Steinberg avait introduit sa série UR il y a un peu plus d'un an avec les UR28M (que nous avons testé) et UR824. Le constructeur revient à la charge avec un modèle d'entrée de gamme, placé sous la barre des 150€, et intégrant deux préamplis D-Pre. Verdict ?
Depuis le rachat de Steinberg par Yamaha, nous avons vu fleurir des produits, qu’ils soient logiciels ou matériels, intégrant des technologies provenant de l’équipe de R et D du constructeur nippon, comme l’AI (Advanced Integration, dans certaines interfaces audio) ou la VCM (plug-ins RND Portico et Yamaha Vintage).
La petite interface audio USB testée aujourd’hui intègre elle aussi une technologie Yamaha avec ses préamplis D-Pre, disponibles sur les autres interfaces UR de Steinberg et sur certaines tables de mixage Yamaha. A priori une bonne nouvelle, vu les critiques qu’ont reçu ces préamplis ces derniers mois.
Une belle robe
On ne peut pas dire que l’UR22 sorte des sentiers battus, tant au niveau du design que des fonctionnalités. Si la construction est sérieuse, avec son châssis métallique, son poids rassurant (998g) et son look plutôt « pro », noir et aluminium brossé, on ne peut pas dire que Steinberg ait pris trop de risques avec un format très classique 1/3 de rack.
À l’heure où l’on voit débarquer des interfaces audio au format desktop, proposant des boutons et potards pratiques placés sous les doigts, l’UR22 fait un peu figure d’antiquité. Mais dans la même gamme de prix, Presonus, Roland ou encore Focusrite font la même chose… Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre ! Nous avions apprécié la Konnekt 6 de TC Electronic qui proposait quelque chose de différent et pratique… Mais qui n’avait qu’un seul préampli micro ! On ne peut pas dire que le marché des interfaces audio soit d’un dynamisme renversant… Voilà, c’en est fini pour le coup de gueule.
Des prises et des boutons
Côté fonctionnalité, c’est du grand classique aussi, avec devant les entrées au format combo XLR/jack 6,35 mm (Neutrik, s’il vous plait), les deux potards de gain associés (analogiques, pas de contrôle numérique, dommage), des indicateurs de peak, 48 Volts et d’USB, un potard qui permettra de contrôler le mix entre le signal provenant de votre séquenceur et le signal provenant des entrées, un switch pour enclencher le mode Hi-Z (haute impédance pour brancher une guitare/basse électrique), une sortie casque avec son volume, et enfin le potard de volume général, contrôlant les deux sorties que l’on retrouve à l’arrière. Ces dernières sont au format Jack 6,35 TRS symétrique. Dans la série « retour vers le futur », nous retrouvons des prises MIDI au format DIN 5 broches, que certains seront néanmoins heureux de retrouver. Avec tous les contrôleurs MIDI USB envahissant le marché, il est de plus en plus rare de retrouver ces prises DIN sur nos interfaces audio d’entrée de gamme. On termine enfin avec le switch pour activer l’alimentation 48 V sur les deux entrées micro à la fois.
On branche et on enregistre
Si l’installation s’est déroulée sans problème sur notre Mac, nous sommes quand même un peu déçus que Steinberg ait implanté si peu de fonctions permettant une intégration poussée avec son séquenceur. Le constructeur met en avant la fonction « auto-setup » qui assigne automatiquement les entrées/sorties dans Cubase… Mouais ! Ce n’est pas le genre de truc qui change la vie… Il n’y ainsi aucun réel avantage à utiliser cette interface avec Cubase, et inversement, une interface concurrente offrira les mêmes fonctionnalités que l’UR22 dans le séquenceur allemand. À noter tout de même que l’interface est fournie avec Cubase AI 6 (qu’il faudra télécharger) et les acquéreurs seront autorisés à télécharger la version 7 lorsqu’elle sera disponible. Les principales limitations de cette version par rapport à la version complète sont, entre autres : 32 pistes audio maximum (48 MIDI), 4 inserts par tranche, 8 slots d’instruments virtuels. HALion Sonic SE et 26 traitements VST sont inclus, de quoi se faire la main sans problème pour le home-studiste débutant.
Lors de nos essais, l’interface s’est révélée stable et les drivers nous ont paru efficaces. À cause d’un changement récent d’ordinateur, nous n’avons pas pu intégrer l’interface dans notre benchmark de drivers, et nous avons obtenu logiquement de bien meilleurs résultats qu’avec notre ancien ordinateur. Mais cela n’est pas comparable avec nos anciens relevés.
Les préamplis proposent un gain allant jusqu’à 60 dB, ce qui est très bien pour une interface de ce prix, et le souffle, même avec le gain poussé à fond, reste discret. Les D-Pre sont effectivement de bons préamplis et le fait qu’ils soient intégrés à cette interface, qui se place sous la barre des 150€, est une très bonne nouvelle. Dernier détail rassurant : pour faire le comparatif, nous avons réglé le gain de notre Metric Halo ULN-8 à 40 dB (gain contrôlé numériquement). Pour arriver à un niveau en entrée équivalent (à 0,1 dB près) sur l’UR22, nous avons dû pousser le potard de gain jusqu’à la moitié de sa course seulement. Cette dernière est donc assez linéaire, ce qui est rare sur les interfaces audio d’entrée de gamme ayant généralement la fâcheuse tendance à avoir une courbe exponentielle sur le potard de gain (le niveau monte brusquement en fin de course, avec beaucoup de souffle si possible !). Évidemment, on aurait préféré un gain contrôlé numériquement, mais à ce prix-là, il ne faut pas rêver.
Concernant les convertisseurs (qui montent jusqu’à 192 kHz, ce qui reste un argument plus commercial qu’autre chose), nous n’avons pas pu réaliser correctement notre « loop back test », car l’interface ne dispose tout simplement pas de véritable entrée au niveau ligne comme c’est souvent le cas dans les interfaces d’entrée de gamme. En effet, nous pouvons voir sur le schéma fonctionnel fourni par le constructeur que l’entrée ligne passe forcément par l’étage de gain. Il faudra donc se fier uniquement à ses oreilles avec l’exemple suivant : nous avons posé un micro devant une guitare acoustique (une Gibson J-200), un câble Y envoie le signal à la fois dans l’UR22 et une ULN-8 de Metric Halo qui sert ici de mètre étalon. La petite Steinberg se débrouille très bien pour une interface d’entrée de gamme coûtant 150€ ! Largement de quoi maquetter, ce qui sera l’objectif premier des acquéreurs de cette UR22. Nous avons d’ailleurs fait exprès d’omettre l’origine des fichiers sons… Saurez-vous reconnaitre l’UR22 de l’ULN-8 ? Allez voter ici, nous donnerons la réponse dans quelques jours.
Exemples Audio Interface A (format WAV)
Exemples Audio Interface B (format WAV)
Conclusion
Sans trop se mouiller, Steinberg sort une interface audio qui ne révolutionne rien, qui en fait peu, mais qui le fait bien. Les préamplis D-Pre sont clairement le point fort de cette UR22 : ils offrent un gain suffisant pour la majorité des situations et soufflent peu. On regrettera juste l’absence de véritable entrée ligne et de fonctionnalités qui sortent un peu de l’ordinaire (commandes physiques, auto-gain…). Pour le reste, l’interface est robuste et simple à utiliser, ce qui ravira les utilisateurs novices et nomades à la recherche d’une interface à 150€ proposant deux bons préamplis micro.