Nous avions testé la banque de sons de batterie Abbey Road 60s il y a un an de cela, et entre temps, l’éditeur Native Instruments a remis le couvert en sortant une version 70s, 80s et Modern Drums. L’abbé rôde toujours…
Même si les Beatles se sont séparés à la fin des sixties, le studio Abbey Road, qui a vu naître leurs plus grands chefs d’œuvre, subsiste toujours et a vu passer entre ses murs une ribambelle d’artistes durant ces quatre dernières décennies. La banque Abbey Road 60's nous avait vraiment convaincus et c’est donc avec un intérêt certain que nous vîmes débarquer les versions 70s, 80s et Modern Drums.
Le concept est le même, seules les décennies changent. Nous avons donc droit, pour chaque banque de sons proposée à 99€, à deux kits de batterie complets représentatifs de la période enregistrée avec une jolie collection de matériel d’époque (console, compresseurs, égaliseurs, micros, préamplis, etc.), le tout dans un studio mythique… De quoi faire saliver bon nombre de home-studistes !
Nous recommandons à nos lecteurs de lire (ou relire) le test de la banque 60’s. Car avec ces trois nouvelles banques, le principe est le même, et le logiciel (Kontakt ou Kontakt Player) reste identique. Nous avons donc grosso modo les mêmes fonctionnalités que dans la 60’s, même si Native Instruments nous laisse quelques surprises à découvrir…
Mais commençons par le commencement, glissons-nous dans notre pantalon à pattes d’éléphant et lançons la version 70’s !
Batterie cherche bonne âme
Pas de surprises à l’ouverture, on retrouve la même interface que pour la 60’s, seuls les dessins représentant les batteries changent. Nous retrouvons donc nos deux kits, « The Open Kit », qui n’est autre qu’une Ludwig Vistalite Tequila Sunrise de 1972 avec une grosse caisse de 26 pouces, trois toms de 14, 16 et 18 pouces, deux caisses claires de 14 pouces (au choix : une Ludwig Supra-Phonic ou une Premier 2000) profitant de l’acoustique de la grande pièce du Studio Two d’Abbey Road. On va avoir de la room ! Côté cymbales, que de la Paiste (trois crash, une ride et un charley). Le deuxième kit dénommé « Tight Kit » se veut plus sec et est composé d’une batterie Premier des années 70 avec une grosse caisse de 22 pouces, trois toms de 13, 14 et 16 pouces, deux caisses claires de 14 pouces (une Ludwig et une Maple Shell), un charley et 4 cymbales Zildjian (dont une Pang). Elle fut aussi enregistrée dans le Studio Two, mais avec cette fois-ci des panneaux acoustiques afin d’avoir un son moins réverbéré et plus punchy. Les deux kits sont donc a priori complémentaires.
Le tout a été enregistré avec une table de mixage EMI TG MKIII, un magnétophone 16 pistes à bande 2 pouces, des convertisseurs Prism ADA-8 et un parc de micros de la mort (Neumann U 67, M 50 et U 47 FET, AKG D 30, D 20 et D 19, Beyer M 160 et compagnie). La liste complète est disponible sur cette page.
La banque 70’s se différencie des autres Abbey Road Drums, grâce à une configuration de micro alternative pour le kit Ludwig (« l’Open Kit »), reprenant la technique développée par l’ingénieur du son Glyn Johns, qui a travaillé avec pas mal d’artistes et pas des moindres : les Beatles, Bob Dylan, Led Zeppelin, les Who, les Clash, et bien d’autres… Glyn Johns n’utilisait que quatre micros : une paire pour les overhead, un pour la grosse caisse et un dernier pour la caisse claire. Le son résultant est très ouvert, et profite bien de la très belle acoustique du studio Two d’Abbey Road. Concernant les différentes configurations micro, on aura en plus des micros directs, avec notamment deux pour la caisse claire (au-dessus et en dessous) et deux pour la grosse caisse (à l’intérieur et l’extérieur), un overhead mono et des micros pour la pièce (Room). De quoi avoir un son moderne ou plus vintage, au choix.
Côté technique, la banque pèse pas moins de 6,3 Go (14 Go décompressés), est enregistrée en 24-bit/44,1 kHz, contient 29 000 samples et jusqu’à 30 couches de vélocité par élément et 6 variations par couche. On note aussi la présence de samples séparés pour la main gauche et la main droite sur la caisse claire, le charley et les toms. Seul bémol, tout comme pour la version 60’s, aucun fichier MIDI n’est livré avec la banque. En revanche, le logiciel est compatible General MIDI, V-Drums, DrumIt Five, EZPlayer, BFD, iMap et Addictive Drums. Il suffira de sélectionner le bon preset de mapping.
Pour tester ces banques de son, nous avons utilisé des fichiers MIDI provenant des packs Songwriters de Toontrack. Les deux kits nous ont semblé très complémentaires et utilisables aussi bien dans un contexte moderne que vintage, de la ballade intimiste au bon gros rock, suivant le mixage utilisé : plus ou moins de micros, de room, un overhead mono ou stéréo… L’Open Kit sonne vraiment énorme avec la grande pièce du Studio Two et les deux caisses claires ont chacune leur caractère. Voici six exemples audio vous permettant de juger :
- 70s Tight Kit Dry00:58
- 70s Tight Kit Snare 100:27
- 70s Tight Kit Snare 200:27
- 70s Open Kit Huge Room00:31
- 70s Open Kit Snare 100:27
- 70s Open Kit Snare 200:27
Et comme chez AudioFanzine, on pense aux home-studistes, nous avons aussi exporté toutes les pistes d’une séquence d’une minute au format wav 24-bit, afin que vous puissiez les importer dans votre séquenceur et écouter tous les éléments séparément, voir commencer à mixer… Nous avons dû en revanche choisir à votre place pour la caisse claire.
- Les kits de batterie complémentaires
- Le matériel audio utilisé pour faire les prises
- Le son
- Le prix
- Nombre d’articulations et de couches de vélocité
- Randomize efficace
- Pas de fichiers MIDI
Le dernier arrivé est fan de Phil Collins
La banque de son 80's a fait logiquement son apparition quelques mois après la 70's, et a annoncé la couleur avec un son très typé utilisant les méthodes de mixage et de prise de son qui ont marqué une époque finalement très riche en expérimentations sonores. L’interface graphique reste presque inchangée et deux kits de batterie ont été utilisés pour enregistrer tous les samples : « The Black Kit » est une Yamaha 9000 datant du milieu des années 80 équipée d’une grosse caisse de 24 pouces et de 4 toms de 12, 13, 14 et 18 pouces, le tout enregistré dans le studio 3 d’Abbey Road, « The Chrome Kit » est une Slingerland Magnum dont les 4 toms (de 13, 14, 15 et 16 pouces) ne possèdent pas de peau de résonnance, à la mode des 80’s ! Côté caisses claires, on en retrouve deux de 14 pouces sur la Yamaha 9000 : Gretsch en érable et Ludwig en cuivre, et trois 14 pouces pour la Slingerland : Pearl en érable, une profonde (10 pouces !) Ludwig en bois et une Slingerland chromée. Pour les cymbales, ce n’est que du Zildjian pour la Yamaha (5 au total : deux crash, une china, une ride et une splash, mais un charley Sabian !) et un mélange Sabian (les crash et la ride) et Zildjian (China, Splash et charley) pour la Slingerland. Niveau micros, on a notamment du Sennheiser MD 421 sur les toms, des AKG 414 ou SM 57 sur les caisses claires et des Neumann U 87 en Overheads et Room. On note la présence du fameux STC 4021 en deuxième Overhead.
Le tout a été enregistré sur un magnétophone 24 pistes à bandes de 2 pouces Studer A820, avec des préamplis Neve Air Montserrat et 1081, des limiteurs EMI TG12413 et des convertisseurs Prism ADA-8. Comme d’habitude, du beau monde et pas d’anachronisme en vue (mis à part le convertisseur bien sûr !). La banque est un peu plus grosse que la 70’s : 19,8 Go décompressés occupés par plus de 40 000 samples en 24-bit/44,1kHz. Chaque élément peut avoir jusqu’à 27 couches de vélocité et 6 variations (round robin).
