi­tion­nelles ». Mais si j’ai choisi de trai­ter du Reggae aujour­d’hui, c’est parce que malgré son carac­tère récent, cette musique née à la fin des années 60 est deve­nue en l’es­pace de quelques décen­nies l’un des symboles cultu­rels les plus marquants de la Jamaïque. Le Reggae est l’hé­ri­tier des tradi­tions musi­cales de l’île, notam­ment le Mento et le Calypso, mais égale­ment l’éphé­mère Rocks­teady et le Ska forte­ment inspiré du « Scat » popu­la­risé par l’amé­ri­cain Louis Armstrong. Et puisque nous évoquons les Etats-Unis, citons encore la Soul et même le Doo-wop comme sources du Reggae. Comme souvent, l’éty­mo­lo­gie du nom se prête à de multiples conjec­tures. Mais de nombreux commen­ta­teurs s’ac­cordent pour dire que ce serait Frede­rick « Toots » Hibbert qui l’au­rait inventé avec son titre Do the Reggay. Si lui-même avoue qu’il ne donne pas de signi­fi­ca­tion parti­cu­lière à ce mot et que c’est quelque chose qui lui serait sorti de la bouche « comme ça », il peut être inté­res­sant de noter que ce mot se rapproche de l’ex­pres­sion jamaï­caine « streg­gay » qui signi­fie « fille facile ».

tootsCeci nous amène d’ailleurs à nous inté­res­ser aux impli­ca­tions socié­tales du Reggae qui se traduisent par deux styles prin­ci­paux atta­chés chacun à un courant de pensée et /ou style de vie parti­cu­lier : le Reggae « roots » et le Reggae « dance­hall ». Le Reggae dit roots se rattache au mouve­ment Rasta­fari, système de pensée à la fois spiri­tuel et poli­tique forte­ment lié aux tradi­tions judéo-chré­tiennes de l’Éthio­pie, très critique quant aux Églises occi­den­tales et qui consi­dère l’em­pe­reur éthio­pien Haïlé Sélas­sié comme le véri­table Messie envoyé par « Jah » ou Jého­vah. C’est cette forme de Reggae qui s’est impo­sée inter­na­tio­na­le­ment car c’était celle que défen­dait Bob Marley, icône du Reggae s’il en est. On notera d’ailleurs que certains Rasta­fari comme les Bobo Ashanti ne tolé­raient pas le Reggae mais ne recon­nais­saient qu’aux percus­sions Nyabin­ghi le droit de ryth­mer leur philo­so­phie. Si le Reggae « roots » repré­sente le côté lumi­neux impré­gné de spiri­tua­lité, la version « dance­hall » quant à elle pour­rait en repré­sen­ter le côté obscur. Le Reggae dance­hall traduit en effet les violences de la société jamaï­caine tout en s’ap­pro­priant à travers le person­nage jamaï­cain du « rude boy » la figure du « gang­sta » véhi­cu­lée par les produc­tions cultu­relles occi­den­tales. Cette dernière version s’avère aujour­d’hui sans doute plus vivante et plus active que le Reggae « roots ». Elle donnera notam­ment nais­sance au Ragga­muf­fin. 

Le Reggae connaît dès ses débuts un très grand succès inter­na­tio­nal et se déve­loppe prin­ci­pa­le­ment en Angle­terre, mais aussi en France. Cette musique sera accueillie dans ces pays notam­ment par le mouve­ment « skin­head », avant qu’une frange de celui-ci n’adopte les idées d’ex­trême droite.

Dans les années 70, l’in­gé­nieur du son King Tubby commence à mani­pu­ler les bandes enre­gis­trées en les remixant et en leur adjoi­gnant des effets externes, créant ainsi le  « Dub », un style de Reggae à part entière qui nour­rira à son tour de nouvelles formes musi­cales, prin­ci­pa­le­ment élec­tro­niques, telles que la Drum’n bass, la Jungle et le Dubs­tep. Mais ce n’est pas unique­ment par le Dub que le Reggae se trouve précur­seur des musiques élec­tro­niques. À l’ins­tar de ces dernières en effet, il intègre dès le début dans sa culture-même les moyens de diffu­sion modernes. Car c’est bien davan­tage par les Sound Systems des DJ jamaï­cains que par les concerts live de ces artistes que la véri­table expé­rience « Reggae » s’est trans­mise aux audi­teurs, en tous cas sur l’île, et ce en rupture avec tous les autres styles musi­caux de l’époque, même les plus modernes comme le Rock qui ont quant à eux toujours placé le concert au pinacle de leurs expé­riences respec­tives. 

Artistes et œuvres

L’in­ven­teur du nom « Reggae », Toots Hibbert était forte­ment inspiré de la Soul, et davan­tage par celle issue de Stax que celle prove­nant de Motown. Ici la chan­son qui a donné son nom au Reggae :

Mais c’est véri­ta­ble­ment Bob Marley qui portera cette musique à son sommet. 

L’un de ses prin­ci­paux compa­gnons de route au sein des Wailers sera Peter Tosh, figure emblé­ma­tique d’un Reggae parti­cu­liè­re­ment conscient et impé­tueux :

Le produc­teur de certains albums des Wailers sera une autre grande figure du Reggae, Lee « Scratch »Perry, l’un des rares survi­vants de la grande époque :

L’autre grand survi­vant de cette époque est Jimmy Cliff, qui contrai­re­ment à ses cama­rades ne se ralliera pas au mouve­ment Rasta­fari mais plutôt à l’Is­lam qu’il juge plus univer­sel. 

L’un des prin­ci­paux repré­sen­tants du Dance­hall sera Caple­ton :

La relève du Dance­hall est notam­ment assu­rée aujour­d’hui par Mavado :

En Angle­terre, c’est le groupe Steel Pulse qui portera prin­ci­pa­le­ment la bannière du Reggae :

Tandis qu’en France nous aurons Pier­poljak ouTon­ton David:

 

 

Article suivant dans la série :
Le Reggae et le Nyabinghi →

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre