Pour obtenir les meilleures performances vocales possibles, mais surtout, pour éviter de s’exploser la voix dès le premier morceau, le chanteur, comme n’importe quel sportif avant l’effort, doit s’échauffer. Pour cela, de nombreuses techniques sont proposées par de nombreuses écoles, et, comme à chaque fois qu’il s’agit de notre corps, chacun devra trouver sa voie et, en l’occurrence, sa voix ! Voici cependant quelques petits conseils qui permettront de débuter en douceur, et avec sérénité !
Cartilages, muscles, ligaments… Le geste vocal requiert la mise en action de tout un mécanisme extrêmement complexe qui nous permet d’émettre nos plus subtiles mélodies. Pour simplifier, disons que, dans le larynx, des petits muscles adducteurs, abducteurs et tenseurs mettent en mouvement des cartilages sur lesquels sont insérés les ligaments qui constituent ce qu’on appelle les cordes vocales ou plis vocaux. Ces derniers sont ainsi rapprochés ou écartés, pour nous permettre de moduler nos sons… Bref, c’est du sport ! C’est pourquoi, avant de mettre tout ce beau monde à rude épreuve, tout au long d’une répète à fond la caisse, il est vivement recommandé, pour ne pas dire obligatoire, de se mettre en condition, grâce à quelques minutes d’échauffement.
Du sport !
La mise en condition musculaire, tout d’abord, consiste à faire monter la température du muscle progressivement. En effet, la chaleur provoque une dilatation des vaisseaux sanguins, permettant une meilleure irrigation, et augmente la flexibilité d’un muscle d’environ 20%, ainsi que l’amplitude et la fluidité articulaire. De plus, les influx nerveux se propagent plus rapidement dans les tissus chauds, permettant une coordination affinée des mouvements.
Enfin, psychologiquement, le moment de l’échauffement permet de se concentrer, en prenant conscience de son centre, de sa respiration, et de se mettre ainsi en confiance en se détendant et en optimisant toute la machine : que du bonheur !
La pratique
Voici donc, pour commencer, une petite routine d’une dizaine de minutes qui permettra de passer de la simple respiration au mouvement vocal en 4 étapes (2 –3 minutes chacune), pour bien prendre conscience de la continuité du processus, tout en se donnant un bon rythme respiratoire et en chauffant l’appareil vocal.
Tout d’abord, debout, ancrez-vous le plus possible dans le sol, comme si vous vouliez vous enraciner, avec le bassin et les genoux ouverts. Essayez de trouver une position confortable, décontractée, mais stable. Allez chercher l’énergie dans le sol, au centre de la Terre !
1 – La première étape consiste à tout simplement respirer, en gonflant le ventre, c’est-à-dire en faisant descendre le diaphragme pour donner de la place aux poumons. C’est ce que l’on appelle la respiration abdominale.
Il faudrait ici un livre entier pour en expliquer tous les mécanismes, car même après plusieurs années de cours de chant, on continue à en découvrir les nombreuses subtilités et mouvements. Commençons cependant par bien nous détendre (principe fondateur de tout cela !), en essayant de bouger le moins possible le haut du corps lors de l’inspiration, et en centrant notre énergie autour du ventre. On doit avoir la sensation de tendre et de détendre un élastique, en douceur.
2 – Toujours dans le même rythme respiratoire, en essayant de conserver la même sensation, on va émettre le son « ksss », comme celui que fait un pneu qui se dégonfle. Les dents ne doivent pas être serrées et la pointe de la langue vient s’appuyer tranquillement sur les incisives inférieures. Le son obtenu doit être le plus droit possible. On exerce ainsi une pression continue avec le diaphragme et l’on peut ressentir alors l’importance de cette action sur l’émission régulière.
3 – Cette troisième étape met les cordes vocales en action ! Tout en gardant les lèvres fermées, on tente d’ouvrir la bouche le plus grand possible, comme si l’on baillait, mais que l’on ne voulait pas que cela se remarque trop. On produit alors le son « smuuum », toujours dans la continuité rythmique et sensitive des deux premières étapes, toujours avec la pointe de la langue prenant appui sur les incisives inférieures. Le « sm » du début du son doit donner une attaque précise du son, tandis que le « uum » permet de chercher les différentes zones vibratoires à notre disposition. Nous reviendrons sur ce travail dans un prochain développement, mais commençons par faire comme si l’on se gargarisait avec le son, en bougeant doucement les mâchoires et la langue, tout en prenant conscience des différences sonores que cela provoque. On pourra, à chaque expiration, choisir une note différente, tout en restant dans le milieu de sa tessiture (ni trop bas ni trop aigu).
4 – Enfin, on ouvre les lèvres, en conservant la même position de bâillement détendu de l’étape précédente, mais en relâchant la langue, qui se pose, décontractée, et on chante le son « sâânnnng ». Le « s » se charge ici de l’attaque du son, qui doit toujours être la plus précise possible, et le « an », très ouvert, permet le développement des vibrations. Il faut essayer de chercher la souplesse maximum, sans crispation, et tenter d’imiter la corne de brume d’un navire, dans la brume, au petit matin ! Là encore, on choisira plusieurs notes, toujours sans chercher l’exploit, et toujours en bougeant légèrement la bouche.
Voici donc pour la première partie de cet échauffement, qui nous a permis de réveiller un peu nos cordes vocales, mais aussi toute notre machine à souffle, tout en nous détendant et en nous concentrant sur le geste vocal. Il permet normalement de pouvoir commencer à chanter dans de bonnes conditions, lorsque l’on n’a pas beaucoup de temps. Une seconde partie permettra d’aller un peu plus loin.