Mais là où se démarque la banque 80's, c’est avec sa fameuse prise d’ambiance « gatée » qui donne ce son si particulier. Un fois le gate bien réglé, ce dernier coupe les queues sur la prise d’ambiance et on peut ainsi avoir un très gros son qui reste compact. Dans cette banque de son, deux prises d’ambiance (une mono et une stéréo) on été enregistrées grâce à une réplique du compresseur du circuit Talk Back qui intégrait la console SSL E-Series. Ce dernier est assez agressif de par sa fonction première et donne cette fameuse couleur au son d’ambiance. On pourra régler soi-même quelques paramètres du gate via la page idoine, ce qui est une très bonne chose. Pour les novices, sachez que les réglages restent assez simples et qu’il existe de toute manière des presets très bien faits. Sur la page dédiée au gate, on pourra donc régler le niveau de ce dernier sur la grosse caisse, la caisse claire, les toms, les percussions et les cymbales. On dispose d’une enveloppe AHD (Attack, Hold et Decay), et l’on pourra ajuster les niveaux généraux des gates mono et stéréo.
Tout comme pour la 70's, nous avons utilisé des fichiers MIDI signés Toontrack. Voici des exemples audio permettant d’écouter les deux kits avec toutes les caisses claires disponibles, mais aussi le Black Kit avec la fameuse ambiance gatée. Nous avons vraiment été convaincus par les sons de ces deux kits, et les trois caisses claires du Chrome Kit se complètent vraiment bien. Le son reste quand même très moderne avec des grosses caisses assez « rentre dedans », de quoi donner une couleur 80’s dans des productions très actuelles.
- 80s Chrome Kit Room Snare 100:27
- 80s Chrome Kit Room Snare 200:27
- 80s Chrome Kit Room Snare 300:27
- 80s Black Kit Room Snare 100:27
- 80s Black Kit Room Snare 200:27
- 80s Black Gate01:13
Nous avons aussi exporté les pistes séparées, à télécharger puis à importer dans votre séquenceur préféré !
- Les kits de batterie
- Le matériel audio utilisé pour faire les prises
- Le son
- Le prix
- Nombre d’articulations et de couches de vélocité
- Randomize efficace
- Le gate sur les prises d’ambiance pour LE son 80’s !
- Pas de fichiers MIDI
Modern Life
On termine avec la dernière banque en date, dénommée Modern Drums et incluant deux kits de batterie : une DW (Drum Workshop) Collector’s Series en érable datant du milieu des années 90 et une Pearl Reference des années 2000. La première, affublée du patronyme « White Kit », a été enregistrée dans le Studio Two d’Abbey Road tandis que la deuxième (la Pearl), appelée « Sparkle Kit » en raison de sa robe scintillante, a été enregistrée dans le Studio Three. D’après Native Instruments, la DW se destine plus au rock tandis que la Pearl a un son un peu plus pop. Après, vous faîtes ce que vous voulez ! Les deux kits se complètent plutôt pas mal, et le fait qu’ils aient été enregistrés dans deux studios différents leur donne à chacun un caractère particulier : plus de room pour la DW et un son plus compact pour la Pearl. Cette dernière est proposée avec trois caisses claires : une 13 pouces DW Edge, une 12 pouces Pearl Sensitone Custom en alliage Steel et une 14 pouces Pearl Sensitone Elite en cuivre. Le kit est composé d’une grosse caisse de 24 pouces, de 4 toms de 8, 10, 12 et 16 pouces ainsi que de 4 cymbales Zildjian (2 crash, ride et splash), une china Sabian, et une charley Zildjian Mastersound.
