Et nous voici déjà rendus à l'ultime article de notre première série concernant le flamenco, dans lequel nous allons parler des instruments de cette merveilleuse musique !
Le chant par-dessus tout
Comme je vous le disais dans l’article 1, le flamenco a été au commencement une musique exclusivement chantée. Le chant (cante) bénéficie donc de la position royale dans la « hiérarchie » des artistes flamencos, parfois partagée avec la danse (baile, de la même racine que notre mot « ballet »). La musique (toque) ne sert souvent que d’accompagnement, sauf lorsqu’un musicien décide d’engager une carrière de soliste comme Paco de Lucia. À tout ceci s’ajoutent les différentes manifestations vocales (dont le fameux « Olé ! ») des participants, appelées « jaleo ».
La guitare flamenca
La guitare flamenca est une très proche cousine de la guitare classique. L’objectif de ce type de guitare est de proposer un son plus volumineux et plus percutant que celui de la guitare classique, quant à lui plus doux et plus rond. Il s’agit en effet d’être audible par-dessus la voix des chanteurs et les frappes de pieds des danseurs.
La caisse de résonance est plus étroite et son poids est allégé grâce à l’utilisation d’essences de bois spécifiques, notamment le cyprès méditerranéen qui a longtemps valu à l’instrument le surnom de « guitare blanche » (guitarra blanca). Ce bois était choisi pour ses caractéristiques sonores, mais également pour sa très grande disponibilité et son prix donc réduit. La table d’harmonie est généralement en épicéa.
On notera que la guitare de Paco de Lucia est une « guitarra negra », sa caisse étant faite de palissandre.
La technique de jeu principale de la guitare flamenca est le « rasgueado ». On pourrait presque le comparer à notre « strumming », sauf qu’il s’en différencie fondamentalement par le fait qu’il implique un déroulé des doigts qui viennent gratter chacun l’ensemble des cordes.
L’autre technique principale est le « golpe » qui consiste à frapper la caisse avec les doigts ou la paume pour donner un rôle plus percussif à l’instrument. D’où parfois l’ajout d’un « pickguard » spécifique à la guitare flamenca : le « golpeador ».
Les percussions flamencas
La toute première percussion en flamenco, ce sont les mains ! Elles permettent de faire des « palmas » (frappes de mains), des « pitos » (claquements de doigts) ou de frapper du poing sur n’importe quelle surface.
Et bien sûr il y a les castagnettes ! Ces dernières sont deux coquilles creuses que l’on tient dans la main attachées par un fil et que l’on entrechoque pour produire un claquement. Les deux coquilles ne sont pas identiques : l’une d’elles est plus creusée que l’autre et produit un son plus grave. Elle est appelée la castagnette « mâle » et l’autre la « femelle ». On peut voir leur utilisation dans la vidéo suivante à partir de 1 minute (mais toute la vidéo vaut le coup !) :
Pour compléter notre tour des instruments percussifs employés dans le flamenco, on notera que Paco de Lucia a introduit et popularisé l’utilisation du cajón, originaire du Pérou. Et enfin, on soulignera que l’un des palos du flamenco — le « martinete », pratiqué à l’origine par les forgerons — se pratiquait en s’accompagnant d’un petit marteau frappant une enclume ou un autre objet métallique ! Mais il semblerait que cette tradition soit un peu tombée en désuétude.
La danse, la percussion principale
Mais l’instrument percussif le plus emblématique et remarquable du flamenco, c’est sans aucun doute le pied du « bailador » ou de la « bailadora » ! Les danseurs pratiquent une forme particulière de claquettes appelée le « taconeo », qui consiste à frapper le sol principalement avec le talon. Cette danse s’envisage comme la traduction physique de la puissance expressive du chant flamenco.
Ici, une démonstration par la grande bailadora Sara Baras :
Certaines formes de flamenco d’ailleurs ne sont que dansées, ou alors réservées aux hommes ou bien aux femmes.
Et c’est ici que nous achevons notre première série d’articles consacrés au flamenco, en introduction à notre nouveau dossier autour des musiques populaires. J’espère qu’elle vous aura plu, et nous nous retrouvons très prochainement autour d’autres traditions musicales !