Le comping est une technique d’édition audio consistant à assembler plusieurs prises d’un même instrument afin d’obtenir « l’enregistrement parfait » sans que le subterfuge ne soit audible.
Avant l’avènement du numérique, cette opération était fastidieuse et demandait un sacré savoir-faire. Heureusement pour vous, le monde de la MAO offre désormais une flexibilité rendant la chose autrement plus simple pour peu que vous suiviez quelques petits conseils de base.
Pré-requis
Avant de rentrer dans le vif du sujet, faisons le point sur ce dont vous aurez besoin.
Tout d’abord, pour faire un assemblage, il faut bien évidemment suffisamment de choses à assembler. Quatre prises exploitables nous semblent un minimum. Veillez donc à enregistrer suffisamment de matière lors du passage des musiciens en studio, sans toutefois les épuiser sous peine d’une baisse de performance artistique.
D’autre part, afin que le montage soit le plus transparent possible, il faut une certaine constance entre chaque prise. Non seulement au niveau rythmique mais également au niveau du timbre de l’instrument. Il faut donc proscrire les changements de réglages d’ampli, les déplacements de micro, etc. Cette remarque est d’autant plus vraie en ce qui concerne le chant. D’ailleurs, dans ce cas précis, nous vous conseillons fortement de mélanger uniquement des prises issues d’une même session tant le timbre d’une voix peut changer d’un jour à l’autre.
Enfin, dans un souci d’efficacité, il nous semble utile de connaître sur le bout des doigts les raccourcis clavier de votre DAW pour les fonctions de zoom, de navigation au sein de l’arrangement, le changement d’outils (ciseau, glue, sélection), et bien sûr l’annulation d’une fausse manipulation (Ctrl+Z/Cmd+Z pour ceux qui ne vivraient pas dans notre galaxie !).
Principe de base
Maintenant que vous avez tout ce qu’il faut à disposition, passons aux choses sérieuses. Nous n’aborderons pas ici les fonctions spécifiques au comping disponibles dans tel ou tel séquenceur audio, pour cela reportez-vous au manuel d’utilisation de votre DAW. Nous supposerons donc qu’à ce stade vous vous retrouvez d’une façon ou d’une autre avec les différentes prises de votre instrument bien calées les unes au-dessus des autres.
La première chose à faire est de couper ces prises en plusieurs phrases musicales. Le choix de la coupe est déterminant afin d’éviter tout artefact. Ainsi, vous couperez en priorité lors des passages silencieux. Prenez soin de désactiver le magnétisme de la grille du séquenceur pour une découpe exacte à l’endroit précis où se trouve votre curseur.
Ensuite, vous choisirez les meilleures sections pour réaliser l’assemblage. Enfin, vous appliquerez un crossfade d’au moins 2 millisecondes entre chaque partie, ce qui devrait prévenir tout clic audible.
Enfantin, non ? Sauf que bien souvent cela n’est pas aussi simple que ça. Parfois, l’édition ne peut se faire qu’au beau milieu d’une forme d’onde et cela s’entend gros comme un camion… Mais ne perdez pas espoir, il nous reste encore quelques atouts dans notre manche !
Pour aller plus loin
Premièrement, sachez qu’un enregistrement contient beaucoup plus de zones silencieuses qu’on ne le croit. Des « microsilences » se glissent par exemple avant la prononciation de certaines consonnes, ou lors d’un bref étouffement des cordes d’une guitare, etc. Jouez donc du zoom horizontal afin de les repérer. Si vous avez la place d’y glisser un minuscule crossfade, c’est gagné !
D’autre part, le bruit est votre ami. Qu’il s’agisse d’une respiration, du buzz d’un ampli guitare ou du souffle de votre préampli micro, une coupe y passera quasiment inaperçue.
Dans le cas d’un instrument monophonique, il est parfois possible de réaliser une édition en plein milieu de la forme d’onde. Pour cela, veillez à équilibrer l’amplitude des formes d’onde des deux fichiers à assembler ; puis alignez-les de façon à ce qu’il n’y ait pas de rupture abrupte de la courbe. Ajoutez à cela un crossfade linéaire sur un ou deux cycles de la sinusoïde et vous devriez obtenir quelque chose d’assez cohérent.
Pour un instrument polyphonique, sur une tenue de note, un crossfade long d’une quarantaine de millisecondes engendrera certes un effet de phasing, mais si l’instrument en question n’est pas celui le plus en avant, cela devrait faire la blague. N’hésitez pas à jouer sur les différents types de crossfade (linéaire, logarithmique, etc.) afin de sélectionner le résultat le plus naturel à l’oreille.
Enfin, dans les cas les plus désespérés, il vous reste une arme trop méconnue : le prémasquage. Cet effet psychoacoustique trompera le cerveau de l’auditeur pour votre plus grand bonheur. En effet, il se trouve que tout son situé juste avant une transitoire violente est plus ou moins masqué. Ainsi, la batterie va devenir votre meilleure alliée car potentiellement, vous pourrez glisser une édition juste avant n’importe quel coup de grosse caisse ou de caisse claire, et ce sur n’importe quelle autre piste. Attention cependant, il ne s’agit pas ici de magie noire et cela peut ne pas fonctionner. Il conviendra donc de tester l’efficacité au cas par cas.
Voilà, nous espérons que ces quelques conseils vous permettront d’améliorer vos productions. Bien que le comping ne soit pas la chose la plus passionnante à faire, le jeu en vaut vraiment la chandelle et fait souvent la différence entre pro et amateur. Une dernière chose avant de vous laisser retourner à vos mixages : une fois l’assemblage terminé, prenez cinq minutes pour reposer vos oreilles puis écoutez deux ou trois fois le résultat en solo ainsi que dans le contexte de la chanson afin d’être sûr que le montage est bien imperceptible.