La DW est quant à elle composée d’une grosse caisse de 22 pouces, de 4 toms de 12, 13, 16 et 18 pouces et de trois caisses claires de 14 pouces : une DW Collector’s Stainless Steel, une Ayotte Custom en érable et une Sonar Artist Bronze. Côté cymbales, on retrouve deux crash et une china Sabian, une ride Zildjian et une splash Istanbul.
En ce qui concerne le matériel audio pour l’enregistrement : que des grands classiques pour les micros, avec des Neumann U 47 et KM 84, AKG D 112, Shure SM 57, Sennheiser MD 421 et un Brauner VM1 pour la Room stéréo. Pour les préamplis, l’équipe a utilisé du Neve (1081 et Monsterratt), Germanium, EMI TG12428, REDD.47 et Summit Audio TPA 200B. Pour les compresseurs et limiteurs, on a le Fairchild 660 et l’Empirical Labs Distressor et pour le convertisseur on retrouve toujours le Prism ADA-8. Pas de bande ici, on imagine que les ingénieurs ont utilisé le direct-to-disk, c’est les années 2000 quand même !
La banque Modern Drums réserve quand même quelques surprises tant au niveau de la prise de son que du matériel utilisé. Ainsi, les grosses caisses ont été enregistrées en utilisant un boomer de Yamaha NS-10 (!) recâblé comme un micro afin de capter de très basses fréquences à la sortie de l’évent. On aussi le droit au son « Splash on snare » (une splash est placée sur la caisse claire) pour le kit Pearl, à trois cymbales Sabian Chopper et une Zildjian Spiral Trash enregistrées dans le Studio Two. Voici des exemples audio pour ces sons qui sortent de l’ordinaire :
- Modern Drums High Chopper00:06
- Modern Drums Mid Chopper00:06
- Modern Drums Low Chopper00:06
D’une manière générale, le son des deux kits nous a convaincus, même si on fera attention sur le Sparkle Kit (la Pearl) aux résonnances générées par la grosse caisse que l’on peut entendre sur l’exemple audio « Big Room ». Il faudra tweaker un peu si l’ont veut s’en débarrasser ! On trouve cela tout de même un peu étrange, car les autres kits n’ont pas ce genre de désagrément. En revanche, on aime les trois caisses claires livrées avec la DW, qui sont plus complémentaires et couvrent un plus large panel sonore que celles de la Pearl. Afin de vous faire votre propre idée sur la question, voici les exemples audio :
- Modern White00:40
- Modern White Snare 100:27
- Modern White Snare 200:27
- Modern White Snare 300:27
- Modern White Big Room01:17
- Modern Sparkle00:40
- Modern Sparkle Snare 100:27
- Modern Sparkle Snare 200:27
- Modern Sparkle Snare 300:27
- Modern Sparkle Big Room01:17
Cerise sur le gâteau, les fichiers wav à importer dans votre séquenceur :
- Les kits de batterie complémentaires
- Le matériel audio utilisé pour faire les prises
- Le son
- Le prix
- Nombre d’articulations et de couches de vélocité
- Randomize efficace
- Des cymbales originales
- Pas de fichiers MIDI
- Des résonnances indésirables sur la grosse caisse du Sparkle Kit
Conclusion
Native Instruments exploite à fond le filon des Abbey Road Drums avec les packs 70’s, 80’s et Modern Drums, qui suivent le 60’s que nous avions testé l’année dernière. Les banques de sons gardent les mêmes avantages, à savoir les studios mythiques d’Abbey Road, des kits de batterie légendaires, du matériel audio à faire pâlir n’importe quel home studiste, un bon nombre de couches de vélocité et d’articulations, une interface graphique simple, jolie et quelques fonctionnalités utiles. Le prix est toujours aussi bien calibré (99€ pour une décennie), en revanche on déplore encore l’absence de fichiers MIDI ! Le temps de chargement est moins long grâce à la dernière mise à jour de Kontakt et la polyvalence est de mise quand on a la chance d’avoir les quatre banques. On apprécie les petits plus accompagnant chacune des bibliothèques, comme la gestion du gate sur la 80’s, Glyn Johns Set Up pour la 70’s ou les cymbales étranges de la Modern Drums.